UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2006-2007 UNIVERSITE DE NANTES L’os Hyoïde Par SORIN Thomas LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. J. LE BORGNE Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Dr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr E. FRAMPAS Dr A. HAMEL Dr O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr A. KERSAINT-GILLY Dr M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. R. ROBERT Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2006-2007 UNIVERSITE DE NANTES L’os Hyoïde Par SORIN Thomas LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. J. LE BORGNE Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Dr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr E. FRAMPAS Dr A. HAMEL Dr O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr A. KERSAINT-GILLY Dr M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. R. ROBERT Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique 2 À Monsieur le Professeur Joël LE BORGNE À ce sujet captivant, qui m’a permis de découvrir l’anatomie de la région cervicale. À toutes vos années passées au service de la chirurgie nantaise. À vos cours, passionnants. À Monsieur le Docteur Jacques RIVIERE À celui qui a accepté de me prendre comme aide opératoire quand les fins de mois étaient difficiles. À celui qui symbolise le subtil mélange entre la technique et l’humanisme. Au pilier que j’ai trouvé et qui m’enrôle dans ses visites et consultations. À son aide, ses conseils et son soutien durant ce master d’anatomie. Je remercie également Messieurs les professeurs Rogez, Robert et Armstrong, ainsi que les docteurs Hamel A. et Hamel O. pour avoir organisé cet enseignement dispensé avec clarté. Merci aussi au Dr Redon pour le temps passé pour donner vie à l’os hyoïde, et à Messieurs Lagier et Blin pour leur aide technique. 3 Sommaire 1. Introduction 2. Matériel et méthodes a. Matériel b. Méthodes 3. Résultats a. Description de l’os et de ses insertions I. Le corps II. Les grandes cornes III. Les petites cornes IV. Dimensions b. Situation c. Embryogenèse, croissance et développement de l’hyoïde d. Relations de l’hyoïde I. Relations avec l’étage sus-hyoïdien 1. Relations avec la base du crâne 2. Relations avec la mandibule 3. Relations avec la langue II. Relations avec l’étage sous-hyoïdien 4. Plan superficiel 5. Plan profond III. Relations avec la colonne pharyngo-laryngée 4. Imagerie 5. Biomécanique a. Forces mises en jeu lors de l’orthostatisme b. Mouvements de l’os hyoïde 6. Phylogenèse 7. Discussion a. Une variation bilatérale et symétrique du ventre antérieur du digastique b. Pathologie et chirurgie c. Conclusion 8. Références 4 L’os hyoïde est un os méconnu. Peu d’anatomistes ont consacré du temps à son étude. Faisant un lien mécanique entre la région mandibulaire, pharyngo-laryngée et thyroïdienne, de nombreux muscles et ligaments participent à sa cinétique. Il est naturel de vouloir comprendre son rôle dans les grandes fonctions cervicales comme la phonation, la déglutition et la ventilation. Quel est son intérêt géographique ? Nous allons en premier lieu décrire et situer l’hyoïde, voir quels rapports il entretient avec ce qui l’entoure. Puis nous exposerons quelques mots sur l’imagerie, la biomécanique, et ses applications en pathologie. 5 2 Matériel et méthodes 2 – a. Matériel Manche de bistouri n°4 avec lame de 23 Pinces à disséquer à griffes Manche de bistouri n°3 avec lame de 15 Porte aiguille Pinces à clamper Ciseaux Pinces à disséquer sans griffes Écarteur de Faraboeuf 2 – b. Méthodes Sujet n°1 : homme de 69 ans, formolé : Cette pièce mise en décubitus dorsal, fut disséquée grâce à une incision médiane mandibulo-sternale, deux grands volets latéraux ont été rabattus. Sujet n°2 : femme de 86 ans, frais, injecté : Cette pièce mise en décubitus dorsal, tête tournée vers la gauche, a été en premier lieu injecté. Sa dissection fut permise grâce à une incision cléïdo-auriculaire droite puis suivant la mandibule afin de rabattre un volet vers l’avant. L’injection fut réalisée par cathétérisation de l’artère carotide commune. Une incision dans la fossette de Sédilot a permis un accès direct à cette artère. 25cc de Latex néoprène 671 (S.A.F.I.C Alcan et Cie, 3 rue Bellini 92 – PUTEAUX) furent injectés, puis 3.75cc d’acide acétique, dilué de moitié, furent poussés afin que le latex coagule. Sujet n°3 : femme de 73 ans, frais, injecté puis formolé : Cette pièce, mise en décubitus dorsal, fut en premier lieu injectée, puis formolée. Sa dissection commença par un abord frontal grâce à une incision médiane mandibulosternale, deux grands volets latéraux ont été rabattus. Le sujet fut ensuite sectionné transversalement au niveau de l’oro-pharynx, sa dissection fut alors permise de façon crânio-caudale. Puis, après avoir libéré les adhérences postérieures du pharynx, celui-ci fut désinséré puis disséqué par l’arrière. L’injection fut réalisée par cathétérisation des deux artères carotides communes. Une incision bilatérale dans les fossettes de Sédilot a permis un accès direct aux deux artères. Les artères carotides internes ont été liées derrière les parotides pour éviter une injection cérébrale inutile. 6 3. Résultats 3 – a. Description de l’os et de ses insertions L’os hyoïde humain, impair et médian, forme une sorte de fer à cheval concave en arrière et convexe en avant. La partie médiane de l’os hyoïde : le corps, émet deux apophyses supérieures : les petites cornes, et deux apophyses postéro-latéro- supérieures : les grandes cornes. Fig 1. Technique de rendu volumétrique (VRT) de l’os hyoïde de face et de profil 1. Grande corne 4. Corps de l’os hyoïde 2. Petite corne 5. Tubercule hyoïdien médian 3. Jonction grande corne - corps 3 – a – I. Le corps Le corps de l’os hyoïde, est constitué d’une lame osseuse quadrilatère aplatie frontalement avec deux faces, deux bords et deux extrémités : La face antérieure est convexe transversalement et verticalement, elle possède une crête transversale qui la sépare en deux parties : • une partie supérieure qui regarde en haut et en devant. • une partie inférieure qui regarde en devant. Ces parties sont séparées en deux parties latérales par une crête verticale médiane. Le croisement des deux crêtes donne une légère saillie formant le tubercule hyoïdien médian (Fig. 1 et 2). Les muscles s’insérant face antérieure se divisent en trois plans distincts (Fig. 2). • le plan profond est constitué des muscles génio hyoïdien (2) et hyo glosse (8). • le plan intermédiaire sera pourvu du muscle mylo hyoïdien (13). 