bulletin n° 13.pub

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Bulletin de liaison
AFMD54
Maison du combattant – 78, place du Colonel Driant – 54000 NANCY
Comité du Pays-Haut
Jean Paul BALTZ – Maison des Associations – 54800 JARNY
Site national : www.afmd.asso.fr
des adhérents de
l'association des
Amis de la
Fondation pour la
Mémoire de la
Déportation de
Meurthe-et-Moselle
!
Les apports de la recherche en sciences humaines sont indispensables dans les processus
de transmission de la Mémoire.
Être historien c'est appliquer des méthodes rigoureuses par rapport à des documents, par
rapport à l'établissement des faits….il faut continuer à faire la différence entre un témoignage
fondé sur un souvenir et un travail d'histoire qui croise les témoignages, les documents, les
textes…
Lire ce que les gens ont écrit c'est continuer à les faire exister ; nous les citons, nous les
mettons dans nos bibliographies, nous faisons aussi que ce témoignage écrit continue de vivre.
Selon A. WIEVIORKA, " les historiens produisent un récit, une mise en intrigue du
passé qui peut être discuté, être réactivé par la découverte de nouvelles sources, la recherche,
le travail fait sur les archives, sur les témoignages, permet des publications scientifiques. Les
travaux historiques deviennent eux-mêmes, objets de mémoire, objets de discussion, donc ils
renouvellent, et ils relancent la mémoire."
L'historien est effectivement là pour troubler la mémoire, il est là pour essayer de poser sur le passé un regard analytique, un regard qui se veut non sélectif…l'historien ne connaît
aucun tabou…
L'Histoire dérange mais guérit aussi les conflits de mémoire. Elle n'arrive pas à des
certitudes, mais elle avance vers des certitudes…
La mémoire, c'est le fait qu'une collectivité non seulement se souvient de ses morts
mais cherche à lui donner une signification au présent. Cette signification au présent bouge. Il
y a une histoire de la Mémoire. La signification qui est donnée aux morts en déportation n'est
pas la même pendant la période de la guerre froide qu'elle est après la chute du mur de Berlin.
Cela veut dire que la Mémoire a des usages, qui se réfèrent au passé tout en s'adressant au présent. C'est ce qui explique aussi qu'il y a des conflits de Mémoire… la Mémoire est là pour
organiser tout à la fois ce dont on se souvient et ce dont on veut oublier…
Le souvenir,…c'est de conserver à l'intérieur d'une famille, ou à l'intérieur d'une association,…d'une collectivité, les souvenirs des morts,…cette notion de souvenirs….est extrêmement importante car, les temps, dans lesquels nous sommes, sont des temps de l'immédiat, de
l'instant; et de s'inscrire dans une lignée familiale, c'est aussi de voir qu'on n'est pas là comme
ça, qu'on ne vient pas de nulle part, et que l'on est responsable de ce qui va se passer après soi,
puisqu'il y a eu des gens avant….
Une Mémoire s'inscrit dans un territoire, on parle de Mémoire Nationale. Par contre à
Mauthausen en Autriche, de nombreux monuments nationaux ont été érigés, sur quelques monuments, il y a écrit " Morts pour la France", il y a peut-être un moment où on prendra en
compte une véritable histoire européenne….
BECHER Lamaï
Président de l'AFMD54
Séminaire à Saint Hubert
(Belgique)
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Du Nouveau pour le monument de la MALPIERRE ?
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Aimé Auguste ETIENNE
Page 8
Georges HANCE
Page 11
Séminaire à ROTHAU
(Alsace)
Page 13
Pexonne, Housseras, Le col
du Donon
Page 16
Les Passeurs Vosgiens
Page 17
André NICOLAS
Page 18
Le monument aux trois
nationalités
Page 20
Plaque commémorative au
Grand Séminaire à METZ
Page 22
Comité Local du Pays Haut
Page 23
Le Courrier de nos adhérents
Page 24
Lu pour vous
Page 29
"
Du vendredi 21 au dimanche 23 novembre 2008,
l'AFMD 54 a été invitée par la Fondation M.E.R.Ci, "Maison
Européenne pour le Rayonnement de la Citoyenneté" à un
séminaire organisé par Aurélien DETHIER avec le soutien de
l'Union européenne et de son programme "l'Europe pour les
citoyens 2007-2013".
Belgique en région Wallone dans la province du Luxembourg.
Ce séminaire qui a réuni plusieurs associations belge,
luxembourgeoise et française " Espace de mémoire lorraine
1939-1945, Amicale française du camp de Mauthausen, des
séminaristes de Yad Vashem de Belgique, Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de Meurthe-etMoselle, Territoire de la mémoire Dinant, Territoire de la
mémoire Liège, Institut des Invalides de guerre de Belgique,
la Croix Rouge section Arlon et des enseignants de lettres et
d'histoire"s'est déroulé à Saint-Hubert, ville francophone de
Ce rendez-vous avait pour objectif de créer "un réseau européen de la Mémoire" et de signer une charte entre ces associations.
Les deux problématiques proposées pour ce séminaire :
La mémoire comment allons-nous la transmettre demain ?
L'Europe et la Mémoire, quels enjeux ?
Lors de ces réunions, plusieurs personnes ont évoqué les problèmes de transmission qu'ils avaient vécus ou pouvaient
encore vivre, de par leur situation personnelle par rapport aux déportés entre proche parents. Ils ont découvert dans leur vie
une obligation d'exprimer ce pourquoi leurs parents ont agi avant de souffrir, ils comprennent la nécessité de transmettre ces
valeurs dans un cadre plus large que le cadre familial où le poids des émotions peut encore être trop fort.
La sensibilisation à travers les histoires personnelles demande aussi une vérification continuelle de la véracité des données.
M. Gerd KLESTADT, ancien déporté de Bergen Belsen a évoqué lors de son témoignage la puissance concentrationnaire nazie, responsable de la destruction de plusieurs millions de déportés de tous pays, de toutes les confessions.
"Quand nous témoignons auprès des jeunes, notre histoire peut leur sembler lointaine, ils ont d'autres soucis, d'autres
préoccupations. Ils voient à la télévision d'autres camps d'internement atroces, des gens massacrés au nom d'une prétendue
purification ethnique. Ces problèmes les touchent directement. On peut relier cette réalité contemporaine à d'autres périodes
de l'Histoire du XXème siècle, et en particulier au nazisme qui a extrêmisé le mal avec le système concentrationnaire nazi,
organisé industriellement…..
Chaque événement doit être analysé dans sa spécificité, mais il y a un noyau fondamental commun, le rejet de l'autre
classé différent, la volonté de domination par la force.
Le fascisme fascine parce qu'il donne le pouvoir sur autrui, il permet aux tendances sadiques de s'exercer.
Une vigilance devrait s'exercer dans l'éducation, commencée dans la classe où tel type d'enfant est rejeté… "
Pendant ce témoignage M. KLESTADT a diffusé les photos de classe de son enfance et celles de son passage dans les
camps de concentration de Westerbork ( Pays Bas) et de Bergen Belsen le camp mouroir du système concentrationnaire nazi.
En ce qui concerne la Mémoire et l'Europe, les participants aux ateliers pédagogiques ont évoqué le rôle de la mémoire
dans la cohésion de l'Europe, plusieurs expériences ont été présentées, ce fut le cas de l'Amicale de Mauthausen qui travaille
avec l'Autriche en organisant des voyages sur les sites de Mémoire, en effectuant un travail pédagogique très important auprès
des lauréats du concours national de la déportation.
L'objectif de ces voyages c'est d'éviter de tomber dans le choc émotionnel ou à provoquer des troubles, mais au contraire
construire une réflexion pour comprendre le système concentrationnaire avec une dimension citoyenne, philosophique, historique et sociologique.
D'autre part la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et les Amis de la Fondation ont accueilli des jeunes allemands et des autrichiens pour effectuer un an de travail civique auprès de ces associations et pour d'autres préparer des Masters pour comprendre la réaction des allemands aujourd'hui sur leur passé, c'est-à-dire sur la deuxième guerre mondiale.
"
Une mémoire européenne active
Quels sont les objectifs de l’action ?
L’Union européenne se fonde sur des valeurs fondamentales telles que la liberté, la démocratie et le respect des droits humains. Afin d’apprécier pleinement leur signification, il convient de se souvenir des violations de ces principes qui ont été provoquées par le nazisme et le stalinisme en Europe. En commémorant les victimes, en préservant les sites et les archives associés
aux déportations, les Européens perpétueront la mémoire du passé, y compris ses aspects les plus sombres. Il est particulièrement
important de faire cet effort de mémoire aujourd’hui car les témoins de cette époque disparaissent progressivement. La conscience des dimensions réelles et des conséquences tragiques de la Seconde Guerre mondiale sera ainsi préservée, en particulier
grâce à l’implication des jeunes générations d’Européens.
Par ailleurs, les citoyens procèderont à une réflexion
sur les origines de l’Union européenne, il y a cinquante ans,
sur l’histoire de l’intégration européenne qui a préservé la
paix parmi ses membres et finalement sur l’Europe actuelle,
afin de surmonter le passé et d’œuvrer en faveur de l’avenir.
Cette action jouera dès lors un rôle important en alimentant la réflexion générale sur l’avenir de l’Europe et en
promouvant une citoyenneté européenne active.
Les objectifs de cette action, conformément aux
objectifs du programme, sont doubles: «favoriser l’action,
les débats et la réflexion en matière de citoyenneté européenne et de démocratie, de valeurs, d’histoire et de culture»
et «rendre l’idée de l’Europe plus tangible pour ses citoyens,
en promouvant et célébrant les valeurs et les réalisations
européennes, tout en préservant la mémoire de son passé».
Les projets des types suivants seront soutenus au titre
Daniel LEDENT : Président du collège provincial (province du Luxembourg)
et vice président de la fondation MERCi
de cette action :
• des projets liés à la préservation des principaux
sites et mémoriaux en rapport avec les déportations massives, les anciens camps de concentration et autres sites nazis
de martyre et d’extermination à grande échelle, ainsi que les archives relatives à ces événements, mais aussi des projets visant à perpétuer la mémoire des victimes, ainsi que la mémoire de ceux qui, dans des conditions extrêmes, ont
sauvé des personnes de l’Holocauste
• des projets liés à la commémoration des victimes des exterminations et des déportations massives associées au stalinisme, ainsi qu’à préserver les mémoriaux et les archives rendant compte de ces événements.
Le concept
L’objectif fondamental des projets soutenus au titre de l’action intitulés «Mémoire européenne active» doit être de préserver le souvenir des victimes du nazisme et du stalinisme et d’améliorer la connaissance et la compréhension des générations actuelles et à venir, de ce qui s’est passé dans les camps et autres lieux d’extermination massive, et de ce qui en était la cause. Les
projets doivent correspondre à au moins une des caractéristiques suivantes et, de préférence, en associer plusieurs:
Préservation
Le projet doit assurer la sauvegarde des principaux sites de déportation et d’exterminations massives, des monuments
commémoratifs – le plus souvent construits sur ces sites – ou des archives documentant ces événements tragiques. Ces dernières
peuvent comprendre des documents matériels et immatériels, par exemple une collection de témoignages oraux. Le projet doit
ainsi faire en sorte que différents témoignages du passé soient à la disposition des citoyens européens d’aujourd’hui et/ou des
générations à venir.
Commémoration
Le projet doit commémorer les victimes du nazisme et du stalinisme ou de ceux qui ont pris des risques énormes pour
protéger des gens de la déportation ou de l’extermination. Il doit mobiliser les citoyens de toutes générations pour qu’ils se souviennent de ces événements tragiques et des victimes. Il peut, par exemple, consister à inviter les gens à se réunir pour assister à
une cérémonie sur un site commémoratif, à l’occasion d’un anniversaire ou de l’inauguration d’un bâtiment à la mémoire des
disparus. Il peut également avoir pour objectif de faire connaître de grands destins individuels, grâce à des études ou des enquêtes, ou de préparer des documents sur les victimes. Il doit clairement identifier son groupe cible et prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que le message atteint bien ceux auxquels il s’adresse. Les citoyens doivent jouer un rôle actif dans la planification, la mise en œuvre et le suivi du projet.
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Réflexion
Le projet doit engager les citoyens, et plus particulièrement les jeunes, dans une vaste réflexion sur les causes et les conséquences du nazisme et/ou du stalinisme. Il peut également choisir de cibler des groupes particuliers capables d’agir comme vulgarisateurs, par exemple des experts, des responsables de groupes, des décideurs, etc. À partir d’une réflexion sur la réalité des
faits, le projet doit analyser pourquoi et comment les principes démocratiques et les droits de l’homme ont été violés. Cette analyse peut conduire à une réflexion sur les raisons de la création de l’Union européenne et sur les valeurs qui sont protégées grâce
au processus d’intégration.
