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Les petits-déjeuners
de Météo-France
25 juin 2014
Les prévisions
saisonnières
& El Niño
Contacts presse Météo-France
Anne Orliac 01 77 94 71 36
Marguerite Colomb 01 77 94 71 32
[email protected]
@meteofrance
le sommaire
Bulletin de prévision saisonnière
pour le trimestre juillet-août-septembre ............................................. 5
Le retour d’El Niño en 2014 ? .............................................................. 6
Les prévisions saisonnières en 5 questions ......................................... 8
Pourquoi la prévisibilité est-elle plus forte dans les tropiques ? ....... 10
L’élaboration des prévisions saisonnières .......................................... 12
Faire progresser la prévision saisonnière .......................................... 17
Annexes
Bulletin
de prévision
saisonnière
pour
le prochain
trimestre
juillet
août
septembre
Pour le trimestre à venir sur l’Europe, les modèles de prévisions
saisonnières ne dégagent aucun scénario climatique.
Dans l’océan Pacifique équatorial, les modèles marquent une
pause dans le réchauffement des températures de surface de la
mer au cours de l’été, avant une probable reprise à l’automne. Le
phénomène El Niño est toujours attendu pour la fin de l’année.
Cependant, l’incertitude demeure concernant l’intensité et les
conséquences du phénomène.
France métropolitaine
En métropole, aucun scénario n’est privilégié pour les
températures et les précipitations.
Antilles et Guyane
Sur les Antilles, pour les précipitations un scénario plus sec que
la normale est retenu, mais aucun scénario n’a été retenu pour
les températures.
En Guyane, aucun scénario ne se dégage, ni pour les températures,
ni pour les précipitations.
La saison cyclonique devrait connaître une activité inférieure à la
normale.
La Réunion et Mayotte
Températures prévues supérieures à la normale sur les deux
territoires. En ce qui concerne les précipitations, un scénario
plus humide est prévu pour la Réunion alors qu’à Mayotte aucun
scénario n’est privilégié.
Océan Pacifique
En Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, une saison plus sèche
que la normale semble se dessiner. Par contre, aucun scénario ne
se dégage pour les températures.
A Wallis et Futuna, les précipitations devraient être inférieures à
la normale, et les températures supérieures à la normale.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 5
Le retour
d’El Niño
en 2014 ?
Les dernières prévisions saisonnières expertisées par
Météo-France, actualisées le 15 juin, vont dans le sens d’un
El Niño faible à modéré, qui atteindrait son intensité maximale à
l’automne. Mais on ne peut pas, à ce stade, totalement exclure
l’hypothèse d’un scénario neutre, c’est-à-dire que l’événement
El Niño n’ait pas lieu.
La prévision des phénomènes ENSO relève de la prévision
saisonnière et les épisodes El Niño/La Niña sont les phénomènes
ayant la meilleure prévisibilité à cette échelle de temps.
Les variations de la température de surface de la mer, et en
particulier celle de l’océan Pacifique équatorial, constituent
un bon indicateur de la survenue éventuelle d’un phénomène
El Niño : lorsque les prévisions s’accordent
El Niño, et son pendant
sur une augmentation de la température
La Niña, sont des phénomènes
des eaux de surface du Pacifique équatorial,
océaniques à grande échelle du un scénario de type El Niño est probable.
Pacifique équatorial, affectant le
régime des vents, la température
de la mer et les précipitations.
El Niño et La Niña correspondent
aux deux phases opposées
du phénomène couplé
océan/atmosphère appelé ENSO
(El Niño/Southern Oscillation).
Les événements El Niño apparaissent d’une
manière irrégulière, tous les 2 à 7 ans. Ces
épisodes débutent en général en milieu
d’année et durent de 6 à 18 mois. En 1997,
un épisode El Niño très intense avait été observé, avec à la clef des impacts climatiques
et sociétaux importants. Depuis, d’autres
épisodes, d’importance moindre, se sont
produits en 2002-2003, 2004-2005, 20062007 et 2009-2010.
Les impacts attendus sur le globe
De par son ampleur (augmentation de température de l’ordre
de 1°C ou plus des couches océaniques superficielles dans le
rail équatorial pendant plusieurs mois) et l’étendue de la zone
concernée (le bassin pacifique tropical s’étend sur une zone large
de plus de 10 000 km), les phénomènes ENSO affectent le climat
mondial dans son ensemble.