7 • le plan superficiel correspond au muscle stylo hyoïdien (10) et à la poulie fibreuse du tendon intermédiaire du digastrique. Fig 2. Insertions musculaires sur la face antérieure de l’os hyoïde. D’après BRIZON et CASTAING [1] 1. Septum lingual 7. M. lingual inférieur 2. M. génio-hyoïdien 8. M. hyo-glosse 3. M. génio-glosse 9. M. thyro-hyoïdien 4. Membranes hyo-thyroïdienne, 10. M. stylo-hyoïdien hyo-glossienne, hyo-épiglottique 11. M. omo-hyoïdien 5. M. lingual supérieur 12. M. sterno-cléïdo-hyoïdien 6. Ligament stylo-hyoïdien 13. M. mylo-hyoïdien La face postérieure est excavée et donne insertion en bas au muscle thyro-hyoïdien, elle répond à la membrane thyroïdienne. Le bord supérieur est concave en arrière et convexe vers le haut dû à une saillie médiane qui prolonge la crête verticale médiane de la face antérieure. Ce bord est assez fin et constitue l’attache pour trois membranes fusionnées (4), et quelques fibres du muscle génio-glosse (3) véritable plancher lingual. Le bord inférieur est plus épais et concave en arrière. Les muscles sous-hyoïdiens s’y insèrent et constituent deux plans distincts. • Le plan profond constitué du muscle thyro-hyoïdien (9). • Le plan superficiel correspondant aux muscles omo-hyoïdien (11) et sterno-cléïdohyoïdien (12). 8 3 – a – II. Les grandes cornes Les grandes cornes (cornes thyroïdiennes) se projettent en arrière, en dehors et en haut. Aplaties de dehors en dedans, puis de haut en bas à leur partie postérieure, elles sont plus larges en avant et possèdent une légère courbure à concavité médiale (Fig. 31, 32). L’extrémité distale se termine par un renflement : le tubercule de la grande corne sur laquelle s’insère le ligament thyro-hyoïdien latéral. Les grandes cornes présentent à étudier deux faces et deux bords : • La face supérieure qui regarde en haut et en dehors et sur laquelle s’insère le muscle hyo-glosse (8), constricteur moyen du pharynx et quelques fibres du stylo-hyoïdien (10). • La face inférieure qui regarde en bas et en dedans, où s’insert le muscle thyrohyoïdien (9) à la limite du bord latéral. • Le bord médial, concave, qui possède l’insertion des membranes hyo-thyroïdienne et hyo-épiglottique (4). 3 – a – III. Les petites cornes Les petites cornes (cornes styloïdiennes) sont des osselets de forme variable, le plus souvent ovoïdes qui s’articulent par leur base à la partie supérieure de la jonction entre corps et grande corne (Fig. 2). Les petites cornes se dirigent en haut, en arrière et en latéral. Le ligament stylo-hyoïdien (6) s’attache à leur extrémité supérieure. Trois grands muscles prennent leur insertion caudale sur cette petite corne : le muscle lingual inférieur (7), lingual supérieur (5), et le constricteur moyen. 3 – a – IV. Dimensions Le corps hyoïdien du sujet masculin possède une largeur de 25 mm, une hauteur de 12 mm et une épaisseur de 3 mm. Ces dimensions sont moindres pour les sujets féminins : le corps hyoïdien possède une largeur de 19 mm (sujet 2) et 20 mm (sujet 3), une hauteur de 8 mm (sujet 2) et 9 mm (sujet 3), et une épaisseur de 3 mm. Les grandes cornes du sujet masculin mesurent 31 mm de longueur pour 2 mm de large. Celles de sujets féminins mesurent 28 mm (sujet 2) et 30 mm (sujet 3) pour 2 mm de large. Le renflement postérieur mesure 3 mm. 9 Les petites cornes des trois sujets sont ovoïdes de section maximum 3 mm et de longueur 5 mm pour le sujet masculin et 4 mm pour les sujets féminins. 3 - b. Situation Senecail décrit le corps et les deux tiers antérieurs de la grande corne de l’os hyoïde comme se projetant en regard de C4. L’extrémité postérieure de cette grande corne étant au niveau du plateau inférieur de C3. Cependant, chez la femme, l’os hyoïde est plus élevé d’une demi vertèbre. Il est situé visuellement entre le cartilage thyroïde et la région mentonnière, dans l’axe viscéral du cou. Il limite la partie supéro-antérieure du larynx, l’épiglotte étant situé juste en arrière de son corps. Il s’inscrit en arrière et légèrement en dessous de la concavité mandibulaire afin d’offrir un socle pour la langue. Cet os est isolé, dépourvu de toute connexion osseuse, cependant il sera maintenu en lévitation grâce aux muscles et ligaments qui s’y insèrent. Deux étages se dessinent, séparés par l’os hyoïde : Crânialement, l’étage sus hyoïdien et caudalement, l’étage sous hyoïdien. 1. Région sus hyoïdienne 2. Région sous hyoïdienne 3. Région parotidienne 4. Région carotidienne 5. Région sus claviculaire D’après A. BOUCHET, J. CUILLERET [2] Fig 3. Vue cavalière antéro-latérale droite de la région cervicale L’os hyoïde se projette au croisement de la ligne antérieure du cou et de la ligne sous mentonnière. L’os hyoïde se situe à la jonction entre l’oropharynx (dont il constitue la limite inférieure) et l’hypopharynx au niveau duquel se fait la séparation entre la voie aérienne et digestive. 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 Haut Avant Fig 4. Coupe sagittale de la face et du cou en vue latérale droite 1. M. génio-glosse 7. M. thyro-hyoïdien 2. Mandibule 8. Vestibule laryngé 3. Oropharynx 9. Cartilage thyroïde 4. M. génio-hyoïdien et mylo-hyoïdien 10. Cartilage aryténoïde 5. Épiglotte 11. Cartilage cricoïde 6. Os hyoïde 11 Fig 5. Radiographie en vue sagittale gauche de la région cervicale d’un homme Le bord antérieur de l’os hyoïde est situé à plus de 4 cm arrière de la symphyse mentonnière. De plus, l’axe de l’os hyoïde et l’axe de la branche horizontale de la mandibule sont grossièrement parallèles et distants de 10 à 15 mm chez la femme, et de 20 à 25 mm chez l’homme. 