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démarcations foncières, ou bien sous forme de murets, de haies, de bosquets, de clôtures, etc., les auteurs de
ces études analysent cartes et photographies aériennes à la recherche de lignes parallèles ou se coupant à
angle droit. Parallèlement, ils exploitent les plans anciens conservés dans les archives, qui permettent
d'écarter les tracés d'origine récente. Si l'on constate alors que quelques lignes semblent former un réseau et
que la distance qui les sépare correspond plus ou moins à un multiple de l'arpent romain, voire aux quelque
710 m de côté de la centurie courante, l'existence de la centuriation passe pour prouvée. Ce procédé est
affiné par le recours à des images satellites et à l'analyse informatique des données topographiques.
Cette méthode donne des résultats acceptables pour de nombreux territoires de l'Empire romain (plaine du
Pô, Midi de la France, Tunisie), où la centuriation a laissé dans le paysage des traces repérables aujourd'hui
encore sur de vastes surfaces. En revanche, sur le Plateau suisse, les réseaux proposés reposent sur un petit
nombre de lignes; ils sont de surcroît difficilement vérifiables, car présentés sélectivement sur des cartes à
petite échelle. Durant les quelque 1500 ans qui s'étendent entre le principat romain et les XVIIe-XVIIIe s.
(époque des plus anciens plans donnant une image suffisamment exacte du terrain), nombre de frontières, de
chemins, etc. se sont créés qui tous sont susceptibles d'être pris pour des successeurs de limites. Il est donc
possible que des tracés apparus indépendamment les uns des autres à diverses époques se coulent dans une
prétendue centuriation romaine. A ce jour, on n'a retrouvé en Suisse aucune borne inscrite ni fragment de
forma, pour aucune colonie. Certes, cette lacune n'exclut pas d'emblée l'existence de centuriations (il se
pourrait que les termini ou les formae aient disparu parce qu'ils étaient en bois), mais elle ne plaide pas non
plus pour l'historicité des reconstitutions. Il paraît en outre discutable d'admettre, pour expliquer les
chevauchements, que certains territoires aient été l'objet de plusieurs centuriations. Certes des cas de
nouvelle centuriation recouvrant un réseau plus anciens sont attestés isolément dans le Corpus
agrimensorum; mais ils sont liés aux guerres civiles en Italie, présentent des difficultés qui n'ont encore guère
été étudiées (probabilité d'une confiscation des parcelles avant redistribution) et ne peuvent être extrapolés
sans autre dans l'espace suisse.
Au vu de la discussion qu'ils ont suscitée, les essais de reconstitution de vastes systèmes cadastraux fondés
sur de rares alignements laissent sceptiques. Plus plausibles apparaissent en revanche les petits réseaux
attestés par de nombreux éléments du paysage, comme les quatre maillages qu'Annette Combe postule
autour d'Aventicum. Le fait que ces quatre systèmes voisins aient des orientations et des tailles de centurie
divergentes s'explique facilement par le pragmatisme des arpenteurs romains. En outre, les travaux récents
ont montré que le territoire des colonies incluait, à côté du réseau principal, plusieurs petits réseaux
secondaires, ainsi que des zones dont on ne mesurait que le périmètre (mensura per extremitatem) ou que
l'on ne mesurait pas du tout. Enfin, on ne peut exclure que les arpenteurs romains aient recouru, non à la
méthode classique de la centuriation, mais à d'autres procédés de cadastration négligés par les chercheurs
suisses, telle la scamnation, qui subdivisait le territoire en parcelles rectangulaires parallèles ou
perpendiculaires à sa plus grande extension. Il n'est pas possible actuellement, faute de témoignages
épigraphiques, de savoir dans quelle mesure ces système de cadastration servaient aussi à authentifier les
rapports de propriété.
Auteur(e): Philipp von Cranach / PM
2 - Dès le Moyen Age
Le cadastre romain, constitué par des textes, décrit la surface des terres, leur statut juridique et, le cas
échéant, les redevances qui leur sont associées. C'est un outil remarquable pour l'administration fiscale et
l'aménagement du territoire, qui permet la planification de défrichements, d'assèchements ou d'irrigations,
l'inventaire des ressources agricoles et le contrôle des populations rurales. Quoique beaucoup moins
complets et précis, les polyptyques carolingiens, les cartulaires, les censiers de l'époque féodale en sont le
prolongement.
Au Moyen Age et sous l'Ancien Régime, la situation juridique des terres est rendue complexe par la hiérarchie