Lors des épisodes El Niño précédents, différents types de phénomènes ont été observés :
déficit pluviométrique en Australie orientale, Indonésie, Inde,
Afrique australe, Caraïbes, nord-est du Brésil ;
n
tempêtes tropicales plus à l’est qu’à l’habitude et venant affecter la Polynésie française ;
n
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 6
excédent pluviométrique sur la côte ouest de l’Amérique du
Sud, dans le nord de l’Argentine et en Uruguay, en Afrique de
l’Est équatoriale, dans les îles du centre du Pacifique tropical et
dans le sud des États-Unis pouvant entraîner inondations et glissement de terrain.
n
Par ailleurs, à l’échelle du globe, la température moyenne a tendance à être anormalement élevée pendant les années concernées par ces épisodes Ce fut le cas en 1998, année qui a suivi un
fort épisode El Niño.
Les phénomènes ENSO sont les seuls à avoir un impact planétaire
aussi marqué. Les deux autres bassins océaniques, Indien et
Atlantique, sont trop peu étendus pour permettre un phénomène
de couplage aussi important entre circulations atmosphérique
et océanique, même s’ils subissent aussi des remontées d’eaux
profondes et des régimes d’alizés.
Plus d’épisodes El Niño dans un contexte de
changement climatique ?
Il n’y a pas, actuellement, de consensus sur la question.
Les modèles d’évolution du climat dont nous disposons ne
permettent pas de prévoir l’effet du changement climatique sur
la survenue et l’intensité des épisodes ENSO.
Dans quelques années, les progrès de la modélisation climatique
de l’océan (circulation verticale plus précise) et de l’atmosphère
(meilleure simulation du régime des alizés) devraient permettre
d’y voir plus clair.
À l’origine, l’appellation El Niño a été attribuée par les pêcheurs péruviens à la petite invasion
d’eau chaude qui se produit chaque année le long des côtes du Pérou et de l’Équateur aux
environs de Noël (d’où son nom : en espagnol, El Niño désigne l’enfant Jésus).
Par extension, ce nom est aujourd’hui donné au phénomène climatique correspondant au
réchauffement accentué des eaux de surface près des côtes de l’Amérique du Sud.
Ce phénomène est lié à un cycle de variations de la pression atmosphérique entre l’est et
l’ouest du Pacifique, couplé à un cycle du courant océanique le long de l’équateur.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 7
Les prévisions
saisonnières en
5 questions
1- Les prévisions saisonnières :
qu’est ce que c’est ?
Les prévisions saisonnières sont des prévisions moyennes des
températures et des précipitations sur le trimestre à venir. Elles
indiquent, pour de grandes régions du globe (au moins 1000 km
sur 1000 km) le scénario le plus probable parmi les trois suivants :
proche, en dessous ou au-dessus de la moyenne. Ce qui donne
des scénarios «chaud», «normal» ou «froid» pour la température et «humide», «normal» ou «sec» pour les précipitations.
Chaque mois, les climatologues de Météo-France examinent le
système climatique global (observations des océans, de l’atmosphère et des glaces de mer) et analysent les résultats de différents modèles de prévision saisonnière. Ils établissent, en collaboration avec des chercheurs spécialistes de la modélisation et
des océanographes, une synthèse de ces prévisions saisonnières
pour le trimestre à venir. Cette synthèse sert notamment à l’élaboration du bulletin disponible sur le site internet de Météo-France
(www.meteofrance.com/accueil/previsions-saisonnieres).
2- Les prévisions saisonnières peuvent-elles
prévoir les canicules ou les vagues de froid ?
Les prévisions saisonnières ne permettent pas de prévoir le détail des conditions météorologiques des prochains mois jour
par jour ou même semaine par semaine. Elles s’efforcent seulement de déterminer les tendances attendues en moyenne sur
le trimestre. Les canicules ou les vagues de froid d’une durée de
quelques jours à quelques semaines peuvent être prévues, mais
seulement quelques jours à l’avance, par la prévision météorologique «classique».
3- Quelles sont les limites
des prévisions saisonnières ?
Les performances des prévisions saisonnières sont très variables
selon le lieu, la saison et le paramètre météorologique concerné.