12 3 - c. Embryogenèse, croissance et développement de l’os hyoïde Le développement de l’appareil hyoïdien chez l’embryon humain s’effectue à partir du cartilage de Reichert, que renferme le deuxième arc branchial dit : arc hyoïdien. Il se divise en 4 segments : • Un supérieur (épihyal ou stylohyal) formant le processus styloïde. • Un moyen, (créatohyal) formant le ligament stylo-hyoïdien. • Un inférieur (hypohyal) formant la petite corne. Ces trois segments forment la chaîne hyoïdienne. • Un basilaire (basihyal) formant la partie supérieure du corps. Quant au segment dérivé du troisième arc branchial dit : arc thyro-hyoïdien, il donne la grande corne et partie inférieure du corps. Le cartilage de Reichert reste cartilagineux jusqu’au 8ème mois de la vie fœtale, ce n’est qu’à partir du 9ème mois qu’apparaîtront les points d’ossifications. La maturation de l’os hyoïde est donc enchondrale durant une période qui s’étale de la troisième à la vingt huitième année. Le corps est entièrement ossifié vers 20 ans. Les 5 pièces élémentaires composant l’os hyoïde ne sont pas complètement solidarisées à l’âge adulte. En particulier, l’évolution de la jointure entre les cornes et le corps hyoïdien se produit très tardivement : les extrémités articulaires des grandes cornes et du corps restent séparées jusqu’à l’âge de 10 à 15 ans, ensuite elles se rapprochent progressivement pour réaliser un espace articulaire à l’âge de 28 à 30 ans. Puis à partir de 50 ans, cette articulation se soude pour former une synostose. Quant aux petites cornes, elles restent séparées du corps jusqu’à l’âge de 50 ans. Sur cette coupe, nous remarquerons les espaces articulaires présents entre le corps (1), les petites cornes (2), et les grandes cornes (3). Fig 6. Coupe axiale scanographique en C4 L’ontogenèse veut que les forces de croissances axiales du rachis surmontent les forces de tractions caudales du massif crânio-facial (dorsale-posturale et ventralerespiratoire), pour allonger le squelette vertébral. Les contraintes du massif crânio facial 13 en sont accrues : elles sont d’autant plus morphogéniques. (TALMANT J.) Ces forces seront traitées dans le chapitre biomécanique. Chez le nourrisson, l’os hyoïde borde en avant le cartilage thyroïde au contact de son bord supérieur. Initialement, l’os hyoïde est haut situé : en regard de C1, C2. En effet le nouveau née humain comme le primate n’a pas d’oropharynx, mais une situation haute du larynx, de l’os hyoïde, de l’épiglotte placée juste en arrière du voile du palais et une langue entièrement intra orale. Puis il y a une migration dans le sens crânio-caudal qui éloigne l’os hyoïde du corps mandibulaire pour permettre une plus grande amplitude des fonctions oro-pharyngées et oro-laryngées. Ce voyage cesse quand l’os hyoïde se projette en regard du plateau supérieur de C4 pour femme, et en regard du plateau inférieur pour homme. La migration s’effectuera dans une moindre mesure dans le sens antéro-postérieur. Fig 7. Radiographie en vue sagittale gauche de la région cervicale Sur cette radiographie, nous remarquerons qu’il s’agit d’une jeune personne puisqu’il y a présence d’une dent de sagesse (1). Nous pouvons constater la dissociation entre le corps de l’os hyoïde (2) et les grandes cornes (3). L’épiglotte (4) se projette entre les grandes cornes. Ici, l’os hyoïde ne semble pas avoir fini sa migration crâniocaudale puisqu’il se projette au niveau de C3 (5). 14 3 – d. Relations de l’hyoïde 3 – d – I. Relation avec l’étage sus hyoïdien 3 – d – I – 1. Relations avec la base du crâne L’os hyoïde fait partie de l’appareil hyoïdien avec la chaîne hyale composée d’un ligament stylo-hyoïdien et de l’apophyse styloïde du temporal. Fig 8. Reconstitution schématique de l’os hyoïde et de la chaîne hyale. D’après SENECAIL [3] 1. Apophyse styloïde 2. Ligament stylo-hyoïdien 3. Petite corne hyoïdienne 4. Corps hyoïdien 5. Grande corne hyoïdienne L’hyoïde est attaché à la base du crâne par deux muscles : Le stylo-hyoïdien et le ventre postérieur du digastrique. Le muscle digastrique (musculus biventer) Ce muscle possède deux ventres pontant la mastoïde avec la mandibule. Ils sont reliés par un tendon intermédiaire qui glisse dans une poulie fibreuse s’insérant sur l’os hyoïde. Le ventre postérieur s’insert sur la rainure du digastrique à la face interne de l’apophyse mastoïde de l’os temporal. Il se dirige en bas en avant et en dedans, se rétrécissant progressivement en cheminant en latéral puis en postérieur du muscle stylo hyoïdien et passant de la région carotidienne à la région sus hyoïdienne au niveau de l’angle de la mandibule. Il se prolonge par le tendon intermédiaire du digastrique au-dessus de l’os hyoïde. L’accès au ventre postérieur dans sa totalité, n’est possible que grâce à une dissection latérale de la jonction entre la partie supérieure du cou et la base du crâne (Fig. 9). 15 Il sera alors aisé de mettre en évidence le triangle stylo digastrique. Ce triangle possède une base, une pointe et deux bords : • Une base postéro-supérieure constituée de la lame osseuse joignant l’apophyse styloïde à l’apophyse mastoïde. • Un bord supéro-antérieur représenté par le muscle stylo hyoïdien. • Un bord inféro-postérieur constitué du ventre postérieur du digastrique. • Une pointe dirigée en bas en avant et en dedans correspondant à la jonction des deux bords. Dans ce triangle stylo digastrique passe l’artère auriculaire postérieure et il est possible d’accéder à l’artère carotide externe. Cependant, le sujet de la figure 9 possède une variation : l’artère auriculaire postérieure passe au dessus du muscle stylo-hyoïdien donc en dehors du triangle. Le tendon intermédiaire se dirige vers l’avant et le dedans souvent en traversant l’insertion hyoïdienne du muscle stylo-hyoïdien. Parfois ce tendon passe en dedans ou en dehors de cette insertion hyoïdienne. Puis, continuant son périple vers l’avant, il passe dans la poulie fibreuse du tendon intermédiaire du muscle digastrique. La fin de son trajet se caractérise par sa continuation avec le ventre antérieur. Haut Fig 9. Vue latérale droite de la région cervicale supérieure Avant 16 1 7 2 8 3 13 4 15 14 9 10 5 11 6 12 1. A. transverse de la face 9. A. sous mentale 2. A. carotide externe 10. Ventre antérieur du digastrique 3. A. auriculaire postérieure 11. Tronc de l’A. faciale 4. Ventre postérieur du digastrique 12. Tendon intermédiaire 5. M. stylo-hyoïdien 13. Triangle stylo-digastrique 6. Dédoublement du stylo-hyoïdien 14. Grande corne droite 7. A. faciale 15. A. sub-mandibulaire 8. M. mylo-hyoïdien Le muscle stylo-hyoïdien (musculus stylo