N° D’ORDRE : 2011PA112008 THESE DE DOCTORAT SPECIALITE : PHYSIQUE Ecole Doctorale « Sciences et Technologies de l’Information des Télécommunications et des Systèmes » Présentée par : Gabriel Charlet Sujet : Etude des formats de modulation et des méthodes de détection pour les transmissions multiplexées en longueur d’onde sur fibre optique au débit de 40Gb/s et 100Gb/s Dirigée par : Jean Michel Jonathan, Institut d’Optique Graduate School Sebastien Bigo, Alcatel Lucent Bell Labs Soutenue le 2 février 2011 à l’Institut d’Optique Graduate School, Palaiseau, devant les membres du jury : Alberto Bononi : Président Université de Parme, Parme, Italie Jean-Claude Simon : Rapporteur Ecole Nationale Supérieure des Sciences appliquées et de Technologie, Lannion Hervé Maillote : Rapporteur Université de Franche Comté, Besançon Yann Frignac : Examinateur Telecom Sud Paris, Evry Sebastien Big : Examinateur Alcatel-Lucent, Bell Labs, Nozay Jean-Michel Jonathan: Directeur de Thèse Institut d’Optique Graduate School, Palaiseau _____________________________________________________________ 1/112 Remerciements Je tiens tout particulièrement à remercier Jean-Pierre Hamaide et Sebastien Bigo, tout d’abord, pour m’avoir offert la possibilité de travailler dans leur équipe. Mais aussi pour leur enthousiasme et leur compétence, ainsi que pour m’avoir soutenu dans mes initiatives. Je souhaite également mettre en avant le fait que l’ensemble du travail expérimental réalisé durant ces années n’a pu être possible qu’avec le soutien particulièrement efficace de Patrice et de Haik. Leur humour et leur bonne humeur aura accompagné toutes les nombreuses évolutions du laboratoire. Patrice a participé à toutes les expériences de transmission depuis 10 ans, a modifié sans se plaindre un nombre incroyable d’amplificateurs optiques et n’a jamais manqué d’inspiration pour les couleurs de ses programmes Labview permettant de piloter l’ensemble du laboratoire. De son coté, Haik a travaillé, de temps en temps fort tard, pour réaliser des équipements d’émissions avec les meilleures performances possibles ! Ce travail sur la détection cohérente a commencé avec Nadia Maaref, lors de son stage de fin d’étude. Son enthousiasme et sa bonne humeur m’ont marqué, j’ai juste regretté qu’elle ne poursuive pas par une thèse… Jeremie a repris le flambeau juste a temps et l’a emmené beaucoup plus loin. 1 mois après son arrivé dans l’équipe, il était co-auteur de la première publication sur la détection cohérente de l’équipe. Deux mois après l’arrivée de Jeremie, Massimiliano m’a impressionné par sa rapidité d’adaptation. Il parlait à peine français que déjà il s’est rendu indispensable et qu’après une semaine, il était co-auteur de sa première publication sur la détection cohérente ! Après Max l’Italien, Oriol le catalan (il ne faut pas dire Espagnol…) nous a rejoint. Et avec lui, toute sa bonne humeur. L’internationalisation s’est ensuite poursuivi avec Clemens l’allemand. Sa rigueur germanique peut paraître un peu étrange de temps en temps, mais on s’y habitue vite ! Le frisbee a aussi eu une part importante pour la cohésion de l’équipe je pense. Surtout quand on gagne d’ailleurs… C’est sans doute pour cela qu’on m’a souvent accusé de faire les équipes pour m’assurer la victoire ! Les victoires ou les défaites au frisbee comme au foot en salle, ont parfois pu créer quelques tensions entre les _____________________________________________________________ 2/112 membres de laboratoire, mais au final, je crois que tout le monde est ravi lorsque le jour du frisbee arrive ! Merci à vous tous pour la bonne ambiance dans laquelle on a pu travailler. Je tiens également à remercier Jean-Michel Jonathan pour l’ensemble de ses conseils, de ses commentaires constructifs et de ses corrections détaillées sur le manuscrit de thèse et pour la soutenance. Je souhaite également remercier ma femme, Shameerah, pour m’avoir pousser à passer ma thèse. _____________________________________________________________ 3/112 1 Introduction ............................................................................... 9 2 Généralités .............................................................................. 11 2.1 Caractéristiques linéaires de la fibre optique ............................... 11 2.1.1 Atténuation de la fibre optique ............................................. 11 2.1.2 Dispersion chromatique ...................................................... 13 2.1.3 Dispersion modale de polarisation .......................................... 15 2.2 Caractéristiques non linéaires de la fibre optique .......................... 16 2.2.1 Automodulation de Phase (SPM pour Self Phase Modulation) ........... 18 2.2.2 La modulation de phase croisée ou XPM (Cross Phase Modulation).... 19 2.2.3 Le mélange à quatre ondes ou FWM (Four Wave Mixing)................ 20 2.2.4 Diffusions Raman et Brillouin stimulées.................................... 21 2.3 Critère de qualité d’une transmission par fibre optique ................... 22 2.3.1 Le taux d’erreur binaire (BER pour Bit Error Rate)....................... 22 2.3.2 Facteur de qualité Q.......................................................... 22 2.4 Rapport signal à bruit optique et effets non linéaires dans les systèmes de transmission optique WDM ............................................................... 24 3 2.4.1 Les systèmes de transmission optique WDM .............................. 24 2.4.2 Rapport signal à bruit optique et taux d’erreur binaire ................. 26 2.4.3 compromis entre rapport signal à bruit et effets non linéaires ........ 29 2.5 Systèmes « terrestres » et « sous-marins »................................... 29 2.6 Modulation du signal optique en intensité et détection directe .......... 30 Technologies mises en œuvre......................................................... 32 3.1 Format de modulation ........................................................... 32 3.2 Réception cohérente associée à un traitement du signal numérique .... 36 3.3 Les premiers pas de la détection cohérente avec traitement du signal rudimentaire : 2006....................................................................... 39 3.3.1 Premier dispositif de détection cohérente ................................ 40 3.3.2 Premiers résultats............................................................. 43 3.3.3 Résultats avec un signal à deux niveaux de phase ....................... 47 3.4 Algorithme de traitement du signal et compensation des effets linéaires de propagation............................................................................. 52 4 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : 56 4.1 La boucle à recirculation : un outil indispensable pour émuler des transmissions optiques sur de très grandes distances................................ 56 _____________________________________________________________ 4/112 4.2 Première expérience de transmission à 40Gb/s avec le format PDM QPSK, comparaison avec la solution plus conventionnelle 40G DPSK...................... 58 4.3 Impact sur la performance du 40G PDM QPSK du multiplexage en polarisation et de la compensation de dispersion en ligne.......................... 60 4.4 Tolérance aux effets non linéaires : détection cohérente contre détection différentielle............................................................................... 63 4.5 Cohabitation des canaux 10G modulés en intensité avec un canal 40G PDM QPSK 64 4.6 Proposition d’un nouveau format de modulation, utilisation de 2 niveaux de phase, et modification des algorithmes de détection............................ 67 4.6.1 Format de modulation en phase et polarisation .......................... 67 4.6.2 Algorithme de détection pour le format PDM BPSK ...................... 69 4.6.3 Utilisation du format PDM BPSK associée à la détection cohérente pour des transmissions très longues distances............................................ 71 5 Transmission au débit de 100Gb/s ................................................... 80 5.1 Impact des effets non linéaires sur les transmissions au débit de 100Gb/s par canal.................................................................................... 80 5.2 Transmission au débit de 100Gb/s sur des distances transocéaniques ... 81 6 Conclusion ............................................................................... 86 7 ANNEX I : modulation format ......................................................... 92 7.1 On off Keying modulation and Direct detection ............................. 92 7.2 Differential Phase Shift Keying (DPSK) ........................................ 94 7.3 Quadrature Phase shift Keying ................................................. 97 8 ANNEX II : Digital signal processing ................................................. 100 9 Papiers acceptés en tant que premier auteur..................................... 107 _____________________________________________________________ 5/112 Liste des acronymes utilisés ADC Analog to Digital Converter : Convertisseur analogique- numérique BER Bit Error Ratio : taux d’erreur binaire BPSK Binary Phase Shift Keying : modulation de phase binaire CFE Carrier Frequency Estimation : estimation de la fréquence de la porteuse CMA Constant Modulus Algorithm : algorithme du module constant CMOS Complementary Metal Oxyde Semiconductor : semiconducteur à oxyde de métal complémentaire CPE Carrier Phase Estimation : estimation de la phase de la porteuse DAC Digital to Analog Converter : convertisseur numérique analogique DPSK Differential Phase Shift Keying : modulation de phase différentielle DQPSK Differential Quadrature Phase Shift Keying : modulation de phase quaternaire différentielle DCF and DCM Dispersion Compensating Fiber (and Dispersion Compensating Module) : fibre à compensation de dispersion (et module à compensation de dispersion) DGD Differential Group Delay : temps de groupe differentiel DSF Dispersion Shifted Fiber : fibre à dispersion décalée DSP Digital Signal Processing (or Processor) : traitement du signal numérique ECOC European Conference on Optical Communication : Conférence européenne sur les communications optiques EDFA Erbium Doped Fiber Amplifier : Amplificateur à fibre dopée Erbium FEC Forward Error Correction : code correcteur d’erreur FFT (and iFFT) Fast Fourier Transform (and inverse FFT) : transformée de Fourier rapide FIR Finite Impulse Response : réponse impulsionnelle finie FWM Four Wave Mixing : mélange à quatre ondes _____________________________________________________________ 6/112 IMDD Intensity Modulation Direct Detection : modulation d’intensité et détection directe ITU International Telecommunication Union : Union internationale des télécommunications LEAF Large Effective Area Fiber : fibre à large surface effective (en fait, un type de fibre NZDSF) LO Local Oscillator : oscillateur local MLSE Maximum Likelihood Sequence Estimation : Estimation de séquences à maximum de vraisemblance NF Noise Figure : figure de bruit NRZ Non Return to Zero : non retour à zero NZDSF Non Zero Dispersion Shifted Fiber : fibre à dispersion décalée non nulle OFC Optical Fiber Conference : conférence sur les fibres optiques OFDM Orthogonal Frequency Division Multiplexing : multiplexage en fréquences orthogonales OPMDC Optical PMD Compensator : compensateur optique de PMD OOK On Off Keying : modulation allumé éteint OSNR Optical Signal to Noise Ratio : rapport signal à bruit optique PDM Polarization Division Multiplexing : multiplexage en polarisation PMD Polarization Mode Dispersion : dispersion modale de polarisation PBC (PBS) Polarization Beam Combiner (Polarization Beam Splitter) : combineur de polarisation PSBT Phase Shaped Binary Transmission : transmission binaire à profil de phase PSCF Pure Silica Core Fiber : fibre à coeur de silice PSK Phase Shift Keying : modulation de phase QAM Quadrature Amplitude Modulation : modulation d’amplitude en quadrature QPSK Quadrature Phase Shift Keying : modulation de phase en quadrature ROADM Reconfigurable Optical Add and Drop Multiplexer : multiplexeur à insertion extraction optique reconfigurable RX Receiver : récepteur RZ Return to Zero : retour à zero _____________________________________________________________ 7/112 SPM Self Phase Modulation : automodulation de phase SSMF Standard Single Mode Fiber : fibre optique monomode standard TDM Time Division Multiplexing : multiplexage temporel TX Transmitter : transmetteur XPM Cross Phase Modulation : modulation de phase croisée WDM Wavelength Division Multiplexing : multiplexage en longueur d’onde _____________________________________________________________ 8/112 Introduction 1 Introduction Plusieurs révolutions importantes ont marqué ces 20 dernières années dans le domaine des transmissions optiques. La première a été l’amplification optique. Jusqu’à la fin des années 1980, les signaux transmis par fibre optique étaient modulés en dessous du Gigabit par seconde, se propageaient sur des distances de l’ordre de 100km avant d’être détectés par une photodiode, puis régénérés électroniquement, et éventuellement réémis par un laser. La première génération de détections cohérentes, fonctionnant en laboratoire à