Efficacité de la kinésithérapie respiratoire afin de - chu

Efcacité
de
la
kinésithérapie
respiratoire
an
de
réduire
le
temps
d'hospitalisation,
la
durée
de
la
ventilation
mécanique,
l'incidence
des
infections
pulmonaires
et
la
mortalité
des
patients
en
service
de
réanimation
Baptiste
Michaux
a
,
Guillaume
Prieur
b
a
Service
de
kinésithérapie,
CHU
de
Rouen,
1,
rue
de
Germont,
76031
Rouen
cedex,
France
b
Services
de
réanimation
et
de
pneumologie,
groupe
hospitalier
du
Havre,
hôpital
Jacques
Monod,
29,
avenue
Pierre-Mendès-France,
76290
Montivilliers,
France
&Castro
A.M.M.
et
al.
Chest
physiotherapy
effectiveness
to
reduce
hospitalization
and
mechanical
ventilation
length
of
stay,
pulmonary
infection
rate
and
mortality
in
ICU
patients.
Respir
Med
2013;107:6874.
Contexte
actuel
Les
progrès
et
la
gestion
des
services
de
réanimation
montrent
une
amélioration
du
taux
de
survie
des
patients.
Cepen-
dant,
l'apparition
des
complications
est
corrélée
au
temps
d'hospitalisation
et
à
l'alitement
prolongé
des
patients.
La
présence
d'un
kinésithérapeute
apporte
un
intérêt
majeur
dans
ces
ser-
vices,
aussi
bien
dans
la
prévention
des
troubles
respiratoires,
cutanés,
ortho-
pédiques
et
fonctionnels,
que
dans
l'aide
au
sevrage
de
la
ventilation
mécanique.
Protocole
de
l'étude
Cette
étude
a
pour
hypothèse
que
la
présence
d'un
physiothérapeute
24
h/
24
dans
un
service
de
réanimation
est
corrélée
à
une
réduction
de
la
durée
d'hospitalisation
et
de
ventilation
méca-
nique,
une
diminution
de
l'incidence
d'infections
pulmonaires
et
de
la
mortalité.
Les
résultats
sont
étudiés
dans
les
ser-
vices
de
réanimation
de
deux
hôpitaux
publics
brésiliens
:
un
hôpital
dispose
de
physiothérapeutes
24
h/24
(hôpital
A)
et
l'autre
hôpital
dispose
de
physiothéra-
peutes
six
heures
par
jour
(hôpital
B).
Les
physiothérapeutes
du
groupe
A
interviennent
quatre
fois
par
jour
auprès
du
patient
(matin,
après
midi,
soir
et
nuit).
Ils
ont
la
possibilité
d'effectuer
des
séances
supplémentaires
si
l'état
clinique
du
patient
le
nécessite.
Les
phy-
siothérapeutes
du
groupe
B
ne
peuvent
intervenir
qu'une
seule
fois
par
jour.
Les
techniques
de
kinésithérapie
(désobs-
truction
bronchique
et
mobilisation
glo-
bale)
ainsi
que
la
durée
des
séances
sont
similaires
aux
deux
hôpitaux.
La
répartition
des
patients
se
fait
suivant
leur
admission
dans
un
des
deux
hôpi-
taux.
Les
73
patients
de
chaque
groupe
ont
été
évalués
le
premier
jour
de
leur
hospitalisation.
Les
deux
groupes
sont
considérés
par
les
auteurs
comme
homogènes
(Tableau
I).
Les
patients
sont
évalués
jusqu'à
la
sor-
tie
du
service
de
réanimation.
Les
auteurs
retrouvent
plusieurs
différences
signicatives
entre
les
deux
groupes
:
ventilation
mécanique
:
dix
jours
20
(groupe
A)
et
15
jours
12
(groupe
B)
avec
un
p
<
0,0001.
À
j31
de
leur
admission
plus
aucun
patient
n'est
ventilé
dans
le
groupe
A
contre
22
%
des
patients
du
groupe
B
;
mortalité
:
augmentation
du
taux
de
mortalité
de
30
%
chez
les
patients
avec
une
seule
séance
de
physiothé-
rapie
par
jour
;
durée
de
séjour
en
réanimation
:
13,2
jours
12,6
dans
le
groupe
A
et
21,6
jours
17,8
dans
le
groupe
B
(p
=
0,0003).
À
j30,
40
%
des
patients
sont
encore
présents
dans
le
service
B
contre
aucun
dans
le
service
A
;
incidence
des
infections
du
système
respiratoire
(rapport
calculé
à
partir
du
nombre
de
patients
avec
une
infection
sur
le
nombre
de
patients
admis)
:
0,356
dans
le
groupe
A
et
0,616
dans
le
groupe
B
(p
=
0,0043).
À
noter
que
ce
calcul
est
surprenant,
les
études
évoquant
plutôt
un
rapport
«
nombre
d'épisodes
d'infections
respiratoires
48
heures
après
intubation
»
sur
«
nombre
de
jours
sous
ventilation
mécanique
»
;
incidence
des
neuromyopathies
acquises
en
réanimation
:
3
%
des
patients
pour
le
groupe
A
et
5
%
pour
le
groupe
B.
Limites
de
l'étude
Puissance
de
l'étude
L'étude
est
contrôlée
mais
non
randomi-
sée.
La
répartition
des
patients
se
fait
Auteur
correspondant
:
B
Michaux,
Service
de
kinésithérapie,
CHU
de
Rouen,
1,
rue
de
Germont,
76031
Rouen
cedex,
France.