hyoideus) Le muscle stylo hyoïdien est un muscle grêle et fusiforme qui relie l’os hyoïde à l’apophyse styloïde. Il s’insère sur la face antérieure de l’os hyoïde (parfois un peu sur la base de la grande corne) par des faisceaux tendineux qui se trouvent souvent être dédoublés pour que passe en leur sein le tendon intermédiaire du muscle digastrique. Le muscle stylo hyoïdien n’étant pas l’acteur majeur de la réflexion du muscle digastrique, le tendon intermédiaire ne passe pas toujours en son sein. 17 Le muscle stylo-hyoïdien se dirige en haut, en dehors et en arrière, il flirte avec la partie antérieure du ventre postérieur, puis, en remontant, change de bord pour se fixer en médial de celui-ci (Fig. 9). Il passe de la région sus hyoïdienne à la région carotidienne au niveau de l’angle de la mandibule. À la base du crâne, il s’attache à la moitié supérieure de l’apophyse styloïde. Les collatérales extra pétreuses du nerf facial (VII) innervent le ventre postérieur et le stylo-hyoïdien. Ces muscles attirent l’hyoïde en haut et en arrière. 3 – d – I – 2. Relations avec la mandibule Ces relations sont nombreuses, musculaires et formant 3 plans successifs : • Le plan superficiel Par un abord frontal sur un sujet en hyper extension cervicale, une fois passé le muscle platysma, s’offre à nos yeux le plan superficiel composé du ventre antérieur du digastrique. Mandibule Ventre antérieur Raphé médian M. mylo-hyoïdien Glande sub-mandibulaire Os hyoïde Haut Fig 10. Vue antérieure du triangle sous mental Gauche Le ventre antérieur se dirige en haut, en avant et en dedans sous le muscle mylohyoïdien. Il s’insert dans la fossette digastrique de la mandibule. Comme pour le ventre postérieur, le ventre antérieur possède quelques faisceaux tendineux qui s’insèrent sur l’os hyoïde de façon indépendante de tendon intermédiaire. Les ventres antérieurs, par 18 leur bord médial, vont délimiter un triangle à base hyoïdienne et à sommet mandibulaire : le triangle sous-mental. Dans ce triangle se situe 3 à 4 ganglions drainant la lymphe de la lèvre inférieur et du menton. L’ensemble du muscle digastrique est concave en haut et en avant et embrasse la glande sous maxillaire (sub-mandibulaire). Il délimite la région sus hyoïdienne latérale. L’artère faciale, née de la carotide externe chemine sur la face externe du muscle hyo-glosse contre lequel elle est plaquée par la glande sub-mandibulaire (elle lui laisse quelques rameaux : artères sub-mandibulaires), puis elle remonte vers la face en émettant une dernière branche longeant la face inférieure du mylo-hyoïdien et le bord externe du ventre antérieur : l’artère sous mentale. (Fig 9) • Le plan moyen Une fois désinséré, le ventre antérieur du digastrique laisse place au muscle mylo- hyoïdien. Le muscle mylo-hyoïdien (musculus mylo hyoideus) Le muscle mylo-hyoïdien peut être vu comme un plancher buccal. Il apparaît large, aplati et mince reliant la face médiale de la mandibule à l’os hyoïde. Tout au long de la ligne oblique interne de la mandibule se fixent les fibres tendineuses crâniales du muscle mylo-hyoïdien. Se projetant en bas mais surtout en arrière, ses fibres partent aussi en médial rencontrer les similaires controlatérales pour former le raphé médian et s’insérer face antérieure de l’os hyoïde près du bord inférieur en dessous de l’insertion du muscle génio-hyoïdien (Fig. 2). Le ventre antérieur du digastrique et le mylo-hyoïdien ont une innervation dévolue aux branches du nerf mandibulaire (V3) qui abordent le muscle mylo-hyoïdien par sa face inférieure. Leur action sera donc semblable. 19 Haut Fig 11. Vue antérieure de la région sub-mandibulaire Gauche 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1. Mandibule 6. Glande sub-mandibulaire réclinée 2. M. mylo-hyoïdien droit récliné 7. Tendon intermédiaire 3. M. mylo-hyoïdien gauche 8. Corps de l’hyoïde 4. Raphé médian 9. Ventre antérieur récliné 5. M. génio-hyoïdien 10. M. sterno-cléïdo-hyoïdien 20 Suivant qu’ils prennent l’os hyoïde ou la mandibule comme point fixe, le ventre antérieur et le mylo-hyoïdien sont abaisseurs de la mâchoire ou élévateurs de l’os hyoïde. Mais la contraction simultanée des deux mylo-hyoïdiens élève la langue en la plaquant contre le palais, action nécessaire dans le premier temps de la déglutition et dans l’émission des sons aigus. • Le plan profond La désinsertion du mylo-hyoïdien nous ouvre les portes d’un plan profond, directement en relation avec la langue. Il est composé d’un muscle : le génio-hyoïdien qui est médian, s’insérant sur le corps de l’os hyoïde. Il forme, avec le muscle hyo-glosse le rideau d’entrée du théâtre lingual. Le muscle génio-hyoïdien (musculus genioglossus) Le muscle génio-hyoïdien est assez épais, court et va relier l’os hyoïde à la partie médiane de la mandibule. Fig 12. Vue antérieure de la région submandibulaire Haut Gauche Mandibule M. génio-hyoïdien Os hyoïde M. sterno-cléïdo-hyoïdien M. omo-hyoïdien 21 Il s’insère sur l’apophyse géni inférieure homolatérale de la mandibule. S’orientant beaucoup vers le derrière, peu vers le bas, et très peu vers l’extérieur, il chemine en s’élargissant vers la partie antérieure de l’os hyoïde, où il se termine suivant une surface d’insertion en fer à cheval à concavité latérale (Fig 2). Il est innervé par le nerf hypoglosse (XII). Suivant qu’il prend son point fixe sur l’os hyoïde ou sur la mandibule, le muscle génio-hyoïdien est abaisseur de la mâchoire ou élévateur de l’os hyoïde. 