botanique au Mont Faron le 23 février 2017

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Botanique au Mont Faron
Le 23 février 2017
JC Ory
Très beau temps, avec un peu de brume sur la mer, pas de vent, il n’en fallait pas plus pour le bonheur des sociétaires,
heureux de venir passer une journée dans ce lieu mythique de Toulon (nous étions 29!). La vue aérienne sur la rade ou sur
le côté nord vers le Revest, avec quelques curiosités botaniques en supplément, nous ont tous ravi.
Nous avons marqué un arrêt un peu avant le sommet, pour aller voir le rare Anagyris foëtida en fleur et Malva subovata
(ex Lavatera maritima) dans les rocailles exposées au plein soleil, sous le câble du téléphérique. Sur le sommet arboré, nous
avons fait un circuit, avec passage au « point sublime » et vu ou revu des espèces peu ordinaires, certaines rares ou
protégées comme Cheirolophus intibaceus. Ci-après un choix de curiosités.
Anagyris foëtida, Fabaceae
C’est une fabacée curieuse: l’étendard, qui fait généralement la fierté de l’inflorescence de la famille, est ici très réduit, les
ailes sont quasi collées à la carène. Les 10 étamines sont libres, quand dans d’autres genres de la famille elles sont soudées
par 9 ou 10. Les jeunes rameaux et les feuilles à trois folioles, sont couverts de poils couchés. La plante est dans la liste des
plantes rares et protégées. Son odeur l’a fait qualifier de « bois-puant », petit nom charmant qu’elle partage avec Osiris alba
et Daphne gnydium. Avec cette différence notable qu’elle sent vraiment fort, mais moins que la rue (la plante…)
Les fleurs qu’on dit tâchées de brun dans les Flores,
sur les ailes, voire sur l’étendard, sont aujourd’hui
encore bien jaunes.
La plante fait partie des plantes les plus toxiques de
la flore française. Elle aurait été introduite au moyen
âge (archéophyte), dit-on, pour empoisonner les
flèches.
Le fait est qu’on ne la trouve dans le midi qu’à
proximité d’ouvrages défensifs, forts, oppidum,
abbayes… Le Faron a servi plus d’une fois de refuge
aux Toulonnais !
Malva subovata, Malvaceae
Elle s’appelait Lavatera maritima, avant que l’on regroupe dans le genre Malva, les espèces dont les feuilles ont un contour
plus ou moins rond, et dans le genre Lavatera, les espèces aux feuilles plus longues que larges. On la trouve souvent dans
les falaises en bord de mer, au Cap Sicié, au Pradet…
Le charme des grandes fleurs tient beaucoup à ces touches de vert franc, qui apparaissent au fond des corolles. Il ne s’agit
pas de la couleur des pétales, mais de celle du calice, qui apparait nu, entre les bases rétrécies des pétales. Voir ci-après.
Malva subovata, Malvaceae
Chamaerops humilis, Arecaceae
On voit encore beaucoup de palmiers sur la côte d’Azur, malgré tous les parasites qui les exterminent! Mais c’est la seule
variété qui pousse de manière spontanée. Ici dans les rocailles, au pied d’une falaise du Faron. Dans la liste des plantes rares
ou protégées.
Cheirolophus intibaceus, Asteraceae
Le genre Cheirolophus est très proche du genre Centaurea.
Cheirolophus a une base ligneuse alors que celle de
Centaurea est herbacée ou faiblement ligneuse.
Ici repérée par notre ami René, C. intybaceus dans la liste
des plantes rares ou protégées, avec sa base en cours de
renaissance, ses hampes sèches et ses restes de capitules.
A noter que sur une plante fraîche mature, les feuilles
inférieures sont pennatiséquées à segments dentés, les
feuilles supérieures, petites, linéaires et espacées. Corolle
généralement rose-violet.
Photo René Celse
Photo tela-botanica
Cephalaria leucantha, Caprifoliaceae
Renaissance en cours de Cephalaria leucantha, dont les hampes sèches
ne sont pas toutes brisées.
