Les apports de la recherche en sciences humaines sont indispensables dans les processus
de transmission de la Mémoire.
Être historien c'est appliquer des mĂ©thodes rigoureuses par rapport Ă  des documents, par
rapport à l'établissement des faits
.il faut continuer à faire la différence entre un témoignage
fondé sur un souvenir et un travail d'histoire qui croise les témoignages, les documents, les
textes

Lire ce que les gens ont écrit c'est continuer à les faire exister ; nous les citons, nous les
mettons dans nos bibliographies, nous faisons aussi que ce témoignage écrit continue de vivre.
Selon A. WIEVIORKA, " les historiens produisent un récit, une mise en intrigue du
passĂ© qui peut ĂȘtre discutĂ©, ĂȘtre rĂ©activĂ© par la dĂ©couverte de nouvelles sources, la recherche,
le travail fait sur les archives, sur les témoignages, permet des publications scientifiques. Les
travaux historiques deviennent eux-mĂȘmes, objets de mĂ©moire, objets de discussion, donc ils
renouvellent, et ils relancent la mémoire."
L'historien est effectivement là pour troubler la mémoire, il est là pour essayer de po-
ser sur le passé un regard analytique, un regard qui se veut non sélectif
l'historien ne connaßt
aucun tabou

L'Histoire dérange mais guérit aussi les conflits de mémoire. Elle n'arrive pas à des
certitudes, mais elle avance vers des certitudes

La mémoire, c'est le fait qu'une collectivité non seulement se souvient de ses morts
mais cherche à lui donner une signification au présent. Cette signification au présent bouge. Il
y a une histoire de la Mémoire. La signification qui est donnée aux morts en déportation n'est
pas la mĂȘme pendant la pĂ©riode de la guerre froide qu'elle est aprĂšs la chute du mur de Berlin.
Cela veut dire que la Mémoire a des usages, qui se réfÚrent au passé tout en s'adressant au pré-
sent. C'est ce qui explique aussi qu'il y a des conflits de Mémoire
 la Mémoire est là pour
organiser tout à la fois ce dont on se souvient et ce dont on veut oublier

Le souvenir,
c'est de conserver à l'intérieur d'une famille, ou à l'intérieur d'une asso-
ciation,
d'une collectivitĂ©, les souvenirs des morts,
cette notion de souvenirs
.est extrĂȘme-
ment importante car, les temps, dans lesquels nous sommes, sont des temps de l'immédiat, de
l'instant; et de s'inscrire dans une lignée familiale, c'est aussi de voir qu'on n'est pas là comme
ça, qu'on ne vient pas de nulle part, et que l'on est responsable de ce qui va se passer aprÚs soi,
puisqu'il y a eu des gens avant
.
Une Mémoire s'inscrit dans un territoire, on parle de Mémoire Nationale. Par contre à
Mauthausen en Autriche, de nombreux monuments nationaux ont été érigés, sur quelques mo-
numents, il y a Ă©crit " Morts pour la France", il y a peut-ĂȘtre un moment oĂč on prendra en
compte une véritable histoire européenne
.
BECHER LamaĂŻ
Président de l'AFMD54
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Séminaire à Saint Hubert
(Belgique) Page 2
Du Nouveau pour le monu-
ment de la MALPIERRE ? Page 7
Aimé Auguste ETIENNE Page 8
Georges HANCE Page 11
Séminaire à ROTHAU
(Alsace) Page 13
Pexonne, Housseras, Le col
du Donon Page 16
Les Passeurs Vosgiens Page 17
André NICOLAS Page 18
Le monument aux trois
nationalités Page 20
Plaque commémorative au
Grand Séminaire à METZ Page 22
Comité Local du Pays Haut Page 23
Le Courrier de nos adhé-
rents Page 24
Lu pour vous Page 29
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AFMD54
Maison du combattant – 78, place du Colonel Driant – 54000 NANCY
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Comité du Pays-Haut
Jean Paul BALTZ – Maison des Associations – 54800 JARNY