3 – d – I – 3. Relations avec la langue Deux muscles pairs linguaux se fixent sur l’hyoïde, il s’agit de l’hyo-glosse et du lingual inférieur. Le lingual supérieur, seul muscle impair lingual, se divise en trois faisceaux, dont deux se fixent sur l’hyoïde. Pour des raisons pratiques, le muscle lingual supérieur, inférieur, et le muscle génio-glosse, qui topographiquement font partie de la région linguale, seront traités avec la région sus hyoïdienne. Le muscle hyo-glosse (musculus hyoglossus) C’est une lame musculaire aplatie qui forme la partie latérale de la base de la langue. Il prolonge par en arrière le plan du muscle mylo-hyoïdien. L’insertion hyoïdienne du muscle hyo-glosse est dévolue à la face supérieure des grandes cornes pour le faisceau créato-glosse, au bord supérieur du corps pour le faisceau basio-glosse et parfois au bord supérieur des petites cornes pour le faisceau chondro-glosse. Il chemine en haut, en avant et en dedans vers la langue. Par l’innervation du nerf hypoglosse (XII), il abaisse et rétracte de la langue. Le muscle hyo-glosse et le muscle mylo-hyoïdien sont séparés par un hiatus intermusculaire où passe le nerf lingual, le nerf hypoglosse et la veine linguale (Fig. 13). En amont, le nerf hypoglosse passe dans le triangle de Béclard (Fig. 14) limité en arrière par le bord postérieur de l’hyo-glosse, en haut par le digastrique, et en bas par la grande corne (ici masquée par l’omo-hyoïdien). Poursuivant une courbe oblique en haut et en avant, il passe à la face profonde du tendon du digastrique puis s’engage dans le hiatus entre l’hyo-glosse et le mylo-hyoïdien. 22 A la face interne de l’hyo-glosse, progresse l’artère linguale (Fig 15) issue de la carotide externe, elle se situe juste au dessus de la grande corne de l’hyoïde et progresse, appliquée sur le constricteur moyen du pharynx. Elle donne un rameau suprahyoïdien qui longe le bord supérieur de l’hyoïde pour aller s’anastomoser derrière le génio-hyoïdien avec son contro-latéral. Haut Avant droit N. hypoglosse Veine linguale N. lingual M. génio-glosse M. hyo-glosse Corps hyoïdien Fig 13. Vue cavalière antérolatérale gauche de la région sub-mandibulaire Haut Avant gauche Fig 14. Vue cavalière antéro-latérale droite de la région sub-mandibulaire 23 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1. Ventre antérieur 6. Triangle de Béclard 2. Glande sub-mandibulaire 7. M. sterno-cléïdo-hyoïdien 3. Tendon intermédiaire 8. M. omo-hyoïdien 4. Ventre postérieur 9. N. hypoglosse 5. Poulie fibreuse Le muscle lingual inférieur (musculus mongitudinalis inferior) C’est un petit muscle aplati s’insérant sur la petite corne et qui chemine vers le haut et l’avant vers la muqueuse de la pointe de la langue où il se termine. Il est innervé par le nerf hypoglosse et permet d’abaisser et de rétracter la langue. Le muscle lingual supérieur (musculus mongitudinalis superior) C’est le seul muscle impair et médian de la langue. Il se fixe sur la base de l’épiglotte et possède deux faisceaux sur les petites cornes. Cette mince lame musculaire se perd dans la face profonde de la muqueuse dorsale et permet grâce au nerf hypoglosse d’abaisser et de rétracter la langue. 24 Le muscle génio-glosse (musculus génio-glossus) C’est un muscle étalé en éventail sur la face latérale du septum lingual. Il est aplati transversalement et dirige ses fibres antérieures vers la pointe de la langue, ses fibres moyennes vers la face profonde de la muqueuse dorsale et ses fibres postérieures vers le bord supérieur de l’os hyoïde. Innervées par l’hypoglosse, ses fibres postérieures attirent l’os hyoïde en haut et en avant. M. génio-glosse A. linguale Corps hyoïdien Constricteur moyen du pharynx Grande corne Tunique fibreuse du pharynx Fig 15. Vue cavalière antéro-latérale gauche de la région sub-mandibulaire Haut Avant droit 25 3 – d – II. Relation avec l’étage sous hyoïdien 3 – d – II – 1. Plan superficiel Deux longs muscles composent ce plan : le sterno-cléïdo-hyoïdien et l’omohyoïdien en latéral de celui-ci. Le muscle sterno-cléïdo-hyoïdien (musculus sterno-hyoideus) Son insertion caudale est dévolue à des fibres charnues à la face postérieure du manubrium sternal et de l’extrémité interne de la clavicule. Décrivant un trajet très médian, il chemine en haut et légèrement en dedans. Ce muscle se terminera par de courtes fibres tendineuses sur la partie interne du bord inférieur de l’os hyoïde (Fig. 2). Le muscle sterno-cléïdo-hyoïdien, durant son trajet, cache une partie du muscle sternothyroïdien, du muscle thyro-hyoïdien et de la glande thyroïde. Corps hyoïdien Mb. hyo-thyroïdienne Haut Droite Cartilage thyroïde M. sterno-cléïdo-hyoïdien M. omo-hyoïdien Mb. thyro-cricoïdienne Glande thyroïde M. sterno-thyroïdien Fig 16. Vue antérieure de la région sous hyoïdienne 26 Il est innervé par un nerf supérieur issu de la branche descendante de l’hypoglosse et qui aborde la face profonde du muscle et par un nerf inférieur qui naît de l’anse de l’hypoglosse et aborde le muscle par son bord externe. Le muscle omo-hyoïdien (musculus omo hyoideus) Tendu de la scapula à l’os hyoïde et décrivant un arc concave arrière, en haut et en dehors, seul son ventre antéro-supérieur appartient à la région sous hyoïdienne. Le ventre poséro-inférieur s’insère sur la scapula entre l’échancrure coracoïdienne et le muscle élévateur de la scapula. Il se dirige en haut, en dedans et en avant, traversant la région sus-claviculaire. Il chemine derrière la clavicule, devant les muscles scalènes puis derrière le muscle sterno-cléido-mastoïdien pour se terminer par un tendon intermédiaire situé devant la veine jugulaire interne. Le ventre antérieur, souvent plus long que le ventre postérieur se dirige en haut et en dedans, pour finir accolé au muscle sterno-cléido-hyoïdien cachant les muscles sterno-thyroïdien et thyro-hyoïdien. Son insertion hyoïdienne se situe au bord inférieur, voisine de celle du muscle sterno-cléidohyoïdien (Fig. 2). Il est innervé par des nerfs venant de l’anse de l’hypoglosse (XII). 3 – d – II – 2. Plan profond Le muscle sterno-thyroïdien (musculus sterno thyroideus) Ce muscle mince et aplati dans le sens antéro-postérieur relie le sternum au cartilage thyroïde cache le larynx et la glande thyroïde. Il démarre son périple par des fibres charnues s’insérant sur le premier cartilage costal et la face postérieure du manubrium sternal jusqu'à la ligne médiane où ses fibres rencontrent les fibres de son homologue controlatéral. Ce muscle progresse en haut et en dehors, s’écartant de son homologue, pontant une partie de la glande thyroïde avant de s’insérer sur la crête oblique de la face antéro-externe du cartilage thyroïde. Il est innervé par des rameaux issus de l’anse du grand hypoglosse (XII). 