des débits maxima de quelques Gigabits par seconde, cherchait à amplifier de tels signaux optiques affaiblis après propagation par un battement cohérent avec un oscillateur local beaucoup plus fort [1]. Aux début des années 1990, l’apparition et le développement des amplificateurs à fibres dopées Erbium (EDFA pour Erbium Doped Fiber Amplifier) a permis d’augmenter de façon considérable la portée des systèmes de transmission en réamplifiant régulièrement le signal optique [2]. La régénération électronique n’était plus nécessaire pour couvrir des distances de plusieurs milliers de kilomètres. La deuxième révolution majeure a été l’utilisation du multiplexage en longueur d’onde (WDM pour Wavelength Division Multiplexing). Le débit d’information est ainsi augmenté de façon très importante puisque plus de 100 longueurs d’onde peuvent être transmises sur une même fibre optique monomode dans des systèmes commercialement déployés. L’association de ces deux techniques est à l’origine du développement très rapide des systèmes de transmission optique à partir du milieu des années 1990. Au début des années 2000, les systèmes déployés pouvaient ainsi transporter une centaine de longueurs d’onde, chacune modulée au débit de 10Gb/s et cela sur des milliers de kilomètres. L’objectif de ce manuscrit est de présenter ma contribution à la mise en place de technologies permettant de faire passer le débit par canal de 10Gb/s à 40Gb/s voire 100Gb/s. Il s’agit d’augmenter le débit total de transmission de l’information transmise au travers d’une fibre, en conservant la distance de transmission avant régénération. Les distances visées vont d’environ 1000km pour les systèmes de transmission « terrestres » permettant de connecter différentes villes d’un même _____________________________________________________________ 9/112 Introduction continent, à plus de 10000km pour les plus longs systèmes « sous-marins » permettant de relier des continents. L’utilisation de la détection cohérente associée à un traitement numérique du signal [3][4] et à des formats de modulation adaptés est au cœur de cette thèse. L’identification de solutions tolérantes à la propagation sur de grandes distances, et la compréhension de l’impact des interactions non linéaires sur le signal optique en sont des contributions majeures. En effet de telles interactions dégradent la qualité du signal et limitent la distance maximale de propagation. Dans la partie 2, je vais introduire les généralités permettant d’aborder les parties suivantes. Notamment les caractéristiques des fibres optiques, les critères de qualité d’une transmission ainsi que les compromis entre rapport signal à bruit et effets non linéaires. Dans la partie 3, je présenterai les technologies mises en œuvre dans la thèse, notamment concernant les formats de modulation et la détection cohérente, ainsi que les algorithmes de traitement de signal. Dans la partie 4, les limitations dues aux effets non linéaires seront présentées, notamment au débit de 40Gb/s. L’impact de différentes techniques seront évaluées pour améliorer la performance et un format de modulation particulièrement intéressant sera introduit. Dans la partie 5, les transmissions au débit de 100Gb/s seront étudiées, et plus particulièrement les techniques ayant permis d’augmenter les distances de propagation pour atteindre des distances transocéaniques. _____________________________________________________________ 10/112 Généralités 2 Généralités Dans cette première partie, nous introduisons les notions nécessaires à la bonne compréhension des résultats présentés. Nous aborderons tout d’abord les effets linéaires (atténuation, dispersion chromatique, « cross-talk » ou diaphotie, et PMD) puis les effets non-linéaires (notamment de type Kerr) qui limitent les performances d’une transmission par fibres optiques. 2.1 Caractéristiques linéaires de la fibre optique 2.1.1 Atténuation de la fibre optique Lors de la propagation dans une fibre optique, les ondes lumineuses subissent des pertes dues essentiellement à l’absorption liée à la présence d’impuretés et à la diffusion Rayleigh. Elles varient en fonction de la longueur d’onde du signal lumineux propagé. Au début des années 1960, l’atténuation du verre restait supérieure à 1000dB/km et le verre ne pouvait être considéré comme un bon milieu de transmission de l’information. En 1965, Charles Kao a montré que l’atténuation théorique d’une fibre optique pourrait être inférieure à 20dB/km, valeur suffisante pour permettre son utilisation à la transmission des données [5]. Grâce aux progrès technologiques intervenus dans les années 1970, et notamment à ceux permettant d’obtenir des verres très purs, l’atténuation des fibres optiques est passée sous la barre des 0.20dB/km avec un minimum autour de la longueur d’onde λ=1550nm. A cette longueur d’onde, la diffusion Rayleigh est la principale contribution. L’atténuation la plus faible a été obtenue avec des fibres à cœur de silice pure (PSCF pour pure silica core fiber). Elle est voisine de 0.165dB/km pour les fibres commerciales et le record publié est de 0.148dB/km [6]. _____________________________________________________________ 11/112 Généralités Pertes linéiques α (dB/km) 10.0 5.0 4.0 3.0 Pics d’absorption OH absorption OH peaks 2.0 Courbe d’absorption totale 0.95µm 0.95 m 1.0 1.39µm 1.39 m 0.5 0.4 Impurity Impuretés metal absorption Total absorption 1.24µm 1.24 m Absorption silice l’infrarouge 0.3 0.2 0.1 de la Infrared absorption dans of silica Rayleigh Diffusion scattering Rayleigh 0.8 0.8 1.0 1.0 1.2 1.2 1.4 1.4 1.6 1.6 1.8 1.8 Longueur d’onde (µ µ m) figure 1 Pertes linéiques (dB/km) en fonction de la longueur d’onde pour une fibre standard (SMF) Au cours de la propagation, la puissance P(z) du signal optique décroît exponentiellement avec la distance (équation 2-1). P0 est la puissance à l’entrée de la fibre, αkm−1 le coefficient d’atténuation en km-1 et z la distance en km. P( z ) = P0 ⋅ exp(− α km −1 z ) 2-1 Il est commode d’exprimer α en dB/km. αdB/km est alors relié au coefficient d’atténuation αkm−1 par l’équation 2-2. α km = α dB / km . −1 ln(10) ≈ 0,23 α dB / km 10 Une atténuation de 0.20dB/km (valeur typique autour de 1550nm) signifie que pour une propagation sur 100km, l’atténuation atteint 20dB : l’intensité du signal optique est divisée par 100. _____________________________________________________________ 12/112 2-2 Généralités C’est le développement, au début des années 1990, des amplificateurs optiques EDFAs qui a permis de s’affranchir de la limitation intrinsèque de portée liée à cette atténuation. 2.1.2 Dispersion chromatique Une impulsion lumineuse brève a nécessairement une largeur spectrale finie. La dispersion chromatique (ou dispersion) résulte de la variation de l’indice effectif de réfraction en fonction de la longueur d’onde [7], sur l’étendue de ce spectre. La variation de la constante de propagation β (ω) peut être décrite par son développement de Taylor au voisinage de la fréquence centrale ω0 : β (ω ) = n(ω ) ω 1 1 = β 0 + β 1 (ω − ω 0 ) + .β 2 (ω − ω 0 ) 2 + .β 3 (ω − ω 0 ) 3 + ... c 2 6 2-3 n(ω) est l’indice de réfraction, c la célérité de la lumière dans le vide. On note : ∂i β i ∂ω β i (ω ) = ω =ω 0 Le terme β 1 est donc l’inverse de la vitesse de groupe dans la fibre. Le terme suivant, β 2, la dispersion de vitesse de groupe exprimée en s².m-1. Il est responsable de l’élargissement des impulsions. En pratique, le paramètre généralement utilisé est la dispersion chromatique D définie par : ω 2.π .c ∂β D = 1 = − 2 β2 = − 0 β2 2.π .c λ0 ∂λ λ =λ0 2 La dispersion chromatique D, exprimée usuellement en ps/nm/km représente le retard temporel accumulé après une propagation sur 1km de fibre, entre deux composantes monochromatiques de l’impulsion, séparées de 1nm en longueur d’onde. Les différentes composantes spectrales d’un signal modulé ne voient pas le même indice de réfraction et sont donc retardées les unes par rapport aux autres au fur _____________________________________________________________ 13/112 2-4 Généralités et à mesure de la propagation. Cela entraîne un élargissement (voir figure 2 a) ou, dans certains cas très spécifiques, une compression temporelle des impulsions. Pour la fibre monomode standard SSMF (standard single mode fiber), la dispersion chromatique a une valeur typique à 1550nm de 17ps/nm/km figure 2 Impact de la dispersion chromatique sur un signal modulé : (a) représentation dans le domaine spectral ; (b) représentation temporelle d’un signal « télécom ») La dispersion chromatique, à cause de la distorsion rendant plus difficile la distinction entre un « 0 » et un « 1 » qu’elle induit sur les signaux modulés (figure 2 b), a été au début des années 1990, une des principales limitations à l’augmentation de la distance de transmission. Le problème a d’abord été résolu par une ingénierie de la dispersion de la fibre. Par exemple, la fibre DSF (dispersion shifted fiber) a une dispersion nulle autour de 1550nm. Cependant, elle se révèlera rapidement inadaptée aux transmissions WDM à cause des effets non linéaires. Finalement, la solution a été de développer des fibres à dispersion négative (DCF pour dispersion compensating fiber), utilisées en association avec la fibre standard, pour en compenser la dispersion positive. Les fibres à dispersion négative ont cependant des propriétés optiques, notamment d’atténuation et d’aire effective (voir 2.2) dégradées par rapport aux fibres à dispersion positive. Cependant, nous montrerons que la détection cohérente associée à un traitement du signal numérique permet de compenser la dispersion chromatique accumulée lors de la propagation. Les futures générations de systèmes n’utiliseront donc très probablement que des fibres à dispersion non nulle et positive. _____________________________________________________________ 14/112 Généralités 2.1.3 Dispersion modale de polarisation Dans une fibre optique isotrope, la vitesse de propagation est indépendante de la polarisation de l’onde lumineuse. Cependant, les imperfections de la fibre (courbures ou contraintes sur la fibre, « ovalité » de la fibre…), introduisent une légère biréfringence : la vitesse de propagation est différente pour des modes de propagation polarisés selon les deux axes propres du milieu [8]. y z y y t DGD (ps) x zL à zL t x z0 x à z0 figure 3 Illustration de la différence du temps d’arrivée en fin de fibre (ou DGD) d’une impulsion polarisée linéairement à 45° des axes principaux de polarisation. Un détecteur insensible à la polarisation, fait apparaître un élargissement de l’impulsion initiale voire une séparation en deux impulsions. Ce phénomène est représenté figure 3. Le délai entre les temps extrêmes est appelé DGD pour « Differential group delay ». Une fibre de transmission peut être vue comme la concaténation de tronçons de fibres biréfringentes infinitésimales dont l’orientation des axes lents et rapides est distribué aléatoirement. Le DGD cumulé de la fibre va croitre comme la racine carrée de la distance et suivre une distribution statistique, de loi Maxwellienne si on se limite au 1er ordre. Il existe donc toujours une probabilité non nulle d’avoir un DGD important et cet effet peut être très pénalisant. On définit la PMD (Polarisation Mode Dispersion) comme la valeur moyenne de ce DGD. Elle s’accumule, contrairement à la dispersion chromatique, comme la racine carrée de la distance parcourue [8]. Une valeur typique dans une fibre récente de bonne qualité est de 0.04ps/km1/2 alors qu’au début des années 1990, des fibres avec des PMD supérieures à 1ps/km1/2 ont été déployées. L’état de polarisation d’un signal optique après transmission dans des centaines de kilomètres de fibre optique peut varier à des fréquences de l’ordre du KHz [13]. _____________________________________________________________ 15/112 Généralités Cela donne une indication sur la bande passante minimum que doit avoir une solution compensant la PMD de la liaison. La PMD est une limitation majeure dans l’évolution des systèmes de communications vers des débits de 40Gb/s et au delà. Nous verrons que la détection cohérente associée au traitement numérique du signal apporte une excellente solution à ce problème resté pendant plus de 10 ans sans solution satisfaisante. 