Histoire de la Chine et ses incidences linguistiques
La Chine fut vraisemblablement peuplée il y a plus d'un million d'années par l'Homo erectus. Puis les hommes modernes
atteignirent la région il y a environ 75 000 ans pour développer, vers 7500 avant notre ère, une économie agricole basée
sur le millet, le riz, le porc, le chien et le poulet. L'agriculture a commencé à cette époque en Chine, soit peu après son
apparition au Proche-Orient (région du Croissant fertile) en raison des changements climatiques. Cette nouvelle activi
humaine a eu pour effet de faire augmenter la population et de favoriser la création d'artisans et d'administrateurs. C’est
par étapes que les peuples de langue et de culture chinoises se fixèrent sur le territoire de l’actuelle Chine. Au néolithique,
la riziculture et la domestication du buffle semblaient acquises. Au nord, dans l’actuelle province du Henan, des
communautés agraires existaient entre 6500 et 5000 avant notre ère. Quelque cinq siècles plus tard, de nouvelles sociétés
agricoles se développèrent dans le bassin du fleuve Jaune au nord de la Chine, alors que les premiers villages apparurent.
1 La Chine ancienne
Les historiographes chinois ont traditionnellement commencé leurs récits de l'histoire chinoise avec la fondation de la
dynastie Xia (environ 2100-1600 avant notre ère), suivie de la dynastie des Shang environ 500 ans plus tard. La Chine des
Shang possédait une culture avancée, quelque peu différente de la civilisation chinoise postérieure, avec une écriture, le
travail du bronze et des chars, ce dernier suggérant l'influence possible des immigrants occidentaux apparentés aux Hittites
et Indo-aryen contemporains. À cette époque, l’écriture, élaborée par les religieux, se composait alors de quelque 3000
signes idéographiques.
Au IIe millénaire, une seconde culture commença à apparaître dans la vallée du fleuve Jaune (Huang he), envahissant les
Shang. L'existence de la dynastie des Zhou, fondée au XIe siècle, fut la première pour laquelle il existe une tradition
historique fiable. La dynastie Zhou semble avoir commencé à gouverner par un système de bureaucratie centralisée. Le
pouvoir se fragmenta au cours du règne des Zhou, époque que les annales nomment «période des Printemps et des
Automnes». Les conflits militaires firent naître de grands États qui absorbaient les plus petits. L'éclosion de la philosophie
et de la culture chinoise, avec le confucianisme, le taoïsme, le légisme et le mohisme (ou motisme), donna une importance
toute particulière à cette période.
La Chine entra ensuite dans l’âge du fer (en 513). La charrue de fer tirée par un bœuf ainsi que l’amélioration des
techniques d’irrigation permirent de meilleurs rendements agricoles et, par voie de conséquence, un accroissement de la
population. La croissance démographique s’accompagna d’une production accrue de richesses et donna naissance à une
nouvelle classe de négociants et de commerçants. Les découvertes scientifiques se multiplièrent, telles que les tables de
multiplication, l'astronomie, etc. Les premiers tronçons de la Grande Muraille furent construits sous l'ordre des souverains
du Chunqiu-Zhanguo (800-400 avant notre ère). Cette fortification leur permit de se protéger des peuples du Nord, en
particulier des Xiongnu, tribu apparentée aux Huns.
2 L'Empire du Milieu
Vers 220 avant notre ère, le prince Zheng (plus tard l'empereur Shi Huangdi) parvint à conquérir les autres États et se
proclama lui-même premier empereur — sous le titre de «premier auguste souverain» — de la dynastie Qin (221-206),
l'une des plus brèves mais néanmoins l'une des plus importantes dynasties chinoises. Son règne correspond en effet à la
mise en place de l'ordre impérial et ouvrit la voie à la puissante dynastie des Han. C'est aussi la dynastie Qin qui va donner
son nom à la Chine: le nom de Qin, déformé, arrivera en Occident sous la forme de Sin(o)-, Chine ou Shina pour désigner
«l'Empire du Milieu». La majeure partie de la Grande Muraille fut érigée sous le règne de Shi Huangdi (221-210) qui
redoutait les expéditions menées par les peuples nomades des steppes du Nord. C'est sous son règne que l’écriture
chinoise fut normalisée et son usage rendu obligatoire dans tout le pays. Bien que son règne n'ait duré que onze ans, il
réussit à soumettre de grandes régions de ce qui constitue le territoire actuel des Han et à l'unifier sous un gouvernement
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étroitement centralisé. Cependant, ses successeurs ne réussirent pas aussi bien; peu après, la dynastie des Qin s'éteignit
et la dynastie des Han lui succéda.
