CLAUDE RIVELINE
PETIT TRAITE
POUR EXPLIQUER
LE JUDAÏSME
AUX NON-JUIFS
Préface du Grand Rabbin Gilles Bernheim
oo
Association Consistoriale Israélite de Paris
Département Torah et Société
Claude Riveline est ancien élève de
l'Ecole polytechnique, ingénieur
général des mines, et professeur de
gestion à l'Ecole des mines de Paris.
Il est, depuis 1967, l'un des
organisateurs du Colloque annuel des
intellectuels juifs de langue française,
au cours duquel il intervient
régulièrement.
Il a publié Oui, j'observe le Chabatt
(1974) et Oui, je suis moderne et
traditionaliste (1983), publications
de l'Agence Juive.
Remerciements
L'auteur a bénéficié des précieux
conseils du Grand Rabbin Gilles
Bernheim, agrégé de l'Université, de
Jacques Lévy, directeur de l'Ecole
des mines de Paris, et de Perrine
Simon-Nahum, chargée de
recherches au CNRS.
Conception graphique : David Cohen
Sommaire
Préface
Avant-propos
Les origines
Le projet d'Abraham
La loi de Moïse
Le projet messianique en acte
Les récits de la Bible
Unicité et diversité
du peuple juif
Les Juifs de l'étude
Les Juifs au sein des Nations
Les antisémitismes
Les Juifs israéliens
Conclusion
Le messianisme et le Messie
P- 4
P. 5
P. 7
P. 7
p. 13
p. 19
p. 25
p. 31
p. 31
p. 34
p. 37
p. 41
p. 45
Janvier 2000
Le "petit traité" de Claude Riveline livre une présentation du judaïsme facile
à lire, car elle est succincte et claire, mais aussi complète, depuis les sources
bibliques jusqu'aux problèmes contemporains.
Ce texte court est riche en informations et en idées stimulantes, propres à instruire
et faire réfléchir toute personne curieuse du judaïsme. C'est plus particulièrement
les non-juifs que l'auteur a visés dans cette rédaction, mais elle est aussi conçue
pour être utile aux juifs, dans la mesure où ils sont en dialogue avec leur environ-
nement culturel. A ce titre, il était naturel que cette publication paraisse sous le
patronage du département Torah et Société.
Claude Riveline a mis au service de ce travail sa longue expérience d'enseignant
en sciences humaines, et d'enseignant en pensée juive. C'est le rapprochement de
ces deux domaines qui lui a inspiré le parti qu'il a retenu : présenter le judaïsme
comme un projet, un projet concret, vivant, porté de générations en générations par
une famille humaine, les juifs, projet qui vise à résoudre le conflit entre sédentaires
et nomades qui, sous des formes toujours renouvelées, déchire toutes les familles
humaines. C'est la définition que l'auteur propose du messianisme. Ce parti m'a
séduit, car il répond à une interrogation de plus en plus fréquente à notre époque :
quelle est la cohérence de l'identité juive ? quelle est sa pertinence aujourd'hui ?
quels sont ses liens avec les autres spiritualités humaines ? sur ce dernier point, le
texte est discret, mais il est clair qu'un chrétien, un musulman, un humaniste laïc
reconnaîtra aisément ses propres aspirations dans le projet juif tel qu'il est présenté
ici, même si sa route est différente.
Ce petit livre interroge l'identité des juifs en faisant appel à l'expérience de ses
interlocuteurs, et il suscite pour le lecteur, en lui présentant de manière ramassée
une grande variété d'avis et de perceptions des faits juifs, la possibilité de sécréter
ce qui est intellectuellement le plus rare, donc le plus précieux à notre époque : la
réflexion.
Grand Rabbin Gilles Bernheim
Directeur du département Torah et Société
Préface
J
uif est un mot difficile à
prononcer, un mot lourd de
souvenirs. Mais il désigne en
fait une grande variété de
personnes.
C'est ce qu'il y a de commun entre
un diamantaire d'Anvers, un soldat
israélien, un rabbin de Meknès; entre
Jésus, Freud et Einstein: entre des
agriculteurs de Judée d'il y a deux
mille ans, de riches marchands
d'Amsterdam au Grand Siècle, et de
misérables colporteurs en Europe au
XlXè siècle.
A quoi il convient d'ajouter tous ceux
qui se considèrent comme Juifs, même
si d'autres Juifs ne les reconnaissent
pas comme tels, soit parce qu'ils ont
adopté une autre religion, soit parce
que leur mère n'est pas juive, soit
parce que leur conversion au Judaïsme
n'est pas acceptée par tous.
A y regarder de plus près, il apparaît
que la dimension juive de tous ces
personnages se rattache à l'une ou
l'autre des trois origines : une tradition
religieuse et savante, une tradition
nationale, une tradition familiale. Ces
diverses fidélités peuvent se combiner
chez un individu donné, mais peuvent
aussi être isolées. On connaît des Juifs
new-yorkais d'une orthodoxie méticu-
leuse mais qui ne fréquentent aucun
Juif moins religieux qu'eux et qui re
fusent l'existence de l'Etat d'Israël;
des Israéliens athées et même anticléri-
caux et qui ne ressentent rien de
commun avec un Juif de la diaspora;
enfin, des familles juives chaleureuses,
notamment autour de traditions
culinaires, mais qui ne se proclament
ni religieuses ni sionistes.
Toutefois, si différents qu'ils soient
les uns des autres, ces Juifs ont en
commun une longue histoire, sans
doute l'une des plus anciennes de
toutes les civilisations encore vivantes.
Il ne reste plus d'Athéniens du temps
de Socrate, plus de Romains du temps
de César, mais un Juif de Jérusalem
parle la même langue aujourd'hui qu'il
y a deux mille ans, étudie les mêmes
textes et célèbre les mêmes fêtes.
Les Juifs ont autre chose en commun:
des adversaires. Jean-Paul Sartre, dans
ses Réflexions sur la question juive
(Gallimard, 1954), affirme même que
la seule dimension commune à tous les
Avant-propos
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