2.2 Caractéristiques non linéaires de la fibre optique Les principaux effets non-linéaires dégradant les signaux numériques pour les transmissions sur fibres optiques trouvent leur origine dans l’effet Kerr, effet nonlinéaire d’ordre 3. Ils apparaissent lorsque la puissance du signal propagé devient forte. La lumière est essentiellement confinée dans le cœur de la fibre optique. Un paramètre important décrivant ce confinement est l’aire effective Aeff. Elle est définie par l’équation 2-5 où F(x,y) représente la distribution de champ dans le mode fondamental de la fibre. Aeff (∫∫ F ( x, y) = 2 ∫∫ F ( x, y ) ) 2 dxdy 4 dxdy L’aire effective Aeff est de l’ordre de 50 à 80 µm² pour la plupart des fibres optiques déployées. Des puissances considérées comme modérées en espace libre, peuvent ne pas l’être en optique guidée. Par exemple une puissance P de 1mW, soit 0dBm, à l’entrée de chaque tronçon correspond à une densité de puissance de 2 .103 W.cm-2 et peut, en modifiant l’indice de réfraction sur des centaines voire de milliers de kilomètres de propagation, engendrer des distorsions très importantes [7]. Dans les fibres optiques, on quantifie généralement les effets non-linéaires dérivant de l’effet Kerr, par la variation de l’indice effectif de réfraction, exprimé sous la forme : _____________________________________________________________ 16/112 2-5 Généralités n = n0 + n2 .I = n0 + n2 P Aeff 2-6 P : puissance de l’onde en Watt Aeff : aire efficace occupée par le champ électrique dans la fibre, exprimée en m² n 0 : indice de réfraction linéaire effectif n 2 : indice de réfraction non-linéaire en m²/W Cette expression traduit le fait qu’une onde modifie elle-même les caractéristiques de son milieu de propagation. On peut détailler les différents effets qui en découlent au cours d’une transmission optique. La table 1 donne les valeurs des coefficients n2 et des aires effectives de différentes fibres. Ainsi la fibre DCF à dispersion négative a une aire effective très petite et génère donc plus de distorsions non linéaires. Type de Fibre n2 [10-20m2/Watt] Aeff [10-12m2] Single Mode Fiber (SMF) 2.6 80 Teralight 2.7 65 Large Effective Area Fiber (LEAF) 2.7 72 Dispersion Compensation Fiber (DCF) 3 20 Table. 1 VALEUR TYPIQUE D’INDICE NON LINEAIRE ET D’AIRE EFFECTIVE POUR DES FIBRES CLASSIQUES. Le coefficient non linéaire γ permet de prendre en compte les deux paramètres n2 and Aeff , ainsi que la pulsation optique dans l’équation de propagation : γ = n 2ω 0 cAeff L’équation de propagation non linéaire (NLSE pour Non linear Schrödinger equation) ([7] p50) s’écrit alors. _____________________________________________________________ 17/112 2-7 Généralités i ∂A i ∂3 A β ∂2 A i 2 + α .A − 2 − β +γ A A = 0 3 2 3 ∂z 2 2 ∂T 6 ∂T 2-8 A y représente l’enveloppe du signal optique et le changement de variable T=t-β 1z nous place dans un repère mobile. Le terme i α . A décrit l’atténuation due à la fibre. 2 β2 ∂2 A i ∂3 A Le terme décrit l’impact de la dispersion chromatique et de sa − β3 2 ∂T 2 6 ∂T 3 pente. Les effets non linéaires du 3ème ordre sont décrits par le terme γ A A . 2 Lorsque 2 signaux, de pulsation ω1 et ω2, se propagent, la composante de polarisation non linéaire du troisième ordre induite, est donnée par ([7], p261): ( 3) PNL ( 3) (3) PNL (ω1 + ω1 − ω1 ).e − iω1t + PNL (ω 2 + ω 2 − ω 2 ).e − iω 2t − iω1t − i .ω 2 t ( 3) (3) + PNL (ω 2 + ω1 − ω1 ).e 1 + PNL (ω1 + ω 2 − ω 2 ).e = − i ( 2 ω − ω ) t − i ( 2 ω − ω ) t ( 3 ) ( 3 ) 1 2 2 1 2 + PNL (ω1 + ω1 − ω 2 ).e + PNL (ω 2 + ω 2 − ω1 ).e + c.c. 2-9 Les manifestations principales des effets Kerr apparaissent ici. Elles influencent la performance des transmissions optiques. Ce sont l’automodulation de phase, la modulation de phase croisée et le mélange à quatre ondes. 2.2.1 Automodulation de Phase (SPM pour Self Phase Modulation) Les deux premiers termes de l’équation 2-9 correspondent à la SPM : (3) PNL (ω i = ω i + ω i − ω i ) e iβ i z = 3 2 ε 0 χ ( 3) Ai Ai e i ( 2 β i − β i ) z 4 Le champ électrique à la pulsation ωi, et modulé autour de cette fréquence, modifie l’indice de réfraction du milieu qu’il traverse et donc sa propre phase. χ(3) représente la susceptibilité d’ordre 3 de la fibre et ε0 la permittivité du vide. On parle d’automodulation de phase ou SPM. La condition d’accord de phase est _____________________________________________________________ 18/112 2-10 Généralités toujours vérifiée entre la polarisation non linéaire et les ondes qui l’induisent. Le phénomène est donc résonant. La figure 4 illustre les effets de la SPM sur une impulsion : Profild’intensité d’intensité Profil de l’impulsion Phase instantanée Phase instantanée induite par induite parSPM la SPM Intensité Intensité Décalage enen fréquence Décalage fréquence Retard deen phase Retard phase Décalage de de Décalage fréquence fréquence Temps Temps Temps Temps figure 4 Temps Temps : Décalage en fréquence induit par SPM d’une impulsion La SPM génère une fluctuation de phase de l’impulsion mais aucun changement de son intensité. C’est la dispersion chromatique de la fibre qui transformera cette fluctuation de phase en fluctuation d’intensité. Nous verrons que la SPM devient une des limitations principales dans les générations prochaines de systèmes où la dispersion chromatique de la fibre n’est pas compensée optiquement dans la ligne de transmission mais au niveau du récepteur par une détection cohérente. 2.2.2 La modulation de phase croisée ou XPM (Cross Phase Modulation) Les deux termes suivants de l’équation 2-9 correspondent à la polarisation non linéaire : (3) PNL (ω i = ω i + ω j − ω j ) e iβ i z = 2 3 i(β +β −β ) z ε 0 χ ( 3) A j Ai e i j j 2 Ils conduisent à la modulation de phase d’un signal par l’autre signal. On parle alors de modulation de phase croisée (XPM). La condition d’accord de phase est, là aussi, toujours vérifiée entre la polarisation non linéaire et les ondes qui l’induisent. Le phénomène est similaire à la SPM. La variation de modulation de phase du signal d’un canal étudié est causée par le profil de puissance d’une impulsion d’un canal voisin. _____________________________________________________________ 19/112 2-11 Généralités La XPM est souvent le principal effet non linéaire limitant la qualité des transmissions WDM, notamment lorsque la propagation s’effectue avec des fibres de type NZDSF (ayant une faible dispersion chromatique). La XPM est particulièrement pénalisante lorsque l’on cherche à transmettre des signaux modulés en phase puisqu’elle peut entraîner directement des erreurs sur cette phase. La XPM peut également changer l’état de polarisation instantanée d’un canal en créant une biréfringence [10]. En effet la XPM crée une modulation de phase 3 fois plus forte dans la direction de polarisation du signal pompe, que dans la direction perpendiculaire. C’est un effet limitant dans le cas des signaux multiplexés en polarisation étudiés plus loin dans ce manuscrit [11][12]. 2.2.3 Le mélange à quatre ondes ou FWM (Four Wave Mixing) Les deux derniers termes de l’équation 2-9 introduisent des polarisations non linéaires du troisième ordre : (3) PNL (ω l = ω i + ω j − ω k ) e iβ l z = 3 i( β + β −β ) z ε 0 χ ( 3) Ai A j Ak* e i j k 4 C’est un mélange à quatre ondes résultant de la superposition non-linéaire de trois ondes continues de fréquences porteuses ωi, ωj et ωk entraînant l’émission d’une quatrième onde centrée sur la fréquence ωl= ωi + ωj - ωk. Les nouvelles fréquences générées par FWM sont appelées produits d’intermodulations (voir Puissance (dBm) Figure 5). Entrée de fibre Sortie de fibre Produits d’intermodulation par FWM -10 -20 -30 -40 1541 1549 1541 1549 Longueur d’onde (nm) figure 5 : génération de nouvelles longueur d’ondes par mélange à quatre ondes On remarque que la condition d’accord de phase n’est pas nécessairement réalisée entre la polarisation non linéaire et les ondes qui l’induisent. L’efficacité du mélange à quatre ondes est donc maximisée quand : _____________________________________________________________ 20/112 2-12 Généralités ∆β = β i + β j − β k − β l = 0 Dans le cas de systèmes WDM où les canaux sont équidistants en fréquence les uns des autres, les produits d’intermodulation génèrent des fréquences déjà existantes et donc une fluctuation d’amplitude de certains bits en fin de transmission [7]. L’effet du mélange à 4 ondes est très pénalisant sur les fibres à faible dispersion chromatique telles que la DSF (Dispersion Shifted Fiber) dont la dispersion locale proche de 0ps/nm/km à 1550nm, favorise l’accord de phase. Sur des fibres à plus fortes dispersions comme la SSMF (standard single mode fiber), où l’accord de phase est loin d’être vérifié, le mélange à 4 ondes n’est plus un effet dominant. 2.2.4 Diffusions Raman et Brillouin stimulées Deux autres effets non linéaires, les diffusions Raman et Brillouin stimulées, peuvent dans certains cas limiter la performance des systèmes de communication. Ces phénomènes résultent de l’interaction d’un photon avec un phonon optique pour la diffusion Raman (f~10THz) ou avec un phonon acoustique pour la diffusion Brillouin (f~10GHz). La bande de gain de la diffusion Raman est de plusieurs TeraHertz alors que celle de la diffusion Brillouin n’est que de quelques MegaHertz. La diffusion Raman stimulée peut être utilisée pour l’amplification de signaux optiques. Une amplification distribuée autour de 1550nm est obtenue en injectant dans la fibre optique une pompe optique puissante à une longueur d’onde proche de 1450nm. L’intérêt de ce type d’amplification est double : le bruit optique engendré par amplification est relativement faible du fait du gain distribué, et la bande de gain optique peut être très large et dépasser 70nm en utilisant plusieurs longueurs d’onde de pompe. Cependant, des puissances de pompe importantes, autour d’un Watt sont nécessaires pour obtenir des gains de l’ordre de 20dB. Comme nous le verrons on utilise souvent l’amplification Raman avec des gains modestes, environ 10dB, en association avec les EDFAs dont elle permet alors d’améliorer les caractéristiques de bruit. La diffusion Brillouin, limite la puissance des signaux modulés en intensité que l’on peut injecter dans la fibre optique. Cette limitation disparaît en fait pour les signaux modulés en phase que nous allons étudier. En effet, la porteuse optique, qui concentre la moitié de l’énergie d’un signal modulé en intensité dans une _____________________________________________________________ 21/112 2-13 Généralités bande de quelques MégaHertz (correspondant à la largeur de gain de la diffusion Brillouin) disparaît dans le cas d’un signal modulé en phase. 2.3 Critère de qualité d’une transmission par fibre optique 2.3.1 Le taux d’erreur binaire (BER pour Bit Error Rate) La qualité d’une transmission numérique est, en principe, simple à évaluer : il s’agit de comparer la séquence binaire détectée à celle envoyée et de compter le nombre d’erreurs. Le taux d’erreur binaire est alors défini comme le rapport du nombre d’erreurs sur le nombre de bits envoyés : BER = Nb erreurs Nb bits transmis 2-14 Un bon système de télécommunication requiert moins d’une erreur tous les 1015 bits. Les codes correcteurs d’erreurs (FEC pour Forward Error Correction) facilitent en fait de façon considérable, l’obtention de telles performances. Basés sur une redondance des données, ils ajoutent un « surdébit » typique de 7%. C’est ainsi qu’un système à 40Gbit/s transmet un signal à 43Gbit/s. Ces codes correcteurs d’erreurs se sont généralisés dans les transmission optiques il y a une dizaine d’année, notamment lors de la transition des systèmes WDM fonctionnant au débit de 2.5Gb/s vers le débit de 10Gb/s par canal. Les taux d’erreurs les plus élevés acceptables avant le décodage sont actuellement de l’ordre de 4.10-3 (pour obtenir 10-15 ensuite). 2.3.2 Facteur de qualité Q On définit, à partir du taux d’erreur binaire, un facteur Q : BER = Avec erfc(x) = 2 π Q 1 erfc( ) 2 2 +∞ ∫e − y² dy x _____________________________________________________________ 22/112 2-15 Généralités Le facteur de qualité Q² exprimé en décibel est alors donné par : Q 2 dB = 20 ⋅ log Q 2-16 L’intérêt de ce facteur de qualité en décibel est de varier de la même manière que le rapport signal à bruit, en régime de propagation linéaire et en faisant abstraction des imperfections au niveau des équipements d’émission et de détection. Pour la plupart des formats de modulation et des techniques de détection, lorsque le rapport signal à bruit se dégrade de 1dB, le facteur de qualité Q²(dB) se dégrade lui aussi de 1dB. Pour faciliter la présentation des mesures, il est courant de mesurer un BER et de le convertir ensuite en facteur Q². Le tableau ci dessous donne la conversion approximative entre des taux d’erreur et des facteurs Q²(dB). Un facteur Q² de 8.5dB correspond à la limite des codes correcteurs d’erreurs modernes. Taux d’erreur Binaire Q² (dB) 10-5 ~ 12.5 10-4 ~ 11.5 10-3 ~ 9.8 4 10-3 ~ 8.5dB Table. 