27 M. thyro-hyoïdien Cartilage thyroïde Crête oblique Mb. thyro-cricoïdienne M. sterno-thyroïdien Thyroïde Fig 17. Vue antérieure de la région sous hyoïdienne Haut Droite Le muscle thyro-hyoïdien (musculus thyreo hyoideus) Le muscle thyro-hyoïdien n’est que la continuité du muscle sterno-thyroïdien. Il relie le cartilage thyroïde à l’os hyoïde. S’insérant sur le versant supérieur de la crête oblique de la face antéro-externe du cartilage thyroïde, il est très court et monte, plaqué contre la membrane hyothyroïdienne en arrière. Il se termine au bord inférieur du corps de l’os hyoïde et à la moitié médiale de la face inférieure de la grande corne (Fig. 2) 28 Il est innervé par le nerf thyro-hyoïdien, branche de l’hypoglosse (XII) qui aborde le muscle par sa face superficielle. Action des muscles sterno-cléïdo-hyoïdien, omo-hyoïdien, sterno-thyroïdien et thyrohyoïdien: Ces muscles sont abaisseurs de l’os hyoïde et donc, par l’intermédiaire des muscles supra thyroïdiens, abaisseur de la mandibule. L’os hyoïde constitue la pointe supérieure d’un losange de trachéotomie bordé par les muscles sterno-cléïdo-hyoïdiens et sterno-thyroïdiens. 3 – d – III. Relation avec la colonne pharyngo-laryngée - La colonne laryngée L’hyoïde, c’est l’ouverture vers le larynx. Il suspend la colonne laryngienne composée du cartilage thyroïde, du cartilage cricoïde se prolongeant par la trachée. La distance entre le bord inférieur du corps hyoïdien et le point supérieur de la lame thyroïdienne est de 8 à 10 mm. L’extrémité postérieure de la grande corne est distante de 5 à 6 mm de l’extrémité supérieure de la corne thyroïdienne supérieure, elles sont reliées par le ligament thyro-hyoïdien. L’épiglotte est un rapport directement postérieur de l’hyoïde, sa partie supérieure libre est revêtue par de la muqueuse qui se poursuit plus en avant sur la base de la langue en formant le repli glosso-épiglottique médian. L’épiglotte se loge dans la concavité postérieure de l’hyoïde et est reliée à celui-ci via le ligament hyo-épiglottique qui est tendu du bord supérieur du corps de l’hyoïde à la face antérieure de l’épiglotte, cela correspond à la membrane hyo-épiglottique (Fig. 19, 20, 21). L’artère thyroïdienne supérieure, née de la partie initiale de la carotide externe, va cheminer le long de la colonne laryngée pour se diviser en 3 trois branches pour la thyroïde. Mais auparavant, elle donne l’artère laryngée supérieure qui va, avec le nerf laryngé supérieur pénétrer la membrane hyo-thyroïdienne, puis elle donne l’artère laryngée inférieure qui chemine vers la membrane crico-thyroïdienne. 29 Ligament stylo-hyoïdien M. constricteur moyen Epiglotte Petite corne A. carotide commune Corps hyoïdien Mb thyro-hyoïdienne A. thyroïdienne sup Cartilage thyroïde A. laryngée inf Cartilage cricoïde Mb crico-thyroïdienne M.sterno-cléïdo-hyoïdien Trachée Haut Avant gauche Fig 18. Vue cavalière antéro-latérale droite de la région sous hyoïdienne 30 Tonsille linguale Avant Gauche Epiglotte Repli aryténo-épiglottique Plis vocaux Tubercule cunéiforme Tubercule corniculé Laryngo-pharynx Vallécule Repli glosso-épiglottique Corps hyoïdien Ligament stylo-hyoïdien Ligament hyo-épiglottique Fig 19, 20, 21. Vues supérieures de la région épiglottique 31 - La colonne pharyngée Le pharynx est constitué d’une longue tunique fibreuse (s’insérant notamment sur l’hyoïde) tapissée de muscles constricteurs intrinsèques et de muscles élévateurs extrinsèques. Un de ces muscles, le constricteur moyen, s’insère sur l’hyoïde. M. constricteur supérieur M. constricteur moyen Extrémité de la grande corne Ligament thyro-hyoïdien Relief du bord postérieur de la lame du cartilage thyroïde M. constricteur inférieur Haut Gauche Fig 22. Vue postérieure du pharynx Un abord postérieur nous permet de mettre en évidence les muscles intrinsèques du pharynx, puis dans un second temps d’exposer la colonne laryngée en vue postérieure par une incision verticale du raphé pharyngien. Haut Droite Fig 23. Vue postérieure de la région pharyngo-laryngée (sur la suggestion du Dr Rivière) 32 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1. Corps hyoïdien 6. Relief de la grande corne de l’hyoïde 2. Ligament stylo-hyoïdien 7. Tubercule cunéiforme 3. Epiglotte 8. Tubercule corniculé 4. Pli ary-épiglottique 9. M. aryténoïdiens 5. M. constricteur moyen 10. Vestibule oesophagien Le muscle constricteur moyen du pharynx (musculus constrictor pharyngis medius) Représentant l’étage moyen du pharynx, ce muscle est formé de deux faisceaux hyoïdiens : Le faisceau supérieur se fixe sur la petite corne (Fig.15) et sur la partie inférieure du ligament stylo-hyoïdien. Le faisceau inférieur s’insère sur la grande corne. De ces deux insertions, naît une nappe musculaire unique avec des fibres supérieures cheminant obliquement en haut vers la base du crâne et recouvrant le constricteur supérieur, ses fibres rejoignent les controlatérales. Le constricteur moyen est partiellement recouvert par le constricteur inférieur, les deux étant innervés par le nerf spinal. Sa contraction diminue le calibre pharyngé et élève le larynx. 33 4. Imagerie 4 - a. Le scanner Les coupes axiales permettent une bonne visibilité de l’os hyoïde et de ses structures environnantes. Fig 24. Coupe scannographique axiale passant par C4. (Dr H. REDON, CHU Nantes) 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Muscle mylo-hyoïdien Corps de l’os hyoïde Glande sous mandibulaire Grande corne de l’os hyoïde Espace pré-épiglottique Epiglotte Replis pharyngo-épiglottique Artère carotide externe Artère carotide interne 10. Veine jugulaire interne 11. Muscle sterno-cléïdomastoïdien 12. Veine jugulaire externe 13. Hypopharynx ou Laryngopharynx 14. Artère vertébrale 15. Muscle constricteur inférieur du pharynx 4 - b. L’IRM 34 2 3 1 4 5 9 8 7 6 10 11 12 13 14 15 16 17 19 18 20 Fig 25. Coupe IRM sagittale médiane en séquence T1 (Dr H. REDON, CHU Nantes) 1. Amygdale palatine 2. Confluent des sinus 3. Nasopharynx 4. Palais osseux 5. Arc antérieur de l’atlas 6. Apophyse odontoïde de l’axis 7. Luette 8. Muscle génio-glosse 9. Espace rétro-pharyngé 10. Oropharynx 11. Mandibule 12. Muscle génio-hyoïdien 13. Muscle mylo-hyoïdien 14. Vallécule 15. Épiglotte 16. Os hyoïde 17. Vestibule laryngé 18. Muscles sterno-hyoïdien et thyro-hyoïdien 19. Muscle aryténoïde 20. Cartilage cricoïde 4 – c. La technique de rendu volumétrique 35 Cette technique permet à partir de coupes scannographiques de faire une reconstruction des structures osseuses en 3D. Fig 26. VRT de la région cervicale en vue latérale droite Fig 27. VRT de l’os hyoïde en vue antérieure, 28. VRT de l’os hyoïde en vue postérieure Fig 29. VRT de l’os hyoïde en vue latérale G 30. VRT de l’os hyoïde en vue latérale D Fig 31. VRT de l’os hyoïde en vue inférieure 32. VRT de l’os hyoïde en vue supérieure 4 – d. Radiographie standard de profil La radiographie standard permet de calculer les distances séparant l’hyoïde de la mandibule et du rachis cervical. Cela à été vu dans : 3 – b. Situation. 