Les souverains de la dynastie des Han favorisèrent la renaissance du taoïsme et adoptèrent le confucianisme en tant
qu’idéologie officielle. Néanmoins, désireux de le rendre universel, les Han y incorporèrent des idées empruntées à
d’autres écoles de pensée, afin de compléter l’enseignement laissé par Confucius et ses disciples. Ils choisirent les
fonctionnaires sur la base du mérite plutôt que sur la naissance, selon un principe bien confucéen. La sélection et la
qualification des candidats reposèrent sur des examens écrits en chinois mandarin. À la fin du IIe siècle, une université
impériale fut créée pour enseigner aux futurs fonctionnaires les cinq classiques de l’école confucéenne. Le grand penseur
confucéen Xunzi (env. 300 - env. 237) compila dans un ouvrage intitulé Erya («Approche du sens correct») la terminologie
de différentes branches du savoir. On y trouve quelque 1400 entrées dont beaucoup offrent une définition. Il s'agit en
quelque sorte d'une sorte de dictionnaire terminologique chinois de l'époque ancienne.
La dynastie des Han connut son apogée sous le règne de Wudi (140-87). La quasi-totalité de ce qu'est la Chine actuelle
fut soumise à l’ordre impérial, même si de nombreuses régions, notamment au sud du Yang-tseu-kiang, ne furent pas
encore complètement soumises. L’autorité chinoise s'étendit du sud de la Mandchourie jusqu'au nord de la Corée;
complètement au sud, les Han conquirent l’île de Hainan. Mais l'expansionnisme territorial, ayant épuisé les ressources
financières, entraîna des hausses d'impôt, tandis que les révoltes paysannes se multipliaient et le banditisme se
développait. Au Ier siècle de notre ère, la Chine poursuivit son expansion vers l’ouest. Les Chinois, qui contrôlaient la route
de la Soie développèrent un commerce actif avec les peuples «barbares» d’Occident.
Par la suite, une période d'instabilité s'installa au cours de laquelle trois États tentèrent de prendre le pouvoir pendant la
période dite des «Trois Royaumes». Bien que ces royaumes aient été réunis temporairement en 280 par l'empereur Wu Di
de la dynastie Jin, les barbares Wu Hu ravagèrent le pays, provoquant un vaste exode des Chinois au sud du Yangtze.
Avec les immigrants et les habitants du Sud, l'empereur Yuandi de la dynastie Jin mit en place la première des cinq
«dynasties du Sud» qui résidèrent à Jiangkang (près de l'actuelle Nanjing). Les barbares du Nord furent unis en 376 une
fois par Fu Jian de l'ancien empire Qin, puis en 439 par Tai Wu Di, troisième empereur de la dynastie Wei du Nord. La
Chine fut dirigée par deux dynasties indépendantes, l'une au nord et l'autre au sud. La courte dynastie Sui réussit à réunir
le pays en 589 après presque 300 ans de séparation. C'est à cette époque qu'une grande partie du vocabulaire
scientifique et technique chinois fut créé grâce à des ouvrages marquants.
En 618, la dynastie Tang prit le pouvoir et une nouvelle ère de prospérité commença. Le bouddhisme, qui s'était lentement
introduit en Chine au premier siècle, devint la religion dominante et fut largement adoptée par la famille impériale. Mais les
Tang finirent aussi par régresser et une autre période de chaos politique suivit: la période des Cinq Dynasties et celle des
Dix Royaumes. La traduction de soutras bouddhiques entraîna l'emprunt d'un grand nombre de mots sanskrits. Un moine
bouddhiste de l'époque Tang établit des standards de traduction selon le principe des «cinq intraduisibles»: le mystère, la
polysémie, l'incomparable, l'antique et le vénérable pour lesquels, lors d'une traduction du sanskrit en chinois, il prônait le
choix pour la simple transcription phonétique.