2 TABLEAU DE CONVERSION TAUX D’ERREUR BINAIRE ET FACTEUR Q² Il est par ailleurs nécessaire de réserver des marges pour assurer le bon fonctionnement d’un système et prendre en compte ses fluctuations de performance, son vieillissement ou l’augmentation de la perte de chaque tronçon de fibre due à l’augmentation de l’atténuation de la fibre avec le temps ou à des réparations consécutives à des coupures de fibres. Des marges de 3dB sont typiques. On cherche donc finalement à obtenir un facteur Q² de 11.5dB lors de la mise en place du système, c’est à dire un taux d’erreur avant code correcteur d’environ 1 10-4. _____________________________________________________________ 23/112 Généralités 2.4 Rapport signal à bruit optique et effets non linéaires dans les systèmes de transmission optique WDM 2.4.1 Les systèmes de transmission optique WDM Dans un système de transmission optique WDM (Figure 6), plusieurs canaux, chacun à une longueur d’onde particulière sont, au niveau du transmetteur WDM, combinés optiquement dans une seule fibre optique, par un coupleur optique ou par un multiplexeur (composant ayant une fonction de filtrage en longueur d’onde permettant de réduire les pertes du combineur). figure 6 Schéma d’un système de transmission optique multiplexé en longueur d’onde Au niveau du récepteur WDM, un démultiplexeur est utilisé pour envoyer un unique signal (c’est à dire une seule longueur d’onde) vers chaque récepteur. Les longueurs d’onde des différents signaux sont alignées sur une grille de fréquence, avec généralement un espacement de 50GHz ou 100GHz (environ 0,4nm ou 0,8nm autour de 1550nm). _____________________________________________________________ 24/112 Généralités figure 7 Schéma d’une ligne de transmission optique comprenant plusieurs amplificateurs optiques et des modules de compensation de dispersion. Le long de la ligne de transmission (figure 7), des amplificateurs optiques sont répartis régulièrement. Ils incluent généralement des modules de compensation de la dispersion chromatique (DCM). Ils compensent la dispersion chromatique linéaire et minimisent l’impact des effets non linéaires si l’on optimise la répartition des modules de DCM le long de la ligne de transmission [9]. Cela s’avère particulièrement efficace pour les canaux modulés en intensité à 10Gb/s. figure 8 Schéma d’un réseau de communication par fibre optique utilisant des « nœuds » optiques permettant d’ajouter ou d’extraire des longueurs d’onde _____________________________________________________________ 25/112 Généralités Depuis quelques années, les systèmes de transmission optiques ne sont plus uniquement des systèmes dit « point à point ». Ils forment de véritables réseaux où des aiguillages appelés ROADM (Reconfigurable Optical Add and Drop Multiplexer) ou OXC (Optical Cross Connect) permettent de diriger un signal à une longueur d’onde donnée vers un parmi plusieurs nœuds. Sur l’exemple de la figure 8, la longueur d’onde λ1 est insérée au nœud A puis extraite au nœud B tandis que la longueur d’onde λ2 est insérée au nœud A, puis dirigée par le nœud B vers le nœud C où elle est détectée. L’apparition de ces nœuds dans le réseau pose de nouveaux problèmes car chacun peut être vu comme une fonction de filtrage optique sur le trajet du signal optique. 2.4.2 Rapport signal à bruit optique et taux d’erreur binaire L’atténuation de la fibre optique, voisine de 0.20dB/km, rend nécessaire l’amplification optique à intervalles réguliers. Les amplificateurs sont typiquement distants de 45 à 120km. L’amplification optique introduit cependant un bruit d’émission spontanée (ASE pour Amplified Spontaneous Emission). La quantité de bruit engendrée par chaque amplificateur optique est définie par son facteur de bruit (NF pour Noise Figure) et par son gain. Si, au cours de la transmission, la puissance du signal optique peut être maintenue par une succession d’amplificateurs, le niveau de bruit optique augmente nécessairement. Le rapport signal à bruit optique (OSNR en anglais), généralement exprimé en dB et défini dans une bande de bruit de 0.1nm est un paramètre essentiel dans la conception d’un système optique. On souhaite séparer les dégradations dues à différents effets de propagation (dispersion chromatique, PMD, effets de filtrages optiques, effets non linéaires), de celles liées à l’impact du rapport signal à bruit. Pour cela, on étudie tout d’abord l’émetteur et le récepteur, sans ligne de transmission, c’est à dire en les mettant « dos à dos » (back to back en anglais). En dégradant uniquement le rapport signal à bruit, on étudie ensuite l’évolution du taux d’erreur binaire en fonction de l’OSNR. On obtient ainsi une courbe de sensibilité à l’OSNR où le taux d’erreur mesuré (ou Q² factor) est lié au rapport signal à bruit optique. Cette courbe de référence est ensuite utilisée pour estimer l’impact des autres dégradations apportées par la transmission sur fibre optique. _____________________________________________________________ 26/112 Généralités Lorsqu’il faut 1dB d’OSNR de plus après transmission pour obtenir le même taux d’erreur que dans une transmission « dos à dos », on parle de « pénalité en OSNR » de 1dB (voir figure 9). figure 9 Courbe de sensibilité en « back to back » et pénalité de transmission La figure 10 en est l’illustration dans des cas réels. Elle présente des résultats de mesure sur un signal à 40Gb/s avec différentes solutions de modulation et de détection. Ainsi, un rapport signal à bruit optique de 14.3dB permet d’obtenir un facteur Q² de 12.5dB avec la solution « coherent PDM QPSK » qui sera décrite par la suite. Pour atteindre le même facteur de qualité, les solutions « DPSK » et « RZ- Q²-factor (dB) DQPSK » nécessitent un rapport signal à bruit supérieur. DPSK 13.5 12.5 Coherent PDM QPSK 11.5 RZ-DQPSK 10.5 9.5 10 11 12 13 14 15 OSNR (dB/0.1nm) 16 17 figure 10 Exemple de courbe de sensibilité en « «back to back », à 40Gb/s pour différents formats de modulation Moyennant un certain nombre d’hypothèses : o une puissance par canal identique à l’entrée de chaque tronçon de fibre, _____________________________________________________________ 27/112 Généralités o des pertes identiques pour chaque tronçon séparant 2 amplificateurs (« span loss »), o un facteur de bruit identique pour chaque EDFA, o Le rapport signal à bruit en fin de liaison peut être estimé par : OSNR Bref (dB) = −10log(hνΒ ref ) + Pin, ampli (dBm) − NF (dB) − 10log(N) où : o Pin, ampli : est la puissance d’entrée dans les amplificateurs o NF : est le facteur de bruit d’un amplificateur o N : est le nombre de tronçons o B ref : est la largeur de bande (généralement 0.1nm, soit ~12.5GHz) o hν : est l’énergie du photon Ainsi, o Autour de 1550nm : 10log(hνΒ ref ) ~ −58dBm , o Pour une puissance par canal de 0dBm injectée dans chaque tronçon de fibre, o Pour une atténuation de 25dB par tronçon, o Pour des EDFA ayant un facteur de bruit de 6dB, o Pour 20 amplificateurs, on obtient : OSNR(dB/0.1nm) ~ 58 + (0 – 25) – 6 - 13 ~ 14dB/0.1nm Lorsque le débit de transmission augmente d’un facteur 4, le rapport signal à bruit nécessaire pour conserver le même taux d’erreur en « back to back » augmente lui aussi d’un facteur 4, c’est à dire de 6dB. Cela signifie que si un OSNR de 10dB/0.1nm est requis pour obtenir un facteur Q² de 12.5dB à 10Gb/s, un OSNR de 16dB/0.1nm sera nécessaire à 40Gb/s pour obtenir le même facteur de qualité avec la même méthode de modulation et de détection. Nous verrons cependant que certaines méthodes améliorent la sensibilité OSNR et qu’elles seront notamment utilisées pour faciliter la passage à des débits de 40Gb/s ou 100Gb/s par canal. _____________________________________________________________ 28/112 2-17 Généralités 2.4.3 compromis entre rapport signal à bruit et effets non linéaires L’OSNR en fin de liaison est amélioré de 3dB lorsque l’on augmente de 3dB la puissance injectée à chaque amplificateur optique. Cependant, lorsque les puissances optiques mises en jeux deviennent trop fortes, l’impact des effets non linéaires devient limitant. Il existe donc une puissance qui optimise la qualité de la transmission sur une certaine distance. C’est ce qu’illustre la figure 11. Cette puissance est souvent appelée « seuil non linéaire ». figure 11 Optimisation de la puissance par canal entre OSNR et effet non linéaire Pour les systèmes terrestres, les puissances typiques mises en jeu sont de l’ordre de 0dBm (1mW) par canal à l’entrée de chaque tronçon de fibre. Pour les systèmes sous-marins composés de plus de 100 tronçons de fibre, les puissances par canal sont plus faibles, typiquement de l’ordre de -5dBm (~0.3mW). 2.5 Systèmes « terrestres » et « sous-marins » La portée des systèmes « terrestres » varie de quelques centaines à deux milles kilomètres, tandis que celle des systèmes « sous-marins » atteint environ 6500km pour les câbles transatlantiques et jusqu’à 11000km pour les plus long d’entre eux (Chine-US par exemple) [14]. Les systèmes terrestres ont surtout pour caractéristique d’utiliser des fibres déployées par un opérateur, depuis parfois des dizaines d’années. Elles sont donc _____________________________________________________________ 29/112 Généralités de types variés et peuvent avoir des performances assez médiocres en termes de dispersion chromatique, de PMD, ou d’atténuation. La distance entre les sites d’amplification est elle-même variable en fonction de la topologie du terrain. Les pertes entre ces 2 sites peuvent ainsi varier de 5dB à plus de 30dB. L’opérateur achète alors à un équipementier télécom un système qui doit s’adapter à ces fibres qui lui appartiennent ou qu’il loue. Dans le cas des systèmes « sous-marins », un consortium d’opérateurs achète un câble sous-marin complètement optimisé par l’équipementier sélectionné. Le type de fibre, l’espacement entre amplificateurs optiques, le type de transpondeur (équipement d’émission/réception), l’espacement entre canaux WDM… sont pris en compte. Les pertes entre 2 amplificateurs optiques sont constantes, généralement comprises entre 10 et 15dB pour les plus longs systèmes. Il faut également noter la très forte contrainte de fiabilité sur la partie immergée des systèmes « sousmarins », en particulier sur les amplificateurs optiques. Tout problème sur un câble nécessite d’envoyer un bateau pour le retrouver, le découper au fond, remonter les 2 bouts, réparer la partie incriminée… Enfin, un câble sous marin est alimenté en électricité par ses extrémités (typiquement avec des tensions pouvant dépasser 10kV et des courants de l’ordre d’un Ampère). Les systèmes terrestres constituent des réseaux dont les nœuds optiques peuvent de plus en plus souvent être reconfigurés dynamiquement (ROADM pour reconfigurable optical add and drop multiplexer). Au contraire, les systèmes sous marins sont généralement déployés de « point à point ». Le coût des éléments d’extrémités, notamment les transpondeurs, représente dans un système sous marin un coût proportionnellement plus faible que dans un système terrestre. Des solutions technologiques onéreuses sont donc plus facilement envisageables dans des transpondeurs « sous-marins » afin d’obtenir la performance souhaitée. 2.6 Modulation du signal optique en intensité et détection directe Jusqu'à très récemment, l’encodage des données binaires sur les porteuses optiques est resté inchangé et relativement simple. Un « 1 » est codé par une impulsion lumineuse alors qu’un « 0 » est codé par l’absence de lumière. Une simple photodiode peut alors transformer le signal optique en un courant _____________________________________________________________ 30/112 Généralités proportionnel à l’intensité lumineuse reçue. On parle alors de modulation OOK (On Off Keying) ou IMDD (Intensity Modulation, Direct Detection). On désigne alors sous le terme de « format de modulation » la méthode de modulation de la lumière et de codage de l’information binaire. Le format de modulation le plus courant dans les systèmes déployés est appelé NRZ (« Non Return to Zero ») où l’intensité optique reste au niveau « 1 » entre deux bits « 1 » consécutifs par opposition, au format RZ (« Return to Zero »). Une représentation de l’intensité du signal optique en fonction du temps est montrée figure 12. figure 12 Représentation de l’intensité d’un signal optique NRZ (haut) et RZ (bas) en fonction du temps La méthode de détection est adaptée au format de modulation. La plus couramment utilisée actuellement est la détection directe. Le courant électrique issu de la photodiode est comparé à un seuil, pour définir les niveaux « 1 », et « 0 ». Pour satisfaire la demande d’augmentation des débits dans les systèmes de transmission sur fibre optique, d’autres formats de modulation ont été imaginés. Nous les décrirons ici avec les méthodes de détection associées, leurs avantages et inconvénients. Nous démontrerons plus particulièrement l’intérêt d’associer des formats de modulation multi-niveaux, une détection cohérente et du traitement numérique du signal, dans la perspective de transmissions WDM sur grandes distances à des débits de 40Gb/s et 100Gb/s par canal. _____________________________________________________________ 31/112 Technologies mises en œuvre 3 Technologies mises en œuvre 3.1 Format de modulation Pour répondre à l’accroissement de capacité totale de transmission sur une fibre optique, deux directions peuvent être suivies. Soit garder le débit par canal constant et augmenter le nombre de canaux WDM, soit garder le nombre de canaux WDM constant et augmenter le débit par canal de 10Gb/s à 40Gb/s ou 100Gb/s par exemple. Cet accroissement doit impérativement prendre en compte une bande passante optique des amplificateurs optiques, de type EDFA, limitée à 40nm environ (soit ~5THz). Le passage de 10Gb/s à 40Gb/s ou 100Gb/s, doit donc se faire idéalement en conservant le même espacement fréquentiel entre canaux (typiquement 50GHz). Cependant, dans le cas d’un signal NRZ l’étendue du lobe spectral principal est de 2x40GHz, c’est à dire 80GHz pour un débit de 40Gb/s (voir figure 14). Un espacement de 50GHz des canaux conduirait à une superposition importante des spectres des différents canaux et donc à une diaphotie (crosstalk en anglais) dégradant la qualité des différents signaux. Pouvoir rapprocher dans le domaine spectral des canaux haut débit est une problèmatique bien connue dans le domaine des transmissions hertziennes (faisceaux hertziens, Wifi, télévision numérique terrestre) ou