5. Biomécanique 36 Par sa situation, l’hyoïde est sujet à une force qui le tire caudalement et qui participe à sa morphogenèse. Cette force s’impose sur l’axe hyo-mandibulo-crânio-facial. 5 - a. Les forces mises en jeu lors de l’orthostatisme Le rachis cervical joue un rôle de pivot dans la statique sagittale. La force de résistance à la compression du rachis cervico-thoracique s’oppose aux tractions caudales des composantes nucale (muscles extenseurs) et ventrale (ventilatoire), articulées par le neurocrâne et le viscérocrâne. Les principaux transmetteurs de forces sont la faux du cerveau se prolongeant par la tente du cervelet et le complexe musculo-aponévrotique de suspension hyo-mandibulo-crânio-faciale [4] Fig 33. Transmission endocrânienne des contraintes ventrales et nucales 1. Faux du cerveau 3. Contraintes ventrales 2. Contraintes nucales 4. Rachis cervical (pivot) Les forces de traction ventrale ventilatoire permanentes décrites par Talmant J et Renaudin S, partent du parenchyme pulmonaire (force centrifuge centrée sur le hile) et s’appliquent à la trachée puis à l’os hyoïde par une traction caudale. Par son appareil de suspension et l’ensemble des muscles sus hyoïdiens, l’os hyoïde transmet à son tour la contrainte caudale au massif crânio-facial : c’est un facteur essentiel de la morphogenèse et de la statique sagittale de la partie céphalique du squelette axial. [5] 37 5 - b. Mouvements de l’os hyoïde L’os hyoïde est fixé à de nombreuses structures voisines par des muscles, ligaments et membranes. Ainsi, les mouvements des structures voisines influencent la position de l’os hyoïde. Par exemple lorsque la tête est en flexion, l’os hyoïde se déplace vers l’avant et tend à s’horizontaliser. Cependant, quand la tête est en extension, l’os hyoïde se déplace en arrière et en bas. 5 – b - i. Déglutition L’hyoïde étant le point d’insertion de nombreux muscles participant à la déglutition, il prendra diverses positions suivant les phases de la déglutition. Il passe d’une position de repos à une position postéro-supérieure pour que la langue se plaque contre le voile afin de permettre la progression du bol alimentaire. Puis il évolue vers une position antéro-supérieure quand le bolus est au niveau de l’épiglotte. L’hyoïde va ainsi remonter, et avec lui, le larynx, pour établir des conditions anatomiques propices à la déglutition. Enfin, il revient à son niveau initial quand le bol est situé dans l’œsophage. Chez le nouveau-né, la déglutition s’effectue facilement alors que l’os hyoïde se déplace peu et présente une situation élevée (dite de déglutition). Chez l’adulte, cette fonction entraîne des déplacements importants de cet os qui semblent être la rançon de sa situation basse [6]. 5 – b - ii. Ventilation L’os hyoïde joue un rôle d’ancrage afin de maintenir le larynx à une distance nécessaire de la colonne vertébrale et du mur pharyngé postérieur pour conserver la perméabilité du défilé oropharyngé permettant la ventilation. Par la descente de l’os hyoïde et la croissance rachidienne, le pharynx s’allonge et sa hauteur devient plus grande que son diamètre ; phénomène amplifié lors de l’obstruction (cf. 7 – b. Pathologies). Le pharynx devient alors instable, et la dépression inspiratoire provoquera le collapsus de ses parois. Chez le nourrisson, la configuration anatomique particulière du pharynx le rend mécaniquement plus stable, plus résistant au collapsus inspiratoire. 38 Durant cette mécanique ventilatoire, les muscles sus hyoïdiens jouent un grand rôle. Le muscle génio-glosse adapte le profil de la base linguale aux meilleures conditions énergétiques de l’écoulement. Les muscles génio-hyoïdien, mylo-hyoïdien et le ventre antérieur du digastrique vont placer le vestibule laryngé dans la continuité dynamique de l’écoulement oropharyngé. Il semble également que les muscles sous-hyoïdiens participent à la mécanique ventilatoire. En particulier l’omo-hyoïdien tend l’aponévrose cervicale moyenne, et diminue ainsi l’aspiration des tissus mous résultant de la dépression intra thoracique inspiratoire. 5 – b - iii. Phonation Senecail en 1979 prouve que le langage des humains est dépendant de la position de l’os hyoïde. Par exemple lors de l’émission continue du son « a », l’hyoïde occupe une position plus élevée et en retrait par rapport à sa position au repos, et s’accompagne d’un recul de la pente pharyngée. Le cartilage thyroïde se rapproche de l’hyoïde. Nul langage (au sens propre) n’est possible sans une position cervicale de l’hyoïde. Ainsi, les nourrissons ne pourront qu’émettre des cris inarticulés jusqu’à la descente de leur hyoïde et de leur larynx, aboutissant à la création d’un véritable oropharynx vers deux ans. 6. Phylogenèse 39 Chez les primates, l’os hyoïde est en position buccale et non cervicale, comme chez l’homo sapiens sapiens adulte. L’os hyoïde participant fonctionnellement au mécanisme de la phonation, il doit être en position cervicale pour permettre la diversité de sons qui nous est propre. Les vocalisations et cris inarticulés des primates ne peuvent prétendre à un langage car, comme pour le nouveau né et le nourrisson, l’os hyoïde est situé trop haut. Le primate en reste à ce stade, mais le nourrisson va voir son hyoïde descendre en même temps qu’il s’essaiera au langage. Le genre Homo réunit les humains (sapiens) et les espèces qui leur sont proches. On estime que le genre apparaît entre 2,5 et 2 millions d'années avant le présent. Toutes les espèces sont éteintes sauf Homo sapiens. Grâce à la réalisation de moulage, il a été mis en évidence que toutes les espèces Homo avaient un os hyoïde haut situé, donc un larynx haut situé, sauf l’Homo sapiens. Seule la lignée Homo sapiens pouvait alors avoir un langage articulé. Toutes les lignées se sont