La nutrition, un défi pour la planète (2) Transitions alimentaires et nutritionnelles L’histoire de l’alimentation des sociétés est jalonnée par des évolutions successives pour s’adapter aux changements de l’environnement et des modes de vie tout en assurant la satisfaction des besoins physiologiques des individus et une vie en relative bonne santé au quotidien. On parle de transitions alimentaires et nutritionnelles pour caractériser les évolutions les plus marquées comme le passage de la chasse à la cueillette à l’ère de l’agriculture et de l’élevage, ou celui d’une période de famines récurrentes à une période de plus grande prospérité alimentaire comme celle qui a accompagné l’industrialisation des pays du Nord. Les sociétés industrialisées sont globalement confrontées aujourd’hui à un défi croissant de déséquilibre entre la relative abondance des disponibilités alimentaires d’un côté et la baisse considérable des besoins énergétiques d’individus au mode de vie largement sédentaire. Il en résulte une montée de l’obésité et des maladies chroniques liées à l’alimentation comme le diabète et les maladies cardio-vasculaires. Ici la transition en cours est celle de la phase «des maladies dégénératives» à celle d’un «vieillissement en relative bonne santé» reposant sur un autre mode de vie et notamment une alimentation rééquilibrée. Cela pourrait n’être qu’une préoccupation de pays riches confrontés à une incroyable diversité et quantité de biens alimentaires mais les enquêtes menées dans les pays en développement nous apprennent que l’obésité et les maladies chroniques liées à l’alimentation y gagnent du terrain. Ceux-ci amorcent ainsi rapidement une transition de la phase de «résorption des famines» dont tous ne sont pas encore totalement sortis, vers la phase des «maladies dégénératives» où nous nous trouvons nous –mêmes. L’enjeu est que tous puissent passer le plus rapidement possible à la phase suivante de rééquilibrage de l’alimentation et des modes de vie. Transition et pays en développement Un certain nombre de pays émergents et de pays en développement qui s’affranchissent progressivement des problèmes d’insécurité alimentaire se trouvent de plus en plus souvent confrontés, comme les pays industrialisés, aux maladies chroniques liées à l’alimentation. Associée à des changements majeurs dans les systèmes alimentaires, et notamment à l’industrialisation de l’alimentation, cette transition s’y effectue cependant de manière plus rapide par suite d’une urbanisation soutenue et de la mondialisation des échanges. Les villes sont en effet les premières soumises à ces changements, du fait de leur exposition aux importations massives de produits alimentaires manufacturés, à la publicité et au marketing actifs des groupes agroalimentaires et à des changements importants des modes de vie. Sédentarisation et diminution de l’activité physique au quotidien (emplois et loisirs), alimentation riche en énergie, en graisses et en sucres libres, apparition de l’alimentation rapide, des boissons gazeuses et/ou alcoolisées : tous ces facteurs, avec le tabac et le stress des villes, contribuent à la plus grande fréquence de maladies chroniques telles que le diabète, les maladies cardio ou cérébro-vasculaires et certains cancers, ainsi qu’au surpoids et à l’obésité qui en sont souvent les marqueurs précoces. La mortalité par maladies chroniques est ainsi en train de surpasser largement la mortalité par maladies infectieuses et celle liée aux maladies de carences dans certaines sociétés en développement, malgré une résistance certaine de la mortalité maternelle encore trop élevée dans la plupart de ces pays. Ce phénomène touche d’abord les plus riches mais au fur et à mesure que la transition avance, les milieux intermédiaires et les plus pauvres sont touchés aussi. Ces sociétés sont ainsi confrontées, de manière paradoxale, à des problèmes de malnutrition par carence comme par « surcharge » au sein parfois des mêmes catégories sociales. Cette situation nécessite des solutions originales pour des pays qui ne disposent pas encore des ressources abondantes des pays industrialisés. Transitions au Maghreb, en Afrique de l’Ouest, en Europe et en France L’IRD étudie depuis plusieurs années ces situations paradoxales. Les questionnements sont multiples : stade réel d’avancée du phénomène et son extension selon les pays, conséquences individuelles et collectives, quels sont les changements globaux — dynamique de l’urbanisation, modifications structurelles des marchés, Les dossiers thématiques de l’IRD apports technologiques, etc. — et sociétaux (revenus, éducations, attitudes des différents types d’acteurs) qui génèrent ou accompagnent les évolutions mesurées dans les modes de vie (qualité des régimes alimentaires, activité physique et sédentarité), quels sont les groupes sociaux les plus à risque, etc. Les recherches sur ce thème sont menées principalement en Afrique du Nord, à la demande des pays partenaires (Tunisie, Algérie, Maroc), ainsi qu’en Europe et en France, afin d’observer des situations très différentes de transition, mais également en Afrique de l’Ouest, en milieux urbains, en association avec d’autres programmes relevant plutôt de la sécurité alimentaire dans ces mêmes milieux, compte tenu de la présence des deux