sur paires de cuivre (xDSL). Elle a conduit à développer des formats de modulation bien plus complexes pour augmenter la densité spectrale d’information, c’est à dire le débit d’information par Hertz de spectre disponible. Différents diagrammes ont été proposés pour les représenter. Le « diagramme de l’œil » est très utilisé en transmissions optiques. Formé par la superposition des différentes traces temporelles du signal repliées sur un temps symbole, il montre l’ensemble des combinaisons possibles de niveaux, et permet de visualiser les dégradations du signal. C’est la représentation la plus fréquente pour les modulations en intensité du signal. La figure 13 gauche en donne un exemple pour un signal NRZ. On y distingue le niveau « 1 », le niveau « 0 » ainsi que les transitions montantes et descendantes en début et fin d’un temps symbole. _____________________________________________________________ 32/112 Technologies mises en œuvre figure 13 Diagramme de l’œil d’un signal OOK/NRZ (On Off Keying, Non Return to Zero) à gauche et diagramme de constellation à droite La même figure présente, dans le cas de ce signal NRZ, une représentation dite «diagramme de constellation », de plus en plus utilisée pour des formats de modulation complexes. Elle représente l’amplitude (en module et phase, ou en partie réelle et imaginaire) du champ électrique du signal au centre du temps symbole. Sur la figure 13 à droite, on observe que : o le taux d’extinction n’est pas infini : l’intensité du signal « 0 » est non nulle. Dans le cas d’un signal modulé en intensité, ce taux d’extinction typique est de l’ordre de 12dB (soit environ un facteur 16 entre les niveaux « 0 » et « 1 »). Dans un diagramme de constellation, où l’amplitude est représentée, il est donc de 6dB (facteur 4). o au centre de chaque temps symbole, la distance entre les états possibles est légèrement inférieure à 1. Nous y reviendrons dans le cas des formats modulés en phase, pour lesquels ce diagramme est le plus souvent utilisé. Un signal modulé en phase sur 2 niveaux est appelé BPSK pour Binary Phase Shift Keying [15]. Un signal modulé en phase sur 4 niveaux est appelé QPSK pour Quaternary Phase Shift Keying (ou Quadrature Phase Shift Keying) [16]. La figure 14 compare les variations temporelles de leurs champs électriques avec celles d’un format OOK-NRZ. Elle donne aussi leur diagrammes de constellation et une représentation schématique de leurs spectres. Le signal QPSK est représenté avec un débit symbole B moitié de celui des autres formats, car chaque symbole permet d’encoder 2 bits. Les symboles « π/4 », « 3π/4 », « -3π/4» et « –π/4 » codent les doublets « 00 », « 01 », « 11 » et « 10 ». _____________________________________________________________ 33/112 Technologies mises en œuvre On observe notamment que la distance entre les états « 0 » et « π » d’un signal BPSK est supérieure à celle des états « 0 » et « 1» d’un signal modulé en intensité. Cela avantage le format BPSK en terme de tolérance au bruit optique (des détails sont donnés en annexe I). figure 14 Représentation du champ électrique en fonction du temps pour les formats OOK, BPSK et QPSK ainsi que représentation du diagramme de constellation (centre) et du spectre (droite) On désigne sous le vocable générique de QAMxx (QAM16, QAM64…) pour Quadrature Amplitude Modulation [17], des formats plus complexes combinant modulations de phase et d’amplitude . xx représente le nombre d’état possibles du signal dans le diagramme de constellation. Un symbole QAM16 code 4 bits (car 16=24) et un symbole QAM64 6 bits. Im π 3π π/4 Im Im Im π/4 0 Re Re -3π π/4 BPSK Re Re -π π/4 QPSK QAM16 QAM64 figure 15 Diagramme de constellation de BPSK, QPSK, QAM16 et QAM64 La largeur du lobe spectral principal du signal est liée au débit symbole. Ces formats codant plusieurs bits par symbole permettent donc de réduire le débit symbole, à débit binaire constant, et d’augmenter le débit d’information dans la fenêtre spectrale typique de 50GHz des systèmes optiques WDM. _____________________________________________________________ 34/112 Technologies mises en œuvre Pour aller plus loin encore dans la capacité de codage sur chaque symbole du signal optique, il est possible d’utiliser les 2 polarisations qui se propagent sur une fibre monomode. Ce multiplexage en polarisation, permet de doubler la quantité d’information transmise dans une bande optique donnée. Par analogie avec le multiplexage temporel (TDM) et le multiplexage en longueur d’onde (WDM), le multiplexage en polarisation est appelé PDM (polarisation division multiplexing). Ces techniques permettant d’augmenter la densité spectrale d’information transmise ne sont cependant pas dénuées d’inconvénients. Il est de notoriété dans le domaine des communications numériques, que l’augmentation du nombre d’états au delà de 4 (c’est à dire au delà d’une modulation QPSK qui utilise la partie en phase et en quadrature du signal optique)[17], doit s’accompagner, à débit binaire constant, d’une augmentation du rapport signal à bruit nécessaire pour atteindre un taux d’erreur donné. Pour atteindre l’OSNR requis en fin de liaison, il serait donc nécessaire d’augmenter la puissance optique par canal. Or, les formats les plus complexes souffrent fortement des effets non linéaires, qui tendent à modifier la phase du signal. Les écarts de phase entre les différents états possibles de la constellation diminuent lorsque l’on passe d’un format BPSK à 2 niveaux de phase à un format QPSK à 4 niveaux de phase puis à un format 8PSK (8 niveaux de phase) ou 16QAM. Il faudrait donc, au contraire de ce qui est indiqué dans le paragraphe précédent, diminuer la puissance optique par canal. L’augmentation de la densité spectrale d’information parait donc difficilement compatible avec un maintien des distances de propagation. Nous montrerons cependant que certains formats offrent de meilleurs compromis. Nous étudierons pour cela leur tolérance aux effets non linéaires dans différentes configurations. Avant cela, nous étudierons le type de réception qui permet une détection efficace de ces signaux. _____________________________________________________________ 35/112 Technologies mises en œuvre 3.2 Réception cohérente associée à un traitement du signal numérique Un récepteur cohérent inclut un oscillateur local constitué, dans le cas d’un récepteur optique, d’un laser continu de longueur d’onde proche de celle du signal à détecter. En 1984, Maylon [18] réalise la première transmission avec détection cohérente homodyne. Une boucle à verrouillage de phase optique asservit l’oscillateur local à la fréquence du signal à détecter. A la fin des années 1980, la détection cohérente permettra de repousser les limites des détecteurs classiques et de détecter des signaux optiques de très faibles intensités [1]. Le battement entre le signal optique d’amplitude As, fortement atténué par la propagation, et un oscillateur local puissant d’amplitude Alo permet de détecter le produit AsAlo qui est bien supérieur à l’intensité As² du signal. C’est le principe de l’ « amplification » cohérente. Elle permet de réduire l’impact du bruit thermique du récepteur. En 1986, Davis [19] réalise un premier récepteur cohérent utilisant la « diversité de phase » : les composantes en phase et en quadrature sont détectées et recombinées pour extraire le signal d’intérêt. La détection cohérente reposant sur les interférences de deux signaux qui sont généralement polarisés, elle est sensible aux fluctuations de polarisations introduites par la propagation dans la fibre optique. Elle nécessite donc, soit un contrôle de la polarisation au niveau du récepteur, soit une architecture de récepteur à diversité de polarisation, telle que celle introduite en 1983 par Okoshi [20]. En 1987, Okoshi présente le premier récepteur cohérent utilisant simultanément la « diversité de phase » et la « diversité de polarisation » [21]. Le développement des amplificateurs optiques à fibres dopées Erbium (EDFA pour Erbium Doped Fiber Amplifier) a cependant mis un frein à ces recherches. En 2004, Taylor [3] a proposé d’associer à un détecteur cohérent (intégrant un mélangeur optique à diversité de phase et 2 photodiodes), des convertisseurs analogiquesnumériques rapides, permettant un sur-échantillonnage du signal, et un traitement du signal numérique. Il réussit ainsi à compenser l’impact de la dispersion chromatique sur un signal 10Gb/s BPSK. A la fin des années 1980, l’asservissement, en fréquence et en phase (si l’on souhaite récupérer la phase du signal), de l’oscillateur local sur le signal, restait _____________________________________________________________ 36/112 Technologies mises en œuvre une importante difficulté technique associée à la détection cohérente. Elle a été résolue par le traitement numérique du signal. Il devient en effet possible de supprimer l’asservissement et de le remplacer par une estimation numérique de la différence de fréquence entre le signal et l’oscillateur local. L’information de phase recherchée peut ainsi être reconstruite. Considérons les champs électriques Es(t) et Elo(t) du signal et de l’oscillateur local. iϕ (t ) iω s t E (t ) = A (t )e e s s iω t E (t ) = A e lo ol lo La phase φ(t) est l’information que l’on cherche à récupérer (si le signal est modulé en phase). Le récepteur cohérent comporte deux sous ensembles. Le premier est constitué de composants optiques et opto-électroniques jusqu’aux convertisseurs analogiques-numériques (ADC pour Analog to Digital Converter). Le second est un processeur (DSP pour Digital Signal Processor) qui exécute le traitement numérique du signal. figure 16 Représentation schématique d’un récepteur cohérent La première partie du récepteur cohérent figure 16, est constituée d’une structure à diversité (ou séparation) de polarisation : les deux composantes de polarisation du signal sont séparées par un séparateur de polarisation (PBS pour Polarization Beam Splitter). Chacune d’elles interfère ensuite dans un mélangeur cohérent avec une onde de même polarisation provenant de l’oscillateur local (LO). Le résultat des interférences entre signal et oscillateur local est détecté par 4 photodiodes (ou _____________________________________________________________ 37/112 3-1 Technologies mises en œuvre 4 photodiodes équilibrées), connectées chacune à un convertisseur analogiquenumérique. C’est le mélangeur cohérent qui garantit que les termes « en phase » et « en quadrature » des interférences puissent être détectés. Pour cela, une partie de l’oscillateur local est déphasée de π/2 par une lame λ/4 (si le mélangeur cohérent est réalisé en espace libre) (figure 17). As e i (ωs t +ϕ ( t )) (1) (1)+(2) Signal Mélangeur Alo e iωlot cohérent (2) (1)-(2) + - I1 (t ) = PD1 (t ) − PD2 (t ) + - I 2 (t ) = PD3 (t ) − PD4 (t ) (1)+j(2) (1)-j(2) Oscillateur local figure 17 Schéma d’un mélangeur cohérent et des photocourants détectés Sur la voie 1, l’amplitude du signal plus celle de l’oscillateur local est détecté, sur la voie 2, l’amplitude du signal plus celle de l’oscillateur local déphasé de π est reçue, sur la voie 3, l’oscillateur local est déphase de π/2 et sur la voie 4 de –π/2. Les signaux détectés par les photodiodes sont les suivants : PD 1 = ( E s + E lo ).( E s + E lo ) * = As PD2 = As 2 + Alo 2 2 + Alo 2 + Aol 2 + 2 As Alo cos[(ω s − ω lo )t + ϕ (t )] − 2 As Alo cos[(ω s − ω lo )t + ϕ (t )] PD 3 = ( E s + E lo ).( E s + E lo ) * = As PD4 = As 2 2 + Alo 2 + 2 As Alo sin[(ω s − ω lo )t + ϕ (t )] − 2 As Aol sin[(ω s − ω lo )t + ϕ (t )] Si l’intensité de l’oscillateur local est nettement supérieure à celle du signal, le terme As² des équations peut être négligé devant le terme 2AsAlo. Le terme continu Alo² peut ensuite être facilement filtré. Les signaux numérisés par les convertisseurs analogiques-numériques sont donc proportionnels aux sinus et cosinus de la différence de phase entre le signal et l’oscillateur local, incluant l’information de phase encodée dans le signal. Si l’oscillateur local est nettement plus puissant que le signal il est donc possible d’utiliser de simples photodiodes. Sinon il est préférable d’utiliser des photodiodes équilibrées. C’est ce type de récepteur que j’ai utilisé dans l’ensemble de mes expériences. Dans le cas de photodiodes équilibrées, le photocourant détecté s’écrit : _____________________________________________________________ 38/112 3-2 Technologies mises en œuvre I1 (t ) = PD1 (t ) − PD2 (t ) = 4 As Alo cos[(ω s − ωlo )t + ϕ (t )] 3-3 I 2 (t ) = PD3 (t ) − PD4 (t ) = 4 As Alo sin[(ωs − ωlo )t + ϕ (t )] L’estimation de la différence de fréquence entre le signal et l’oscillateur local peut être effectuée si elle est suffisamment stable à l’échelle de quelques dizaines de temps symbole. Cela nécessite donc des lasers de largeurs de raies faibles. Cependant, il a été démontré qu’aux débits utilisés (10Gsymboles/s à 28Gsymboles/s), des lasers « DFB » standards ayant des largeurs de raies voisines de 1 à 4MHz suffisent [22]. Les lasers spécifiques et onéreux du début de la détection cohérente peuvent donc être évités. Différents types d’algorithmes peuvent être utilisés pour cette estimation [3][4][25][26] et reconstituer l’information de phase encodée dans le signal, et donc les bits transmis. 