3
•MIEUX ANALYSER LES LIENS COMPLEXES QUI UNISSENT PATHOLOGIE
ADDICTIVE ET PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE
L’étude a rassemblé plus de 40 000 sujets américains incluant les régions de l’Alaska, des
Iles Hawaï et du district de Columbia. Tous ont été interrogés en face-à-face entre 2001 et
2002. Cette enquête est la plus large jamais réalisée sur ce sujet et dresse un tableau
représentatif de la situation des Etats-Unis. Surtout, c’est la première étude à se focaliser
sur la question de la comorbidité, en général mal exploitée dans les grandes études
épidémiologiques américaines récentes
(Epidemiological Catchment Area, National
Comorbidity Survey)
.
La présence d’une comorbidité addictive rend en effet les entretiens plus compliqués
et plus longs du fait de la multiplicité des diagnostics dont la personne interrogée n’a
pas forcément conscience. Les réponses sont également moins fiables eu égard au
phénomène de déni souvent inhérent à la dépendance, mais également à cause du
manque de maîtrise des dates, de la sévérité et de l’intrication des symptômes par les
patients.
Le taux de réponse globale a atteint les 81% et les tests de fiabilité se sont révélés
concluants.
Les enquêteurs devaient justifier de 5 années d’expérience et ont bénéficié de 10 jours de
formation intensive. Les coordinateurs se sont chargés de la vérification des données et
de la qualité du travail.
L’étude NESARC a déjà fait l’objet d’une vingtaine de publications dans les plus grands
journaux, dont une demi-douzaine d’articles dans les
Archives of General Psychiatry
et
dans le
JAMA
(the Journal of the American Medical Association). Notons que l’un de
ces articles a été traduit dans la version française des
Archives of General Psychiatry
,
(www.jama-francais.com)8.
•QU’EST-CE QUE “L’ABUS” ? QU’EST-CE QUE LA “DÉPENDANCE” ?
Le DSM-IV propose une description extrêmement précise de ces deux notions, essentielles
dans l’étude NESARC. Au sein de la catégorie “Troubles liés à une substance”, le manuel
distingue les troubles induits par une substance (intoxication, sevrage, delirium,
démence, trouble psychotique, trouble de l’humeur, etc.) et les troubles liés à l’utilisation
d’une substance (abus ou dépendance).
La dépendance à une substance se caractérise ainsi par un ensemble de manifestations
comportementales et physiologiques indiquant que le sujet continue à utiliser la
substance malgré des problèmes significatifs liés à la substance. La dépendance suppose
8. Grant B.F., Stinson F.S., Dawson D.A., Chou S.P., Dufour M.C., Compton W., Pickering R.P., Kaplan K. Prévalence
et co-existence des troubles liés à l'utilisation d'une substance et des troubles anxieux et thymiques indépendants.
Résultats de l'Enquête NESARC. Arch. Gen. Psychiatry janvier 2005, p. 77-89.