thématiques au même endroit. Transition nutritionnelle au Maghreb 2 grands programmes sont menés par l’IRD en Tunisie et au Maroc : • Le programme Tahina : « Transition épidémiologique et impact sur la santé en Afrique du Nord » • Le programme Obe-Maghreb : « Comprendre la transition nutritionnelle au Maghreb pour contribuer à la prévention de l’obésité et des maladies non transmissibles associées » Le programme Tahina Ce programme réunit des chercheurs (épidémiologistes, spécialistes de la nutrition, économistes, sociologues et anthropologues) de l’IRD, de l’Institut National de Santé Publique (Tunisie), de l’Institut National de Santé Publique (Algérie), de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers (Belgique), de l’Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier et de l’Institut National de Nutrition et de Technologie Appliquée (Tunisie). Le développement économique et social des quarante dernières années a donné lieu à une amélioration des conditions d’habitat (logement, eau potable, assainissement...) et de l’infrastructure sanitaire, à une généralisation de la vaccination et de l’accès aux services de santé, permettant ainsi un recul considérable des maladies transmissibles. La combinaison de ces facteurs se traduit par un vieillissement remarquable de la population, devenue ainsi plus exposée au risque des maladies dégénératives. Elle donne également lieu à un changement dans les modes de vie, à une expansion des facteurs de risque : suralimentation, sédentarité, stress, tabagisme avec leur cortège d’hypertension, d’hypercholestérolémie, d’obésité et de diabète. C’est ce que l’on appelle la transition épidémiologique au sens large, dont la transition nutritionnelle représente un aspect particulier. À travers le projet Tahina, les équipes de recherche se penchent sur la question cruciale de cette transition épidémiologique, afin de mieux la cerner, de spécifier ses déterminants et enfin de fournir les éléments nécessaires pour évaluer son impact sur les systèmes de santé. Grand Tunis : impact de la grande distribution sur les habitants Un phénomène récent mais néanmoins rapide est celui de la montée en puissance des supermarchés dans le monde en développement. Jusqu’à présent, de nombreux travaux s’étaient focalisés sur les effets en amont du développement de la grande distribution, mais très peu, en revanche, sur l’impact qu’elle peut avoir sur les consommateurs. Jusqu’à récemment, une seule étude a cherché à identifier les effets de la diffusion des supermarchés sur les consommateurs en Afrique. A ce stade, on connaissait donc peu le développement de la grande distribution et son retentissement sur le comportement d’achats et de consommation alimentaires dans les pays du Sud. Par ailleurs, l’offre des supermarchés et la publicité sont suspectés de faciliter la diffusion de certains aliments industriels tels les sodas, les produits de confiserie ou encore les snacks, dont la consommation excessive peut représenter un risque majeur pour la santé. Cependant, il n’existait pas d’évidences systématiques dans la littérature. Les dossiers thématiques de l’IRD 140 grandes surfaces dont 2 hypermarchés Les objectifs de ce projet étaient, d’une part, de quantifier la fréquentation de la grande distribution et d’étudier les facteurs associés, d’identifier les profils socio-économiques des consommateurs, et de connaître leurs perceptions et les facteurs qui les déterminent ; et, d’autre part, d’étudier quels étaient les effets de la grande distribution sur la qualité de l’alimentation. Cette étude 1 a été réalisée en Tunisie, qui figure parmi les pays récemment touchés par la modernisation et la montée rapide des grandes surfaces. La zone d’étude était la partie du pays la plus développée et la plus urbanisée, à savoir le Grand Tunis où les grandes surfaces sont majoritairement implantées ; on en compte actuellement 140 dont deux hypermarchés. 724 ménages interrogés entre 25 et 70 ans La population cible était les 25-70 ans habitant le Grand Tunis. Les 724 sujets interrogés ont été sélectionnés par une méthode d’échantillonnage aléatoire en grappes à 3 niveaux. Les habitudes d’approvisionnement ont été étudiées à partir d’un questionnaire quantitatif spécifiquement développé, à partir d’entretiens qualitatifs menés en face-à-face ou avec des groupes focalisés. Les données socio-économiques ont été collectées au niveau individuel et du ménage. La qualité alimentaire à été mesurée avec un indice composite orienté vers le risque de maladies chroniques : le DQII (Diet Quality Index-International) développé à partir d’un questionnaire de fréquence alimentaire spécifique à la Tunisie. Une double analyse a été effectuée par l’étude de la fréquentation de la grande distribution et par l’étude de la relation entre qualité de l’alimentation et fréquentation de la grande distribution, ajustée sur les facteurs socio-économiques. 