3.3 Les premiers pas de la détection cohérente avec traitement du signal rudimentaire : 2006 A la suite des premières expériences rapportées en conférence, notamment à OFC2005 par Tsukamoto [4] et publiées en 2004 par Taylor [3], j’ai choisi, fin 2005, d’évaluer le potentiel de cette technique. Cependant, deux équipements indispensables n’étaient pas disponibles : un oscilloscope « temps réel » fonctionnant à 20Gigaéchantillons par seconde avec une bande passante de 8GHz, et une mémoire de plusieurs millions d’échantillons pour chacune des voies de mesure. Les oscilloscopes, qui permettaient alors d’observer la qualité du signal étaient des oscilloscopes « temps équivalent » de bande passante bien supérieure (jusqu’à 70GHz) mais ne permettant pas de numériser les signaux à une cadence élevée. Pour permettre la mesure de taux d’erreurs de 10-4 à 10-5 il faut pourtant mesurer des millions de bits. De plus, il est nécessaire d’enregistrer des échantillons consécutifs, ce que ne fait pas un oscilloscope « temps équivalent », afin de pouvoir faire fonctionner les algorithmes de traitement de signal, tels que ceux de poursuite de la phase du signal. Ce type d’équipement n’existait pas dans les laboratoires de transmission optique WDM. _____________________________________________________________ 39/112 Technologies mises en œuvre L’autre composant clé était le mélangeur cohérent. Ce composant était lui indisponible sur le marché à cette époque. 3.3.1 Premier dispositif de détection cohérente Entre la fin 2005 et le début 2006, j’ai donc construit un consortium autour d’un projet de recherche à l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) sur le thème de la détection cohérente, et de l’amélioration de performance qu’elle apporterait sur un signal QPSK à 40Gb/s par rapport à une détection différentielle. Kylia fait partie de ce consortium pour travailler sur le mixeur cohérent dont j’avais spécifié les caractéristiques. Accepté par l’ANR, ce projet a débuté en 2007. Il est à l’origine des immenses progrès réalisés au cours des 3 années suivantes. Le premier mélangeur cohérent, bien que perfectible, a permis de réaliser les premiers tests. La photographie de la figure 18 montre : • 2 « polariseurs » relativement volumineux • Les collimateurs pour le signal et l’oscillateur local (fibres blanches) • Les collimateurs pour les signaux après le mélangeur (fibres de couleur rouge, jaune, verte et bleue). On devine aussi une lame quart d’onde collée sur un polariseur, une lame séparatrice et des cubes séparateurs de polarisation. Collimateur signal Collimateur des et oscillateur local signaux mélangés _____________________________________________________________ 40/112 Technologies mises en œuvre polariseur Lame λ/4 Cube séparateur figure 18 Le premier mélangeur cohérent utilisé : polariseurs, collimateurs de signal et d’oscillateur local, collimateurs de signaux mélangés _____________________________________________________________ 41/112 Technologies mises en œuvre figure 19 Les photodiodes équilibrées et l’oscilloscope 20 Gigaéchantillons/s, 8GHz de bande passante Les premières expériences au débit de 10Gb/s utilisaient un format à 2 niveaux de phase BPSK dont la figure 19 montre une acquisition sur l’écran de l’oscilloscope. Lorsque le signal est « en phase » avec l’oscillateur local, la trace supérieure est fortement modulée alors que la trace inférieure qui représente le signal en quadrature s’annule. Les battements observés indiquent une différence de fréquence entre la porteuse du signal et l’oscillateur local : le signal est tantôt « en phase », tantôt « en quadrature » avec l’oscillateur local. Par la suite, l’utilisation de signaux QPSK ou de signaux multiplexés en polarisation ne permettra plus cette interprétation visuelle du signal, sur l’écran de l’oscilloscope. Une étape essentielle, décrite par Tsukamoto [4], est l’estimation de la phase de la porteuse optique pour pouvoir ensuite la soustraire de la phase mesurée et en extraire l’information sur la phase encodée à l’émission. Nous avons obtenu nos premiers résultats en juillet 2006. Le traitement du signal a été effectué sous Matlab, notamment par Nadia Maaref alors en stage de fin d’étude dans mon équipe. Au contraire des expériences de transmission habituelles où le taux d’erreur pouvait être mesuré en temps réel sur un appareil dédié (appelé compteur d’erreur), l’étape de traitement du signal sous Matlab interdit la mesure « en temps réel » du taux d’erreur. Les signaux doivent être enregistrés puis traités ultérieurement pour connaître a posteriori le taux d’erreur binaire. Le taux d’erreur binaire va donc être mesuré avec la détection cohérente associée à un traitement du signal ainsi qu’avec une détection différentielle, qui était la méthode habituelle 2006 pour de tels signaux. Dans le cas de la détection différentielle, des interférences entre deux symboles consécutifs permettent de remonter à la différence de phase entre les symboles. Plus de détails sont donnés en annexe 1. Après les premiers tests en modulation BPSK, j’ai choisi, pour augmenter le débit binaire à 20Gb/s, d’utiliser une modulation QPSK, toujours au débit de 10GSymboles/s, compatible avec la bande passante de 8GHz de l’oscilloscope. La figure 20 montre les premiers résultats de cette expérimentation. Elle permet notamment de comparer le taux d’erreur mesuré avec un détecteur différentiel standard et celui obtenu par détection cohérente et traitement du signal. Ils sont tracés en fonction de la puissance d’entrée dans l’amplificateur optique du _____________________________________________________________ 42/112 Technologies mises en œuvre récepteur. Plus la puissance est faible, plus le rapport signal à bruit optique est dégradé. Je n’observe pas l’amélioration attendue avec la détection cohérente mais ces résultats, les tout premiers avec ce type de détection sont encourageants. Une constellation reconstituée pour une puissance d’entrée de -32dBm est également représentée. A ce stade préliminaire, elle a été obtenue sans dispositif de récupération d’horloge. Le taux d’erreur est donc estimé pour différents instants d’échantillonnage (en considérant 16 échantillons par symbole) dont le meilleur était sélectionné après coup. figure 20 Premiers résultats avec la détection cohérente : BER en fonction de la puissance d’entrée (gauche) et diagramme de constellation reconstitué pour une puissance de -32dBm. 3.3.2 Premiers résultats Ces premiers résultats nous ont incité à mettre en œuvre une expérience de transmission permettant de comparer les performances des détections différentielle et cohérente avec des signaux QPSK à 40Gb/s sur plusieurs milliers de kilomètres. Les expériences précédentes avec une détection cohérente s’étaient limitées en effet à des distances de transmission inférieures à 200km. La capacité de retrouver la phase de la porteuse du signal après propagation sur des milliers de kilomètres restait à démontrer, notamment en configuration WDM ou la modulation de phase croisée devient un phénomène très gênant. Pour cela, j’ai pu avoir à l’essai un oscilloscope de 12-13GHz de bande passante à 40 Géchantillons/s sur 2 voies simultanées, suffisant pour détecter un signal à 21.5 Gsymboles/s à quatre niveaux de phase, c’est à dire un signal 40Gb/s (en incluant le sur-débit du code correcteur d’erreur). La détection cohérente devant être plus tolérante au bruit optique [17], une amélioration de performance était attendue. _____________________________________________________________ 43/112 Technologies mises en œuvre Les premières mesures avec des signaux à 4 niveaux de phase et sur plusieurs longueur d’onde, ont montré une performance très dégradée et fonction de la longueur d’onde. Cela m’a conduit à vérifier l’écart de phase entre les signaux « I » et « Q » en sortie du mixeur cohérent. Un signal continu est envoyé sur la voie « signal » à une longueur d’onde très proche de celle de l’oscillateur local. L’oscilloscope doit alors montrer des sinusoïdes en quadrature si le mélangeur cohérent produit effectivement un écart de 90°. Après correction de l’écart temporel entre les différentes voies de l’oscilloscope, l’écart de phase mesuré n’est en fait de 90+/3° que sur 6 longueur d’onde de la bande C. Il fluctue selon une courbe sinusoïdale avec des écarts pouvant atteindre +/-35° autour de la valeur nominale. La lame quart d’onde a tout d’abord été suspectée avant que l’on puisse montrer que les variations spectrales de phase étaient, en fait, dues à la lame séparatrice. Sur les 6 longueur d’onde où le mélangeur introduit effectivement une quadrature, l’utilisation de la détection cohérente introduit bien une légère amélioration de performances et ce malgré l’utilisation d’algorithmes très rudimentaires. Nous ne disposions à cette époque d’aucun algorithme « d’égalisation » permettant de réduire l’impact de la bande passante limitée de l’oscilloscope (12-13GHz uniquement pour 21.5GSymboles/s). Au niveau du récepteur, la polarisation du signal était optimisée manuellement, les signaux enregistrés sur l’oscilloscope, puis traités dans les heures suivantes pour mesurer un taux d’erreur. L’alignement de la polarisation du signal QPSK sur la direction du polariseur d’entrée du récepteur cohérent était obtenue grâce à un contrôleur de polarisation suivi d’un séparateur de polarisation. Une des voies était connectée au mixeur cohérent, l’autre à un puissance-mètre. On minimise alors la puissance sur le puissance-mètre, qui détecte alors uniquement la puissance de bruit optique sur la polarisation orthogonale à celle du signal. Une boucle à recirculation était utilisée pour simuler une transmission de données sur 3000km avec une boucle de 500km. Le signal envoyé sur le récepteur était intercepté par un modulateur acousto-optique rapide ne laissant passer la lumière que durant une milliseconde, à l’instant coïncidant avec la distance de mesure. Le signal mesuré correspondait dans notre cas au 6ème tour de la boucle de 500km. Son état de polarisation est quasiment invariant pendant ce tour de boucle, mais complètement décorrélé du tour précédent ou suivant. Un alignement imparfait du contrôleur de polarisation avec la direction de polarisation du signal se traduit par une réduction de la puissance du signal détecté, à puissance de bruit constante. Il _____________________________________________________________ 44/112 Technologies mises en œuvre se traduit donc par une réduction supplémentaire du rapport signal sur bruit et donc une dégradation du taux d’erreur mesuré. Comme le montre la figure 21, l’amélioration de performance apportée par la détection différentielle est proche de 0dB pour 2 des longueurs d’onde et d’environ 0.5 à 1dB pour les 4 autres (voir triangles et disques pleins). Les facteurs Q² des longueurs d’onde mesurées avec les deux méthodes sont représentés avec des points et des triangles pleins. figure 21 Mesure de facteur Q² , avec détection différentielle (triangle) et détection cohérente (rond) extrait de [42] Pour illustrer les possibilités de la détection cohérente, j’ai testé expérimentalement un algorithme très simple de compensation des effets non linéaires. Ce concept avait déjà été simulé ou expérimenté avec une détection différentielle nécessitant l’ajout de composants opto-électroniques peu intégrables (notamment un modulateur de phase). La détection cohérente en simplifie la réalisation pratique en ne nécessitant qu’une étape supplémentaire et assez simple de traitement de signal. Pour compenser l’automodulation de phase et l’interaction non linéaire entre le signal et le bruit (aussi appelé « bruit de phase non linéaire »), il suffit de détecter l’intensité du signal, et d’appliquer à la phase du symbole détecté une correction de phase ∆φ proportionnelle à celle ci. ∆φ = α .I _____________________________________________________________ 45/112 3-4 Technologies mises en œuvre où α est un coefficient ajusté au cours de l’expérience pour minimiser le taux d’erreur binaire. C’est la phase ainsi modifiée qui est utilisée pour décider si le symbole détecté a une phase de 0, π/2, π ou 3π/2. La figure 22 montre clairement que le diagramme de constellation avec 4 « nuages de points » non circulaires se transforme, par application de cet algorithme, en une constellation avec 4 « nuages de points » quasi circulaires. L’amélioration de facteur Q²(dB) est notable avec un gain de l’ordre de 0.5dB à la puissance optimale. Cette méthode fonctionne bien dans une configuration monocanal, et lorsque la dispersion accumulée lors de la propagation reste relativement modérée, ce qui était ici le cas. Cependant, elle perd de son intérêt dans une configuration WDM. Nous n’avons en effet obtenu d’amélioration sensible de la performance que dans le cas où on n’augmentait que la puissance du canal de mesure, celle des autres canaux restant constante (figure 22). figure 22 Impact de l’algorithme de compensation des effets non linéaires en fonction de la puissance du canal de mesure. L’allure de la constellation est également représentée. La puissance des autres canaux est gardée constante. _____________________________________________________________ 46/112 Technologies mises en œuvre Ce résultat démontrant une récupération de phase après une propagation record de 3000km a été présenté en session « postdeadline » à ECOC’06 [42]. On trouvera une copie de l’article en fin de cette partie. 