Enfin, grâce à une meilleure compréhension des origines de l’intégration européenne et de l’Europe d’aujourd’hui, le projet peut mener à une réflexion sur l’avenir de l’Europe. Cette réflexion peut être accompagnée ou soutenue par des actions
concrètes sur le terrain. Enfin, le projet doit être réalisé dans un esprit de réconciliation, de tolérance et de pluralisme. Il doit par
conséquent accorder une attention particulière à la participation de divers citoyens européens, notamment des citoyens de différents groupes d’âges et de différentes nationalités, cultures et religions.
Mise en réseau
Le programme se propose d’encourager les organisations jouant un rôle actif dans ce domaine à établir des contacts entre
elles et à enrichir mutuellement leurs connaissances. Les projets couvrant cette caractéristique doivent par conséquent viser à
jeter les bases de réseaux durables ou à encourager leur mise en
place entre les organisations de ce domaine d’action particulier.
Cette mise en réseau peut, par exemple : servir à échanger des
points de vue sur les défis à relever dans ce domaine ou à
échanger les meilleures pratiques concernant de nouveaux outils
pédagogiques ou de nouvelles méthodes d’archivage.
Ils peuvent conduire à une coopération concrète de
différents partenaires à des projets communs axés sur la préservation, la commémoration et/ou la réflexion. Cette coopération
contribuera à renforcer la dimension européenne des organisations participantes et enrichira le débat en l’ouvrant à de nouvelles approches.
Enfin, elle contribuera également à une meilleure visibilité et une plus grande incidence des projets dans l’ensemble
de l’Europe et multipliera de la sorte les chances d’atteindre les
citoyens européens d’aujourd’hui.
Siège de la fondation MERCi à SAINT HUBERT
Le Devoir de Mémoire pour la Jeunesse d'aujourd'hui
Depuis 6 ans, j'ai raconté à 6000 lycéens au Grand -Duché et en Allemagne mes expériences comme un témoignage de
mes récollections de la Shoah quand j'étais comme jeune garçon interné dans les camps de concentration de Westerbork (PaysBas) et de Bergen-Belsen.
Un article écrit dans un journal n'a uniquement de la valeur le jour de sa parution, une image projetée ne "souffre" pas du
même résultat tout de suite après qu'on l'a vue.
Afin d'apporter la lumière sur les événements de la seconde guerre mondiale ainsi que les leçons que nous devons en tirer,
je propose ces quelques remarques écrites, dans l'espoir que la Shoah ne soit pas considérée comme un accident ou une énigme
du XXème siècle, mais comme une répétition de l'Histoire.
Car vous, la jeunesse d'aujourd'hui, vous êtes les dirigeants de demain. Vous pouvez éviter les répétitions de la Shoah, là
où ma génération, vos parents, vos enseignants et des dirigeants ont échoué, dans l'espoir que les histoires de haine, de xénophobie et de racisme NE SE REPETENT PLUS.
Je vous demande, dans l'esprit de la commémoration de ceux qui n'avaient pas la chance de survivre, de réagir à chaque
moment contre ceux qui aujourd'hui ne respectent pas les droits d'autrui.
Aujourd'hui, il n'y a pas plus de morts à Buchenwald, Sobibor, Auschwitz, Struthof, Hinzert, Dachau, Théresienstadt ou
Bergen-Belsen.
Il n'y a plus de cris, ni de tortures, ni du gaz dans les douches, ni de la fumée dans les cheminées des crématoires.
Là, où plusieurs millions d'hommes et de femmes sont morts, et parmi eux 1,5 millions d'enfants, nous ne trouvons que
des tombes communes avec des panneaux " Ici reposent 500, 1000 ou 5000 morts".
Pourquoi faut-il commémorer entre autres 6 millions de juifs ? Parce que nous sommes les quelques témoins qui restent et
qu'aujourd'hui les exterminations et persécutions ethniques continuent.
…/...
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…/…
Mon histoire est dirigée vers la jeunesse, à vous, les dirigeants de demain.
Mais je ne parle pas que des juifs, car les nazis ont également éliminé et tué : 500 000 tziganes et 1million d'homosexuels,
d'handicapés physiques et mentaux, des communistes, des syndicalistes, des franc-maçons, des politiciens, des témoins de Jéhovah…..
La mémoire m'est revenue, il y a quelques années, c'était comme une ombre dans ma vie.
L'histoire des nazis, du NSDAP, la 2ème Guerre Mondiale c'est le domaine de vos professeurs d'histoire.
En 1936, mes parents et mon frère nous étions obligés de fuir l'Allemagne, car la persécution contre les juifs devenait
chaque jour de plus en plus intolérable.
Les Pays-Bas étaient notre terre d'accueil. Nous étions des juifs sans nationalité et sans papier, simplement parce que mes
parents avaient la responsabilité et le désir de sauver leurs enfants.
Vous connaissez tous l'histoire ou au moins le nom d'Anne FRANK. Son histoire est pour une grande partie la même que
la mienne.
Nos pères étaient des officiers dans l'armée d'Allemagne pendant la 1ère Guerre Mondiale. La grande différence entre nous
se trouve en mars 1945, quand Anne est morte à Bergen-Belsen et moi j'ai survécu à l'Holocauste.
Depuis 1936, nous avions vécu aux Pays-Bas jusqu'en janvier 1943, quand nous étions arrêtés par les nazis pour être internés dans le camp de concentration de Westerbork. A partir de là, 107 000 juifs qui se trouvaient à l'époque en Hollande étaient
déportés par les nazis vers les camps d'extermination. Chaque semaine, 1000 personnes partaient dans les trains vers l'Est.
Seulement 10 000 juifs hollandais étaient encore vivants à la fin de la guerre.
En 1942, les lois "anti-juifs" étaient proclamées. Mais, en plus, les juifs étaient obligés de porter" l'étoile jaune de David"
sur le cœur, le symbole juif, sur chaque vêtement et à tout moment. Enfants et Adultes. Beaucoup de juifs étaient trahis par des
"Giehlemänchen", les sympathisants des nazis, même parfois pour de l'argent.
Le 31 janvier 1944, nous étions mis dans des wagons d'un train, destination Bergen-Belsen à 60 km au nord de Hanovre.
C'est pendant ce voyage vers l'enfer que les hommes, femmes et enfants ont perdu leur dignité humaine et leur résistance.
Car, pendant ce voyage, tous n'avaient qu'un tonneau pour faire leurs besoins devant tous les autres.
A Bergen-Belsen, les femmes avec les filles et les petits enfants, étaient séparés des hommes et des garçons. Pour ma part,
à l'âge de 11 ans, je suis resté avec mon père. La vie au camp était bestiale. C'était la survie du plus fort, et chacun pour soi.
Chaque jour, à l'appel, la SS comptait les vivants et les morts, car le total des vivants d'aujourd'hui plus les morts de la
nuit était égal aux vivants de la veille.
Chaque jour il y avait du travail dans le camp : Les Latrines, les cuisines, le crématoire, sélectionner les vêtements des
morts, les chaussures de ceux qui n'en avaient plus besoin.
L'hiver 1944-1945 était l'un des plus rudes du XXème siècle.
D ès qu'un être humain était décédé, il n'avait plus besoin des couvertures, des vêtements ou des chaussures.
Nous existions dans des baraques investies de puces, de maladies, de la saleté, et nous dormions sur des lits à quatre étages, sans séparation, des corps contre des corps pour se tenir un peu chaud. C'est comme cela que j'ai découvert que mon père
était froid. Il est mort pendant la nuit.
Tout seul, je me trouve maintenant à l'âge de presque 13 ans dans ce camp où la mortalité était de 600 par jour. Et lors de
la libération le 15 avril 1945, 60 000 personnes étaient encore en vie, mais 40 000 sont morts pendant les prochains trois mois à
cause des maladies. Le camp de Bergen-Belsen a été libéré par les forces anglaises. Avant cela, les nazis avaient l'intention d'éliminer les témoins, et le 7 avril 1945 je me trouvais avec environ 2000 prisonniers encore une fois dans un train, destination inconnue.
Après un voyage qui a duré 6 jours, enfermé dans ce train, nous étions finalement libérés par les américains le 13 avril
1945 près de Magdebourg.
Le retour juillet/août 1945 vers les Pays-Bas était la fin de mes
souffrances d'autant plus que j'étais à nouveau réuni avec ma mère et
mon frère. Cela remonte à plus de 60 ans.
Mais pourquoi raconter cette histoire ? Ne faut-il pas se poser la
question : Qu'avons-nous appris de l'Histoire ? Dans de nombreuses régions du monde, comme en Europe (en Russie), en Afrique, au MoyenOrient, en Amérique du Sud etc…, la xénophobie, le racisme, la persécution et le nettoyage ethnique existent encore, sans que l'Histoire n'ait
eu beaucoup d'influence.
Il existe une convention et une déclaration des Droits de
l'Homme, mais à quoi sert-elle, si chaque jour elle est ignorée ?
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&' ()
)
Témoignage de M. Gerd KLESTADT
Saint-Hubert le samedi 22 novembre 2008
" *
Aurélien DETHIERIER
" .
Dans l'hypothèse où serait bientôt réunie la Commission destinée à établir la liste nominative des fusillés de la Malpierre,
pendant la période 1941-1944, les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de Meurthe et Moselle ont repris les
recherches sur ce sujet, à la fois dans les registres d'état-civil des communes de naissance et aux Archives Départementales.
Le point de départ est un ensemble de 77 noms provenant des travaux de J.Konsler- qui avait déjà exploré les archives
pour le compte de l'AFMD- et de ceux des CAR, dont nous ne connaissons pas l'origine.
Le croisement des deux donne 65 noms communs aux deux listes et 12 noms figurant uniquement sur la liste des CAR.
(comité d'actions de la résistance)
Aux Archives, nous avons consulté les dossiers suivants : W 927/1 (2 boîtes) 18 W56 et WM 463. Ils comportent soit des
chemises par cas individuels soit par cas de fusillades collectives, ce qui entraîne la possibilité de faire des recoupements.
Les renseignements ainsi classés ne sont pas tous complets ou précis, en effet si le motif de l'exécution est pratiquement
toujours indiqué (avec un libellé général comme “détention d'armes” ou “menées communistes”) le lieu, lui, ne l'est pas forcément.
La plupart des cas restés dans le vague sont d'ailleurs ceux qui suivent le 6 juin 1944, ce qui se conçoit aisément, dans le
contexte des combats de la Libération: exécutions sommaires de personnes identifiées plus tard, corps retrouvé en ville etc....
Nous avons classé les résultats de cette première recherche en fonction du degré de précision des renseignements obtenus.
Un premier bilan quantitatif peut être établi à partir de la liste de 77 noms.
Fusillés à Champigneulles : 63
Soixante- trois hommes pour lesquels nous avons des renseignements complets, y compris l'heure de l'exécution, à la minute près, attestée par le certificat d'un médecin militaire et ce, dans 51 cas sur 63.
Fusillés – ou exécutés-ailleurs : 3
Un homme fusillé au Mont Valérien et dont le nom est bien inscrit sur la cloche qui y recense tous les fusillés en ce lieu.
Les deux autres cas sont de juin et septembre 1944: une exécution sommaire à Vandoeuvre et une victime des combats du
Pont de Bayon (son nom est sur la stèle qui les commémore).
Fusillés à une date connue mais dont le lieu n'est pas assuré : 6
Dans deux cas, cela concerne le début de septembre 1944.
Un des deux cas de 1942 semble être en rapport avec l'affaire d'Auboué: en effet, en dehors des 27 personnes fusillées en
juillet/août 1942 et dont la liste est conservée, il y a eu d'autres FTP du même groupe exécutés pendant que se tenait le procès de
leurs camarades.
Aucun renseignement précis : 5
Dans deux cas, cela concerne des militants communistes, arrêtés, au lendemain de l'invasion de l'URSS par l'armée allemande. Ils ont très bien pu être extraits de leur prison pour servir d'otages et être fusillés, mais nous n'en avons pas de preuve
formelle.
Un bilan par année et par motif de condamnation peut également être tenté :
+
#
$
$,
+
-
…/...
"
…/...
En 1941, il s'agit surtout de personnes condamnées pour détention d'armes, toutes sur dénonciations (5 cas). On trouve
également 2 condamnations pour meurtre, donc deux droits communs et, enfin, le premier fusillé du département, le 30/01/1941,
pour aide à l'évasion de prisonniers de guerre, là-aussi à la suite d'une dénonciation.