60% fréquentent la grande distribution Au total, 60% des ménages fréquentent la grande distribution (mais seulement 4,5% de façon exclusive). La moitié (51%) fréquente les supermarchés et un peu plus d’un quart (27%) les hypermarchés. La grande distribution attire plutôt les petits ménages, les urbains, les gens plus éduqués, ceux ayant un revenu fixe ou élevé, ceux ayant un accès facile ou encore possédant une carte de crédit. Des associations similaires mais plus fortes ont été trouvées chez ceux qui fréquentent la grande distribution en premier lieu (20% des sujets). Ce sont d’ailleurs ces mêmes consommateurs qui bénéficient d’une légère amélioration de la qualité de leur alimentation. Mais l’approvisionnement s’effectue toujours largement auprès des épiciers de quartier (94%) malgré un choix et un rapport qualité- prix jugé inférieur. Les grandes surfaces sont associées à ‘prix intéressants’ et ‘choix’, ainsi qu’à ‘loisir’ pour les hypermarchés. Les motivations aussi diffèrent suivant les caractéristiques socio-économiques (e.g. ‘crédit’ est quatre fois plus cité parmi les ménages les plus pauvres vs. les plus riches). Ces résultats montrent que malgré la présence ancienne des supermarchés à Tunis, la grande distribution n’est pas encore généralisée à toute la population. On ne peut donc pas encore conclure que ses transformations modifient la consommation alimentaire des habitants du Grand Tunis. Cependant, parmi ceux qui la fréquentent régulièrement, on peut constater une légère amélioration de la qualité alimentaire. Dans le contexte de la transition nutritionnelle, ces résultats originaux sont d’intérêt pour d’éventuelles interventions nutritionnelles impliquant les circuits de distribution alimentaire. Mode de vie et santé de l’adolescent en Tunisie Cette étude qui a fait l’objet d’une thèse concerne la situation épidémiologique des adolescents tunisiens dans le contexte de transition économique rapide de ce pays, avec des différences notables selon les régions. Les adolescents, en recherche de modèles, constituent une catégorie particulièrement exposée aux risques liés à une sédentarisation et une occidentalisation rapide des modes de vie. Au travers d’enquêtes transversales réalisées chez des scolaires (15-19 ans) d’une région proche de la capitale, puis sur des échantillons représentatifs de portée nationale, d’adolescents scolarisés ou non, on a pu évaluer leur état nutritionnel et de santé et les principaux facteurs associés, notamment leur apport alimentaire et Les dossiers thématiques de l’IRD leur activité physique. La prévalence nationale de maigreur, surcharge pondérale et obésité franche était respectivement de 8,1%, 17,4% et 4,1% chez les garçons, et de 1,3%, 20,7% et 4,4% chez les filles; l’obésité abdominale était largement répandue également. La maigreur est essentiellement un problème du monde rural ; la prévalence de la surcharge pondérale est surtout observée en ville pour les garçons. Par contre, la surcharge pondérale se retrouve à niveau égal en rural comme en ville pour les filles. De fortes différences régionales subsistent pour la surcharge pondérale, largement associées à des facteurs socio-économiques et de modes de vie chez les garçons. La plus grande sédentarité, et des apports énergétiques élevés sont en cause chez les filles, associés à des facteurs probablement de nature culturelle et éducative. L’analyse multifactorielle de la structure alimentaire a fait ressortir un axe principal de changement alimentaire allant du plus traditionnel au plus ‘moderne’ (lié à un mode de vie urbain et à un meilleur niveau économique) avec une consommation plus fréquente de pain blanc, produits laitiers, sucres, graisses ajoutées et fruits au détriment des huiles, céréales, légumineuses et légumes frais. Si ce changement de structure est clairement associé à la surcharge pondérale, surtout chez les garçons, il est également associé à une moindre prévalence de préhypertension chez les filles, sans doute en relation avec un plus grand apport en produits laitiers. Les adolescents tunisiens par ailleurs partagent un certain nombre de caractéristiques avec leurs homologues des pays industrialisés, avec cependant nettement moins de problèmes de tabac, alcool et drogue pour le moment. Des programmes d’éducation pour la santé plus spécifiques s’avèrent nécessaires, aussi bien auprès des adolescents scolarisés que non scolarisés, afin de promouvoir de meilleures habitudes alimentaires et une activité physique plus régulière, compte tenu des conséquences de l’obésité par la suite à l’âge adulte, dans un contexte de plus en plus obésogène. Le programme Obe-Maghreb Ce programme a été mis en place en 2006 pour mieux comprendre la transition nutritionnelle en cours au Maghreb et contribuer ainsi à la prévention de l’obésité et des maladies non transmissibles associées (maladies cardiovasculaires, cancers, diabète, hypertension, etc.). Les équipes sont constituées : – au Sud par l’Université Ibn Tofaïl de Kenitra au Maroc et l’Institut National de Nutrition en Tunisie ; – au Nord par l’IRD et l’Université de Nottingham en Angleterre. Dans les pays du Maghreb l’obésité et les maladies non transmissibles associées progressent rapidement. Cette progression est liée à la transition nutritionnelle (modifications de l’alimentation et de l’activité physique) et à des changements techniques et sociétaux profonds. Les sociétés et les systèmes de santé de ces pays sont peu préparés à cette évolution dont les conséquences sanitaires et économiques sont énormes. Dans un contexte de ressources limitées, la priorité a été donnée au niveau international à la prévention. L’étude