3.3.3 Résultats avec un signal à deux niveaux de phase Dans les mois suivants, nous avons travaillé au débit de 10GSymboles/s pour comparer les performances des détections cohérente et différentielle, dans le cas d’un format de modulation à 2 niveaux de phase. Le temps d’intégration sur lequel l’estimation de la phase de la porteuse est effectué, doit être optimisé dans les différentes conditions de l’expérience (notamment pour différentes distances de propagation) afin de minimiser le taux d’erreur. • Pour de courtes distances de propagation, l’expérience montre qu’ il est intéressant de moyenner la phase du signal sur un nombre de symboles relativement important (quelques dizaines typiquement) et fonction notamment de la largeur de raie des lasers et du débit symbole [22]. La figure 23 donne la phase de la porteuse estimée sur 15000 symboles consécutifs après compensation de la différence estimée de fréquence entre oscillateur local et le signal. La phase de la porteuse fluctue de moins de 1 radian, et la constellation mesurée présente 2 « nuages de points » très circulaires, comme le bruit blanc généré par les amplificateurs optiques le laisse prévoir. Comme espéré [17] la détection cohérente apporte également un gain de 1dB par rapport à la détection différentielle. figure 23 Mesure de la sensibilité au bruit en détection cohérente et différentielle (gauche), représentation de l’estimation de la phase en détection cohérente (centre) et constellation (droite) _____________________________________________________________ 47/112 Technologies mises en œuvre • Lorsque la distance de propagation augmente, les effets non linéaires et notamment la XPM modifient totalement la situation. On observe sur la figure 24 (courbe de droite) que la phase de la porteuse fluctue fortement. L’avantage de la détection cohérente en termes de tolérance au bruit observé pour les courtes distances disparaît comme le montre la partie gauche de la figure 24. Y. Cai avait montré par des simulations [23] cette moindre tolérance aux effets non linéaires de la détection cohérente par rapport à la détection différentielle. Nous en avons obtenu la première démonstration expérimentale. L’optimisation de la fenêtre d’estimation de la phase de la porteuse en fonction de la distance de transmission (ou plus globalement des effets non linéaires), a fait l’objet d’un brevet. figure 24 Evolution du facteur Q avec la distance en détection cohérente et différentielle ainsi que de l’estimation de la phase de la porteuse. La figure 24 illustre bien l’augmentation avec la distance et avec l’accumulation des effets non linéaires de l’écart type des fluctuations de phase. A 13,000km, l’estimation de la phase de la porteuse change de plus de 10 radians sur quelques milliers de symboles, alors qu’elle était inférieure à 5 radians à 9000km, et bien inférieure à 1 radian sans transmission comme le montrait la figure 23. L’estimation précise de la phase de la porteuse devient plus difficile et la performance de la détection cohérente devient inférieure à celle de la détection différentielle. Les taches des diagrammes de constellation BPSK sont de moins en moins circulaires lorsque la distance augmente, car le bruit provenant de la SPM et de la XPM n’est plus un bruit blanc. _____________________________________________________________ 48/112 Technologies mises en œuvre Ces travaux, auxquels j’ai contribué expérimentalement, ont fait l’objet d’une publication de la part de Jérémie Renaudier à OFC’07 [43]. _____________________________________________________________ 49/112 Technologies G. Charlet, N. mises Maaref,en J. œuvre Renaudier, H. Mardoyan, P. Tran, S. Bigo, “Transmission of 40Gbit/s QPSK with coherent detection over ultra-long distance improved by nonlinearity mitigation”, in Proc. European Conference on Optical Comm. (ECOC’06), postdeadline paper Th.4.3.4, Cannes, 2006 _____________________________________________________________ 50/112 Technologies mises en œuvre _____________________________________________________________ 51/112 Technologies mises en œuvre 3.4 Algorithme de traitement du signal et compensation des effets linéaires de propagation L’augmentation des débits de 2.5Gb/s vers 10Gb/s, puis 40Gb/s et 100Gb/s rend les signaux de plus en plus sensibles aux distorsions introduites par la fibre optique. Il devient indispensable d’améliorer l’efficacité des méthodes de compensation de ces distorsions, notamment la PMD. La détection cohérente, fournit l’amplitude complexe du champ électrique et non plus seulement son intensité comme dans le cas de la détection directe. La phase et la polarisation du signal peuvent donc être reconstituées. La dispersion chromatique génère des décalages temporels entre les différentes composantes spectrales du signal. La PMD induit, de façon comparable, un décalage temporel entre les composantes de polarisation du signal ainsi qu’une modification de la polarisation des composantes spectrales. Ces deux types de distorsions peuvent être représentés par le passage à travers un filtre linéaire déphaseur. L’application du filtre inverse doit donc permettre de retrouver le signal initial. Seb Savory d’UCL et Chris Fludger de CoreOptics ont présenté à ECOC’06 des algorithmes de traitement de signal pertinents dont nous nous sommes fortement inspirés [25]. (voir annexe II). Jérémie Renaudier et Massimiliano Salsi, qui travaillaient dans mon équipe, les ont programmés. Pour des raisons pratiques, la dispersion chromatique et la PMD sont généralement compensées séparément. On compense tout d’abord la dispersion chromatique. Cela peut être fait très efficacement en passant dans le domaine spectral par transformation de Fourier. On applique alors à chaque composante spectrale un décalage temporel, avant de revenir au signal temporel par transformation de Fourrier inverse. Ainsi, une dispersion chromatique à l’origine d’un étalement de chaque symbole sur plusieurs dizaines ou centaines de temps symboles, peut être compensée. La PMD produit des distorsions dynamiques du signal qui peuvent évoluer avec des constantes de temps de l’ordre de la milliseconde. La compensation de PMD est donc une opération plus complexe : _____________________________________________________________ 52/112 Technologies mises en œuvre • le filtre inverse doit pouvoir être calculé et appliqué avec une latence très faible. Cependant, les distorsions dues à la PMD ne génèrent un étalement des symboles que sur quelques symboles adjacents. La « profondeur » temporelle du filtre nécessaire à la compensation est donc nettement plus faible que dans le cas de la dispersion chromatique. Au lieu d’utiliser des filtres dans le domaine fréquentiel, on préfère utiliser des filtres dans le domaine temporel, ce sont en général des filtres FIR (FIR pour Finite Impulse Response, soit à réponse impulsionnelle finie). • La PMD induit aussi une rotation de polarisation différente pour chaque composante spectrale du signal. Un filtre efficace doit donc combiner les informations provenant des deux polarisations orthogonales de la lumière, qui sont générées, détectées et numérisées par le mélangeur cohérent et les 4 convertisseurs analogiques-numériques. Une configuration de filtre « papillon » est généralement utilisée (filtres hxx, hxy, hyx, hyy de la figure 25) [25]. L’algorithme CMA (Constant Modulus Algorithm) est généralement utilisé pour démultiplexer les deux polarisations, compenser la PMD et divers types de distorsions. Plus de détails sont donnés en annexe 2. figure 25 Représentation des algorithmes de traitement du signal utilisé Comme je l’ai montré dans le cadre d’une étude statistique portant sur 1000 cas différents de PMD [27], il est possible de compenser simultanément, et sans _____________________________________________________________ 53/112 Technologies mises en œuvre dégradation, la PMD et la dispersion chromatique. En 2009, j’ai également démontré pour des signaux à 100Gb/s [28], la compensation de la dispersion chromatique accumulée lors de la propagation sur plus de 7000km d’une fibre de dispersion 20ps/nm/km (soit plus de 140 000ps/nm de dispersion) et d’une PMD dépassant 20ps. Cela a constitué la première démonstration de transmission WDM 100Gb/s sur une distance transocéanique. Afin de démontrer des performances sur des distances aussi importantes, une « boucle à recirculation » est utilisée (voir 4.1). La transmission de signaux hauts débits (40Gb/s et 100Gb/s) sur les infrastructures de fibres ayant des PMD élevées (jusqu’à 20ps) paraissaient irréalisables avant que l’on sache associer une détection cohérente et un traitement numérique du signal. Illustrée sur la figure 26, la capacité extraordinaire de la détection cohérente à compenser la PMD permet maintenant d’envisager le déploiement d’équipements à 40 et 100Gb/s, y compris sur des liaisons à très fortes PMD. figure 26 Amélioration apportée par le traitement du signal dans le cas d’une transmission avec PMD élevée sur un signal 10Gsymbol/s QPSK (gauche). Impact de la PMD sur la distribution de facteur Q d’un signal 28GSymbol/s PDM QPSK traité par un récepteur cohérent (droite) La courbe de gauche de la figure 26 montre la répartition des valeurs du facteur Q² mesurées à 10GSymbol/s sur 1000 enregistrements avec une PMD de 36ps. Le DGD peut donc atteindre une centaine de picosecondes, c’est à dire un retard équivalent au temps symbole. On voit clairement qu’en l’absence d’égalisation, la performance est extrêmement dégradée alors qu’elle est stable et de bonne qualité quand l’égalisation est activée. La courbe de droite de la figure montre la distribution de facteur Q mesurée pour un signal à 100Gb/s (28GSymbol/s soit un temps symbole d’environ 33ps) dans deux conditions différentes. Lorsque la PMD est très faible (<3ps) et lorsqu’au contraire _____________________________________________________________ 54/112 Technologies mises en œuvre elle est très élevée (20ps, soit un DGD pouvant dépasser 50ps). Les distributions de facteur Q très proches illustrent la capacité du traitement du signal à compenser ces valeurs de PMD très élevées. _____________________________________________________________ 55/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : 4 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : Bien que la détection cohérente associée à un traitement numérique du signal compense efficacement les distorsions introduites par la propagation dans des fibres optiques, la tolérance aux effets non linéaires reste un point clé pour les transmissions sur de grandes distances. Il est donc important d’analyser l’impact de ces effets non linéaires sur les formats de modulation utilisés et sur les méthodes de détection. La détection cohérente, qui doit estimer la phase de la porteuse, peut en effet être plus impactée par les effets Kerr que la détection différentielle qui ne travaille que sur deux symboles consécutifs. Ce point est central dans mon travail de recherche. Utiliser les données en phase et en quadrature de chaque polarisation de la lumière semble être idéal lorsque l’on analyse le format de modulation en fonction de la tolérance au bruit uniquement. C’est pour cela que le format PDM QPSK a été prisé très vite par une grande partie de la communauté scientifique. Cependant, les effets non linéaires jouent un rôle crucial dans les transmissions optiques, et nous verrons qu’un autre format de modulation est très intéressant. 4.1 La boucle à recirculation : un outil indispensable pour émuler des transmissions optiques sur de très grandes distances. Les distances typiques des transmissions optiques WDM vont de 1500km à plus de 10,000km. A ma connaissance, les plus grandes lignes de transmission en laboratoire ne dépassent pas 6000km, principalement pour des raisons de coût. Leur évolution avec des fibres différentes, des espacements entre amplificateurs optiques ou même des types d’amplificateurs optiques différents, est très lourde. C’est pourquoi, depuis plus de 15 ans, on utilise des boucles à recirculation pour émuler les propagations sur de très grandes distances. Ces boucles ont typiquement des longueurs de 400 à 600km et on les parcourt une vingtaine de fois pour simuler des transmissions de l’ordre de 10000km. La figure 27 représente une telle boucle à recirculation. On peut y identifier l’émetteur, le récepteur, un interrupteur d’insertion, un coupleur d’insertion- _____________________________________________________________ 56/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : extraction, un interrupteur dans la boucle et la ligne optique elle-même, constituée de cinq tronçons de 100km. figure 27 Schéma d’une boucle à recirculation avec indication de la synchronisation des interrupteurs Dans l’étape d’injection du signal, l’interrupteur d’insertion est fermé. Le temps de propagation dans une boucle de 500km est d’environ 2.5 millisecondes. L’interrupteur d’insertion doit donc rester fermé au minimum pendant 2.5ms jusqu’à ce que les signaux optiques atteignent l’interrupteur de boucle ouvert, en fin de boucle. Pour laisser les signaux optiques « tourner » dans la boucle, on ouvre l’interrupteur d’insertion et l’on ferme l’interrupteur de boucle. A chaque tour, le coupleur d’insertion-extraction envoie une partie de la lumière vers le récepteur tandis que l’autre partie continue dans la boucle pour d’autres tours et une propagation sur une distance supérieure. L’interrupteur de boucle reste « passant » durant une durée permettant d’atteindre la distance souhaitée : pour une propagation sur 12000km, l’interrupteur de boucle doit rester passant au minimum 60ms. _____________________________________________________________ 57/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : Le récepteur doit également être synchronisé avec les interrupteurs de la boucle à recirculation. Pour mesurer la performance après 1000km, le récepteur doit débuter la mesure 2.5ms après la fermeture de la boucle et pendant une durée inférieure à 2.5ms. Pour mesurer le taux d’erreur après 2000km, le récepteur doit commencer à mesurer les signaux 7.5ms après la fermeture de la boucle. 