Elles sont meilleures pour la température que pour les précipitations, et pour la température, souvent meilleures en hiver qu’en
été. Elles sont très informatives dans la ceinture intertropicale,
sur le pourtour du Pacifique. En revanche, la prévisibilité de la
température et des précipitations en Europe de l’Ouest, sans être
nulle, reste faible. Ceci est dû aux caractéristiques de la circulation générale de l’atmosphère au-dessus de l’océan Atlantique
aux latitudes tempérées (voir p. 10).
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 8
4- Pourquoi réaliser des prévisions
saisonnières alors que la prévisibilité est
limitée à nos latitudes ?
Ces prévisions sont effectuées à l’échelle du globe, pas seulement
sur le territoire métropolitain. Beaucoup de nos départements et
territoires d’outre-mer se situent dans des zones pour lesquelles
la fiabilité des prévisions saisonnières est bonne. Elles sont aussi
très utilisées sur l’ensemble du continent américain, en Afrique
de l’ouest et dans le sud-est asiatique.
5- Comment sont utilisées
les prévisions saisonnières ?
Dans la zone tropicale notamment, les prévisions saisonnières
sont exploitées dans de nombreuses applications. Elles peuvent
d’abord être utiles dans des prises de décisions stratégiques sur
des périodes de quelques mois. Elles sont par exemple utilisées
pour la gestion du barrage de Manantali (Afrique de l’Ouest)
pour estimer les volumes d’eau à relâcher à partir de la mi-août
en fonction des quantités d’eau attendues pour la fin de la saison des pluies. Ces lâchers permettent d’inonder artificiellement
la basse vallée du fleuve Sénégal et autorisent ainsi la mise en
place de cultures de contre-saison. La décision du volume des
lâchers impacte également la production hydroélectrique pendant la saison sèche qui court de novembre à mai. Les prévisions
saisonnières fournissent aussi des informations capitales pour la
préparation à de grandes anomalies climatiques. Sur la base de
ces prévisions, la Croix Rouge Internationale a, par exemple, pris
des mesures préventives en 2008 pour lutter contre les inondations qui ont touché l’Afrique de l’Ouest.
Si elles étaient significativement plus performantes à nos latitudes (voir p. 16), ces prévisions pourraient, notamment dans le
secteur de l’énergie, fournir des éléments utiles pour chiffrer différents scénarios de consommation pour le chauffage et identifier ceux qui sont les plus probables. Météo-France a engagé des
partenariats avec des entreprises des secteurs des assurances et
de l’énergie, afin d’évaluer l’intérêt économique de telles informations. L’établissement explore aussi d’autres applications potentielles, comme la prévision hydrologique sur la France. L’objectif est de prévoir l’humidité des sols et des débits des fleuves
au printemps et en été. Outremer, les travaux de recherche
pourraient ouvrir de nouvelles applications pour la gestion des
ressources en eau, l’agriculture ou encore les maladies à vecteur
comme la dengue.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 9
Pourquoi
la prévisibilité
est-elle
plus forte
dans les
tropiques ?
Circulation de Walker
(Ref. Traité de météorologie tropicale.
G. Dhonneur-1978)
Dans les régions tropicales, le moteur principal des mouvements
atmosphériques est la convection au-dessus des océans. La
convection est un phénomène de transport vertical de l’énergie :
les surfaces océaniques chauffées par le soleil réchauffent à leur
tour l’air qui les surplombe. L’air réchauffé s’élève et refroidit
lors de son ascension (d’environ 1°C tous les 100 mètres jusqu’à
la tropopause). Lorsqu’il atteint la tropopause, il est si dense
qu’il redescend vers la surface. La circulation s’organise ainsi
en grandes cellules le long (circulation de Walker) et de part et
d’autre de l’équateur (circulation de Hadley), modulées par les
différences dans les quantités de chaleur disponibles tout au long
de l’équateur.
L’interaction forte entre océan et atmosphère dans
les régions tropicales est une source importante de
prévisibilité : les températures en surface et en profondeur
des océans varient lentement, aussi leurs variations
récentes permettent-elles d’identifier d’éventuelles
anomalies qui pourraient se répercuter dans la circulation
atmosphérique. Par ailleurs, les modèles couplés océan/
atmosphère simulent bien cette interaction.
La prévisibilité est donc forte dans les régions tropicales.