de la « double charge de malnutritions » La rapidité et l’ampleur du phénomène de transition se traduisent par la coexistence des deux types de malnutritions (par carence et par excès) dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Par cette étude, la coexistence des problèmes de sous- et de sur-nutrition est abordée par l’étude de la double charge des malnutritions au niveau des familles et des individus au moyen d’une grande enquête auprès des ménages. Elle vise à estimer des indicateurs de santé (prévalence de malnutrition par carence et par excès, prévalence de maladies chroniques liées à l’alimentation), mise en évidence des facteurs de risque (alimentation, activité/sédentarité, mode de vie, psychosociologie, socio-économie), ainsi que le risque de double charge de malnutrition individuelle (risque d’une carence en micronutriments en cas d’obésité et viceversa). Sont mesurés la consommation alimentaire, l’activité physique et la sédentarité, l’anthropométrie et la composition corporelle, les facteurs psychosociologiques (attitudes, connaissance, etc.), la tension artérielle et par dosages sur prélèvement de sang, les marqueurs du statut en micronutriments, de l’inflammation et des maladies chroniques (statut lipidique, glycémie). Les dossiers thématiques de l’IRD Des outils de recherche novateurs La méthode d’analyse multicritères MCM (Multicriteria mapping methodology) est utilisée pour recueillir des données quantitatives et qualitatives sur des options d’actions à l’aide d’entretiens assistés par ordinateur et à l’aide du logiciel MC Mapper. Cette méthode a été spécialement développée pour aborder des problèmes complexes et controversés pour lesquels les analyses techniques ou économiques habituelles, telles que les études coût-efficacité, s’avèrent inadaptées ou insuffisantes, ce qui est précisément le cas de la prévention de l’obésité. MCM a été utilisée récemment par les équipes Nord du projet dans le cadre du programme européen PorGrow pour évaluer les options d’action possibles pour prévenir la montée de l’obésité en Europe, mais c’est la première fois qu’elle est mise en œuvre dans les pays du Sud. Transition nutritionnelle en Afrique subsaharienne Une étude chez les femmes en zone urbaine Ce programme de l’IRD a débuté en 2003 au Sénégal par une étude sur la prévalence de l’obésité et ses déterminants chez les femmes en zone urbaine. Il s’agit d’une étude transversale, par passage à domicile, menée par une enquêtrice utilisant un questionnaire. Elle a été réalisée sur un échantillon représentatif de femmes vivant en milieu urbain. La population cible de cette étude est constituée de femmes âgées de 20 à 50 ans, non enceintes (du fait des mesures anthropométriques, les femmes enceintes ont été exclues de l’enquête), vivant dans le quartier de Pikine ancien, (ville de Pikine, banlieue de Dakar). Ce quartier a été choisi parce qu’il représente un quartier diversifié sur le plan socioéconomique. De plus, nous disposions de données de prévalence d’obésité chez les femmes provenant d’une étude précédente conduite par les chercheurs de l’IRD en 1996. Le travail de terrain a été mené entre avril et juin 2003. Le questionnaire portait sur différents thèmes: informations socio démographiques; perception de la corpulence, satisfaction corporelle et opinions sur l’alimentation; état sanitaire et maladies non transmissibles (MNT); activité physique; pratiques d’approvisionnement du ménage et comportements alimentaires; fréquence de consommation de certains aliments; connaissances à propos des bénéfices d’un régime alimentaire sain; croyances autour des causes de certaines MNT et mesures anthropométriques. Deux articles ont été publiés, le premier 2 sur la perception de la corpulence et la satisfaction corporelle mettant en avant une préférence au surpoids, mais pas jusqu’à des tailles corporelles d’obèses; et le deuxième 3 concernant les connaissances des femmes à propos des bénéfices d’un régime alimentaire sain et des croyances autour des causes de certaines MNT montrant que leurs connaissances de l’effet protecteur des fruits et légumes était assez insuffisante. Depuis, des études similaires ont été menées au Gabon ou en Tunisie, permettant de mettre en évidence les similitudes ou différences d’attitudes des femmes dans ces différents pays à cet égard. Transition nutritionnelle en Europe L’obésité, une menace pour la santé publique L’obésité constitue une menace grandissante pour la santé publique en Europe ; la France est classée 10ème sur 21 pays européens pour la prévalence de l’obésité infantile, avec de 15 à 25% d’enfants en surpoids ou obèses. Les catégories socioprofessionnelles basses sont les plus touchées. Face aux inquiétudes qui se manifestent au sujet de l’augmentation de l’obésité chez les enfants, la France et l’Union Européenne réfléchissent à diverses mesures de santé publique pour essayer de la limiter. Mieux contrôler le marketing des aliments et des boissons dirigé vers les enfants est une des mesures préconisée. Une enquête PolMark, financée par l’Union Européenne, a été menée dans 11 pays européens. L’objectif général est d’améliorer la compréhension de ce qui influence les choix alimentaires des enfants, de contribuer Les dossiers thématiques de l’IRD à améliorer