L'année 1942 est la plus meurtrière, elle est marquée par les 29 ou 30 fusillés dans le cadre de ce que l'on a appelé ”l'affaire
d'Auboué”. S'y ajoutent 2 cas d'hommes condamnés à la prison pour aide à l'évasion de prisonniers de guerre ou pour menées
communistes et qui sont extraits de prison comme otages et fusillés ainsi que 2 condamnations pour détention d'armes.
En 1943, les 5 fusillés sont des résistants auteurs de sabotages (affaire Nadany en particulier)
L'année 1944 voit la répression s'intensifier vis-à-vis des résistants: en mai 11 fusillés, surtout des cheminots, du groupe FTP
“Gambetta” mais aussi, en septembre, un certain nombre d'exécutions sommaires.
Pour compléter cette première étape du travail, il reste, pour les natifs de Nancy et des environs, à vérifier, sur les registres
d'état-civil, le lieu de décès qui y sera mentionné. Cela devrait permettre d'affiner nos résultats, même s'il paraît évident que nous
n'aurons jamais de résultats à la fois sûrs et complets à 100%.
Claude Favre
Novembre 2008
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Le hasard m’a fait découvrir, lors d’une visite chez un brocanteur, un lot de papiers et de photographies ayant appartenu à un
Lorrain, capitaine de son état. Ces documents permettent de retracer la vie de cet officier de façon précise et d’étudier sa carrière.
Aimé Auguste Etienne est né à Champey en Meurthe-etMoselle le 23 mai 1888. Fils de Eugène Louis Etienne (né à Champey
le 27 avril 1856 et mort dans cette localité le 3 avril 1890) et de Marie
Alexandre (née en Moselle le 19 mai 1864 et morte à Champey le 24
avril 1951), il est aide rural avant de s’engager dans l’armée, à la
mairie de Nancy, le 24 septembre 1907. Il fait carrière dans le 29ème
Régiment d’Artillerie cantonné à Laon (Aisne). Par la suite il
renouvela son contrat en 1912 (1 an), puis 1913 (4 ans), en 1919 (3
ans et 7 mois)… Il devient brigadier le 18 avril 1908, puis maréchal
des logis le 3 octobre 1910.
Le 1er août 1911, il se marie avec Lucienne Albertine Julie
Brébant originaire de Gizy dans l’Aisne.
Ils auront trois enfants : Micheline (1921), Pierrette (1923) et Louis.
- en août 1914, il est maréchal des logis chef et sert dans une batterie
de canons de 75 mm.
- le 30 octobre 1915, il passe adjudant.
- en juin 1916, il participe à la bataille de Verdun dans les secteurs de
Fleury et de Douaumont.
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Il est décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze avec citation :
« Ordre du régiment n° 7 du 12 juillet 1916. Excellent sous-officier, très brave et très calme, a assuré d’une façon
parfaite le ravitaillement de sa batterie pendant la période du 9 au 29 juin 1916 passée à Verdun. Appelé comme chef de
section à la batterie de tir, a fait preuve de beaucoup de courage et a donné un bel exemple de devoir accompli au
personnel sous ses ordres. »
Il reçoit aussi la médaille de Verdun, avec son diplôme, au
fort de Douaumont.
- en octobre 1916, son régiment est dans la Somme à Rancourt, juste
à côté de Bouchavesnes.
- Il passe au 217ème Régiment d’Artillerie le 1er avril 1917. Il
participe à tous les combats jusqu’à l’Armistice :
Août 1917 encore Verdun (Bois Le Chaume) puis au cours de
l’année 1918 : la 2ème Bataille de la Marne, la Vesle, l’Aisne, le
Chemin des Dames, Sissonne et Renwez. Son régiment est cité deux
fois à l’ordre de l’armée :
Extrait de l’ordre général n° 635
Le 217ème Régiment d’Artillerie de Campagne
« Régiment d’élite animé d’un haut sentiment du devoir et à qui
on peut tout demander. De septembre à novembre 1917, s’est
distingué à Verdun, (Bois-le-Chaume), dans une période
d’attaques incessantes où il a, malgré de lourdes pertes, apporté
constamment à l’Infanterie le concours le plus efficace. Sous
l’énergique impulsion du Lieutenant-Colonel PYOT, vient de
fournir un effort considérable, pour arriver à temps sur le
terrain de la bataille de juillet dernier entre Marne et Aisne, où il
a vaillamment, malgré la fatigue, contribué par son action à la
poursuite de l’ennemi, ne prenant de repos ni jour ni nuit »
Au Q.G.A., le 14 septembre 1918.
Le général Degoutte commandant la VIè Armée,
Signé : DEGOUTTE
Extrait de l’ordre général n° 428
Le 217ème Régiment d’Artillerie de Campagne
« Régiment formant un ensemble parfait,
remarquable par son courage, son endurance
physique, son moral élevé, sa valeur technique.
Sous le commandement du Lieutenant-colonel
PYOT, chef d’une haute valeur professionnelle et
morale, payant sans cesse de sa personne, a
coopéré aux passages successifs de l’Ourcq, de la
Vesle, de l’Aisne, de l’Ailette et à la prise de
Sissonne. N’a cessé d’assurer avec la plus grande
vaillance les missions qui lui étaient confiées,
malgré les tirs ennemis et les pertes importantes
en personnel et en chevaux. »
Au Q.G.A., le 28 novembre 1918.
Le général commandant la Vé Armée,
Signé : GUILLAUMAT
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Il revient le 18 décembre 1918 au 29ème RA, puis devient instructeur dans diverses unités (102ème Régiment d’Artillerie,
101 Régiment d’Artillerie Lourde … divers Centres de Mobilisation d’Artillerie) à Paris, à Metz, à Mailly, Vitry-le-François,
Châlons. Il passe adjudant-chef en janvier 1925, sous-lieutenant en mars 1929, lieutenant en mars 1931, capitaine en septembre
1936. Il reçoit la médaille militaire le 28 décembre 1924 et la légion d’honneur le 11 juin 1937 (décret n° 8566).
ème
- le 2 septembre 1939, il est de nouveau mobilisé, rejoint le dépôt d’artillerie n° 26 à Chalons le 23 septembre, puis sert comme
instructeur des Elèves Aspirants de Réserve des forces terrestres antiaériennes à Vincennes le 15 mars 1940 puis à Bruch (Lot-etGaronne) le 8 août 1940.
- 20 et 21 août 1940, il est démobilisé et mis à la retraite au dépôt de Lavardac (Lot-et-Garonne).
- 15 septembre 1944, il est rappelé et affecté à la Direction Générale de l’Intendance au service du matériel à Châlons-surMarne.
- 1er janvier 1946, c’est la retraite définitive à Chalons, 21 rue du général Féry.
- 16 mai 1951, son fils Louis, maréchal des logis au 2ème Régiment de Spahis Marocains, titulaire de la croix de guerre des TOE
avec étoile d’argent, servant en Indochine, est tué à Caitac (Sud Vietnam) lors d’une patrouille de nuit. Louis reçut la médaille
militaire à titre posthume et une citation à l’ordre de l’armée.
- Le 13 juin 1976 il participe aux cérémonies des 60 ans de la bataille de Verdun organisées par le président Valéry Giscard
d’Estaing et Maurice Genevoix. Il reçoit la médaille des 60 ans de Verdun.
En 1980, il meurt à Châlons-sur-Marne.
La longue carrière du capitaine Etienne nous permet de survoler les deux guerres mondiales. Il participe à tous les combats de la
1ère Guerre avec beaucoup de courage, puis reprend du service lors de la Seconde Guerre comme instructeur à cause de son âge.
Enfin, c’est en tant que vétéran de Verdun qu’il reçoit sa dernière distinction en 1976. Le capitaine Etienne est le représentant
d’une génération de Français qui ont traversé le 20ème Siècle en symbolisant les terribles événements qu’a connus notre pays.
Jérôme Janczukiewicz
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ARRESTATION et DEPORTATION de M. HANCE Georges
Un toulois résistant depuis la première heure
Mon père, Monsieur Georges HANCE, né le 1er avril 1909, exerçait depuis 1936 les fonctions de sous-brigadier au
commissariat de Toul. Incorporé à la déclaration de guerre, comme sergent infirmier, il est fait prisonnier et interné au Fort Vauban à Besançon.
Du fait de son emploi antérieur, il est libéré, renvoyé dans ses foyers, et réintègre son poste en prenant en charge le secrétariat. Il est astreint à se présenter
deux fois par semaine à la Kommandantur de Toul, où il fait la connaissance
d'un adjudant d'origine autrichienne. Ce dernier ne semblait pas partager les opinions de ses camarades, notamment en ce qui concerne les lettres anonymes de
dénonciations qui parviennent aux autorités allemandes (une vingtaine par semaine), et dont il donne connaissance à mon père avant d'en aviser ses supérieurs.
Mon père, qui ne peut supporter la défaite, ni l'occupation, estime qu'il est
de son devoir de participer à une certaine forme de résistance, d'abord seul en
1940, puis au sein d'un petit groupe d'un petit groupe à compter de mars 1942.
Il prévenait les personnes visées par les lettres de dénonciation (israélites,
prisonniers évadés etc.…)
Conscient des risques pris par les individus ou groupes d'individus dont il a
provoqué et facilité l'évasion et qui sont démunis de pièces d'identité, il subtilise
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deux cachets officiels. Il les utilise pour authentifier les documents qu'il établit
clandestinement à leur usage. Il fabrique des documents identiques pour les familles d'israélites habitant la commune ou
fuyant le recensement qui a commencé et qui sont menacés du fait de leur confession. Il confectionne de faux papiers pour
des sympathisants ou militants communistes et socialistes, pour des membres de la franc-maçonnerie, ainsi que les premiers agents de la France Combattante, afin de faciliter leur passage vers la zone libre.
Prenant quelques jours de congé en juillet 1942, et se sentant surveillé par certains de ses collègues, il confie les cachets à l'un de ses camarades du réseau " MANGIN ET NAVARRE"
Une maladresse est commise par le bénéficiaire d'une pièce d'identité, la dénonciation a été effectuée par un Jean ANDREUX (jugé et condamné en 1948 par le tribunal militaire permanent de Metz), mon père a été arrêté le jeudi 8 octobre
1942.
Le commissaire de l'époque a communiqué à ma mère le lieu de détention de son époux: Maison d'arrêt, Charles III à
Nancy.
Ma mère a contacté plusieurs personnes pour obtenir des informations sur son arrestation et de lui adresser des lettres
et des colis, mais ses demandes sont restées sans suite.
Le mercredi 4 novembre 1942, après plusieurs semaines de tortures et de souffrances, mon père a été transféré avec
Mrs Pierre CHARBONNELLE et Pierre BUVIER à Paris. Ils sont incarcérés dans la prison du Cherche-Midi.
Le jeudi 4 février 1943, mon père fait partie des détenus classés dans la catégorie " Nacht und Nebel", ils sont dirigés
vers la gare de l'Est en vue de leur transport en Allemagne.
Mon père faisait partie du 19ème transport.
Le transfert a été réalisé dans des wagons de voyageurs aménagés en wagons cellulaires.
Le train à destination de Berlin s'est arrêté à Trêves le 6 février 1943, pour permettre aux détenus NN de changer de
train à destination du village de Reinsfeld.
A Reinsfeld, les détenus descendent du train, et à marche forcée sous la surveillance, les hurlements et les coups répétés des SS, rejoignent le SS- Erziehung Sonderlager (Camp spécial SS de rééducation) d'Hinzert distant de 7 Km. Les 18
déportés sont immatriculés au camp de 6093 à 6129. Mon père reçoit le numéro 6094. Les déportés viennent de perdre leur
identité humaine, ils sont devenus des " STÜKS", des morceaux, des objets.
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Ce camp est administré et gardé par la " SS TOTENKOPF", l'objectif est de briser toute volonté, la déshumanisation est
la règle absolue. La discipline est fondée sur la terreur.
Les appels sont interminables.
Le commandement du camp est assuré par le SS Paul SPORRENBERG, qui fait appliquer avec un zèle particulier les
consignes de terreur. Le camp est divisé en " block" et mon père se trouvait sous la coupe du SS Georg SCHAFF, connu sous
le pseudonyme de " Hunsrück-Scherck" la terreur du Hunsrück ou Ivan le Terrible.
Les NN portent le triangle rouge pointe en bas, et les lettres NN peintes dans le dos. Les hommes ne sont plus que des
numéros, la marche est interdite, les déplacements ne se font qu'en courant, tête baissée. Les coups sont incessants, et souvent
mortels. Sur 1500 NN français, 390 survécurent dans ce camp.