Dans le groupe des Dipsacaceae, les Cephalaria ont des fleurs 4-mères (4
pétales soudés), comme Dipsacus (la cardère) et Succisa, tandis que les
Scabiosa ont des fleurs 5-mères
Centaurea paniculata, Asteraceae
On sait qu’en botanique, on a deux grands types d’inflorescence, dont
toutes les autres dérivent: les grappes et les cymes.
On appelle « grappe » un assemblage de fleurs ou de fruits, portés sur des
pédicelles, disposés le long d'un pédoncule commun.
Un panicule est une grappe de grappes, ce que l’on peut facilement vérifier
sur la silhouette desséchée de la centaurée paniculée.
Ptychotis saxifraga, Apiaceae
Petite plante grêle et glabre, d’environ 30cm, à tige
ramifiée, sans involucre mais à involucelles, à pétales
lobés, qui a fait penser dans un premier temps à
Trinia glauca. Mais Trinia est une plante dioïque ou
monoïque, or les fleurs sont nettement
hermaphrodites.
Les fruits, dont on a la chance de disposer, sont
fortement côtés et dépourvus de poils. Yves Morvant
m’a fait l’amitié de la détermination, il s’agit donc de
Ptychotis saxifraga, une plante rarement identifiée
dans nos promenades, mais dont la présence est
confirmée sur le Faron et les sommets alentours.
Fruits
Fleurs hermaphrodites
à pétales bilobés.
Feuilles basales et bractéole
Feuille basale
Teucrium montanum, lamiaceae
On trouve au Faron différents Teucrium, T. flavum aux feuilles vernissées et T. pollium
très velu. Ils sont assez fréquents et ont été remarqués lors de cette sortie. T.
chamaedris et T. montanum sont plus rares .
En cette saison, bien sûr il ne reste que des feuilles et quelques calices secs. La photo
ci-dessous à gauche, du T.
montanum en fleur a été
prise dans le Causse Méjean
au mois de juin 2016.
Laserpitium siler, Apiaceae
Les lasers font partie des apiacées qu’on peut reconnaître assez facilement à l’allure de leurs feuilles. Nous avons vu
Laserpitium siler, ci-dessous à gauche près du zoo. Au Faron, on trouve aussi L. gallicum, ci-dessous à droite. Les ombelles
des lasers ont des rayons approximativement égaux en longueur, ce qui leur donne une forme arrondie, bien
reconnaissable.
Picnomon acarna, asteraceae
Le picnomon est une des plantes épineuses
caractéristiques que l’on rencontre au Faron.
Facilement reconnaissable à ses longues épines
dorées.
Teloschistes chrysophtalmus
Dans le supplément « lichens » gratuit de la présente édition, ce magnifique lichen fruticuleux qui se développe sur les
arbres en position ensoleillée. Les apothécies pédicellées orange (les yeux d’or qui donnent le nom d’espèce issu du grec)
sont bordées de cils, normal… Les apothécies sont la fructification de la partie champignon du lichen.
Le Faron est un vrai petit paradis botanique, à proximité de Toulon!
On y a vu aussi beaucoup d’autres espèces, dont Neotinea maculata, une orchidée dont les fleurs n’étaient pas encore
sorties, Bupleurum fruticosum, le buplèvre arbustif et Phlomis fruticosa, la sauge de Jérusalem, Scrophularia provincialis,
une scrophulaire aux feuilles très divisées, Rhaponticum coniferum, la leuzée conifère (ci-dessous) dont on ne voyait que
quelques feuilles, les unes presqu’entières, les autres pennatifidées, Anthyllis vulneraria ssp praepropera encore en
rosette, Linum campanulatum, le lin aux belles fleurs jaunes encore en rosette, Antirrhinum latifolium le muflier aux
magnifiques fleurs encore en bouton, Hornungia petraea, une des petites brassicacées du printemps, etc.
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