Les climatologues peuvent identifier un scénario environ
6 à 7 années sur 10.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 10
Dans les régions extratropicales, en revanche, les conditions
océaniques ne sont pas le moteur de la circulation
atmosphérique. Le transfert d’énergie au sein de l’atmosphère
provient majoritairement des «perturbations frontales» (lieux
de rencontre entre des masses d’air chaudes et froides),
directement liées à la dynamique interne de l’atmosphère et non
à la convection de grande échelle. Or, les seuls mouvements de
l’atmosphère changent rapidement, et ne peuvent être prévus à
l’échelle de la saison.
Les climatologues ne disposent donc pas d’indicateurs
aussi directs que sous les tropiques.
Dans certains cas toutefois, la circulation atmosphère
extratropicale est influencée par des anomalies ayant une
meilleure prévisibilité, essentiellement des anomalies de
convection dans la zone intertropicale. On parle alors de
«téléconnexion».
Grâce à elles, les climatologues parviennent à identifier
un scénario en Europe 3 à 4 années sur 10.
Une des structures de téléconnexion les plus
connues est la PNA
(Pacific/North American),
ici représentée dans sa phase positive,
où les anomalies de circulation
sur le nord du Pacifique
et les Etats-Unis sont liées
à la présence d’un événement El Niño
dans le Pacifique équatorial.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 11
L’élaboration
des prévisions
saisonnières
1ère étape : analyser les observations récentes
L’analyse des observations océaniques et atmosphériques doit
permettre d’évaluer la prévisibilité du système climatique pour les
mois à venir. Les climatologues cherchent dans ces observations
des indicateurs significatifs qui pourraient leur donner des pistes
sur les évolutions possibles du climat.
Les climatologues commencent par analyser les observations de
température des océans tropicaux (en surface et en profondeur)
des mois passés. La température de surface des océans tropicaux
est un élément déterminant en prévision saisonnière.
Pour évaluer la prévisibilité aux latitudes extratropicales, les
climatologues identifient ensuite les éventuelles téléconnexions.
Cartes d’anomalies mensuelles de
températures de surface de la mer
les plus récentes, pour repérer
les principales anomalies et les
tendances d’évolution.
Coupes verticales dans l’océan
Pacifique équatorial (jusqu’à
500 mètres sous la surface) pour
comprendre la dynamique océanique
et les évolutions passées des
températures à la surface de la mer.
Analyse de la réponse atmosphérique aux
contraintes imposées par les températures
de surface de la mer tropicales via la
convection organisée à grande échelle dans
les régions tropicales.
Les plages de couleur permettent de
visualiser les modifications de cette
circulation alors que les isolignes
permettent de visualiser la mise en
place de téléconnexions vers
les latitudes plus élevées.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 12
2ème étape : analyser les prévisions
Une fois les observations analysées, les climatologues se
penchent sur les résultats des modèles.
Prévisions océaniques
Les climatologues commencent par comparer les cartes de prévision de température de surface des océans, en particulier sur
les régions intertropicales. Ils s’intéressent en particulier aux indicateurs suivants :
Sur le Pacifique équatorial Central et Est, la présence d’un
«réservoir chaud» indiquant un épisode El Niño ou d’un
«réservoir froid» indiquant l’occurrence probable d’une Niña.
n
Sur l’Atlantique tropical, les prévisions des parties tropicales sud
et nord et le rail équatorial (en particulier le Golfe de Guinée).
n
La configuration de l’Atlantique tropical nord peut jouer un
rôle en renforçant ou amortissant l’effet PNA. Par ailleurs,
les variations spatiales des températures de surface de la
mer dans l’Atlantique tropical et le Golfe de Guinée sont des
indicateurs importants dans le diagnostic de la dynamique
de la zone de convergence intertropicale et dans celui de la
mousson d’Afrique de l’Ouest.
Sur l’océan Indien équatorial et tropical, les prévisions dans les
zones ouest et est (dipôle indien).
n
Le dipôle Indien est un indicateur fondamental dans la
compréhension du système climatique de cette région,
notamment la mousson indienne, les saisons des pluies en
Afrique de l’Est ou encore les caractéristiques climatiques
près de l’Australie.
Carte de prévision de température
de surface de la mer
(multi-modèles Euro-Sip)
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 13
L’analyse est complétée par des «climagrammes», qui synthétisent l’information données par les cartes et renseignent sur la
dispersion des résultats des modèles et donc sur les incertitudes
associées aux prévisions océaniques.