Après une courte quarantaine, dans la "stub 5", qui sert également de séchoir, et de " vestiaire" où sont stockées les
affaires personnelles confisquées aux détenus après leur " cérémonie d'arrivée". Mon père est affecté au Kommando de la
charrette, où 18 hommes sont astreints à se transformer en "animaux de trait", pour tracter un chariot lourdement chargé de
souches déterrées à travers marécages et terrains accidentés. Le frein de la charrette est " parfois" desserré volontairement
dans les descentes par les SS, ce qui entraîne inéluctablement la mort " accidentelle" des détenus.
Mon père est ensuite affecté à la "place du bois" (Holz platz) dans la forêt de Rodungen, où sous les coups incessants les
détenus débitent des souches destinées à servir de combustible pour le camp à l'aide d'outillage inadéquat et insuffisant.
Au cours de cette période, ma mère qui n'a toujours aucune nouvelle de son mari, a repris contact avec M. Charles
POGGIOLI, qui lui précise que son époux se trouvait toujours au même endroit à savoir la prison du "Cherche-Midi" et il a
précisé qu'il allait faire de son mieux pour améliorer son sort. Il ajoute qu'il a signalé son cas à M. Le Marquis de Mun,
Président de la Croix rouge, et qu'il tente une demande auprès des autorités allemandes.
Je précise que mon père a quitté la prison parisienne le 4 février.
N'obtenant ni information, ni aucun renseignement fiables, ma mère adressa le 9 avril 1943
Une lettre au secrétariat particulier du Maréchal PETAIN, dans laquelle elle attire son attention sur le sort de son époux.
Elle reçoit en réponse une lettre à l'entête de la "Délégation Générale du Gouvernement Français dans les territoires
occupés" datée du 21 mai 1943, qui lui indique que toutes les interventions effectuées afin d'obtenir des informations au lieu
de détention des déportés sont restées vaines.
Le 19 avril 1943, mon père est transféré à la prison centrale de Wolfenbüttel. Il est immédiatement incarcéré seul dans
une cellule. Il apprend qu'il est depuis son arrestation, considéré officiellement comme justiciable de la procédure Nuit et
Brouillard.
Il est immatriculé sous le numéro 139, sa seule identité, désormais….
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La Fondation pour la Mémoire de la Déportation a organisé du 27 au 31 octobre 2008, un séminaire à Rothau, qui a réuni une quinzaine de personnes.
Le thème portait sur la transmission de la mémoire outil essentiel pour lutter contre la montée des falsificateurs de l'Histoire et du négationnisme.
Plusieurs conférences se sont déroulées pour décrire et expliquer les enjeux de la Mémoire pour l'avenir, des débats ont
eu lieu pour approfondir les méthodes employées par les négationnistes, méthodes désastreuses pour notre jeunesse. D'autre
part l'ensemble des personnes présentes ont été très attentives à l'intervention de M. LESCURE et de M. AYCOBERRY sur la
description du système concentrationnaire nazi, sa naissance, son organisation et son évolution, système destiné à détruire
l'être humain, des participants ont soulevé la notion de l'autre, de son identité, qui peut -être synonyme de rejet, d'exclusion et
d'élimination par la violence.
Lors de ces débats, des questions ont été soulevées sur la violence des discours qui se traduisent par la violence dans la
rue, la violence devient légitime, elle devient institutionnelle pour chasser l'autre qui est différent pour ce qu'il est, pour ce qu'il
représente.
Lors de ces réunions, nous avons abordé les notions de crimes contre l'Humanité et le Génocide, des crimes qui perdurent
de nos jours au Rwanda, dans l'ex-Yougoslavie.
Mme CHOMBART DE LAUWE a évoqué et expliqué son livre portant sur " Réhabilitation du Nazisme attention danger" au cours de sa conférence, elle a rappelé les différents courants révisionnistes et négationnistes depuis le début du siècle,
courant bien ancré dans le monde intellectuel.
En ce qui concerne la collaboration, Claudine CARDON-HAMET a décrit l'implication du gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre Mondiale, cette collaboration a amené PETAIN, a appliqué les lois antisémites et à mettre en place une
politique de répression et de persécution avec l'engagement d'une milice qui a adopté les méthodes de la Gestapo pour éliminer
toutes formes de résistances et faire régner la terreur auprès de la population.
Ce séminaire a permis enfin, à l'ensemble des participants d'effectuer une visite au camp du Struthof et au centre européen du résistant déporté. Cette visite a montré la complexité d'un système qui était au contraire un système bien pensé, bien
construit au service de la haine et de la violence sans limites.
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Lundi 27
octobre
8h30
Accueil et
Présentation
9h30
Nazisme et:
arrivée au pouvoir
des nazis
Pr Pierre
Ayçoberry
Mardi 28
octobre
8h30 10H30
Le système
concentrationnaire
(historique)
Yves Lescure
Directeur général de la
Fondation
+ film
l0h30-12h00
Le système
concentrationnaire
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Mercredi 29
octobre
8h30-12h00
Le négationnisme et
les négationnistes
Réhabilitation du
nazisme attention
danger
Marie Jo
Chombart de
Lauwe
(suite)
14h30-16h30
Le nazisme (suite)
Pr Pierre
Ayçoberry
(suite et fin)
Débat
En soirée Les
actions de la
Fondation
Les relais de la
Fondation
L'AFMD
Le Concours
national de la
Résistance et de la
Déportation
L'extermination des
Juifs
+film
Yves Lescure
14h30-18h00
Crimes contre
l'humanité et
crimes de guerre
(Le point sur ces
notions)
Marie Jo
Chombart de
Lauwe
Présidente de la FMD
Directeur de recherche
honoraire au CNRS
Ancien membre de
section au Conseil
économique et social
Déportée à Ravensbrück
et
Yves Lescure
)
Jeudi 30
octobre
9h00-12h00
Entretien avec
Yannis
Thanassékos
Universitaire
Directeur de la
Fondation Auschwitz
de Bruxelles
sur le thème
mémoire et
transmission
aujourd'hui
13h15
Après midi
Visite du camp de
Natzweiler
Struthof
(transport en car
depuis le FAI)
Suite des entretiens
avec
Yannis
Thanassékos
Vendredi 31
octobre
8h30-11h00
Vichy et la
collaboration
+
Débat
Claudine
Cardon
Hamet
11h00 11h30
film
11h30 12h00
Conclusion et
bilan de la
session
Départs
débat
En fin d'après midi
et soirée
Entretien avec des
déportés
Marie Jo
Chombart de
Lauwe et François
Amoudruz
Roger Bordage
Jean Villeret
Anciens déportés
En soirée
présentation de
documentaires
En soirée
entretien avec
Claudine Cardon
Hamet
Historienne
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La mémoire et la transmission aujourd'hui
Pour l'historien il faut comprendre les évènements historiques, son travail implique une distance par rapport à ses recherches, en effet l'historien essaye d'établir des rapports et des relations, l'historien reçoit le passé par morceaux, c'est-à-dire des
témoignages, des écrits et des objets, qu'il doit combler. Il doit imaginer, il doit construire des hypothèses, le travail n'est jamais achevé, l'histoire n'est pas dogmatique mais hypothétique, pour l'histoire il faut du temps.
La mémoire fait revivre le passé, "je me souviens, j'y étais..", il y a une charge émotionnelle "je peux vous dire comment
cela s'est passé"
La mémoire fonctionne dans l'urgence, c'est donc un élément supplétif à l'histoire, il faut donner des repères et des
concepts, en effet quand on évoque la mémoire communautaire on veut donner du sens à l'événement "plus jamais ça" ce fut le
cas pour la Shoah, mais notre époque est marquée par des génocides et des crimes de guerre, c'est le cas du Rwanda, du Cambodge…ces pays s'identifient au génocide juif de la seconde Guerre Mondiale, c'est un mouvement à la recherche d'une reconnaissance et d'une affirmation identitaire.
La Shoah reste cependant comme une mesure dans l'humanité, c'est une norme supérieure, il y a eu une reconnaissance
sociale et une reconnaissance juridique.
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L'événement de la Shoah à des outils pour répondre au comment? Mais le pourquoi? la réponse est beaucoup plus difficile,
pour LANZMANN c'est une question obscène, on est dans une société qui s'oriente vers tous ce qui est mystico-religieux.
La Shoah c'est une catastrophe qui nous permet de comprendre l'Histoire, c'est l'apocalypse.
Cette lecture anachronique peut faire d'Auschwitz le prisme à travers lequel on regarde toute l'l'histoire de l'occident.
Cette idée de désastre, de catastrophe, peut se reproduire sur l'histoire des états, si nous prenons l'exemple des Etats-Unis
d'Amérique et Israël il y a des affinités, ce sont 2 pays pionniers, menacés mais ils arrivent à éviter la catastrophe, c'est toujours
la notion du survivant qui sort indemne de tous les combats.
Dans ce cas il faut être la victime, être proche de la victime c'est un point fort, il faut réconforter la victime, la valider socialement c'est une position manichéenne, le bourreau et la victime.
Yannis THANASSEKOS, dans cette conférence, évoque la zone grise, cette zone correspond à l'espace compris entre la victime et le bourreau. A l'intérieur de cet espace s'installent, toutes sortes de hiérarchie.
La victimisation aboutit à cette vision du monde coupée en deux, le bien et le mal.
En ce qui concerne la mémoire communautaire, elle est centrée sur sa propre douleur.
L'indifférence est une tendance naturelle de l'homme pour l'évacuer, c'est un système de mécanismes de défense.
Ainsi le travail de l'historien comprend essentiellement 5 étapes :
• Etape documentaire
• Remplir les vides, contextualisation
• Interprétation
• Ecrire l'histoire
• Publier l'ouvrage
Dans ce travail de recherches l'historien rencontre des difficultés
avec le stock d'archives, l'obstacle de construire une histoire totale avec
des contextualisations différentes, l'historien est absent dans ce qu'il
écrit, le point de vue de l'historien n'apparaît pas, il écrit et il décrit,
c'est la règle positiviste, il n'est pas l'acteur de l'œuvre.
Aussi le travail de l'historien repose sur la connaissance qui vient du
savoir.
Comment l'historien va-t-il travailler cette mémoire pour l'utiliser à
des fins pédagogiques.
Le programme d'histoire est abordé d'une manière moralisante, il faut amener l'élève à la norme " Plus jamais ça " évoquer
les "Droits de l'Homme" ce n'est pas la bonne méthode, il faut inverser le processus pédagogique, il ne faut pas utiliser Auschwitz pour montrer la norme, mais il faut l'utiliser come une loupe, qui montre et dévoile un ingrédient qui va nous amener
vers Auschwitz.
Que signifie Auschwitz ? Le génocide, les expériences, humilier l'être humain, on nie l'humanité de l'autre, c'est la déshumanisation, Auschwitz c'est la négation de l'autre.
La victoire du National-socialisme c'est la normalité, il fonctionne avec l'anormalité c'est-à-dire les centres d'extermination.
Pour les nazis, la bureaucratie a décidé des crimes, elle est auteur des crimes:
La bureaucratie a utilisé tous les moyens pour arriver à ses fins.
La bureaucratie SS : c'est la parcellisation des chaînes ; c'est la responsabilité , elle est auteur du crime dans les camps. Elle
applique les thèses de l'idéologie nazie : Elimination des sous-hommes.
L'acte de la bureaucratie est différent :
• dans le temps ; la durée pour la SS n'a pas de limites , le temps
est fonction de l'acte accompli.
• dans l'espace ; la domination et le contrôle d'une population se
réalisent sur des échelles territoriales plus ou moins importantes.
Pour le bureaucrate, un travail bien fait ne doit pas être reproché.
La règle de la normalité peut-être responsable, la banalité peut-être génératrice du Mal, la critique peut faire face à la critique.
L'historien doit poursuivre et à approfondir son travail de recherches, il
cherche à hiérarchiser les causes, en effet il y a des causes vraies et inutiles et des causes parfois fécondes en explications.
En ce qui concerne la déportation de répression et de persécutions, il n'y a
pas de conflits mais il y a une instrumentalisation politique et c'est un
conflit qui va perdurer.
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Le samedi 18 octobre 2008, l'Amicale de Mauthausen et les Amis de la Fondation pour la Mémoire ont organisé une sortie sur les sites de la mémoire de la seconde guerre mondiale, dans le secteur de Pexonne, Senones, le col de la Chipotte, le col
du Hantz, le sentier des passeurs et le maquis de Moussey.
Le groupe était constitué de 25 personnes, un bus a été mis à disposition, 10 jeunes américaines en provenance de l'Université de Portland nous ont accompagné dans ce voyage de la mémoire.
