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Prévoir le futur
Toute une série de changements annon-
cés à moyen terme parlent en faveur d‘in-
vestissements dans la protection thermi-
que. Par exemple le prix des carburants.
En effet, certaines tendances et certains
faits montrent que dans le futur, on con-
sidérera les prix actuels des combustibles
comme très bas. La hausse découlera par
exemple de la loi sur le CO2, qui demande
une réduction de 10 % des émissions de
CO2 en Suisse entre 1990 et 2010. Vu les
résultats insuffisants des douze dernières
années, le prélèvement d‘une taxe sur le
CO2 sur les carburants et les combustibles
à partir de 2006 s‘impose pour atteindre
cet objectif.
Une taxe de l‘ordre de 50 fr./t CO2 ren-
chérirait le gaz naturel d‘un peu plus de
1 ct./kWh (+20 %) et l‘huile de chauffage
d‘un peu moins de 15 ct./l (+30 %). En
outre, les prix des combustibles fossiles
risquent de subir une longue hausse d‘ici
quelques décennies. La production mon-
diale de pétrole devrait culminer entre
2020 et 2030. A partir de là, il faudrait
s‘attendre à ce que le prix du pétrole
augmente, et par conséquent aussi celui
d‘autres combustibles fossiles. Ajoutons
que les conflits secouant les régions pé-
trolifères du Proche-Orient feront parfois
s‘envoler les prix (voir aussi page 21). Le
cadre du financement changera lui aussi.
L‘Accord de Bâle II oblige les banques à
procéder dès 2006 à une évaluation de
la solvabilité de leurs clients. Un client
dont les logements resteraient partielle-
ment vides faute de travaux de rénova-
tion obtiendrait de sa banque des condi-
tions d‘intérêt moins favorables. De plus,
la proportion de personnes âgées va aug-
menter dans la population et, avec elle,
les besoins en appartements confortables
(voir aussi page 7).
Co-bénéfices
Comme le montrent les études précitées,
les mesures d‘isolation thermique mises
en œuvre dans des bâtiments existants
sont rentables ou très proches du seuil de
rentabilité économique dans la plupart
des cas. Cela d‘autant plus si l‘on prend
en compte les risques de hausse de prix
de l‘énergie au cours de la durée d‘utilisa-
tion des investissements et les co-bénéfi-
ces de la protection thermique.
Aujourd‘hui, ces deux aspects sont rare-
ment pris en compte dans les considéra-
tions de rentabilité. Les co-bénéfices évo-
qués sont, par exemple, le meilleur con-
fort d‘habitation, l‘isolation phonique,
les maladies évitées, le plus faible risque
de voir un logement rester vide et l‘aug-
mentation de la valeur du bâtiment; pour
l‘investisseur, ces bénéfices peuvent avoir
une valeur économique aussi élevée que
ceux réalisés sur le plan énergétique.
Sous l‘angle de l‘économie en général et
de l‘économie énergétique en particulier,
les mesures d‘isolation thermique supplé-
mentaires des bâtiments rejaillissent po-
sitivement sur les coûts. En effet, outre
les co-bénéfices, on prend en compte les
coûts externes évités (émissions polluan-
tes, rejets de gaz à effet de serre).
Les coûts de réduction des émissions
de CO2 sont relativement faibles dans
la construction et la rénovation énergé-
tique comparativement à de nombreux
autres domaines. A cela s‘ajoutent des
retombées complémentaires sur l‘emploi,
localement et régionalement bien répar-
ties. Elles découlent essentiellement du
remplacement des importations d‘agents
énergétiques fossiles par des prestations
indigènes à différents stades: conception,
construction et maintenance, ou encore
fabrication des produits d‘isolation ther-
mique.
Seule une approche
globale montrera les
coûts et les bénéfi-
ces réels d‘investisse-
ments énergétiques
supplémentaires