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Site national : www.afmd.asso.fr
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ulletin de liaison
des adhérents de
l'association des
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Fondation pour la
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Du vendredi 21 au dimanche 23 novembre 2008,
l'AFMD 54 a été invitée par la Fondation M.E.R.Ci, "Maison
Européenne pour le Rayonnement de la Citoyenneté" à un
séminaire organisé par Aurélien DETHIER avec le soutien de
l'Union européenne et de son programme "l'Europe pour les
citoyens 2007-2013".
Ce séminaire qui a réuni plusieurs associations belge,
luxembourgeoise et française " Espace de mémoire lorraine
1939-1945, Amicale française du camp de Mauthausen, des
séminaristes de Yad Vashem de Belgique, Amis de la Fonda-
tion pour la Mémoire de la Déportation de Meurthe-et-
Moselle, Territoire de la mémoire Dinant, Territoire de la
mémoire LiÚge, Institut des Invalides de guerre de Belgique,
la Croix Rouge section Arlon et des enseignants de lettres et
d'histoire"s'est déroulé à Saint-Hubert, ville francophone de
Belgique en région Wallone dans la province du Luxembourg.
Ce rendez-vous avait pour objectif de créer "un réseau européen de la Mémoire" et de signer une charte entre ces asso-
ciations.
Les deux problématiques proposées pour ce séminaire :
La mémoire comment allons-nous la transmettre demain ?
L'Europe et la Mémoire, quels enjeux ?
Lors de ces réunions, plusieurs personnes ont évoqué les problÚmes de transmission qu'ils avaient vécus ou pouvaient
encore vivre, de par leur situation personnelle par rapport aux déportés entre proche parents. Ils ont découvert dans leur vie
une obligation d'exprimer ce pourquoi leurs parents ont agi avant de souffrir, ils comprennent la nécessité de transmettre ces
valeurs dans un cadre plus large que le cadre familial oĂč le poids des Ă©motions peut encore ĂȘtre trop fort.
La sensibilisation à travers les histoires personnelles demande aussi une vérification continuelle de la véracité des don-
nées.
M. Gerd KLESTADT, ancien déporté de Bergen Belsen a évoqué lors de son témoignage la puissance concentration-
naire nazie, responsable de la destruction de plusieurs millions de déportés de tous pays, de toutes les confessions.
"Quand nous témoignons auprÚs des jeunes, notre histoire peut leur sembler lointaine, ils ont d'autres soucis, d'autres
préoccupations. Ils voient à la télévision d'autres camps d'internement atroces, des gens massacrés au nom d'une prétendue
purification ethnique. Ces problÚmes les touchent directement. On peut relier cette réalité contemporaine à d'autres périodes
de l'Histoire du XXĂšme siĂšcle, et en particulier au nazisme qui a extrĂȘmisĂ© le mal avec le systĂšme concentrationnaire nazi,
organisé industriellement
..
Chaque Ă©vĂ©nement doit ĂȘtre analysĂ© dans sa spĂ©cificitĂ©, mais il y a un noyau fondamental commun, le rejet de l'autre
classé différent, la volonté de domination par la force.
Le fascisme fascine parce qu'il donne le pouvoir sur autrui, il permet aux tendances sadiques de s'exercer.
Une vigilance devrait s'exercer dans l'Ă©ducation, commencĂ©e dans la classe oĂč tel type d'enfant est rejeté  "
Pendant ce témoignage M. KLESTADT a diffusé les photos de classe de son enfance et celles de son passage dans les
camps de concentration de Westerbork ( Pays Bas) et de Bergen Belsen le camp mouroir du systĂšme concentrationnaire nazi.
En ce qui concerne la Mémoire et l'Europe, les participants aux ateliers pédagogiques ont évoqué le rÎle de la mémoire
dans la cohésion de l'Europe, plusieurs expériences ont été présentées, ce fut le cas de l'Amicale de Mauthausen qui travaille
avec l'Autriche en organisant des voyages sur les sites de Mémoire, en effectuant un travail pédagogique trÚs important auprÚs
des lauréats du concours national de la déportation.
L'objectif de ces voyages c'est d'éviter de tomber dans le choc émotionnel ou à provoquer des troubles, mais au contraire
construire une réflexion pour comprendre le systÚme concentrationnaire avec une dimension citoyenne, philosophique, histo-
rique et sociologique.
D'autre part la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et les Amis de la Fondation ont accueilli des jeunes alle-
mands et des autrichiens pour effectuer un an de travail civique auprÚs de ces associations et pour d'autres préparer des Mas-
ters pour comprendre la réaction des allemands aujourd'hui sur leur passé, c'est-à-dire sur la deuxiÚme guerre mondiale.