Climagrammes d’anomalies de températures (multi-modèles Euro-Sip)
Prévisions atmosphériques
Les climatologues cherchent à identifier les anomalies dans la
dynamique de l’atmosphère :
dans les régions tropicales, ils s’intéressent à la réponse atmosphérique aux anomalies de température de surface de l’océan,
n
dans les régions extratropicales, ils effectuent un diagnostic
subjectif des téléconnexions entre les tropiques et les moyennes
latitudes.
n
L’analyse des anomalies de
potentiel de vitesse (plages de
couleur) permet de comprendre
la réponse dans les régions
tropicales de l’atmosphère aux
contraintes imposées par la
convection de grande échelle;
celle de la fonction de courant
(isolignes - en association avec
la précédente) permet de diagnostiquer la mise en place de
possibles téléconnexions.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 14
3ème étape : choix des scénarios de prévision
saisonnière
La synthèse finale, communiquée au grand public, est un compromis expertisé entre la tendance dominante exprimée par les
modèles, la prévisibilité diagnostiquée par l’analyse des observations et des modèles et enfin par la connaissance des qualités et
défauts des modèles et multi-modèles.
En savoir plus sur la modélisation à l’échelle saisonnière
Les prévisions saisonnières, comme les prévisions à courte échéance, s’appuient sur des modèles. Mais
à l’échelle de la saison, l’évolution de l’atmosphère est fortement influencée par les variations des
océans. Les modèles climatiques utilisés combinent donc
des modèles de prévision météorologique et des modèles
Météo-France fait partie des douze
de prévision océanique.
centres désignés par l’Organisation
Ils partent d’un état initial du système climatique, déduit
météorologique mondiale comme
des observations. Pour prendre en compte les incertitudes
centres de production de prévision
liées à cette description forcément imparfaite, chaque
modèle réalise non pas une mais des dizaines de prévisions,
saisonnière à l’échelle globale.
en partant de conditions initiales légèrement différentes.
L’établissement élabore des scénarios
Les différences sont créées artificiellement pour rendre
de prévision avec le modèle
des comptes des erreurs possibles sur les observations.
numérique de climat CNRM-CM qui
A titre d’exemple, Météo-France réalise tous les mois 51
prévisions à 7 mois d’échéance.
associe le modèle d’atmosphère
ARPEGE-Climat développé par MétéoPar ailleurs, pour pallier l’imperfection intrinsèque de
chaque modèle, les climatologues comparent également
France et le modèle d’océan NEMO
les résultats de plusieurs d’entre eux, ainsi que les résultats
développé par le laboratoire LOCEAN.
obtenus en combinant certains d’eux (systèmes multimodèles).
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Faire
progresser
la prévision
saisonnière
L’amélioration de la prévision saisonnière passe par celle des
modèles numériques. Un effort de recherche, soutenu par de
grands projets internationaux, a été entrepris dès les années
1980.
Le centre de recherches de Météo-France travaille principalement à améliorer le modèle atmosphérique ARPEGE-Climat, et
plus généralement le système couplé CNRM-CM.
Plusieurs axes de recherche sont suivis en parallèle :
L’amélioration de la description des mécanismes physiques
de l’atmosphère utilisée dans le modèle ARPEGE-Climat
Le modèle ARPEGE-Climat est un assemblage très complexe
d’équations, qui simule de la manière la plus fidèle possible la
réalité.
Ce modèle est constamment amélioré par l’intégration des
progrès théoriques permettant de décrire plus finement les
phénomènes à l’œuvre mais également par l’adaptation toujours plus fine des codes numériques aux nouveaux calculateurs
et la prise en compte des données nouvelles issues du réseau
d’observation (satellites, sondages océaniques, radars ...)
La caractérisation des interactions à grande échelle
Les chercheurs travaillent également à progresser dans
l’identification et la compréhension des «téléconnexions»,
car elles permettent de mettre en œuvre des stratégies de
validation des modèles : si le modèle reproduit la téléconnexion,
il a des chances d’être performant pour la prévision saisonnière.
la compréhension de la prévisibilité des phénomènes
météorologiques à l’échelle de quelques mois
Les scientifiques effectuent des exercices de «prévisions
rétrospectives» : ils comparent les résultats de prévisions
effectuées pour des périodes passées avec les observations
disponibles sur la même période.
