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leur activité physique. La prévalence nationale de maigreur, surcharge pondérale et obésité franche était
respectivement de 8,1%, 17,4% et 4,1% chez les garçons, et de 1,3%, 20,7% et 4,4% chez les lles; l’obésité
abdominale était largement répandue également. La maigreur est essentiellement un problème du monde
rural ; la prévalence de la surcharge pondérale est surtout observée en ville pour les garçons. Par contre, la
surcharge pondérale se retrouve à niveau égal en rural comme en ville pour les lles. De fortes différences
régionales subsistent pour la surcharge pondérale, largement associées à des facteurs socio-économiques et
de modes de vie chez les garçons.
La plus grande sédentarité, et des apports énergétiques élevés sont en cause chez les lles, associés à des
facteurs probablement de nature culturelle et éducative. L’analyse multifactorielle de la structure alimentaire
a fait ressortir un axe principal de changement alimentaire allant du plus traditionnel au plus ‘moderne’ (lié à
un mode de vie urbain et à un meilleur niveau économique) avec une consommation plus fréquente de pain
blanc, produits laitiers, sucres, graisses ajoutées et fruits au détriment des huiles, céréales, légumineuses et
légumes frais. Si ce changement de structure est clairement associé à la surcharge pondérale, surtout chez
les garçons, il est également associé à une moindre prévalence de préhypertension chez les lles, sans doute
en relation avec un plus grand apport en produits laitiers. Les adolescents tunisiens par ailleurs partagent un
certain nombre de caractéristiques avec leurs homologues des pays industrialisés, avec cependant nettement
moins de problèmes de tabac, alcool et drogue pour le moment. Des programmes d’éducation pour la santé
plus spéciques s’avèrent nécessaires, aussi bien auprès des adolescents scolarisés que non scolarisés, an
de promouvoir de meilleures habitudes alimentaires et une activité physique plus régulière, compte tenu des
conséquences de l’obésité par la suite à l’âge adulte, dans un contexte de plus en plus obésogène.
Le programme Obe-Maghreb
Ce programme a été mis en place en 2006 pour mieux comprendre la transition nutritionnelle en cours au
Maghreb et contribuer ainsi à la prévention de l’obésité et des maladies non transmissibles associées (maladies
cardiovasculaires, cancers, diabète, hypertension, etc.). Les équipes sont constituées :
– au Sud par l’Université Ibn Tofaïl de Kenitra au Maroc et l’Institut National de Nutrition en Tunisie ;
– au Nord par l’IRD et l’Université de Nottingham en Angleterre.
Dans les pays du Maghreb l’obésité et les maladies non transmissibles associées progressent rapidement. Cette
progression est liée à la transition nutritionnelle (modications de l’alimentation et de l’activité physique) et à
des changements techniques et sociétaux profonds. Les sociétés et les systèmes de santé de ces pays sont peu
préparés à cette évolution dont les conséquences sanitaires et économiques sont énormes. Dans un contexte
de ressources limitées, la priorité a été donnée au niveau international à la prévention.
L’étude de la « double charge de malnutritions »
La rapidité et l’ampleur du phénomène de transition se traduisent par la coexistence des deux types de
malnutritions (par carence et par excès) dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Par cette étude, la coexistence des problèmes de sous- et de sur-nutrition est abordée par l’étude de la double
charge des malnutritions au niveau des familles et des individus au moyen d’une grande enquête auprès
des ménages. Elle vise à estimer des indicateurs de santé (prévalence de malnutrition par carence et par
excès, prévalence de maladies chroniques liées à l’alimentation), mise en évidence des facteurs de risque
(alimentation, activité/sédentarité, mode de vie, psychosociologie, socio-économie), ainsi que le risque de
double charge de malnutrition individuelle (risque d’une carence en micronutriments en cas d’obésité et vice-
versa). Sont mesurés la consommation alimentaire, l’activité physique et la sédentarité, l’anthropométrie et la
composition corporelle, les facteurs psychosociologiques (attitudes, connaissance, etc.), la tension artérielle
et par dosages sur prélèvement de sang, les marqueurs du statut en micronutriments, de l’inammation et des
maladies chroniques (statut lipidique, glycémie).