Ces 10 jeunes filles sont inscrites à la Faculté de Lettres à Nancy, elles suivent des cours de français donnés par
M. LINDECKER.
Lors de notre passage à Pexonne, le Maire de la commune nous a fourni de nombreuses informations sur la situation du
village pendant cette période tragique, les arrestations, les exécutions prés de l'église et les déportations vers le camp de Mauthausen et les commandos de Güsen et d'Ebensee.
Il a expliqué le rôle des maquisards dans cette région, les événements importants de l'été 1944 (débarquement en Normandie, libération de Paris, libération de Nancy 16 septembre 1944), il a insisté sur l'importance du harcèlement des troupes allemandes par les commandos SAS et les maquisards.
Nous nous sommes dirigés vers une petite ferme abandonnée qui garde les traces du drame où les allemands ont brûlés
vivants des soldats britanniques après les avoir torturés.
Nous avons poursuivi notre visite vers le site du Viombois, lieu de la résistance, les explications détaillées et précises de
M. FREMION, ont permis au groupe de vivre intensément ces moments tragiques au cours desquels la ferme du Viombois a été
l'objet d'une des plus violentes attaques des troupes nazies, plusieurs résistants ont été tués, d'autres ont réussi à s'échapper et un
grand nombre a été fait prisonnier.
Une grande question a été soulevée "Comment les allemands étaient - ils au courant de la présence d'un maquis dans ce
secteur ? Pourquoi il y avait à ce moment là une très forte concentration de maquisards ?
Par la suite, M. LAFAURIE nous a mené sur l'itinéraire de Vincent DOBLING, mathématicien, mobilisé pendant la 2ème
Guerre Mondiale, devant l'échec de l'armée française et à la suite de la débâcle, Vincent DOBLING a enterré le drapeau de la
France pour éviter qu'il tombe entre les mains de l'ennemi et se suicida.
Notre périple se termina par le maquis de Moussey, où des parachutistes anglais ont été fusillés, et le col du Donon, zone
de passage importante, par où transitaient les évadés et les prisonniers de guerre, ils étaient aidés dans cette entreprise par de
nombreux passeurs, dont Mme ADLOFF.
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Née en 1904, mariée, un fils, Madame Adloff fait la bière en gros avec son mari : titulaire du permis, elle livre la bière de
la brasserie de Champigneulles près de Nancy, dans les villages autour de Badonviller, chef lieu de canton du département de
Meurthe et Moselle, est situé au cœur des forêts vosgiennes, au pied du massif montagneux du Donon, à la limite de la Lorraine
et de l’Alsace, c’est à dire entre 1940 et 1944 à la limite entre la France occupée et la France annexée.
A la fin du mois de juin 1940, les républicains espagnols sont les derniers à arrêter le combat dans le secteur du Donon. Ils
seront les premiers à être déportés depuis le département des Vosges. Sur 2953 déportés vosgiens 356 sont des républicains
espagnols.
Les 2000 vies de Mme Adloff
Les 2 premières personnes que Madame Adloff sauve, sont 2 républicains espagnols qu’elle récupère dans la forêt du Donon, qu’elle ramène chez elle, puis les met dans le train.
Avec l’aide de son fils et de son mari, elle va accueillir chez elle parfois jusqu’à 10 personnes: des républicains espagnols,
des alsaciens, des aviateurs alliés abattus, des prisonniers de guerre français évadés. La filière se poursuit par Nancy avec le
colonel Daum, le dirigeant des cristalleries Daum qui sera déporté et assassiné au camp de Saarbrücken/NeuBrem.
Madame Adloff permet l’évasion de 2000 personnes jusqu’à son arrestation, sur dénonciation: 4 prisons en France, 4 en
Allemagne, puis Ravensbrück, évacuée sur Mauthausen.
J’ai rencontré Madame Adloff en 2001: à 97 ans, elle vivait seule dans sa petite maison du centre-ville de Badonviller.
Interviewée dans le cadre de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, elle nous montre sa carte de membre de l’Amicale de Mauthausen et les cartes postales qui lui ont été adressées pendant l’occupation nazie, depuis la zone du gouvernement
de Vichy.
Mme Adloff en 2001 :
“En prison, j’ai été drôlement secouée, j’ai pas dit un mot” [Son mari et son fils ne sont pas arrêtés]
“A Mauthausen, le ciel était d’un bleu extraordinaire, le paysage ressemblait à nos vallées”
“A Mauthausen, nous étions allongées sur la glace qui ne fondait pas”
“A Amstetten, qu’est-ce qu’ils en bavaient les hommes!”
“Je ne serais jamais revenu habiter à Badonviller si j’avais su que c’était un habitant de Badonviller qui m’avait dénoncée”
3 Cartes Postales adressées à MADAME THERESE ADLOFF
Carte adressée le 23 septembre 1941 depuis Saint Claude dans le Jura :
Quelques mots pour vous remercier de l’envoi des colis du 20 septembre .Malgré un changement de direction vers Saint
Laurent, ils sont bien arrives. Par ces 2 voies les colis n’arrivent plus à coup sûr.
Carte adressée le 22 octobre 1941ers depuis le centre démobilisateur d’Auch dans le Gers:
Madame,
Je suis bien rentré de mes vacances avec un peu d’émotion, mais quand même suis très heureux d’être enfin en place pour
pouvoir recommencer le travail. Excusez-moi de mes nouvelles tardives par cause de mes prolongations de mes séjours de vacances. Je vais très bien et vous souhaite pareil ainsi qu’à vos proches.
Votre tant dévoué et reconnaissant Stankiewicz
Carte adressée le 18 octobre 1941 depuis Nantua:
Je vais vous donner quelques nouvelles de nous. Les 2 colis de l’Alsace sont bien passés. On pensera toujours à vous.
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Il y a quelques semaines, le petit-fils de M. André NICOLAS, nous a
contactés pour évoquer la mémoire de son Grand-père et réfléchir à la
réalisation d'un film qui retrace son parcours pendant la 2ème Guerre Mondiale.
C'est en rangeant le grenier de la maison familiale que la belle-fille et
les petits enfants d'André NICOLAS ont découvert un trésor: toutes ses
archives personnelles soigneusement classées et ficelées et rangées dans des
valises. Dans l'une d'elles, 27 cahiers contenant des feuillets à grands carreaux
sur les quels l'instituteur avait tapé à la machine des centaines de poèmes, la
plupart en alexandrins.
Originaire de Lunéville, né le 13 mars 1908, fils d'un pâtissierconfiseur très connu de la ville, André NICOLAS eut un destin singulier, brisé
en plein élan par un accident suivi d'une embolie qui devait l'emporter à l'âge
de 49 ans.
Orphelin de mère à 10 ans, le jeune André se réfugie dans la lecture et dans l'observation de la nature.
Au banc de la classe, il préfère parfois l'école buissonnière, ce qui ne l'empêchera pas d'être reçu premier au "certif" et
d'intégrer trois ans plus tard l'Ecole normale d'instituteurs de Nancy, dont il sera le benjamin. Très tôt, il a commencé à écrire
de la poésie. Il était inspiré par la beauté du monde qui l'entourait.
André NICOLAS était le chantre du terroir, des humbles du pays lorrain, des travaux et des jours, de la nature et de
l'amour.
La carrière d'enseignant d'André NICOLAS débute en 1926 à Dombasle-sur-Meurthe. Après son service militaire effectué
au Maroc, il est nommé à Nancy, à l'école du Montet puis à l'école Emile GEBHART, avant de revenir à Dombasle. A cette
époque il épouse Suzanne BLAISE, institutrice de sept ans son ainée. Native de Luxeuil, elle est la fille du directeur du journal
"le petit Haut Marnais", à Chaumont.
Mobilisé pendant la Seconde Guerre Mondiale comme Maréchal des Logis, il assiste à la défaite dans l'Allier où il a été
affecté au Grand Quartier Général de GAMELIN. M. André NICOLAS était apprécié pour son civisme et son dévouement.
Il ne retrouve Dombasle qu'en octobre et les ennuis commencent assez vite: Son directeur d'école, avec lequel il ne
s'entendait pas avant la guerre -un vichyste et admirateur de Hitler- parvient à le faire révoquer. Mais Nicolas ne se laisse pas
faire et obtient sa réintégration et sa mutation à Saint-Nicolas-de-Port. Epié sur ses faits et gestes, l'instituteur est finalement
arrêté par la Gestapo, dans sa classe, pour" menées communistes", en juin 1941.
Le doux poète, qui n'a jamais été adhérent d'un parti, est expédié au Front-Stalag 122 de Compiègne, l'une des
antichambres de la mort. Il y croupit quelques mois jusqu'à ce qu'il soit libéré après l'intervention du Recteur SENN.
Ce passage dans le camp constitue sans doute un déclic. Tout en continuant son travail, André NICOLAS, prend des
contacts avec la Résistance en Haute-Saône où la famille de son épouse possède une maison dans "le pays des mille étangs".
C'est dans ce département qu'on le retrouve dans les rangs des FFI les armes à la main lors des combats de la Libération,
guidant les éléments de la 7ème armée américaine.
Ce n'est qu'après la guerre qu'il décide de publier ses premiers recueils
de poèmes" Le bon grain que voici" en 1949, " Plaisirs d'amour" en
1952 et " je ne suis pas vilaine" en 1956.
Très vite, son talent est reconnu. Son second recueil est couronné par
l'Académie française, le troisième par l'Académie de Stanislas.
Jusqu'à sa disparition, André NICOLAS, redevenue instituteur,
continuera à se battre contre bien des formes d'injustice, multipliant les
actions en faveur des familles pauvres, des pupilles, victimes de
catastrophes. Il restera
aussi fidèle à ses
amis, anciens
résistants et déportés,
et aux idées laïques et
humanistes qui, si
elles n'apparaissent
pas explicitement
dans son œuvre, lui donnèrent sa vigueur et son souffle.
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Qualification, disqualification et requalification du monument commun aux communes de Pournoy-la-Chétive et Coinsur-Seille et qui se trouve dans le cimetière commun aux deux villages mais implanté sur le ban de Pournoy-la-Chétive.
A : UN MONUMENT AUX MORTS
Un édifice de caractère funéraire :
Ce monument a fait l’objet d’un projet soumis par les communes de Pournoy-la-Chétive et Coin-sur-Seille au préfet de
Moselle en 1931.
La réalisation de 1932 tient compte des préconisations des autorités : c’est un édifice de caractère funéraire excluant toute
légitimation de sacrifices ou de valeurs. Un édifice qui doit porter le nom des enfants morts durant la guerre 14-18. Des
préconisations qui s’imposent à toutes les communes de la Moselle c’est-à-dire de la partie de la Lorraine qui avait été annexée
par l’Empire allemand en 1871. Le voile du deuil doit recouvrir la couleur des uniformes vert-de-gris et bleu horizon. Les
Mosellans ont en effet combattu sous des uniformes différents car certains avaient déserté l’armée allemande pour reprendre le
combat sous l’uniforme français.
La dédicace qui rend hommage aux morts par le texte suivant : « Pournoy et Coins/S à leurs enfants tombés en guerre
1914-1918 » exclut donc toute référence à une quelconque appartenance allemande ou française. Le monument est placé avec
une symbolique funéraire dans un cimetière. La croix portant le Christ en crucifixion ayant été récupérée dans le vieux
cimetière qui se trouvait près de l’église aujourd’hui disparue.
Un édifice de caractère local :
Si nous y regardons de plus près, nous verrons que les acteurs de mémoire qu’ont été les maires de Pournoy-la-Chétive et
Coin-sur-Seille en 1932, tout en tenant compte des préconisations des autorités, ont marqué dans la pierre de ce monument des
signes distinctifs. Signes distinctifs qui sont le reflet d’une hiérarchie et de réalités sociales. Ainsi en ce qui concerne la
disposition des noms : Près de deux lignes sont consacrées aux officiers, Bernard de Curel et Robert Stiles alors qu’une demi
ligne l’est aux soldats. Bernard de Curel est de la famille de l’Académicien François de Curel, une famille qui est revenue
habiter le château à Coin-sur-Seille après l’armistice de 1918. Cette famille qui possède des terres et des fermes dans le Pays
messin a peut-être participé au financement de ce monument commun aux deux communes et demandé à ce que figure
l’inscription « officier aviateur cité à l’ordre de l’armée ». Robert Stiles est, comme cela est indiqué sur le monument, « un
officier aviateur américain tombé et mort à Pournoy ». Le corps de cet américain a été recueilli par la population avec l’accord
des soldats présents sur le territoire, inhumé à Pournoy puis transféré après l’Armistice, au cimetière américain de la bataille de
Saint-Mihiel situé à Thiaucourt. Les habitants de Pournoy continuaient en 1932 de le considérer comme un enfant du pays. La
famille de ce jeune américain a peut-être également participé au financement de ce monument. Autre distinction, c’est celle
concernant les six autres noms écrits sur deux colonnes. A côté de l’un de ces noms sont gravées deux médailles : il s’agit de
celle attribuées à Paul Simon. C’est là encore un signe distinctif.