Ce travail est notamment mené dans le cadre de grands exercices
internationaux (Demeter, Ensembles, Specs). Cette approche est
assez coûteuse en temps de calcul puisque, mises bout-à-bout,
les simulations numériques saisonnières représentent un millier
d’années. Elle permet toutefois d’estimer de façon assez fiable la
qualité des systèmes de prévision utilisés et de juger des progrès
réalisés en matière de modélisation.
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la modélisation de la glace de mer
et des surfaces continentales
L’humidité du sol à 2 mètres de profondeur, l’épaisseur de la
couche de neige ou de la croûte de glace de mer sont des paramètres susceptibles de modifier l’état de l’atmosphère sur plusieurs mois quand ils ont des valeurs éloignées de leur état moyen.
Il est donc essentiel de mieux les modéliser.
Le travail des chercheurs s’oriente selon deux axes : modéliser
fidèlement ces milieux où domine une diversité à une échelle
plus fine que celle des modèles et être capable de fournir en
temps réel un état de départ de ces milieux alors qu’ils ne sont
pas observés par les moyens classiques.
la modélisation de la stratosphère1
Malgré sa faible masse comparée à celle de la troposphère2 et
l’absence de nuages, la stratosphère joue un rôle important aux
échelles mensuelle et saisonnière.
Le projet national Stradyvarius, lancé en 2013 propose d’améliorer la dynamique des échanges troposphère-stratosphère,
et en particulier de rendre compte des ondes qui permettent le
mélange des différentes masses d’air au sein de l’atmosphère.
En raffinant la représentation des ondes lentes qui remontent de
la troposphère, les chercheurs espèrent mieux représenter des
phénomènes à évolution lente, comme l’inversion de la direction
des vents stratosphériques à l’équateur3.
1 Stratosphère : région de l’atmosphère située au-dessus de la troposphère
2 Troposphère : partie inférieure de l’atmosphère terrestre, d’une dizaine de
kilomètres d’épaisseur
3 Au niveau de l’équateur, on observe un changement de direction des vents dans la
stratosphère, avec une période de 26 mois environ, appelé oscillation quasi-biennale.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 17
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 18
les annexes
Synthèse des prévisions de températures moyennes
pour le trimestre juillet-août-septembre 2014
par rapport aux normales saisonnières pour la France
métropolitaine et les départements et territoires d’outre-mer.
Synthèse des prévisions de cumuls de précipitations
pour le trimestre juillet-août-septembre 2014
par rapport aux normales saisonnières pour la France
métropolitaine et les départements et territoires d’outre-mer.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 19
Synthèse des prévisions
de températures
moyennes
pour le trimestre
juillet-août-septembre
2014 par rapport aux
normales saisonnières
pour la France
métropolitaine et
les départements et
territoires d’outre-mer
Les résultats sont exprimés en
trois scénarios :
n
supérieur à la normale
n
proche de la normale
n
inférieur à la normale
Les seuils séparant deux scénarios adjacents sont choisis de telle façon
que les trois scénarios aient en
moyenne la même probabilité de
réalisation (33,3%). Si la prévision
ne privilégie aucun scénario, la
case correspondante est grisée.
Les prévisions utilisées
par Météo-France dans
cette analyse sont issues
des résultats des modèles
couplés de Météo-France
(MF), du Centre Européen de
Prévisions Météorologiques
à Moyen Terme (CEP), du
Met. Office britannique (Met
Office), du National Centers
for Environmental Prediction
américain (NCEP) et de la
Japan Meteorological Agency
(JMA). Les résultats du
système multi-modèles EuroSip (composé des modèles
de Météo-France, du CEP, du
Met Office et du NCEP) et de
l’expérience multi-modèles
menée en Corée du Sud sous
l’égide de l’OMM (LC-MME)
figurent également en bas des
tableaux de synthèse à titre
indicatif
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 20
Synthèse des prévisions
de cumuls de
précipitations
pour le trimestre
juillet-août-septembre
2014 par rapport aux
normales saisonnières
pour la France
métropolitaine et
les départements et
territoires d’outre-mer
Les résultats sont exprimés en
trois scénarios :
n
supérieur à la normale
n
proche de la normale
n
inférieur à la normale
Les seuils séparant deux scénarios adjacents sont choisis de telle façon
que les trois scénarios aient en
moyenne la même probabilité de
réalisation (33,3%). Si la prévision
ne privilégie aucun scénario, la
case correspondante est grisée.
Les petits-déjeuners de Météo-France n LES PRÉVISIONS SAISONNIÈRES & EL NIÑO n Page 21
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