Quels sont les objectifs de l’action ?
L’Union europĂ©enne se fonde sur des valeurs fondamentales telles que la libertĂ©, la dĂ©mocratie et le respect des droits hu-
mains. Afin d’apprĂ©cier pleinement leur signification, il convient de se souvenir des violations de ces principes qui ont Ă©tĂ© pro-
voquées par le nazisme et le stalinisme en Europe. En commémorant les victimes, en préservant les sites et les archives associés
aux déportations, les Européens perpétueront la mémoire du passé, y compris ses aspects les plus sombres. Il est particuliÚrement
important de faire cet effort de mĂ©moire aujourd’hui car les tĂ©moins de cette Ă©poque disparaissent progressivement. La cons-
cience des dimensions réelles et des conséquences tragiques de la Seconde Guerre mondiale sera ainsi préservée, en particulier
grĂące Ă  l’implication des jeunes gĂ©nĂ©rations d’EuropĂ©ens.
Par ailleurs, les citoyens procÚderont à une réflexion
sur les origines de l’Union europĂ©enne, il y a cinquante ans,
sur l’histoire de l’intĂ©gration europĂ©enne qui a prĂ©servĂ© la
paix parmi ses membres et finalement sur l’Europe actuelle,
afin de surmonter le passĂ© et d’Ɠuvrer en faveur de l’avenir.
Cette action jouera dĂšs lors un rĂŽle important en ali-
mentant la rĂ©flexion gĂ©nĂ©rale sur l’avenir de l’Europe et en
promouvant une citoyenneté européenne active.
Les objectifs de cette action, conformément aux
objectifs du programme, sont doubles: «favoriser l’action,
les débats et la réflexion en matiÚre de citoyenneté euro-
pĂ©enne et de dĂ©mocratie, de valeurs, d’histoire et de culture»
et «rendre l’idĂ©e de l’Europe plus tangible pour ses citoyens,
en promouvant et célébrant les valeurs et les réalisations
européennes, tout en préservant la mémoire de son passé».
Les projets des types suivants seront soutenus au titre
de cette action :
‱ des projets liĂ©s Ă  la prĂ©servation des principaux
sites et mémoriaux en rapport avec les déportations massives, les anciens camps de concentration et autres sites nazis
de martyre et d’extermination Ă  grande Ă©chelle, ainsi que les archives relatives Ă  ces Ă©vĂ©nements, mais aussi des pro-
jets visant Ă  perpĂ©tuer la mĂ©moire des victimes, ainsi que la mĂ©moire de ceux qui, dans des conditions extrĂȘmes, ont
sauvĂ© des personnes de l’Holocauste
‱ des projets liĂ©s Ă  la commĂ©moration des victimes des exterminations et des dĂ©portations massives associĂ©es au stali-
nisme, ainsi qu’à prĂ©server les mĂ©moriaux et les archives rendant compte de ces Ă©vĂ©nements.
Le concept
L’objectif fondamental des projets soutenus au titre de l’action intitulĂ©s «MĂ©moire europĂ©enne active» doit ĂȘtre de prĂ©ser-
ver le souvenir des victimes du nazisme et du stalinisme et d’amĂ©liorer la connaissance et la comprĂ©hension des gĂ©nĂ©rations ac-
tuelles et Ă  venir, de ce qui s’est passĂ© dans les camps et autres lieux d’extermination massive, et de ce qui en Ă©tait la cause. Les
projets doivent correspondre à au moins une des caractéristiques suivantes et, de préférence, en associer plusieurs:
Préservation
Le projet doit assurer la sauvegarde des principaux sites de dĂ©portation et d’exterminations massives, des monuments
commĂ©moratifs – le plus souvent construits sur ces sites – ou des archives documentant ces Ă©vĂ©nements tragiques. Ces derniĂšres
peuvent comprendre des documents matériels et immatériels, par exemple une collection de témoignages oraux. Le projet doit
ainsi faire en sorte que diffĂ©rents tĂ©moignages du passĂ© soient Ă  la disposition des citoyens europĂ©ens d’aujourd’hui et/ou des
générations à venir.
Commémoration
Le projet doit commémorer les victimes du nazisme et du stalinisme ou de ceux qui ont pris des risques énormes pour
protĂ©ger des gens de la dĂ©portation ou de l’extermination. Il doit mobiliser les citoyens de toutes gĂ©nĂ©rations pour qu’ils se sou-
viennent de ces événements tragiques et des victimes. Il peut, par exemple, consister à inviter les gens à se réunir pour assister à
une cĂ©rĂ©monie sur un site commĂ©moratif, Ă  l’occasion d’un anniversaire ou de l’inauguration d’un bĂątiment Ă  la mĂ©moire des
disparus. Il peut Ă©galement avoir pour objectif de faire connaĂźtre de grands destins individuels, grĂące Ă  des Ă©tudes ou des enquĂȘ-
tes, ou de préparer des documents sur les victimes. Il doit clairement identifier son groupe cible et prendre les mesures nécessai-
res pour s’assurer que le message atteint bien ceux auxquels il s’adresse. Les citoyens doivent jouer un rîle actif dans la planifi-
cation, la mise en Ɠuvre et le suivi du projet.