Adresse
e-mail
:
Kinesither
Rev
2013;13(137):1112 Actualités
/
Analyse
critique
http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2013.02.005
11
suivant
leur
admission
dans
l'hôpital
A
ou
B.
Bien
que
les
auteurs
afrment
que
les
soins
de
physiothérapie
soient
iden-
tiques
entre
les
deux
hôpitaux
(après
une
observation
d'une
semaine),
nous
pouvons
nous
interroger
sur
la
pratique
courante
des
autres
professionnels
de
santé
(médecins,
inrmiers
notam-
ment)
et
la
répercussion
sur
les
résul-
tats
de
cette
étude.
Cette
étude
est
simplement
observationnelle
et
ne
peut
conclure
à
une
incidence
sur
différents
paramètres
(mortalité,
durée
de
séjour,
etc.).
Qualité
des
séances
de
physiothérapie
Les
auteurs
décrivent
la
physiothérapie
dispensée
aux
patients
comme
des
techniques
de
désobstruction
bron-
chique
et
de
mobilisations
globales
(membres
inférieurs
et
supérieurs).
Les
auteurs
précisent
que
ces
techni-
ques
effectuées
dans
l'étude
sont
iden-
tiques
entre
les
deux
hôpitaux,
cependant
il
n'est
pas
décrit
d'autres
techniques
de
physiothérapie
comme
le
bord
de
lit,
la
verticalisation,
la
mise
au
fauteuil,
etc.
Les
auteurs
se
focali-
sent
sans
doute
sur
la
physiothérapie
respiratoire
(hypothèse
initiale
de
leur
étude).
Nombre
de
séances
de
physiothérapie
Les
physiothérapeutes
de
l'hôpital
A
n'avait
le
droit
de
voir
chaque
patient
qu'une
seule
fois
par
jour.
Nous
nous
interrogeons
sur
cette
restriction.
À
notre
courte
expérience
professionnelle
en
réanimation
en
France,
les
patients,
si
besoin,
bénécient
de
plusieurs
séances
de
kinésithérapie
(notamment
respiratoire),
même
quand
les
kinési-
thérapeutes
ne
sont
présents
que
la
journée.
De
notre
simple
avis,
la
réper-
cussion
d'une
séance
unique,
notam-
ment
postextubation,
peut
s'avérer
délétère
pour
les
patients.
Ainsi,
les
auteurs
auraient
dire
que
l'étude
comparait
une
prise
en
charge
avec
une
seule
séance
de
physiothérapie
contre
plusieurs
séances
quotidiennes
et
non
6
h/24
vs
24
h/24.
Motifs
d'admission
des
patients
Les
auteurs
décrivent
leurs
groupes
comme
homogènes.
Le
groupe
B
pré-
sente
un
nombre
plus
important
de
patients
traumatisés
crâniens.
Ce
biais
peut
avoir
un
impact
sur
les
résultats
de
l'étude
(durée
sous
ventilation
méca-
nique,
nombre
de
jours
en
service
de
réanimation,
complication,
etc.).
«
L'après
réanimation
»
Les
auteurs
ne
précisent
pas
la
durée
d'hospitalisation
totale
et
la
mortalité
à
plus
long
terme
(six
mois
et
un
an).
Conclusion
Cette
étude
semble
démontrer
que
la
présence
de
physiothérapeutes
en
réa-
nimation
24
h/24
réduirait
la
durée
d'hospitalisation,
de
ventilation
méca-
nique,
l'incidence
des
infections
pulmo-
naires
et
la
mortalité
des
patients
par
rapport
à
une
présence
des
physiothé-
rapeutes
six
heures
par
jour.
Nous
notons
cependant
plusieurs
limites
à
l'étude
qui
diminuent
la
puissance
des
résultats.
La
non-randomisation
de
l'étude
étant
une
limite
majeure.
Le
titre
constitue
un
biais
en
n'évoquant
que
la
kinésithérapie
respiratoire.
Les
auteurs
ont,
semble-t-il,
également
sous
estimé
leurs
biais
dans
la
discussion
de
leur
étude.
Cette
étude
devra
donc
être
confortée
par
de
nouvelles
études
rando-
misées
contrôlées.
Il
sera
également
intéressant
de
faire
une
étude
économique
comprenant
les
coûts
supplémentaires
d'une
présence
de
physiothérapeute
24
h/24
et
les
éco-
nomies
supposées
de
réduction
de
la
durée
d'hospitalisation.
Tableau
I.
Paramètres
relevés
à
l'admission.
Avec
une
différence
signicative
Avec
une
différence
non
signicative
Score
Ramsay
(p
=
0,01) Sexe,
âge
Nombre
de
dysfonctions
d'organes
(p
=
0,05) Scores
Glasgow,
APACHE
II,
SOFA
Température
corporelle,
pression
artérielle
moyenne,
hématocrites,
pression
artérielle
en
oxygène
Fréquence
cardiaque
et
respiratoire
Motif
d'admission
entre
les
deux
groupes Créatinine,
taux
de
protéine
C-réactive,
SpO
2
,
FiO
2
,
diffusion
alvéolocapillaire
Les
traumatisés
crâniens
(quatre
dans
le
groupe
A
contre
24
dans
le
groupe
B)
B.
Michaux,
G.
Prieur
Actualités
/
Analyse
critique
12
1 / 2 100%