Ces signes distinctifs mettent ce monument à la frontière de ce qui
était préconisé et de ce qui ne l’était pas. En 1946, dans son
manuscrit daté du 9 novembre 1945, Gaston Losson, qui n’est pas du
village, écrit « l’on peut lire à côté des noms des enfants de la
paroisse morts pour la patrie inscrits successivement celui d’un jeune
aviateur américain tombé au-dessus de Pournoy en 1917 ». Ce
manuscrit de l’après deuxième guerre mondiale a été conservé par un
habitant de la commune et est devenu le texte dans lequel les maires
et conseillers municipaux ont puisé leurs informations pour présenter
l’histoire de la commune. Gaston Losson utilise un terme, celui de
« patrie » qui pose un problème d’interprétation ; il met à part Robert
Stiles des autres noms ce qui remet en cause le choix de 1931 ; il
indique une autre année quant à la date de son décès de celui-ci. Ce
manuscrit n’apporte pas d’éléments d’explication mais complique la
lecture du monument.
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B : UN AUTRE MONUMENT AUX MORTS
Le 23 juin 2002, le geste fondateur des maires de Pournoy et Coin en 1931 et 1932 est effacé. L’inauguration d’un autre
monument aux morts près de la nouvelle église disqualifie en effet celui qui est installé dans le cimetière. Ce phénomène de disqualification est le résultat d’un processus : les pères, les mères, les frères et les sœurs et les amis de ceux dont le nom figure sur
le monument sont disparus. La marche vers le monument lors des cérémonies commémoratives n’est plus celle de familles portant le deuil et qui viennent fleurir un emplacement qui remplace l’absence des corps. Le monument a perdu son sens premier.
La démarche qui a amené l’implantation puis l’inauguration d’un autre monument par le conseil municipal de Pournoyla-Chétive et permis cet effacement reste à étudier.
C : LE MONUMENT AUX TROIS NATIONALITES
Ce n’est pas un troisième monument aux morts. C’est le résultat d’un autre processus, celui de requalification. Il s’agit
de redonner du sens au souvenir en le replaçant dans un contexte et une perspective historiques et en rappelant que cette histoire
a été faite par des hommes et des femmes qui avaient un nom, un visage, une histoire. Cette recherche, elle s’appuie sur le monument aux morts qui se trouve dans le cimetière. Ce monument que j’ai baptisé « le monument aux trois nationalités ». C’est le
résultat d’un travail mené depuis novembre 2005 avec l’aide de celles et ceux qui sont mentionnés dans le dernier bulletin n°16
d’octobre 2008 de la chaîne de la mémoire. Cet après-midi est une étape importante dans ce processus de requalification avec
cette conférence, le dévoilement du portrait de Robert H. Stiles et la lecture d’extraits de lettres écrites par Bernard de Curel à sa
mère.
Francis Petitdemange
Sources :
William KIDD, Les monuments aux morts mosellans, de 1870 à nos jours, Editions Serpenoise, 1999.
Francis Petitdemange, Pournoy-la-Chétive, un village lorrain porté disparu, Collection Historial de la frontière, 2006.
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Le samedi 6 décembre 2008 à 11h 30 s'est déroulée la cérémonie de
l'inauguration d'une plaque commémorative rendant hommage aux victimes de
l'enfermement au Grand Séminaire de Metz de 1940 à 1944.
M. René SCHNEIDER enseignant à l'université de Metz, ancien directeur du
C.A.E.P.R, (Centre Autonome d'enseignement et de pédagogie religieuse) a
pris la parole, il a rappelé que "Metz est une ville chargée d'histoires, qui a
connu de grands événements, des destins de personnes plus obscures parfois
méconnues, mais ces destins ont laissé des traces précieuses, dans un quartier
de la ville, dans le quartier impérial, dans des établissements, sur les anciens
remparts, tous les bâtiments de cette belle ville ont une histoire, des joies et des
peines. M.SCHNEIDER a insisté sur l'importance et le rôle tenus par le Grand
Séminaire de Metz, construit il y a 3 siècles, marqués par plusieurs événements,
comme les guerres impériales de 1870, la Grande Guerre et la 2ème Guerre Mondiale. Ce séminaire a été tout d'abord un
lieu de formation de prêtres et d'accueil pour s'occuper des personnes en grandes difficultés et par la suite offrir les premiers soins aux blessés lors des conflits avec l'Allemagne.
En 1940, l'occupant nazi a fait de ce bâtiment, le quartier général de la police allemande avec un bureau de la Gestapo, il est devenu un lieu d'enfermement avec des cellules aménagées pour les interrogatoires et les tortures des personnes
arrêtées à Metz et dans ses environs.
Notre émotion est grande, des témoins de cette période sont encore parmi nous, des témoins qui ont vécu des heures
difficiles dans ce lieu d'humiliation, d'avilissement et de destruction de la personne humaine.
Plusieurs de ces prisonniers ont été déportés vers les camps de concentration du Struthof, de Bergen-Belsen et de Saschenhausen, nous avons parmi nous les enfants et les petits-enfants des hommes et des femmes enfermés, torturés et déportés.
Evoquer la mémoire, la souffrance, la déportation et la mort dans les camps, c'est montrer le courage, la détermination de ces hommes, de ces femmes à faire de cette ville, de cette région une Terre de France.
La mémoire ne s'éteindra pas, il faut la transmettre aux nouvelles générations et cette plaque révèle à travers les sacrifices et la ferveur patriotique de transmettre cette amour de la patrie et
construire une société libre et juste".
M. Gilles TRESSELLE, Sous-préfet et secrétaire général de la Préfecture
de Metz, représentant M. Jean-Marie BOCKEL secrétaire national des Anciens Combattants. Il prit la parole pour rappeler le destin tragique de ces
hommes et de ces femmes:
"Il y a 63 ans plusieurs dizaines de personnes ont été enfermées, humiliées
et vécues en esclavage. Cette répression est le résultat d'une incroyable organisation construite dans un système concentrationnaire au service de la
haine et du mal absolu. Ceux qui ont survécu ont du mal à trouver les mots
pour décrire ou expliquer cette machine conçue pour détruire l'être humain.
En ce jour la mémoire nous rassemble, il faut se souvenir de leurs souffrances, leur rendre hommage et s'incliner devant leur sacrifice. Des centaines
de mosellans ont été enfermés, internés, cette ville a souffert et porte les marques de cette page de notre histoire :
Fort Queuleu, la rue de Verdun, le camp de Woippy, le camp de Boulay où plusieurs dizaines de soviétiques ont été
internés et un peu plus loin le camp de Neubrem à Proximité de Sarrebrück.
Ils nous ont transmis ce courage et cet esprit des valeurs qui sont
devenus les bases mêmes de cette Europe pour le respect de la personne
humaine".
Nous refusons l'oubli, le souvenir de cette mémoire est primordial
pour la transmission, il faut le faire vivre, c'est une leçon d'histoire qui
dévoile le visage sinistre de la barbarie.
Ensuite Mme VENNER a dévoilé la plaquette en présence de Mme
SARY adjointe à la culture représentant M. BOHL maire de MontignyLès-Metz, M. PLANCHETTE délégué à la mémoire, Conseiller municipal, représentant M. Dominique GROS maire de Metz, de M. Thierry
PINCEMAILLE directeur départemental de l'ONAC de Moselle, parmi
l'assistance nous avons également noté la présence des survivants: Mmes Nicole MATHIEU, Rosa MINAIRE, Marie
SCHEIDT de Mrs Roger CORNET, Emile GUEDERT, Jean ROCHOTTE et de Fernand VIVILLE.
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Réunis à Jarny le 22 octobre 2008, les membres du Comité local du Pays Haut ont dressé le bilan de l’année écoulée :
• Participation à de nombreuses cérémonies (Auboué, La Malpierre, Valleroy, Thil..).
• Aide apportée aux candidats au Concours de la Résistance et de la Déportation. J. LAMBERT, du Collège Maurice
Barrès a obtenu le 2ème prix en individuel, un groupe de collégiens de l’Assomption, le 2ème prix au concours collectif.
• Préparation et soutien financier au voyage annuel organisé par la municipalité et le Souvenir Français au camp du
Struthof pour tous les élèves de 3ème de Joeuf.
• Don de livres (par exemple : Les Camps en France, de G. RIBOT) à la Médiathèque de la Communauté de Communes de l’Orne.
Pour l‘année 2009, le Comité local ne manque pas de projets.
Outre la poursuite des activités habituelles, nous allons continuer à sensibiliser les municipalités à la cause de la Mémoire de
la Déportation, afin de créer un réseau qui couvre tout le sud du Pays Haut. (Il est à noter que, par l’entremise d’un maire,
l’AFMD vient de recevoir une subvention substantielle d’une société de Travaux Publics. Sans se focaliser sur les aspects financiers, n’y a-t-il pas là pour notre association, un champ d’action à explorer ?).
Sans se limiter à cette localité, l’AFMD oeuvrera particulièrement, en 2009-2010, à HOMECOURT où seront inaugurés :
• fin avril 2009, une plaque, dans une ancienne école, à la mémoire des enfants juifs arrêtés en 1942.
• Fin 2009-début 2010, un square de la Résistance et de la Déportation avec un monument d’Amilcar ZANNONI. La
maquette a été acceptée par le Comité de pilotage mis en place par le maire d’Homécourt. Ce monument (hauteur
prévue : 4 mètres) devrait donc devenir un passage obligé du Sentier de la Mémoire et de la Déportation dans le Pays
Haut, que la lenteur des financements fait attendre.
• Grâce à la constance et au dévouement d’A .ROSSOLINI, d’A. CLAUDEL et de Mme FAVRE, qui ont mené de
longues recherches, 2009 devrait voir l’aboutissement d’un projet auquel tient particulièrement le Comité local du
Pays-Haut : le monument où figureront les noms des fusillés de La Malpierre. C’est le fruit, mais aussi un témoignage, de la collaboration et de la parfaite entente qui règnent entre le Comité Local du Pays Haut et la Délégation
territoriale de Meurthe-et-Moselle.
Jean Paul BALTZ
Président AFMD Comité local du Pays Haut
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Je me rappelle, étant enfant je demandais à ma mère très souvent de raconter son enfance pendant la guerre. Elle était
alors la cadette d'une famille de trois enfants à Hambourg au nord de l'Allemagne.
En général, elle me racontait alors toujours les mêmes histoires : les bombardements, les nuits dans la cave et de son père
qui tenait la porte pour l'empêcher de trembler sous l'impacte des bombes qui tombaient. « Oui, bien sûr, on avait peur », disait-elle, « mais mon père était là, il nous protégeait. »
Mon grand-père m'impressionnait : il était beau, fort, protecteur. J'ai des souvenirs, des surprises qu'il emmenait lors de
ses visites régulières, de la gym dans notre salon et des fous rires lors de nos cachettes très créatives.
Jamais je l'avais vu énervé. Jusqu'au jour, où, devenue adolescente, je lui posais la question suivante « Opa (papi), tu peux
me raconter comment ça se passait pendant l'holocauste ? C'était quand même
inimaginable ce qu'on a fait aux juifs. Tu étais dans la police, tu as certainement
vu plein de choses... » Il mettait fin à notre discussion avec une courte phrase,
incapable de dissimuler sa rage pour quelque chose qu'il qualifiait comme reproche injustifié contre lui. Ma question, plutôt naïve, s'était transformée en accusation. De quoi ?
Ce jour là, je décidais qu’un jour je saurai la vérité.
Quinze ans plus tard, un matin en 2005, je me rappelais soudainement de
cette promesse en passant devant l'affichage des titres d'une revue : Simone Veil
qui emmène ses petits-enfants à Auschwitz, pour transmettre son histoire.
En rentrant je ne montais pas à mon appartement. J'allais dans le bureau du
rez-de-chaussée, à l'ordinateur, commençant ma recherche.
Pendant trois mois je ne quittais plus ma place et en Mai, j'avais recueilli
assez de matériel pour ne plus vouloir me rendre à la fête familiale lors des 102
ans de mon grand-père. Je quittais quand même Baccarat pour Hambourg, afin
d'assister à la commémoration du camp de Neuengamme. Et, pour un vœu qui
n'allait pas se réaliser : parler avec celui qui avait été l'objet de toutes mes recherches les dernières semaines.