En 960, la dynastie Song prit le pouvoir sur une grande partie de la Chine et établit sa capitale à Kaifeng, alors que la
dynastie Liao gouvernait la Mandchourie actuelle et une partie de la Mongolie. En 1115, la dynastie Jin prit le dessus sur la
dynastie Liao, tandis que la dynastie Song déclinait. Dans les années qui suivirent, la Chine fut divisée entre la dynastie
Song, la dynastie Jin et le Xia occidental, gouverné par les Tanguts. Cette période permit de grandes avancées
technologiques en Chine du Sud, en partie à cause de la pression militaire du Nord. Le Mengxi bitan («Essais au fil du
pinceau composés au Torrent des rêves») de Shen Gua (1031-1095) établit de nombreux termes spécialisés en
mathématiques, physique et géosciences.
3 Les Mongols et la dynastie Ming chinoise
La dynastie des Song ne finit par tomber que sous les assauts répétés d’une armée mongole nettement supérieure en
nombre et après des années de combats. En 1206, une assemblée de toutes les tribus mongoles se réunit à Karakorom,
en Mongolie, pour confirmer la création de l’unité mongole sous l’autorité de Gengis Khan, l’«empereur suprême». Les
Mongols entamèrent rapidement une série de conquêtes qui aboutirent à la formation du plus grand empire du monde de
l’époque.
En Chine, Gengis Khan s’empara d’abord de Pékin, la capitale des Jin, en 1215, avant de se rendre maître de tout le nord
de la Chine après la reddition de Kaifeng (1233). Le 18 août 1227, l’empire mongol (avec Karakoroum comme capitale), qui
s'étendait de Pékin jusqu Moscou en passant par la mer Caspienne, fut divisé entre ses quatre fils.
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En 1279, Kūbilaï Khān, petit-fils de Gengis Khān, acheva la conquête de la Chine. Au lieu de chercher à agrandir
davantage le royaume, il s'efforça de l'unifier. Ce fut la pax mongolica, l'âge d'or de l'Empire mongol, l'un des plus vastes de
tous les temps. À la mort de Kūbilaï Khān en 1294, des factions rivales se formèrent, tandis que les Chinois commencèrent
à s'opposer aux Mongols. Ceux-ci furent chassés de Pékin en 1368 par le premier empereur de la dynastie Ming
(1368-1644). Il s'ensuivit une longue période de déclin et de lutte entre les Mongols orientaux (héritiers de Gengis Khān) et
les Mongols occidentaux (soumis aux Ming), qui dura près de trois siècles.
Le règne de Kubilaï Khan constitue l’apogée du pouvoir mongol. Les communications furent considérablement améliorées
et les routes commerciales de l’Asie centrale, entièrement sous contrôle mongol, devinrent plus sûres que jamais. Pour
cette raison, les échanges entre l’Est et l’Ouest s’intensifièrent, notamment avec les missionnaires (franciscains) et les
commerçants étrangers (Florence, Gênes, Venise), dans le domaine tant intellectuel et culturel que technique et
scientifique. Le plus connu des voyageurs européens demeure sans doute le négociant vénitien Marco Polo qui séjourna à
Cambaluc (Pékin) et à la cour de Kubilaï Khan de 1275 à 1292. C'est dans le Livre des merveilles du monde (écrit en
français) qu'il décrivit les splendeurs de l’Empire mongol.
Pendant ce temps, le mécontentement grandit dans le pays: les Chinois soumis étaient brimés par le pouvoir en place. La
classe des mandarins lettrés s’irrita de l’interdiction faite aux Chinois de détenir des postes importants. Le ressentiment de
la population se traduisit finalement par une révolte qui marqua le début de la dynastie Ming en 1368. Sous les Mongols, la
population avait baissé de 40 %, pour atteindre environ 60 millions d'habitants.