le statut nutritionnel des enfants en Europe et de contrer le défi de l’obésité et des maladies non transmissibles. La rencontre ministérielle régionale européenne de 2006 sur le défi de l’obésité a identifié le marketing des aliments et boissons pour enfants comme problème de santé publique ayant besoin de réglementation. Le livre blanc «Une stratégie Européenne pour les problèmes de santé liés à la nutrition, la surcharge pondérale et l’obésité» a aussi reconnu ce problème et a poussé les industriels à adopter des initiatives volontaires qui seront passées en revue en 2010. Le projet PolMark est conçu pour fournir des renseignements spécifiques aux responsables politiques afin de les aider dans ces objectifs stratégiques. En 2002, un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé concluait que le marketing actif des aliments à haute densité énergétique et des commerces de fast-food représentait un facteur de risque probable d’obésité. Plus récemment, le Parlement Européen a commandé un rapport concernant l’effet de la publicité pour les aliments et les boissons sur la santé des enfants. Ce rapport devait permettre d’acquérir une vue d’ensemble la plus complète possible sur l’attitude des principaux acteurs vis-à-vis des contrôles actuels et envisagés de la publicité et des messages promotionnels. Deux groupes d’acteurs sont en présence : les industriels de l’agroalimentaire et les publicitaires, d’une part, les associations de défense de l’enfant et des consommateurs, et les organisations de santé publique d’autre part. En France, l’étude a été confiée aux chercheurs de l’Unité NUTRIPASS (Prévention des malnutritions et des pathologies associées), elle est coordonnée par Michelle Holdsworth, chargée de recherche à l’IRD. 8 grands secteurs d’activité interrogés Seize interviews ont été conduits entre novembre 2008 et janvier 2009. Les interviewés viennent de 8 grands secteurs d’activité (cf. tableau ci-dessous). Leur recrutement a été fait de manière à rassembler un large éventail d’opinions venant de responsables représentatifs de chaque secteur au niveau national. Le but du recrutement était de couvrir de façon équilibrée les principales dimensions du débat. 8 catégories d’acteurs interviewés (2 interviews par catégorie) : 1- Sociétés savantes et conseillers du gouvernement 2 - Associations de défense des consommateurs 3 - Associations et organisations de prévention et de promotion de la santé 4 - Industries agro-alimentaires, distribution, restauration 5 - Entreprises publicitaires et instances d’autorégulation de la publicité 6 - Fonctionnaires du gouvernement et des instances de contrôle 7 - Associations de défense de l’enfant et de la famille 8 - Journalistes Liens entre publicité, comportements alimentaires et obésité • La majorité des participants pensent qu’il y a une relation entre la publicité et l’obésité, et presque deux tiers des participants considèrent que cette influence est forte. Ceux qui ne sont pas d’accord, industries agroalimentaires et entreprises publicitaires, insistent sur l’importance du rôle éducatif des parents et sur leur responsabilité pour contrôler ce que leurs enfants mangent. • Personne ne pense que la publicité à la télévision n’exerce aucune influence sur les enfants. Trois interviewés disent qu’elle a une influence limitée pour changer les achats alimentaires des enfants, soit directement soit en sollicitant leurs parents. Plus de la moitié déclarent au contraire que la publicité à la télévision augmente réellement les achats d’aliments pour les enfants, et change le type d’aliments consommés. Les trois interviewés qui pensent que le marketing à la télévision influence le choix des marques mais pas les achats globaux ni le type d’aliments sont tous des représentants des industries agroalimentaires et entreprises publicitaires. En l’absence de preuves, appliquer le principe de précaution basé sur le fait que la publicité sur les aliments et les boissons ne protège pas les enfants de l’obésité. Les contrôles actuels • Tous les interviewés, à l’exception des représentants des industries agroalimentaires et des entreprises Les dossiers thématiques de l’IRD publicitaires, pensent que la réglementation en matière de publicité sur les aliments n’est pas suffisamment contrôlée, laissant ainsi entendre que les contrôles ne vont pas assez loin. • Comparé aux autres pays, le niveau de contrôle de la publicité en France se situe dans la moyenne pour la plupart des interviewés. Les pays scandinaves sont les plus souvent cités comme ayant le moins de publicité et d’activités promotionnelles qui ciblent les enfants. Les pays nordiques pourraient donc constituer un modèle utile pour la France. • Beaucoup d’interviewés soulignent la difficulté due à l’antagonisme entre les différentes parties prenantes, à savoir les scientifiques, les associations de défense des consommateurs et des enfants vs. le secteur agroalimentaire et les publicitaires, et aux conflits entre différents ministères. Les parties prenantes ne doivent pas laisser la parole à un groupe dominant, elles ont besoin de trouver un terrain d’entente à partir duquel elles pourront commencer à travailler ensemble. • Les autres obstacles à l’efficacité des contrôles incluent l’impact des informations à caractère