Mon grand-père était simple policier, issu d'une famille qui soutenait la
SPD. En 1938 il écrit de sa main une lettre de motivation, afin de rentrer dans la
Gestapo pour faire de carrière. Très vite, il était devenu un membre indispensable au sein de son bureau. Il travaillait inlassablement pour ramener des travail)
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leurs de l'est à la raison et pour démanteler des réseaux de résistance.
Il aimait l'ordre et le respect de la loi. Et la loi était Hitler. Celui qui ne voulait pas comprendre cela, dérangeait. Alors il
fallait les faire taire. Et, pour ne rien gaspiller, cela pouvait servir d'exemple.
Les détenus étaient souvent têtus et il était obligé de se servir de ce qu'il avait à disposition pour les faire avouer : des matraques, des câbles, des fouets, des tuyaux...Il fallait être efficace. A qui la faute si les gens laissaient leurs vies, c'était leur
choix, ils n'avaient qu'à avouer plus tôt.
C'était de même pour les jeunes filles de la Noleico, entreprise de Hambourg, qui avaient osé inciter leurs camarades à la
grève. Ils avaient faim ? Mais c'était la guerre, tout le monde devait faire un effort pour le Reich et pour le Führer. La faim
n'est pas une raison de désobéir. Le sort de ces cinq jeunes femmes était vite réglé, on n’avait pas le temps d' être sentimental.
Il n'y avait pas que ça à faire.
Son V-Mann (informateur) lui était d'une aide précieux. Sans cette collaboration étroite, et bien sûr avec le soutien de tout
l'appareil des autres informateurs, de nombreux ennemis du Reich auraient pu entraîner les autres. Mais mon grand-père était
efficace. Il avait une belle carrière devant lui.
A la maison, il semblait avoir moins de pouvoir : Ainsi sa femme osait, malgré sa stricte interdiction, donner à manger
aux jeunes travailleurs esclaves qui travaillaient pour rénover sa maison et faire son jardin. Manger, pourquoi : leurs jours
étaient comptés et on les remplaçait. Mais comment expliquer ça à une femme ?
Je ne sais rien sur sa désillusion à la fin de la guerre. Son frère qu'il avait auparavant menacé de livrer à cause du « trop
bon traitement » des travailleurs de l'est dans son entreprise, lui conseilla de disparaître sans tarder. Ainsi il traversa une nuit
l'Elbe et échappa de peu aux soldats britanniques grâce à un vélo.
Pendant 10 ans il est resté caché. A sa femme il avait donné l'ordre d'accueillir des pauvres victimes de la barbarie nazi,
dont ils étaient tous victimes, lui en premier.
De cette façon il pouvait sauver sa maison de la saisie de l'armée britannique. Après toute cette souffrance il n'allait pas
encore vivre ça. Ils avaient déjà emporté tout son matériel. Et puis il y avait aussi ses anciens collaborateurs ukrainiens qui
comptaient parmi les victimes. Les British ne savaient pas tout.
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Les gens, où il avait atterrit près de Passau, avaient, par malheur, découvert la fausse identité. Mais c'étaient des gens
corrects, ils comprenaient très bien sa situation difficile. Après 10 ans, les Anglais quittaient enfin Hambourg. Mon grand-père
eu une nouvelle déception, celle de ne plus être réintégré dans la police. Alors, quelle différence entre lui et les autres ? Ils
avaient aussi le même passé. Mais le monde est parfois injuste. On l'acceptait quand même dans un autre service.
Mon grand-père rentrait dans l'église apostolique protestant. C'était le moment de tourner la page.
Un procès pour les nombreux meurtres commis par lui et son équipe restait sans suite. Faute de preuves. Les documents
avaient brûlé. C'est bien regrettable. C'est comme ça que s'envolent des preuves d'innocence.
Mais oserait-on dire quelque chose à un vieillard qui a passé ses
100 ans et qui, en bon chrétien, a fait que du bien tout au long de
son existence restante.
Le scandale éclata dans ma famille cette année-là. Mon grandpère est mort peu après. En clamant son innocence. En faisant des
cauchemars.
Je me suis rendue à son enterrement. En rentrant dans la chapelle
un joli arrangement floral ne passait pas inaperçu. Une personne
reconnaissante lui a dédié ces mots, qui résonnent dans ma tête :
« Jamais passera, ce que tu as fait vivant. »
).
M. Jules LHUILLIER
4-6 rue Abbé DEVAUX
54140 Jarville- la- Malgrange
ANJA MULLER
Novembre 2008
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M. BECHER
Président AFMD 54
78 Place du Colonel DRIANT
54000 NANCY
Cher Monsieur,
Au cours de l'Assemblée Générale de Lorraine-Résistance à laquelle vous aviez participez en octobre dernier, le thème du "
Devoir " ou "culte" de la Mémoire a été abordé.
Avec retard, je veux tenir l'engagement pris à votre égard de vous citer un exemple d'une démarche engagée par des jeunes.
Il importe de savoir que des enfants et petits-enfants d'Officiers français internés de 1940 à 1945 au camp de représailles
(Straflager) de Lübeck, Oflag XC, le dit camp regroupant des officiers "ennemis de l'Allemagne", qu'ils soient évadés, israélites,
politiques, se demandent comment leurs ancêtres ont pu "s'en sortir" .
Je vous transmets donc :
• Copie de leur (Enfants de l'Oflag XC, association loi de 1901)
• Ma première réponse à cet appel
• L'exposé de mon intervention, en tant que Prisonniers de Guerre à cet Oflag, auprès de ma famille et amis
Vosgiens, membres de l'Armée Secrète
• Pour illustration, copie d'une de mes tentatives d'évasion effectuée en 1943, laquelle m'a fait rejoindre mes amis
de Lübeck, et, par la suite, avec l'accord de notre doyen du Camp, l'appel au Commandement français de
Londres et Alger
Outre les résultats de notre intervention, il nous faut apprécier actuellement la recherche engagée par ces jeunes, afin de
connaître le sort de leurs anciens.
Cordialement Vôtre.
M. Jules LHUILLIER
(Les documents de Mr LHUILLIER sont à votre disposition au local de l'AFMD— 78 place du Colonel Driant — NANCY)
"
*
Présidente AFMD 57
Mme Geneviève VENNER
5 rue Paul Ferry
57000 Metz
Metz, le 4 août 2008
Madame Marie José CHOMBART DE LAUWE
Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation
30 Boulevard des Invalides
75007 Paris
Madame la Présidente,
Je me permets de vous écrire pour vous entretenir d'un sujet qui me tient particulièrement à cœur.
En 2004, j'ai suivi un stage organisé par la Fondation, à Kaysersberg dans le Haut-Rhin.
Lorsque je me suis présentée, après avoir décliné mon identité, je leur ai fait part de ma déportation et de mon statut de
"Patriote Résistant à l'Occupation".
Les stagiaires, hormis ceux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, concernés comme la Moselle, n'avaient jamais entendu parler de
cette catégorie de déportés. Vous avez pris la parole pour dire " Il va falloir que l'on se consacre à ce problème". Le temps a
passé, mais rien ne s'est passé.
Madame la Présidente, les Patriotes Résistants à l'Occupation ont été arrêtés par les nazis, enfermés dans des camps
surveillés par les nazis, ils ont connu les affres infligées par le système concentrationnaire nazi. Ils partagent, sans douter, la
douleur de ceux qui ont connu les camps d'extermination et de concentration. Ils condamnent avec fermeté les propos de
certains écrivains " révisionnistes", mais, ils ne comprennent pas pourquoi des résistants qui ont été déportés puissent avoir
l'attitude des écrivains "révisionnistes" à leurs égards.
Il n'a jamais été prouvé qu'il existait deux sortes de nazi, les gentils pour les uns et les méchants pour les autres.
Le concours National de la Résistance porte sur le sujet: "Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire
nazi". Les Patriotes Résistants à l'Occupation ressentent encore une discrimination à leur intention, ils ne peuvent pas
participer aux témoignages en tant que témoins vivants. Qu' en pensez-vous?
Je joins un condensé sur la déportation des Patriotes Résistants à l'Occupation, qui vous permettra d'appréhender leurs
problèmes dans toute sa complexité.
Avoir reconnu le statut de " Déporté Patriote Résistant à l'Occupation" aurait changé l'Histoire.
Restant à votre entière disposition pour toutes informations complémentaires, sûre de l'attention que vous portez à ce
courrier, je vous prie d'agréer, Madame la Présidente, l'expression de ma considération distinguée.
Mme Geneviève VENNER
Présidente AFMD 57
Présidente de l'Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes Résistants
à l'occupation de Metz- Montigny-les -Metz
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Le 17 juin 1940 entrée des Allemands à METZ Moselle.
Le 17 juin 1940 Les Allemands traversent le RHIN et occupent COLMAR Haut Rhin.
Le 18 juin 1940 Les Allemands occupent MULHOUSE Haut Rhin.
Le 19 juin 1940 Les Allemands investissent STRASBOURG Bas Rhin.
La population commence à regimber contre l'abject système de contrainte, de mouchardage, de délation organisé, de menaces
tant collectives qu'individuelles qui forment la base du régime national-socialiste, contre la tentative aussi grotesque qu'odieuse de
faire disparaître toute trace d'Alsace Lorraine française.
Ceux à qui la Nation attribua le titre de « PATRIOTE RÉSISTANT A L'OCCUPATION » sont ceux qui, dévoilant
clairement leurs sentiments envers la France, opposèrent un refus net et catégorique à la germanisation des Mosellans et des
Alsaciens, malgré une propagande effrénée d'intimidation
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Ce sont des Français qui ont fait leur devoir de patriote voulant maintenir la France en Alsace Moselle, qui ont porté aide et
assistance à des réfractaires, évadés, prisonniers de guerre, déserteurs, ou qui ont manifesté à des divers degrés des sentiments
anti-allemands allant jusqu'à la résistance active.
- Ils n'ont jamais cédé aux pressions exercées par l'occupant nazi. - Ils ont refusé la nationalité allemande, refusé la nazification.
Les arrestations ont lieu la nuit entre une heure et cinq heures, après avoir cerné maisons ou villages, par famille entière,
par la police criminelle et les SS. armés.
Les familles, bébés, jeunes enfants, femmes enceintes, invalides, personnes âgées, grabataires compris partiront tous en
déportation, acheminés dans des wagons de marchandises ou à bestiaux dans des conditions inhumaines. Prisonniers dans des
camps pendant trente mois où avaient séjournés auparavant des Tziganes ainsi qu'une population des pays de l'Est condamnée à l'extermination par le régime nazi.
A peine arrivés au camp, deux des épisodes les plus pénibles et suprême ignominie dans l'anéantissement de la dignité humaine,
les hommes d'un côté, les femmes les enfants, personnes âgées de l'autre, devront se présenter nu pour être examiné par une commission : médecin nazi et SS pour déterminer la race... ensuite ils seront exposés sur estrade aux « acquéreurs » venus choisir les
bras dont ils ont besoin ou tout simplement pour les asservir. Certaines familles seront disloquées, les hommes séparés de leur
épouse et envoyés en kommandos lointains, les épouses affectées aux usines des alentours et les enfants en camps de redressement, notamment, à Leopoldbaute dans l'Isergebirge où sont rassemblés des jeunes de tous les pays occupés. (Ce camp figure
sur la carte d'Etat-major des forces soviétiques, la carte originale est visible à l'Hôtel de ville de Swieradow Zdroj - anciennement Bad Flinsberg). Certaines familles ne devaient se retrouver, parfois incomplètement, seulement après le rapatriement. Le
marchandage d'esclaves d'antan avait fait école. Désormais, ils connaîtront dans toute son horreur la machine à broyer la personne
humaine, à la transformer en bête humiliée, affamée, traquée.
Certains, notamment des porions et ouvriers du bassin minier d'Alsace étaient affectés à l'extraction du sel aux mines de Wieliczka (plus de 200 km de galeries ). D'autres, aux ateliers fabriquant des pièces d'avion à 135 m de profondeur. En outre. un
hôpital pour militaires blessés était annexé aux ateliers de production. Heureuse coïncidence, un père travaillant à la production a
retrouvé sa fille mineure après avoir été séparé d'elle et être resté sans nouvelle. Elle était astreinte aux services de l'hôpital.
Cette jeune fille n'avait plus revu la lumière du jour depuis près d'une année.