éteintes sauf l’Homo sapiens et l’Homo neanderthalensis qui ont occupé l'Europe et le Proche-Orient à la même époque et se sont sans doute côtoyés. Pour P. Lieberman, ce serait cette absence de langage articulé qui aurait entraîné la disparition de l’homme de Neandertal et la poursuite de la lignée sapiens sapiens (qui avait un langage). Des études montrent que la position de l'os hyoïde est en rapport avec la convexité cervicale, elle même en rapport avec la bipédie. La station debout acquise, influe sur cette courbure de la colonne vertébrale et donc joue sur la position de l'os hyoïde qui est placé au niveau de la quatrième vertèbre cervicale chez l'homme adulte actuel. Encore une fois, l'anatomie comparée montre que l'enfant de moins de deux ans acquiert cette convexité cervicale au même titre qu'il apprend à marcher debout. Cela induit un déplacement de l'os hyoïde, situé plus haut que l'adulte. On retrouve cela chez les primates [7]. 7. Discussion 40 7 – a. Une variation bilatérale et symétrique du ventre antérieur du digastrique Lors de la dissection du sujet masculin, a été mis en évidence un faisceau débordant médialement le ventre antérieur, dans le triangle de la région sous mentale. Ce faisceau, aplati de haut en bas, se dirige, comme le ventre antérieur, en haut, en avant mais nettement plus en médial, ce qui lui permet de rejoindre les fibres de son homonyme controlatéral pour former, pareil au muscle mylo-hyoïdien, un raphé médian. Il s’insert aussi à la mandibule par quelques fibres. 1 2 3 4 5 Haut Gauche Fig 34. Vue antérieure de la région cervicale 1. Ventre antérieur gauche récliné 4. Ventre antérieur droit récliné 2. Faisceau variant gauche 5. Faisceau variant droit récliné 3. Glande sub-mandibulaire récliné Dimension du faisceau variant : • Bord médial (Raphé médian) : 40mm • Bord latéral : 45mm • Bord inférieur : 22mm Une variation similaire a été rapportée dans une publication médicale turque en août 2003 [8]. 7 – b. Pathologie et chirurgie 41 Problème de la ventilation L’augmentation des résistances à la ventilation (due notamment à l’obstruction nasale) s’accompagne généralement d’une ouverture de l’angle crânio-cervical. Cette extension accroît la tension de l’axe viscéral du cou. Le rapport de l’hyoïde descend sur l’échelle vertébrale. Cette descente entraîne une augmentation de la compliance du pharynx qui oblige le patient se mettre en extension crânio-cervicale compensatrice, ce qui desendra encore l’hyoïde. Ainsi s’instaure le cercle vicieux de l’évolution pathologique des rapports vertébraux de l’hyoïde [5]. Lors de l’apnée du sommeil, on observe un collapsus des parois pharyngées sous l’effet de la dépression de l’os hyoïde du fait de l’inactivité électromyographique du génio-hyoïdien. En même temps se produit le recul de la langue dont la déformation de la base n’est plus contrôlée comme elle l’était lorsque l’os hyoïde restait en place. Ainsi, ce déplacement postérieur contribue à obstruer les voies aériennes supérieures chez le ronfleur apnéique. Une des stratégies thérapeutiques du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est l’uvulopharyngoplastie (UPP) qui vise lever radicalement l'obstacle oropharyngé. Il tente soit - de diminuer le volume des tissus mous (voile du palais, amygdales, base de la langue) limitant les parois de l'oropharynx - de transférer, vers l'avant, les insertions de la langue comme l’hyoïde. Donc, lorsque nous n’étions que des primates, notre hyoïde haut perché, nous n’avions pas de problèmes ni de déglutition, ni surtout de ventilation car aucun collapsus des parois pharyngées n’était possible. Mais lorsque nous rendant compte de l’intérêt de devenir bipède nous nous sommes redressés, nous avons vu notre os hyoïde descendre. Cela a certes contribué à notre évolution puisque cela nous a donné le langage parlé, mais la contre partie est la pathologie sus-citée. 7 – c. Conclusion 42 Il est nécessaire poser les bases anatomiques afin de comprendre l’utilité de l’hyoïde. Avec la langue, le pharynx et le larynx qui se repose sur lui, le rôle de l’hyoïde n’est plus à prouver dans les mécanismes de la déglutition, phonation et surtout dans la ventilation. Sa situation, migrante au fil de la croissance humaine, lors de l’évolution des espèces, mais aussi lors de pathologies, rend difficile son appréhension. Cependant, les situations pathologiques de l’hyoïde sont désormais accessibles à la chirurgie. Notre espèce, l’homo sapiens sapiens, va être conduite à évoluer au fil des siècles. Il serait intéressant d’imaginer quel serait le devenir de l’hyoïde dans une région cervicale elle aussi en mouvement. La théorie de l’évolution de Darwin prône une sorte d’excellence des races, en effet, seuls les individus les plus résistants vaincront la sélection naturelle. Or si l’homo sapiens sapiens s’est vu offrir la parole par la descente de l’hyoïde, il en a aussi découvert les pathologies ventilatoires. Que nous apporterait la poursuite de cette descente ? Y survivrait-on ? 8. Références 43 1 – BRIZON J. et CASTAING J. Les feuillets d’anatomie, ostéologie de la tête et ostéologie du tronc. Ed Maloine, 1984. 2 – BOUCHET A. et CUILLERET J. Anatomie topographique, descriptive et fonctionnelle : le cou, le thorax. Ed Simep, 1978 ;2:675-778. 3 – SENECAIL B. L’os hyoïde. Introduction anatomique à l’étude de certains mécanismes de la phonation. Mémoire pour le diplôme d’études et de recherches en biologie humaine, 1979. 4 – TALMANT J. et RENAUDIN S. Ventilation et mécanique des tissus mous faciaux : 2-développement de l’oropharynx : hominisation du crâne. Rev Orthop Dento Faciale 1995 ;29:529-42. 5 – THOMAS H. Evaluation de la position axiale de l’os hyoïde. Thèse pour le diplôme d’état de Docteur en Chirurgie Dentaire. Mai 1999. 6 – COUFFIN K. Pourquoi l’hyoïde ? Thèse pour le diplôme d’état de Docteur en Chirurgie Dentaire. Déc 1995. 7 – NOVA N. L’émergence des sons du langage. Données anatomiques. http://tecfa.unige.ch/perso/staf/nova/ling/Somm.html .Juin 2003. 8 - AKTEKIN M., KURTOGLU Z. et OZTURK AH. A bilateral and symmetrical variation of the anterior belly of the digastric muscle. Acta Med Okayama. Aug 2003. Department of Anatomy, Mersin University, Faculty of Medicine, Mersin, Turkey. 44