sanitaire intégrées dans les publicités TV et radio en France; elles sont en effet considérées comme produisant des effets pervers, n’étant pas toujours bien comprises par le grand public. Les messages obligatoires à caractère sanitaire qui accompagnent la publicité ont besoin d’être améliorés pour optimiser leur compréhension par les consommateurs. Les futurs contrôles • Les interviewés, à l’exception des industries agroalimentaires, sont favorables à des dispositions législatives pour les techniques de marketing utilisées actuellement. Les représentants des industries agroalimentaires et des entreprises publicitaires considèrent que l’autorégulation est plus efficace. Des mesures législatives devraient être envisagées. • Plusieurs répondants sont pessimistes quant à l’évolution du contrôle du marketing, notamment en raison de la crise économique; ou manifestent des doutes face à l’échec des tentatives d’interdiction de la publicité jusqu’à présent, malgré la mobilisation de nombreuses parties prenantes. Un nouvel élan est nécessaire pour rassembler les parties prenantes, et surmonter ce pessimisme. • Les medias, les annonceurs et les industries agroalimentaires sont perçus comme ayant une forte influence sur les politiques publiques relatives au contrôle de la publicité. Le ministère de la Santé, les associations de consommateurs et les médecins de santé publique sont vus comme ceux à qui l’on peut faire le plus confiance. Le Ministère de la Santé est bien placé pour coordonner les mesures qui concernent la publicité, du fait de son influence et de la confiance dont il bénéficie de la part du public. • A l’exception de trois interviewés représentants les industries agroalimentaires et les entreprises publicitaires, tous les autres participants sont d’accord pour dire que des restrictions devraient être appliquées à certains types de produits alimentaires (à haute densité énergétique et à faible densité nutritionnelle). Les producteurs d’aliments et les publicitaires sont opposés à toute discrimination entre aliments, préférant une approche plus holistique. Un profil nutritionnel pourrait être envisagé pour évaluer quels aliments devraient être ciblés. La responsabilité du respect de la réglementation • Plus des deux tiers des interviewés considèrent inefficaces les codes de conduite volontaires de l’industrie; principalement parce que l’autorégulation n’a pas fonctionné jusqu’ici. Seuls les représentants des producteurs d’aliments et des entreprises publicitaires pensent que l’autorégulation peut fonctionner. • Un tiers des interviewés pensent que l’industrie n’est pas en mesure de garantir que les entreprises suivront, au niveau individuel, les codes de conduite volontaires qui auraient été adoptés. La nécessité pour les industries de dégager des profits ainsi que leur capacité à contourner les règles ont été mises en avant par les interviewés comme les principaux obstacles empêchant les entreprises de suivre quelque code volontaire que ce soit. Un organisme indépendant doit être envisagé pour surveiller l’observance des mesures de contrôle du marketing. La restriction de la publicité à la télévision La quasi unanimité des interviewés (15/16) considèrent que la restriction de la publicité à la télévision est Les dossiers thématiques de l’IRD acceptable dans son principe. Cependant, pour deux interrogés représentants les industries agroalimentaires et les entreprises publicitaires, les restrictions déjà adoptées étaient plus dans l’intérêt de leurs entreprises que justifiées par des préoccupations de santé publique. Il y a un manque de consensus sur les types de programmes qui devraient faire l’objet de contrôles. Un seul interviewé estime que les restrictions devraient seulement porter sur les programmes regardés par un grand nombre d’enfants (p.ex. feuilletons de début de soirée, événements sportifs). Trois interviewés pensent que les restrictions devraient porter sur tous les programmes diffusés avant 21h. Envisager d’adopter l’orientation du « code international de marketing des aliments et des boissons pour les enfants » qui recommande d’interdire les publicités radio et TV faisant la promotion d’aliments mauvais pour la santé entre 6h et 21h. Jusqu’à 12 ans c’est la tranche d’âge la plus fréquemment citée pour cibler les contrôles de marketing; mais presqu’un tiers des participants estiment que les contrôles devraient aller jusqu’à l’âge de 16 ans, de manière à donner du temps pour établir de bonnes habitudes alimentaires, et à protéger les enfants des familles défavorisées qu’ils considèrent plus exposés aux problèmes nutritionnels. Contrôler le marketing dirigé vers les enfants de moins de 12 ans serait le plus largement acceptable. La culture alimentaire française et la publicité Comparé au reste de l’Europe, l’obésité des enfants en France est moins considérée comme étant un problème. Quelques interviewés mettent en relation la position encore privilégiée que la France occupe en termes de prévalence d’obésité, avec la protection que confère la culture alimentaire française et le rôle central de l’état dans les décisions de santé publique. Les différences de cultures alimentaires en Europe doivent être considérées lors de l’élaboration des politiques nutritionnelles. La perception courante