Les internés des deux sexes, de tous âges, ne travaillant pas dans l'industrie de guerre sont réquisitionnés par l'Einsatzfûhrung dans le cadre de « l'Organisation Barthold » (se voulant le pendant à l'Est de l'Organisation Todt de l'Ouest) pour effectuer des travaux de consolidations des lignes de défense de l'armée du côté de Zitomiz, L'vov... en Ukraine, et aux environs de
Baranovici, Minsk... en Biélorussie et enfin en Pologne où l'on envisage la construction d'un « Mur de défense » « Verteiligungswall » initialement planifié de la Baltique aux Carpates. On trouvera des Kommandos de Patriotes Résistant à l'Occupation
près de Radom, Kielce, Gliwice, Katowice, Kraschnitz, Zeidel, ... en hiver 1944/45. Et comme si les mauvais traitements des
SS ne suffisaient pas, ils sont constamment exposés aux attaques de l'aviation soviétique.
La situation des familles détachées en usines d'armements qui sont logées dans des dépendances de l'usine, cependant à déplacement très limités, toujours sous contrôle SS et manquant de l'essentiel vital et hygiénique. Les parents ne travaillant pas
moins de douze heures quotidiennement, six jours par semaine, tandis que les enfants, même en bas âge étaient « confiés » par la
direction aux bonzes du parti.
Lorsque la fin du IIIéme Reich se précise en ce début 1945, Breslau (Wroclaw) comme chaque grande ville du Reich, est
déclarée ville fortifiée (Festung « Breslau »). C'est ainsi que des jeunes internés en provenance de Léopoldbaute seront affectés
aux travaux de fortification en compagnie d'un groupe de concentrationnaires venant de Gross-Rosen. Chaque maison sera
transformée en blockhaus, communiquant entre-elles par souterrain. Fin janvier / début février 1945 l'encerclement de la ville
est total.
Ce jeune garçon avait quatorze ans, il venait de Léopoldsbaude, et se trouvait dans l'étau de Breslau. Il gâchait du mortier
pour des ouvrages en dur, érigeait des barricades sous la surveillance malveillante de gardiens SS. Il rêvait de son Alsace natale. Anxieux, il pensait surtout à ses parents arrêtés comme lui dont il était sans nouvelles depuis plus de quinze mois. Il ignorait qu'ils avaient été, eux aussi séparés et n'avaient plus aucun contact entre eux..
Instant d'intense anxiété, des SS recruteurs venaient enrôler des jeunes internés, pour défendre. arme à la main, sans uniforme, les ruines d'une ville à l'agonie ainsi du IIIème Reich moribond.
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Breslau hermétiquement encerclé ? Et pourtant le gamin dans l'inconscience de son jeune âge. arrivera à lui seul, à franchir
les lignes du front. Il arrivera à rejoindre la population sur la route de l'exode, à se « fondre » en elle. Cette population qui
fuit, longue litanie de misère. Il fait froid, très froid en ces premiers mois de 1945, on meurt de froid, de faim, d'épuisement.
On meurt, seul entre des milliers, abandonné, dans l'indifférence générale, personne n'en prenant acte... L'aviation soviétique,
omniprésente, mitraille et bombarde tout ce qui bouge. Après environ 120 km, à Landeshut (Kamjenna Gora), un barrage SS.
Papiers. . .Heureusement ils ne prêtent guère attention à un gamin dépourvu de tout bagage, habillé d'une petite culotte devenue trop courte pour lui et d'un veston râpé. Encore une dizaine de km et ce sera le camp de Grüssau (Krzeszow).
Les Patriotes Résistant à l'Occupation ont subi des souffrances physiques et psychiques, des privations, la promiscuité. Ils
ont été marqués d'une manière indélébile pour le restant de leur vie. Ils vivaient dans l'angoisse et la peur du lendemain. Ils
étaient plus que des prisonniers, ils étaient des otages, et ce n'est que l'aboutissement heureux des hostilités qui leur a évité
une déportation définitive, sans appel, donc sans retour.
Sans oublier tous ceux qui n'ont pas fait le voyage du retour et qui reposent là--bas .
Cher Robert,
Tu es né le 22 juin 1923 dans une famille où la Patrie
n'était pas un vain mot. En 1940, la France est envahie,
tu es arrêté et emmené en Allemagne avec d'autres jeunes. Au cours de cette période douloureuse, tu réussis à
t'évader et à rejoindre la zone libre. Tu t'engages au 1er
Hussard de Tarbes. Tu rejoins l'Angleterre grâce à une
filière clandestine.
Encadré et instruit avec d'autres soldats, tu rejoins le
Cameroun. La campagne d'Afrique s'annonce.
C'est à partir de Douala, que commence ton périple de
combattant. Tu rejoins Fort Lamy avec 1500 volontaires, pour se diriger vers Kouffra. L'attaque de cette
citadelle fut violente, après une lutte acharnée, le fort
tomba entre les mains de la colonne LECLERC. Pendant cet affrontement, tu as vu des hommes se battre
avec courage et détermination. C'est là, que le Général
LECLERC a prononcé le serment de Kouffra " Nous
ne nous arrêterons que lorsque le drapeau français flottera sur Metz et Strasbourg".
En 1943, la progression s'est poursuivie vers la Libye, la Tunisie, l'Afrika Corps est repoussé de partout, les combats deviennent très durs et les contre-offensives s'intensifient.
La division LELCERC deviendra la force L. Robert était fier de rappeler que le Respect, l'Honneur, la Fidélité étaient le
fondement de sa chère division.
En juin 1944, la division LECLERC débarqua en Normandie en compagnie des parachutistes américains.
Robert participa activement aux combats violents d'Alençon, fin août 1944 Paris est libéré, moments exceptionnels dans sa
vie de soldat et d'homme, joie et bonheur de la population.
Ce fut départ vers l'Est, sa Lorraine natale. Ce fut une série de durs combats, Dompaire, Baccarat, Badonviller, Saverne……
C'est près de Sélestat que Robert fut grièvement touché par des éclats d'obus en allant chercher deux soldats blessés.
Rapidement rétabli, il a poursuivi la lutte pour la Liberté, jusqu'à la chute du nid d'Aigle à Berchstesgaden en 1945.
Désigné, comme Commandant de la Garde personnelle du Général de GAULLE, cette nomination, il la doit à ses actions
antérieures combattantes. Il est à noter que pendant toutes ces années, Robert a fait son devoir d'Homme dans l'honneur avec
modestie et humilité et à sa fidélité dans l'Homme du destin.
Rendu à la vie civile, notre Ami ne pouvait rester inactif, aussi on le retrouve dans les travaux d'équipe contre l'oppression
nazie, la Déportation, les crimes contre l'Humanité.
Le Général LECLERC lui a apporté beaucoup dans sa vie de retour dans le civil.
Lors du décès du Président AMOUYEL de la 2ème DB en 1991, Robert assura la succession, l'Association des Français Libres et 2ème DB ne pouvaient trouver un meilleur guide.
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Son souci était permanent envers ceux qui, en attente d'une décoration, d'un examen de pension militaire, ses malades, et surtout ceux qui bien sûr, souffraient le plus: les veuves, les orphelins et tous les autres…..
Son esprit était sans cesse tourné vers la jeunesse au travers du Comité du Concours National de la Résistance et de la Déportation.
Son dévouement, sa générosité ont donné un sens permanent à son état d'esprit et à la répartition de nombreux prix et conférences.
Robert vient de terminer sa vie, reposes en paix, que le ciel de France soit comblé d'étoiles exprimant ton patriotisme et, au
milieu des Vétérans de la 2ème DB disparus qui t'attendent dans une haie d'honneur où un Général aimé ne peut oublier son
vieux soldat.
Modèle, tu as bien servi ta Famille, notre Patrie, notre Société
Adieu Robert, adieu notre Ami
Robert SANCHI est décédé le samedi 5 juillet 2008 à l'âge de 85 ans.
D
Au nom de tous les miens .............................................. Martin GRAY- Edition Gallimard
Dans les coulisses de la Guerre secrète 1939-1945......... Sélection du Reader's Digest
Survivre avec les loups .................................................. Misha DEFONSECA - Edition Robert Laffont
Le livre de Stella ............................................................ Stella MÜLLER MADEY, Jeune fille de la liste de SCHINDLER
Edition Albin Michel
Sept dans un bunker ....................................................... Charles GOLDSTEIN – Edition Robert Laffont
Quand les alliés ouvrirent les portes "le dernier acte
de la tragédie de la Déportation" .................................. Olga WORMSER MIGOT- Edition Albin Michel
Habiter les ténèbres ....................................................... Fred SEDEL - Edition Albin Michel
Témoignage sur le Vercors ............................................ J. La PIARELLA - Edition Gallimard
Edelweiss ...................................................................... Magde SWINDELLS – Edition Flammarion
Quoi de neuf sur la guerre ............................................. Robert BOBEY- Edition Flammarion
Dons de M. François SABLON
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Quand l'homme en est réduit à l'extrême dénuement du besoin, quand il devient "celui qui mange les épluchures", l'on aperçoit qu'il est réduit à lui-même, et l'homme se découvre comme celui qui n'a besoin de rien d'autre que le besoin pour, niant ce
qui le nie, maintenir le rapport humain dans sa primauté. Il faut ajouter que le besoin alors change, qu'il se radicalise au sens propre, qu'il n'est qu'un besoin aride, sans jouissance, sans contenu, qu'il est rapport nu à la vie nue et que le pain que l'on mange
répond immédiatement à l'exigence du besoin, de même que le besoin est immédiatement le besoin de vivre.
Levinas, dans diverses analyses, a montré que le besoin était toujours en même temps jouissance.
Mais ce que nous rencontrons maintenant dans l'expérience d'Anthelme qui fut celle de l'homme réduit à l'irréductible, c'est le
besoin radical, qui ne me rapporte plus à moi-même, à la satisfaction de moi-même, mais à l'existence humaine pure et simple,
vécue comme manque au niveau du besoin. Et sans doute s'agit-il encore d'une sorte d'égoïsme, et même du plus terrible
égoïsme, mais d'un égoïsme sans ego, où l'homme, acharné à survivre, attaché d'une manière qu'il faut dire abjecte à vivre et à
toujours vivre, porte cet attachement comme l'attachement impersonnel à la vie, et porte ce besoin comme le besoin qui n'est plus
le sien propre, mais le besoin vide et neutre en quelque sorte, ainsi virtuellement celui de tous.
"Vivre, dit-il à peu près, c'est alors tout le sacré."
Maurice Blanchot — Editions Gallimard
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Boches ou Tricolores : Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre
Pas facile d'être " Alsacien-Lorrain" en 1914, quand éclate la Première Guerre mondiale! A côté de quelques minorités
actives- les nostalgiques de la France d'un côté, les germanophiles convaincus de l'autre-, il y a la majorité silencieuse des
habitants des trois départements et secteurs annexés au Reich en 1871.
Ils eurent à composer avec une réalité complexe, souvent à risque. Et, après 1918, rien ne fut simple non plus.
C'est à une véritable plongée dans la société alsacienne-lorraine saisie par la guerre qu'invite ce stimulant travail historique
collectif. A quelques encablures de la ligne de front, quelle fut la vie quotidienne des Alsaciens –lorrains? Quelle a été l'attitude des intellectuels, celle des prêtres ? Au travail ou à l'école, sur le front ou dans les camps de prisonniers, les AlsaciensLorrains ont été marqués par le poids d'un destin particulier. Ils ont été incorporés dans des bataillons allemands sur tous les
fronts d'Europe, ils ont été arrêtés en France, poursuivis pour sentiments pro-allemands. Aucune famille n'a été épargnée par
les douloureux basculements de nationalité.
Ce sujet délicat, peu abordé jusqu'ici, est saisi sans tabou par vingt-cinq historiens. Ils apportent des éclairages variés, passionnants et souvent inédits sur le sort des Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre, " demi-boches" pour les uns, "têtes de
français" pour les autres.
Sous la direction de M. Jean-Noël GRANDHOMME.
La nuée Bleue
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Samedi 10 janvier 2009 .......................................Réunion du bureau à 10h - Place du Colonel Driant - 54000 Nancy
Vendredi 23 et 30 janvier 2009 ............................Conférence, exposition Collège LA FONTAINE
Samedi 7 février 2009 ..........................................Assemblée annuelle de l'AFMD à 10h
Place du Colonel Driant -54000 Nancy
Mardi 3 mars 2009 .............................................. Cérémonie des rafles de mars 1943
Mars- Avril 2009.................................................Projet sortie camp Thil et Neubrem
contacter Mr LAFAURIE (03.83.27.00.27)
Dimanche 26 avril 2009 ......................................Journée de la Déportation ; Remise des prix aux lauréats du concours
départemental de la Résistance et de la Déportation
Mardi 8 mai 2009 ................................................Capitulation de l'Allemagne nazie
Jeudi 18 juin 2009 ................................................Appel du Général Charles DE GAULLE
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