/...
"
Daniel LEDENT : Président du collÚge provincial (province du Luxembourg)
et vice président de la fondation MERCi

Une mémoire européenne active

/

Réflexion
Le projet doit engager les citoyens, et plus particuliÚrement les jeunes, dans une vaste réflexion sur les causes et les consé-
quences du nazisme et/ou du stalinisme. Il peut Ă©galement choisir de cibler des groupes particuliers capables d’agir comme vul-
garisateurs, par exemple des experts, des responsables de groupes, des dĂ©cideurs, etc. À partir d’une rĂ©flexion sur la rĂ©alitĂ© des
faits, le projet doit analyser pourquoi et comment les principes dĂ©mocratiques et les droits de l’homme ont Ă©tĂ© violĂ©s. Cette ana-
lyse peut conduire Ă  une rĂ©flexion sur les raisons de la crĂ©ation de l’Union europĂ©enne et sur les valeurs qui sont protĂ©gĂ©es grĂące
au processus d’intĂ©gration.
Enfin, grĂące Ă  une meilleure comprĂ©hension des origines de l’intĂ©gration europĂ©enne et de l’Europe d’aujourd’hui, le pro-
jet peut mener Ă  une rĂ©flexion sur l’avenir de l’Europe. Cette rĂ©flexion peut ĂȘtre accompagnĂ©e ou soutenue par des actions
concrĂštes sur le terrain. Enfin, le projet doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© dans un esprit de rĂ©conciliation, de tolĂ©rance et de pluralisme. Il doit par
conséquent accorder une attention particuliÚre à la participation de divers citoyens européens, notamment des citoyens de diffé-
rents groupes d’ñges et de diffĂ©rentes nationalitĂ©s, cultures et religions.
Mise en réseau
Le programme se propose d’encourager les organisations jouant un rĂŽle actif dans ce domaine Ă  Ă©tablir des contacts entre
elles et à enrichir mutuellement leurs connaissances. Les projets couvrant cette caractéristique doivent par conséquent viser à
jeter les bases de réseaux durables ou à encourager leur mise en
place entre les organisations de ce domaine d’action particulier.
Cette mise en réseau peut, par exemple : servir à échanger des
points de vue sur les défis à relever dans ce domaine ou à
échanger les meilleures pratiques concernant de nouveaux outils
pĂ©dagogiques ou de nouvelles mĂ©thodes d’archivage.
Ils peuvent conduire à une coopération concrÚte de
différents partenaires à des projets communs axés sur la préser-
vation, la commémoration et/ou la réflexion. Cette coopération
contribuera à renforcer la dimension européenne des organisa-
tions participantes et enrichira le dĂ©bat en l’ouvrant Ă  de nou-
velles approches.
Enfin, elle contribuera également à une meilleure visi-
bilitĂ© et une plus grande incidence des projets dans l’ensemble
de l’Europe et multipliera de la sorte les chances d’atteindre les
citoyens europĂ©ens d’aujourd’hui.
Le Devoir de Mémoire pour la Jeunesse d'aujourd'hui
Depuis 6 ans, j'ai raconté à 6000 lycéens au Grand -Duché et en Allemagne mes expériences comme un témoignage de
mes récollections de la Shoah quand j'étais comme jeune garçon interné dans les camps de concentration de Westerbork (Pays-
Bas) et de Bergen-Belsen.
Un article écrit dans un journal n'a uniquement de la valeur le jour de sa parution, une image projetée ne "souffre" pas du
mĂȘme rĂ©sultat tout de suite aprĂšs qu'on l'a vue.
Afin d'apporter la lumiÚre sur les événements de la seconde guerre mondiale ainsi que les leçons que nous devons en tirer,
je propose ces quelques remarques écrites, dans l'espoir que la Shoah ne soit pas considérée comme un accident ou une énigme
du XXÚme siÚcle, mais comme une répétition de l'Histoire.
Car vous, la jeunesse d'aujourd'hui, vous ĂȘtes les dirigeants de demain. Vous pouvez Ă©viter les rĂ©pĂ©titions de la Shoah, lĂ 
oĂč ma gĂ©nĂ©ration, vos parents, vos enseignants et des dirigeants ont Ă©chouĂ©, dans l'espoir que les histoires de haine, de xĂ©nopho-
bie et de racisme NE SE REPETENT PLUS.
Je vous demande, dans l'esprit de la commémoration de ceux qui n'avaient pas la chance de survivre, de réagir à chaque
moment contre ceux qui aujourd'hui ne respectent pas les droits d'autrui.
Aujourd'hui, il n'y a pas plus de morts à Buchenwald, Sobibor, Auschwitz, Struthof, Hinzert, Dachau, Théresienstadt ou
Bergen-Belsen.
Il n'y a plus de cris, ni de tortures, ni du gaz dans les douches, ni de la fumée dans les cheminées des crématoires.
LĂ , oĂč plusieurs millions d'hommes et de femmes sont morts, et parmi eux 1,5 millions d'enfants, nous ne trouvons que
des tombes communes avec des panneaux " Ici reposent 500, 1000 ou 5000 morts".
Pourquoi faut-il commémorer entre autres 6 millions de juifs ? Parce que nous sommes les quelques témoins qui restent et
qu'aujourd'hui les exterminations et persécutions ethniques continuent.