qu’il existe des tensions entre les industries agroalimentaires ou les entreprises de la publicité et les autres parties prenantes concernant les contrôles du marketing dirigé vers les enfants est confirmée par les données de la présente étude. Cette dichotomie se manifeste à travers le niveau des causes attribuées à l’obésité : c’est-à-dire l’individu vs l’environnement. Les représentants des industries agroalimentaires mettent en avant l’éducation et le contrôle parental comme déterminants essentiels, insistant ainsi sur l’éducation comme solution. Les autres interviewés reconnaissent que l’environnement physique et socioéconomique est un déterminant clé de l’obésité; de ce fait la solution privilégiée est de changer l’environnement publicitaire. Même si des compromis entre les différentes parties prenantes sont nécessaires pour que des progrès soient accomplis en matière de contrôle du marketing, les gouvernements doivent décider s’ils agissent en priorité pour protéger l’industrie ou pour protéger les enfants. Transition nutritionnelle en France Le surpoids chez l’enfant en France La France n’est pas épargnée par le développement du surpoids chez l’enfant, en particulier dans les milieux socio-économiques les plus bas. S’il est admis que le gain de poids résulte d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques, les études ne sont pas consensuelles quant à savoir laquelle de ces deux composantes est la plus impliquée. L’objet principal de cette étude a été d’analyser les différents comportements susceptibles de jouer sur l’équilibre énergétique et de mesurer leurs liens avec le surpoids chez l’enfant. Il s’agit également d’explorer si ces facteurs comportementaux jouent le rôle de facteur intermédiaire dans la relation entre le statut socioéconomique et le surpoids. L’observation d’enfants de 3 à 14 ans Les analyses ont principalement porté sur les données de l’étude Individuelle et Nationale sur les Consommations Alimentaires (INCA 1) réalisée en 1998-99 par l’AFSSA. Il s’agit d’une enquête transversale, représentative au niveau national. Un deuxième volet de cette thèse a consisté en une contribution à la réalisation de l’étude Les dossiers thématiques de l’IRD INCA 2 (2006-07) et à son analyse. Les échantillons des études INCA 1 et 2 comportaient respectivement 1017 et 1030 enfants âgés de 3 à 14 ans. Le surpoids a été défini selon les références de l’International Obesity Task Force (IOTF). Les consommations alimentaires ont été recueillies à l’aide d’un carnet de 7 jours. L’activité sportive de loisir a été définie en tenant compte de la durée habituelle consacrée à différentes activités sportives en dehors de l’école. La sédentarité a été mesurée en fonction du temps passé devant un écran. Enfin, le statut socio-économique a notamment été évalué en fonction de la catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage. L’étude des associations entre les facteurs de risque et le surpoids s’est faite au moyen de régressions logistiques, incluant simultanément des variables d’apport alimentaire et de dépense énergétique. L’analyse factorielle a par ailleurs permis de créer des indices composites du statut socio-économique ainsi que des profils comportementaux associant les consommations alimentaires aux variables d’(in)activité physique. 15,2 % des enfants de 3 à 14 ans en surpoids ! En 1998-99, 15,2% des enfants de 3-14 ans étaient en surpoids. Une plus forte prévalence a été observée chez les enfants les plus sédentaires. La contribution des deux repas principaux aux apports énergétiques était positivement corrélée au surpoids, à l’inverse des prises alimentaires « hors repas » et de la fréquence de consommation. Les enfants de 3-6 ans en surpoids consommaient de plus grandes tailles de portions de pâtisseries et viennoiseries. Les tailles de portions des boissons lactées étaient au contraire inversement corrélées à l’excès pondéral (7-11 ans). Les enfants adhérant le plus aux profils comportementaux « snacking et sédentaires » (3-6 ans) et « gros mangeurs aux repas principaux » (7-11 ans) étaient plus souvent en surcharge pondérale. Au contraire, le profil «diversifié et actif » était inversement associé au surpoids chez les 7-11 ans. Seuls le profil « snacking et sédentaire » (3-6 ans), la sédentarité (6-14 ans) et la fréquence de consommation (3-11 ans) semblaient jouer le rôle de facteurs intermédiaires dans la relation entre le statut socio-économique et le surpoids. Mais cet effet était partiel et faible. Enfin, la comparaison des deux études INCA a suggéré une stabilisation des prévalences du surpoids ces 8 dernières années en France dans les différents milieux socio-économiques. En parallèle, la diminution des apports énergétiques et l’augmentation de la sédentarité « écran » ont été observés. Une prévention précoce est opportune Les études INCA révèlent l’existence de comportements associés à un risque accru de surcharge pondérale et ce, dès le plus jeune âge. Une prévention précoce, portant sur les comportements d’apport et de dépense semble donc opportune afin de renverser les trajectoires orientant l’équation énergétique vers un excédent et d’éviter que les habitudes délétères ne s’installent sur le long cours. Cela n’exclut pas une prévention à tout âge puisqu’il