Avec la dynastie Ming (1368-1644), débuta une période de renaissance culturelle et économique. Sous l’empereur Yongle
(1403-1424), la Grande Muraille fut consolidée et agrandie. Les tribus de Mongolie ayant été définitivement vaincues, la
capitale de l’Empire fut transférée en 1421 à Pékin, où commença la construction de la Cité interdite. L'armée régulière
comptait alors un million d'hommes. Plusieurs expéditions navales, conduites par l’amiral Zheng He, révèlent le pouvoir des
Ming dans toute l’Asie du Sud-Est, dans les États indiens et jusqu’à Madagascar. Grâce au développement de l’irrigation,
la famine diminua, l’agriculture prospéra et la population augmenta. Vers 1600, la Chine comptait près de 150 millions
d’habitants. De nombreux livres furent imprimés grâce à l'apparition des caractères mobiles. Le Nongzheng Quanshu
(«Traité complet d'agronomie») de Xu Guangqi (1562-1633) fixa une terminologie dans le domaine de l'agriculture et des
travaux hydrauliques et agraires. Le Tiangong Kaiwu («Exploitation des oeuvres de la nature») de Song Yingxing
(1587-1662) est considéré par les spécialistes occidentaux comme une véritable encyclopédie chinoise des sciences et
des techniques. À la fin de la dynastie des Ming, les entreprises de traduction devinrent très florissantes. Des érudits
unirent leurs efforts pour traduire et rédiger de nombreux ouvrages en astronomie, en mathématique, en physique, en
métallurgie, en biologie, en cartographie et en chimie. On pouvait affirmer que la Chine était alors le pays le plus en avance
sur la planète. D'ailleurs, l'Europe doit largement à la science chinoise. L'imprimerie, la poudre à canon, la boussole et le
papier, que les Chinois appellent «les Quatre Inventions», ont réellement modifié la face du monde, comme le notait déjà
Francis Bacon il y a quatre siècles.
À partir du milieu du XVe siècle, le pouvoir des Ming déclina. Les nomades des steppes s’attaquèrent aux provinces du
Nord, alors que la compétence des dirigeants se dégradait. Néanmoins, des relations maritimes et commerciales
s’établirent avec le monde occidental. Arrivés les premiers en 1514, les Portugais installèrent un comptoir commercial à
Macao en 1557. Après 1570, le commerce se développa entre la Chine et les colonies espagnoles des Philippines. En
1619, les Hollandais s’installèrent à Taiwan et prirent possession des îles Pescadores (Penghu). Des missionnaires
jésuites arrivés d’Europe dans la seconde moitié du XVIe siècle, répandirent les connaissances occidentales et le
christianisme.
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La chute des Ming fut provoquée par une rébellion née dans la province du Shaanxi, confrontée à la famine et au
chômage. Une armée de 300 000 hommes parvint à prendre Pékin en 1644. Le chef des armées Ming, le général Wu
Sangui, fit alors appel aux nomades mandchous pour l’aider à chasser les rebelles de la capitale. Une fois leur mission
achevée, les Mandchous refusèrent de quitter Pékin et fondèrent une nouvelle dynastie, la dynastie des Qing.
4 La dynastie mandchoue des Qing (1644-1912)
C’est sous la dynastie mandchoue que le pouvoir de l’Empire chinois connut l’apogée de ses deux mille ans d’histoire,
jusqu’à son effondrement, au début du XXe siècle, imputable à la fois à une décadence intérieure et aux pressions
extérieures exercées par l’Occident. Devenus maîtres de la Chine, les Mandchous cherchèrent malgré tout à se siniser,
tout en brimant les Chinois, contraints, par exemple, à porter la natte comme signe de leur soumission. L’organisation
politique des Mandchous fut largement fondée sur celle des Ming, mais elle demeura plus centralisée. L’administration
centrale dépendit d’un nouvel organe gouvernemental, le Grand Conseil, qui traitait les affaires militaires et politiques de
l’État, sous les ordres directs de l’empereur. À Pékin, un Chinois et un Mandchou gérèrent chacune des directions
administratives. La bureaucratie traditionnelle et le système des examens impériaux en chinois mandarin, reposant en
grande partie sur la connaissance des classiques confucéens, furent maintenus.
4.1 L'expansion territoriale
Au cours du demi-siècle suivant, les Manchous étendirent leur pouvoir à des régions auparavant sous contrôle Ming, telles
que le Yunnan et Taiwan et au-delà en s'emparant du Xinjiang, du Tibet et de la Mongolie. Le Népal subit à son tour
le joug chinois; la Birmanie dut payer un tribut, tout comme les îles Ryukyu; la Corée et le nord du Vietnam reconnurent la
suzeraineté de la Chine, tandis que Taiwan fut incorporée à l’Empire. La population connut une forte croissance
démographique (313 millions d’habitants en 1794), que ne parvint pas à suivre la production.
