l’indépendance des colonies leur offre de nouvelles perspectives dans le cadre de la Guerre
froide et de la « course aux alliés » dans laquelle elles se lancent. Les colonies entendent
d’ailleurs profiter de ce contexte international qui leur est d’ailleurs favorable : dès les
premières indépendances obtenues, les anciennes colonies se rassemblent pour peser dans les
relations internationales et favoriser l’indépendance des territoires qui sont encore colonisés
lors de la conférence de Bandung (Indonésie) en 1955.
La Seconde Guerre mondiale a donc affaibli les métropoles et renforcé l’hostilité à la colonisation, dans
les colonies et dans le monde : elle permet donc le début du processus de décolonisation (processus
d’émancipation par lequel une colonie accède à son indépendance en se libérant de la tutelle et de
l’occupation d’État étranger). En trois décennies, mais surtout durant les années 1950 et 1960, la
totalité des possessions coloniales recouvrent leur indépendance.
Cependant, ces décolonisations se dérouleront diversement :
- par leur date (voir frise chronologique et cartes) : plusieurs vagues de décolonisation sont à
distinguer, une première qui affectera principalement l’Asie (du milieu des années 1940 au
milieu des années 1950 : l’Inde accès à l’indépendance dès 1947, l’Indonésie en 1949,
l’Indochine en 1954…), une seconde qui concernera principalement l’Afrique (du milieu des
années 1950 au milieu des années 1960 : la Tunisie et le Maroc obtiennent leur indépendance
en 1956, l’Afrique noire française entre 1958 et 1960, le Congo belge en 1960, l’Algérie en
1962…), une dernière, qualifiée de « décolonisations tardives », concernant les colonies
portugaises (Angola et Mozambique n’obtiennent leur indépendance qu’en 1975), et les
colonies britanniques d’Afrique australe (le Zimbabwe n’obtiendra son indépendance qu’en
1980, la Namibie en 1990)
- par la manière dont elles se sont déroulées surtout : certaines interviendront de manière plutôt
pacifique et la négociation prévaudra ; d’autres engendreront des violences massives et fortes
qui se traduiront par de véritables « guerres coloniales ». Cette diversité des modes opératoires
s’explique par plusieurs critères : l’attitude des mouvements nationalistes (certains prônant
l’action pacifique et non violente comme le parti du Congrès et Gandhi en Inde, d’autres
étant convaincus que la décolonisation ne pourra être arrachée que par la force comme le
FLN (Front de Libération Nationale) d’Ahmed Ben Bella en Algérie) mais surtout le degré
d’attachement des métropoles à leurs colonies (qui varie selon la richesse de leurs territoires,
le nombre de colons qui y sont installés, l’ancienneté de la domination coloniale…)
Pendant longtemps, les Français n’ont porté qu’un intérêt limité à leur empire : au XIX
ème
siècle, la
conquête coloniale s’est faite dans une large indifférence et une profonde méconnaissance, teintée
même, le plus souvent, de scepticisme voir d’hostilité ; au début du XX
ème
siècle et pendant l’essentiel
de l’entre-deux-guerres, l’empire continue à être largement méconnu et ne suscite guère
d’enthousiasme.
Ce n’est qu’à partir du début des années 1930 que nait un véritable attachement des Français à leur
empire : le recul de la puissance française n’est que difficilement accepté par l’opinion publique qui
voit dans les possessions coloniales le meilleur moyen d’y remédier et les colonies deviennent à la fois
un gage et le symbole du statut de puissance de la France.
Cette évolution se renforce encore nettement après la Seconde Guerre mondiale (durant laquelle, les
colonies ont joué un rôle essentiel, le général de Gaulle les utilisant comme une « base arrière » de
la résistance extérieure lui permettant de recruter largement pour les FFL (Forces Françaises
Libres) et de continuer le combat contre les forces de l’Axe au nom de la France, lui-même installant le
siège de la « France libre » à Alger à partir de 1943) : alors que le recul de la France sur la scène
internationale devient encore plus évident, l’attachement des Français à leurs possessions coloniales
devient encore plus fort. Le lien qui unit les Français à leur empire devient viscéral et passionnel et une
large majorité s’accorde sur l’absolue nécessité de le conserver. C’est ce qui explique que la France et
les Français auront du mal à accepter la décolonisation : en 1945, lorsque Ho Chi Minh proclame
unilatéralement l’indépendance du Vietnam (Indochine), la France se lance dans une guerre longue
(8 ans, de 1946 à 1954) et coûteuse pour conserver sa possession qui se solde par une défaite vécue