Gare à la Mineuse du marronnier ! Pourquoi surveiller cette espèce ? Depuis quelques années le Marronnier commun (Aesculus hippocastanum) est la victime d’un lépidoptère invasif, la Mineuse du Marronnier, Cameraria ohridella. Ce papillon a été découvert dans les années 1980 en Macédoine, et il s’est depuis développé, jusqu’à atteindre la France en 2000, date de la première observation dans l’est de notre pays. Infestant des millions de marronniers dans presque toute l'Europe occidentale, la chenille © Wikipédia La mineuse du marronnier, de ce papillon provoque un dessèchement Cameraria orhidella prématuré du feuillage en été. Au cours de ces dernières années, ses dégâts ont pu être observés dans beaucoup de régions françaises, faisant naître l’inquiétude du public et des responsables locaux Alors suivez nos conseils de gestion pour éviter la dissémination de cette espèce ! La Mineuse du Marronnier, Cameraria ohridella Morphologie : Le Cameraria ohridella est un petit lépidoptère dont la chenille ravageuse est appelée mineuse ou teigne minière du marronnier. Ce petit papillon mesurant de 3 à 5 mm de long, est de couleur brun ocre. Ses ailes antérieures sont brunes, elles sont ornées de stries argentées, et les ailes postérieures, étroites, sombres, sont longuement frangées. Les antennes sont rayées et aussi longues que les ailes. Biologie : La mineuse du marronnier passe l’hiver dans les feuilles au sol, au stade de chrysalide. Les premiers adultes émergent à partir d’avril, dès que la température dépasse les 12°C durant au moins 48 heures, et sont alors observables sur les troncs de marronniers où ils se retrouvent pour l'accouplement. Référent : [email protected], 01 43 93 69 61 23 septembre 2009 1 Les femelles attirent les mâles à distance en émettant une phéromone (substance chimique, émise par la plupart des animaux et certains végétaux, agissant comme un messager entre les individus d’une même espèce) Peu de temps après la fécondation, les femelles s’envolent vers les parties hautes de l’arbre et pondent un à un plusieurs dizaines d’oeufs minuscules sur la face supérieure des feuilles, à proximité des nervures. Dès l’éclosion, les chenilles commencent leur travail de destruction en pénétrant dans la feuille et forment des petites galeries allongées de 1 à 2 mm pour se nourrir. La chenille est alors très plate, à segments abdominaux mamelonnés et avec une tête triangulaire. Puis le développement larvaire présente deux formes : - un premier stade apode (sans pattes) et adapté à la réalisation de mines dans la feuille de marronnier ; - Un second stade ou le corps de la chenille a une section plus cylindrique, des embryons de pattes apparaissent et elle peut tisser un cocon de soie. wikipédia Chenille de Cameraria ohridella La chenille passe ensuite 15 jours dans sa mine, au cours desquels elle atteindra le stade de nymphe. Sous forme de petit cocon blanc, elle y restera 25 à 30 jours. Puis, la nymphe passe au stade de chrysalide, hiverne dans les feuilles tombées au sol et donnera avec ses semblables une nouvelle génération d’adultes au printemps suivant pour recommencer son cycle biologique. Les dégâts causés par cette chenille : La mineuse du marronnier est une mineuse à l’état larvaire. La chenille s’installe entre les deux épidermes de la feuille et se nourrit du parenchyme (le tissu de remplissage des feuilles). Sa présence est révélée par une tache rousse en forme de point s’allongeant progressivement avec l’âge de la chenille, jusqu’à mesurer entre 25 et 50 mm. La progression peut aller jusqu’à 3 mm par jour. Selon le degré d’infestation, les mines peuvent fusionner et recouvrir toute la surface des feuilles. Dans les cas extrêmes, plusieurs centaines de mines peuvent être observées sur une même feuille. Un phénomène de compétition intraspécifique (au sein d’une même espèce) pour l’espace et la nourriture dans les feuilles apparaît alors : c’est le plus important facteur de mortalité en cours de saison. Référent : [email protected], 01 43 93 69 61 23 septembre 2009 wikipédia Tâche de présence de la chenille de Cameraria orhidella S. AUGUSTIN Feuilles de marronnier infestées de mines 2 L’aspect général du feuillage prend alors une couleur brune, et on observe la chute prématurée des feuilles dès le milieu de l’été. La nuisibilité de cette chenille est avant tout esthétique. Une défoliation de 100 % en plein été limite l’ombre dans les parcs et jardins, et peut provoquer une inquiétude du public. wikipédia Feuillage brun et desséché du marronnier précédent une chute prématurée de ses feuilles Ainsi dépouillés de leurs feuilles, les arbres sont amputés d’une partie des réserves nutritives normalement accumulées durant la période végétative. Cette baisse en réserves nutritives a un impact direct sur les fruits et les graines. Pour les arbres les plus touchés, les marrons peuvent avoir un poids divisé par deux. Cependant la mineuse du marronnier ne semble pas affecter la quantité mais seulement la qualité des fruits et des graines. De plus, l’arbre semble mettre en place un système de compensation en réponse à l’attaque. On a ainsi observé que les surfaces conductrices et les flux de sève sont augmentés pour permettre une meilleure alimentation des feuilles en eau et en nutriments. Les réserves en eau et la photosynthèse (mécanisme producteur de réserves nutritives chez les végétaux) seraient donc suffisantes pour ne pas réduire la croissance de l’arbre. Comment lutter contre la prolifération de cette espèce ? Les moyens de lutte sont : • Le ramassage et la destruction (incinération, éventuellement effectuée par une société spécialisée) des feuilles mortes est la principale mesure freinant efficacement la prolifération de cette espèce, la litière sèche non dégradée constituant le principal foyer de réinfestation des marronniers ; • Des moyens de lutte biologique contre ce ravageur sont à l'étude, via notamment le programme européen Controcam lancé en 2001 ; • La prédation des chenilles par quelques oiseaux : certaines espèces, en particulier la mésange à Paris, semblent s'être localement adaptées à la venue de cet insecte en se nourrissant de certaines de ses chenilles, limitant ainsi leur prolifération. Référent : [email protected], 01 43 93 69 61 23 septembre 2009 3