Les premiers Qing durent ces succès à la combinaison des performances militaires des Mandchous et de l'efficacité de
l'administration chinoise. L'empereur Kangxi (1662-1722) fit rédiger le plus complet des dictionnaires de caractères chinois
jamais réalisé et, sous l'empereur Qianlong (1736-1796), les érudits compilèrent le catalogue de toutes les œuvres
importante de la culture chinoise. La période Qing vit aussi se continuer le développement de la littérature populaire. La
population chinoise passer au cours du XVIIIe siècle à 400 millions d'habitants. Au cours du XIXe siècle, le pouvoir des
Qing s'affaiblit et la prospérité diminua.
4.2 Les pressions occidentales
La Chine subit une forte agitation sociale, une stagnation économique, une croissance démographique explosive, et des
ingérences de plus en plus marquées des puissances occidentales. La volonté britannique d'ouvrir le commerce et
notamment de poursuivre ses exportations d'opium, que des édits impériaux rendaient illégale, aboutit à la première guerre
de l'opium, en 1840, et à la défaite chinoise. La Grande-Bretagne obtint la cession de Hong-Kong lors du traité de Nankin
en 1842, ainsi que l'ouverture d'autres ports au commerce européen. Par la suite, la Grande-Bretagne et d'autres
puissances occidentales, y compris les États-Unis et le Japon, obtinrent des «concessions», autrement dit des petits
territoires côtiers sous leur contrôle ainsi que des privilèges commerciaux. Mais les puissances occidentales en trouvèrent
rapidement les clauses insuffisantes. La Grande-Bretagne, alliée à la France, ne tarda pas à trouver l’occasion de
reprendre les hostilités entamée en 1939 lors de la première guerre de l'Opium. Puis, lors de la décennie de 1850, eut lieu
la révolte de Taiping (1851-1864), qui ne fut vaincue qu'avec l'appui des Occidentaux. Suivirent les rébellions des Nian, du
Xinjiang et de la Mongolie, qui affaiblirent la Chine. Au cours de la seconde guerre de l’Opium (1856-1860), leurs armées
occidentales menacèrent le nord de la Chine. En 1858, de nouveaux traités accrurent les avantages commerciaux
consentis aux Occidentaux.
À partir des années 1860, les Qing, ayant réprimé les rébellions avec des milices organisées par l'aristocratie, entama un
processus de modernisation militaire. Cependant, les nouvelles armées furent défaites par la France (guerre franco-
chinoise de 1883-1885, pour l'Indochine), puis par le Japon (première guerre sino-japonaise de 1894-1895, pour la Corée).
La guerre, qui opposait la France à la Chine en 1884 et 1885, fit entrer le Vietnam dans l’Empire colonial français; l’année
suivante, la Grande-Bretagne annexait la Birmanie. En 1860, la Russie obtint les provinces du nord de la Mandchourie. En
1894, les tentatives japonaises pour soustraire la Corée à la suzeraineté chinoise aboutirent à la guerre sino-japonaise.
Par le traité de Shimonoseki (1895), la Chine dut reconnaître l’indépendance de la Corée, désormais sous influence
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japonaise, et céda au Japon l’île de Taiwan et la péninsule du Liaodong, au sud de la Mandchourie. Finalement, la Chine
se retrouva morcelée en zones d’influence étrangère.
En matière de langue, un mouvement de réforme de l'écriture chinoise dans le but de la rendre phonétique débuta vers
1892. À ce moment, un dénommé Lu Ganzhang mi au point le Jiexinzi, un nouvel alphabet phonétique calqué sur l'alphabet
latin. En 1900, Wang Zhao élabora le Guanhuahesheng, un alphabet destiné au mandarin chinois.
4.3 La fin de l'Empire
La mort de l’impératrice Cixi en 1908 accéléra la chute de la dynastie Qing. Dans la première décennie du XXe siècle, les
révolutionnaires formèrent une vaste coalition réunissant les étudiants et les commerçants d’outre-mer, ainsi que les
Chinois de l’intérieur mécontents du régime. Au milieu de l’année 1911, des soulèvements se produisirent, tandis que le
général des armées mandchoues (Yuan Shikai) avec les rebelles le poste de président du nouveau gouvernement
républicain.