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"#
SiĂšge de la fondation MERCi Ă  SAINT HUBERT

/

Mon histoire est dirigée vers la jeunesse, à vous, les dirigeants de demain.
Mais je ne parle pas que des juifs, car les nazis ont également éliminé et tué : 500 000 tziganes et 1million d'homosexuels,
d'handicapés physiques et mentaux, des communistes, des syndicalistes, des franc-maçons, des politiciens, des témoins de Jého-
vah
..
La mémoire m'est revenue, il y a quelques années, c'était comme une ombre dans ma vie.
L'histoire des nazis, du NSDAP, la 2Ăšme Guerre Mondiale c'est le domaine de vos professeurs d'histoire.
En 1936, mes parents et mon frÚre nous étions obligés de fuir l'Allemagne, car la persécution contre les juifs devenait
chaque jour de plus en plus intolérable.
Les Pays-Bas étaient notre terre d'accueil. Nous étions des juifs sans nationalité et sans papier, simplement parce que mes
parents avaient la responsabilité et le désir de sauver leurs enfants.
Vous connaissez tous l'histoire ou au moins le nom d'Anne FRANK. Son histoire est pour une grande partie la mĂȘme que
la mienne.
Nos pÚres étaient des officiers dans l'armée d'Allemagne pendant la 1Úre Guerre Mondiale. La grande différence entre nous
se trouve en mars 1945, quand Anne est morte à Bergen-Belsen et moi j'ai survécu à l'Holocauste.
Depuis 1936, nous avions vĂ©cu aux Pays-Bas jusqu'en janvier 1943, quand nous Ă©tions arrĂȘtĂ©s par les nazis pour ĂȘtre in-
ternés dans le camp de concentration de Westerbork. A partir de là, 107 000 juifs qui se trouvaient à l'époque en Hollande étaient
déportés par les nazis vers les camps d'extermination. Chaque semaine, 1000 personnes partaient dans les trains vers l'Est.
Seulement 10 000 juifs hollandais étaient encore vivants à la fin de la guerre.
En 1942, les lois "anti-juifs" étaient proclamées. Mais, en plus, les juifs étaient obligés de porter" l'étoile jaune de David"
sur le cƓur, le symbole juif, sur chaque vĂȘtement et Ă  tout moment. Enfants et Adultes. Beaucoup de juifs Ă©taient trahis par des
"GiehlemĂ€nchen", les sympathisants des nazis, mĂȘme parfois pour de l'argent.
Le 31 janvier 1944, nous étions mis dans des wagons d'un train, destination Bergen-Belsen à 60 km au nord de Hanovre.
C'est pendant ce voyage vers l'enfer que les hommes, femmes et enfants ont perdu leur dignité humaine et leur résistance.
Car, pendant ce voyage, tous n'avaient qu'un tonneau pour faire leurs besoins devant tous les autres.