semble y avoir un continuum de générations en générations, tant pour le surpoids que pour ses déterminants. Les campagnes visant à modifier les comportements devront tenir compte des dimensions sociales, économiques, culturelles et affectives de l’alimentation et de la dépense énergétique. D’autres études sont toutefois nécessaires pour mieux comprendre les raisons du fort gradient socio-économique du surpoids chez l’enfant, qui demeure intact en dépit de la stabilisation des prévalences de surpoids. Le paradoxe méditerranéen des migrants L’étude de l’état de santé des immigrés, au-delà de l’intérêt pour la santé publique, permet aussi de formuler des hypothèses sur les rôles respectifs des facteurs environnementaux et biologiques dans le développement des maladies chroniques. Immigrer influence la consommation alimentaire et les modes de vie, modifiant ainsi le risque de maladies chroniques qui y sont associées. Dans la plupart des pays hôtes, les migrants ont des taux de mortalité et morbidité pour les maladies non transmissibles liées à l’alimentation (MNTA) plus élevés que ceux de la population du pays hôte, mais aussi que ceux de la population de leur pays d’origine. Ce n’est cependant pas le cas des immigrés d’origine méditerranéenne vivant en Europe, une exception appelée « le paradoxe méditerranéen des migrants ». Les dossiers thématiques de l’IRD En effet, les hommes immigrés d’origine méditerranéenne vivant en France ont des taux de mortalité et de morbidité pour les maladies non transmissibles liées à l’alimentation (MNTA) plus faibles que la population née en France. L’origine de ce paradoxe Cette étude s’intéresse à l’origine de ce paradoxe méditerranéen des migrants et notamment à l’aspect « modes de vie » dans l’apparition des MNTA chez les immigrés tunisiens. Une étude de cohorte rétrospective a été réalisée chez des hommes migrants tunisiens vivant en Languedoc Roussillon comparés aux Français nés en France et aux Tunisiens vivant en Tunisie. Différents facteurs de risque (niveau socio-économique, modes de vie, alimentation) ont été testés comme facteurs médiateurs de l’effet de la migration sur le surpoids et la morbidité. L’influence de l’acculturation et de l’exposition à la culture tunisienne sur l’alimentation et l’activité physique a aussi été évaluée. Les immigrés tunisiens ont un meilleur état de santé que les Français et Tunisiens non migrants. Cette étude, achevée début 2008, confirme donc l’existence d’un paradoxe méditerranéen des migrants en France. D’une part des facteurs culturels tels que la faible consommation d’alcool chez les immigrés tunisiens explique les différences de prévalences de surpoids entre migrants et Français.. De plus, la conservation d’un régime alimentaire plus sain à travers une meilleure adéquation, des consommations de fruits et légumes, de fibres et de vitamine C plus importantes semblent suffisantes pour garantir une protection contre l’hypertension et l’hypercholestérolémie chez les migrants, comparés à leurs homologues français. D’autre part, des facteurs environnementaux (mode de vie plus actif, tabagisme moins prévalent) peuvent en partie expliquer le meilleur état de santé des migrants, comparés aux Tunisiens non migrants. Même si l’acculturation conduit à une convergence des modes de vie vers ceux de la population hôte, l’exposition maintenue à la culture tunisienne permet la conservation d’aspects positifs du régime traditionnel tunisien plus favorable à la santé. NOTES 1. Ce projet a fait l’objet d’un programme de coopération entre l’Unité de Recherche 106 « Nutrition, Alimentation et Sociétés » de l’IRD, l’Institut National de Nutrition et de Technologie Alimentaire (INNTA) de Tunis et l’Unité de recherche « Normes et régulation des marchés agricoles » du Cirad. 2. Holdsworth M et al., Perceptions of healthy and desirable body size in urban Senegalese women. Int J Obes, 2004; 28: 1561-1568. 3. Holdsworth M et al., Knowledge of dietary and behaviour-related determinants of non-communicable disease in urban Senegalese women. Publ Health Nutr 2006 (in press). 4. Pays partenaires : The International Association for the Study of Obesity, United Kingdom (coordinateur); The European Consumers’ Organisation - Bureau Européen des Unions de Consommateurs - BEUC, Belgium; Research and Education Institute of Child Health - REICH, Cyprus; University of Masarykova - Masarykova Univerzita - MUNI, Czech Republic; Suhr’s University College - SUHRS, Denmark; University of Alicante - UA, Spain; Institut de Recherche pour le Développement - IRD, France; Irish Heart Foundation Ldt - IHF, Ireland; Association of Polish Consumers - APC, Poland; Stockholm County Council - Stockholms Lans Landsting - SCPH, Sweden; National Institute of Public Health - NIPH, Slovenia. 5. Cette étude a fait l’objet de la thèse de Sandrine Lioret en 2009 « Associations entre l’excès pondéral, l’alimentation et l’activité physique chez l’enfant ». Auteurs : Bernard Maire Sophie Tessier (Grand Tunis) Francis Delpeuch - Agnès Gartner (Programme Obe-Maghreb) Michelle Holdsworth (Transition nutritionnelle en Afrique subsaharienne, en Europe) Sandrine Lioret (Le surpoids chez l’enfant en France) Caroline Méjean (Le paradoxe méditerranéen des migrants) Les dossiers thématiques de l’IRD