Le 14 février 1912, une assemblée révolutionnaire réunie à Nankin élit Yuan Shikai premier président de la république de
Chine. La même année, Puyi, dernier empereur de Chine, abdiquait à l’âge de six ans.
5 La république de Chine (1912-1949)
Une constitution fut adoptée et un parlement convoqué en 1912. Mais Yuan Shikai ne laissa pas ces institutions entraver
sa mainmise sur le pouvoir et établit une dictature (1912-1916). Lorsque le Guomindang, un parti nationaliste fondé en
1911 par Sun Yat-sen, tenta de limiter ses pouvoirs, d’abord par des tactiques parlementaires, puis par la révolution
manquée de 1913, Yuan réagit. Il imposa la dissolution du Parlement, interdit le Guomindang et utilisa son influence
personnelle auprès des chefs militaires provinciaux pour gouverner. L’opposition populaire contraint néanmoins Yuan
Shikai à abandonner ses ambitions de restaurer l’Empire et de devenir empereur. À sa mort en 1916, plusieurs
gouverneurs proclamèrent l’indépendance de leur province. Pendant plus de dix ans, le pouvoir politique passa aux mains
de seigneurs de la guerre (dujun), qui régnèrent localement. Le gouvernement central conserva une existence précaire et
parfois fictive jusqu’en 1927.
Au plan de la langue, la Chine termina en 1915 le travail de rédaction du dictionnaire étymologique en quatre tomes, le
Ciyuan («Source des mots»). En 1913, un comité pour la standardisation de la prononciation du chinois fut élaboré par le
ministère de l'Éducation; ce comité proposa un ensemble de 39 symboles phonétiques (le Zhuyin Zimu) afin de pouvoir
déterminer la prononciation; mais le Zhuyin Zimu ne fut promulgué en tant qu'alphabet phonétique national qu'en 1918.
Cette année-là, la Société des sciences de Chine rédigea un projet pour la vérification des termes scientifiques. L'année
suivante, elle fonda le Comité de vérification et d'approbation de la terminologie scientifique. En 1931, elle avait examiné et
approuvé les projets de terminologie pour 14 disciplines. En 1932, la Maison nationale d'édition et de traduction eut pour
mission de coordonner l'examen et l'approbation de la terminologie scientifique et technique à l'échelle du pays.
Parallèlement, le ministère de l'Éducation avait rendu public (1928) un plan de romanisation de la langue nationale qui, très
rapidement, céda sa place à un second système, appelé le bopomofo.
Pendant ce temps, de nombreux Chinois étaient convaincus qu'il fallait à la fois débarrasser la Chine de l’impérialisme
occidental et rétablir l’unité nationale. Ils se tournèrent de plus en plus vers l’Union soviétique et le marxisme-léninisme. Le
Parti communiste chinois fut créé à Shanghai en 1921. Parmi ses fondateurs figure Mao Tsé-toung. En 1925, Tchang Kaï
Chek prit le contrôle de son parti, le Guomindang et réussit à contrôler l'essentiel de la Chine du Sud et du Centre. Ayant
vaincu les seigneurs de la guerre du Sud et du Centre, il obtint l'allégeance formelle de ceux du Nord. A partir de 1927, il se
retourna contre les communistes, s'attaquant à leurs chefs comme à leur troupes dans leurs bases du Sud et de l'Est. En
1934, défaits et chassés de leur bases dans les montagnes, les communistes entreprirent la Longue Marche à travers les
régions les plus désolées du pays, vers le nord ouest. Ils établirent leur nouvelle base de guérilla à Yanan, dans la
province du Shaanxi.
La lutte entre les communistes et nationalistes chinois se poursuivit durant de longues années. En 1949, les communistes
occupaient l'essentiel du pays. C'est alors que Tchang Kaï Chek se réfugia dans l'île de Taiwan avec les restes du
gouvernement et des forces armées du Guomindang, et proclama Taipeï capitale provisoire, déclarant vouloir reconquérir
le continent.
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