A Bergen-Belsen, les femmes avec les filles et les petits enfants, étaient séparés des hommes et des garçons. Pour ma part,
à l'ùge de 11 ans, je suis resté avec mon pÚre. La vie au camp était bestiale. C'était la survie du plus fort, et chacun pour soi.
Chaque jour, Ă  l'appel, la SS comptait les vivants et les morts, car le total des vivants d'aujourd'hui plus les morts de la
nuit était égal aux vivants de la veille.
Chaque jour il y avait du travail dans le camp : Les Latrines, les cuisines, le crĂ©matoire, sĂ©lectionner les vĂȘtements des
morts, les chaussures de ceux qui n'en avaient plus besoin.
L'hiver 1944-1945 était l'un des plus rudes du XXÚme siÚcle.
D Ăšs qu'un ĂȘtre humain Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ©, il n'avait plus besoin des couvertures, des vĂȘtements ou des chaussures
.
Nous existions dans des baraques investies de puces, de maladies, de la saleté, et nous dormions sur des lits à quatre éta-
ges, sans séparation, des corps contre des corps pour se tenir un peu chaud. C'est comme cela que j'ai découvert que mon pÚre
était froid. Il est mort pendant la nuit.
Tout seul, je me trouve maintenant Ă  l'Ăąge de presque 13 ans dans ce camp oĂč la mortalitĂ© Ă©tait de 600 par jour. Et lors de
la libération le 15 avril 1945, 60 000 personnes étaient encore en vie, mais 40 000 sont morts pendant les prochains trois mois à
cause des maladies. Le camp de Bergen-Belsen a été libéré par les forces anglaises. Avant cela, les nazis avaient l'intention d'éli-
miner les témoins, et le 7 avril 1945 je me trouvais avec environ 2000 prisonniers encore une fois dans un train, destination in-
connue.
AprÚs un voyage qui a duré 6 jours, enfermé dans ce train, nous étions finalement libérés par les américains le 13 avril
1945 prĂšs de Magdebourg.
Le retour juillet/août 1945 vers les Pays-Bas était la fin de mes
souffrances d'autant plus que j'étais à nouveau réuni avec ma mÚre et
mon frĂšre. Cela remonte Ă  plus de 60 ans.
Mais pourquoi raconter cette histoire ? Ne faut-il pas se poser la
question : Qu'avons-nous appris de l'Histoire ? Dans de nombreuses ré-
gions du monde, comme en Europe (en Russie), en Afrique, au Moyen-
Orient, en Amérique du Sud etc
, la xénophobie, le racisme, la persé-
cution et le nettoyage ethnique existent encore, sans que l'Histoire n'ait
eu beaucoup d'influence.
Il existe une convention et une déclaration des Droits de
l'Homme, mais à quoi sert-elle, si chaque jour elle est ignorée ?
Témoignage de M. Gerd KLESTADT
Saint-Hubert le samedi 22 novembre 2008
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