4.2 Première expérience de transmission à 40Gb/s avec le format PDM QPSK, comparaison avec la solution plus conventionnelle 40G DPSK Après les premiers tests fin 2006 avec le format QPSK à 20GSymboles par seconde, je me suis tourné vers la solution PDM QPSK qui semblait très attractive. Toutefois, des publications faisaient état de très fortes dégradations en présence d’effet non linéaires [29], avec des formats modulés en intensité et multiplexés en polarisation. J’ai donc souhaité évaluer dans ce cas l’association de la détection cohérente avec des formats modulés en phase. Ma première expérience de transmission, début 2007, en utilisant ce format était limitée à 4000km, la puissance par canal injectée dans la fibre avait dû être réduite à un niveau très faible [30] malgré un espacement élargi à 100GHz entre canaux. On est donc sensiblement en dessous des 6000km obtenus en 2004 avec un format DPSK, une détection différentielle, et une ligne de transmission très proche de celle utilisée en 2007 [31]. Le facteur Q² de l’ensemble des canaux est représenté pour ces deux expériences figure 28. Bien que la distance de propagation soit très nettement supérieure dans l’expérience utilisant le format DPSK et que la sensibilité OSNR de ce format soit inférieure à celle du format PDM QPSK avec une détection cohérente, la performance obtenue avec le format DPSK est clairement supérieure à celle obtenue avec le format PDM QPSK associé à la détection cohérente. La tolérance aux effets non linéaires semble donc inférieure de plusieurs décibels pour la solution PDM QPSK par rapport à la solution DPSK. J’ai donc recherché l’origine de la faible tolérance de ce format de modulation associé à cette technique de détection. _____________________________________________________________ 58/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : figure 28 Comparaison de performance entre DPSK et PDM QPSK avec détection cohérente L’effet de la carte de dispersion mérite aussi d’être évalué. Avant l’arrivée de la détection cohérente, la dispersion chromatique était compensée régulièrement dans la ligne. La détection cohérente permet de la laisser s’accumuler tout au long de la liaison et de la compenser numériquement dans le récepteur. Quel est l’impact de ce type de propagation sur la performance ? A 10Gb/s, avec un format modulé et détecté en intensité, cette solution abaisse fortement le seuil non linéaire1 [35]. Cependant, Nortel a montré en 2007 des performances qui semblent assez satisfaisantes [32] à 40Gb/s, en utilisant le format PDM QPSK et une détection cohérente. J’ai tout d’abord cherché à comprendre l’impact du multiplexage en polarisation sur la tolérance aux effets non linéaires. Au même débit symbole de 10GSymboles/s, j’ai comparé les codages QPSK et PDM QPSK [33] en configurations monocanal et WDM. Il fallait aussi évaluer la performance d’une configuration de ligne « traditionnelle », où la dispersion chromatique est compensée régulièrement avec celle où cette dispersion n’est compensée que de façon numérique dans le récepteur cohérent. 1 Les effets non linéaires Kerr modifient la phase du signal optique. Lorsqu’un signal modulé en intensité accumule une dispersion très forte, celle ci doit être compensée, soit au niveau du récepteur par détection cohérente, soit par pré-compensation de la dispersion au niveau de l’émetteur. Dans les deux cas, la compensation de la dispersion chromatique génère une conversion de la modulation de phase en modulation d’intensité, cela dégrade la performance d’une détection en intensité. Les effets non linéaires produisent également une modulation de fréquence qui induit des variations temporelles sur le signal après compensation de la dispersion chromatique. La quantité d’effet non linéaire qui peut être tolérée est donc réduite par rapport à une configuration traditionnelle « gérée en dispersion », si celle-ci est optimisée. _____________________________________________________________ 59/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : 4.3 Impact sur la performance du 40G PDM QPSK du multiplexage en polarisation et de la compensation de dispersion en ligne Une transmission sur 16 fois 100km est mise en place (soit 4 tours de boucle de 400km). La puissance par canal est modifiée en gardant constant l’OSNR au niveau du récepteur (On ajuste pour cela la puissance d’une source de bruit blanc au niveau du récepteur). Le facteur Q est d’abord mesuré dans une configuration monocanal où QPSK et PDM QPSK sont comparés. Pour que les facteurs Q soient comparables, l’OSNR est fixé 3dB plus haut en PDM QPSK. figure 29 Impact du multiplexage en polarisation sur la tolérance aux effets non linéaires (monocanal) La figure 29 indique qu’en configuration monocanal le multiplexage de polarisation induit une réduction de l’ordre de 2dB de la tolérance aux effets non linéaires (lorsque l’on mesure la puissance par polarisation). Dans un deuxième temps, on utilise une configuration WDM avec des canaux espacés de 50GHz. _____________________________________________________________ 60/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : figure 30 Impact du multiplexage en polarisation sur la tolérance aux effets non linéaires (WDM) La figure 30 montre une dégradation importante (voisine de 5dB ) lorsque l’on passe du QPSK à un format multiplexé en polarisation, en configuration WDM. J’attribue cela à des changements rapides de polarisation introduits par effets non linéaires. Les canaux voisins provoquent une fluctuation « symbole par symbole » de l’état de polarisation du canal. Au niveau du récepteur, le démultiplexage de polarisation ne peut pas suivre ces fluctuations car l’algorithme de séparation de polarisation doit moyenner des centaines de symboles pour converger. Le « crosstalk » entre les deux polarisations du signal dégrade la performance [34]. Jusqu’à présent, la dispersion était gérée en ligne. L’impact des effets non linéaires est complètement différent si ce n’est pas le cas. On observe deux effets : Le premier est un étalement temporel de chaque symbole sur des dizaines de temps symboles et son interférence avec les symboles voisins. Le second est que la forme temporelle du canal est fortement différente à chaque début de tronçon de fibre. L’impact des effets non linéaires sur chaque tronçon est donc quasiment indépendant du précédent et du suivant. L’alignement temporel entre le symbole d’un canal et ceux des canaux voisins change également à chaque tronçon. Pour une dispersion de 1700ps/nm pour chaque tronçon et un espacement 50GHz (soit ~0.40nm @ 1550nm) entre canaux, ce décalage entre un canal et son voisin est de 680ps, soit environ 7 temps symboles au débit de 10Gsymboles/s. _____________________________________________________________ 61/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : Il est difficile de prévoir l’impact de ces modifications sur la performance globale du système et les analyses trop simplistes sont souvent mises en défaut. On a donc recours à des simulations numériques. Leurs conclusions diffèrent selon le débit symbole et le type de modulation. Par exemple, un canal modulé en intensité se comporte différemment d’un canal modulé en phase. Il a été démontré [35] que les premiers sont moins dégradés par les effets non linéaires lorsque la dispersion chromatique est régulièrement compensée en ligne pour limiter les superpositions des impulsions. Cette compensation en ligne évite aussi une trop forte conversion de la modulation de phase (induite par effet non linéaire) en modulation d’intensité telle qu’elle se produit lorsqu’une dispersion chromatique importante n’est compensée qu’en toute fin de liaison. figure 31 Impact du multiplexage en polarisation sur la tolérance aux effets non linéaires(WDM) dans une configuration sans DCF Lorsque les fibres de compensation de la dispersion (DCF) sont retirées de la ligne, l’écart de performance entre le signal QPSK et le signal PDM QPSK se réduit de 5dB à environ 1,5dB (voir publication en fin de ce chapitre). La solution PDM QPSK associée à la détection cohérente assure une bien meilleure qualité dans les configurations sans DCF que dans les configurations « classiques » avec une gestion de dispersion. _____________________________________________________________ 62/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : 4.4 Tolérance aux effets non linéaires : détection cohérente contre détection différentielle Il faut aussi comparer la détection cohérente à la détection différentielle, en termes de tolérance aux effets non linéaires. Comme prédit par la théorie [17], en configuration « back to back » et au format QPSK, la détection cohérente apporte une amélioration de 1.5 à 2dB par rapport à la détection différentielle. Pour vérifier si cet avantage est conservé avec la propagation, j’ai mesuré la performance après 1600km (4 tours d’une boucle de 400km composée de fibre SSMF) dans une configuration WDM avec un espacement de 50GHz entre canaux. J’ai fait varier la puissance par canal pour déterminer dans chaque cas la puissance optimale. figure 32 Comparaison de performance avec détection différentielle et cohérente La figure 32 donne l’évolution du facteur Q observée en fonction de la puissance du canal pour les deux modes de détection. On retrouve, à faible puissance, la supériorité de la détection cohérente. Par contre, au delà d’une certaine puissance (-2dBm dans la configuration choisie), la performance de la détection cohérente se dégrade alors que celle de la détection différentielle continue de s’améliorer. Finalement, des performances optimales similaires sont obtenues, mais à des _____________________________________________________________ 63/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : puissances différentes : l’amélioration de performance par la détection cohérente en « back to back » se perd en cours de propagation. 4.5 Cohabitation des canaux 10G modulés en intensité avec un canal 40G PDM QPSK Cette sensibilité aux effets non linéaires est exacerbée lorsqu’un signal 40Gb/s multiplexé en polarisation et à quatre niveaux de phase (PDM QPSK) (ayant donc un débit symbole de 10GSymbole/s) est entouré de signaux 10Gbit/s modulés en intensité [36]. Les signaux modulés en intensité transfèrent alors au signal PDM QPSK une modulation additionnelle de phase par modulation de phase croisée comme représenté figure 33. Chaque symbole modulé en phase subit une modification de sa phase indépendante de celle du symbole voisin, tant que la dispersion chromatique de la ligne reste suffisamment faible, car les débits symboles des deux types de modulation sont identiques. figure 33 Impact des canaux modulés en intensité sur la phase de signaux QPSK par modulation de phase croisée La performance obtenue avec le format PDM QPSK a d’abord été comparée, sur 16x100km de fibre SSMF, en configuration monocanal et dans une configuration où tous les canaux sont modulés à 40Gb/s avec le même format. En configuration _____________________________________________________________ 64/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : monocanal, la performance est maximale pour une puissance de 0dBm. En configuration WDM, la puissance doit être réduite d’environ 3dB pour optimiser la performance. figure 34 Mesure de la performance d’un signal 40Gb/s PDM QPSK en configuration monocanal et WDM, extrait de [36] La puissance par canal doit donc être réduite d’un facteur deux lorsque des canaux voisins sont transmis. Les effets non linéaires croisés sont dominants avec ce type de format sur une ligne où la dispersion chromatique est régulièrement compensée. La figure 35 compare le facteur Q mesuré après 16x100km de transmission sur fibre SSMF dans deux configurations : o lorsque tous canaux sont modulés à 40Gb/s au format PDM QPSK ; o lorsque le canal à 40Gb/s au format PDM QPSK est entouré de canaux à 10Gb/s modulés en intensité. _____________________________________________________________ 65/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : figure 35 Spectre des signaux (gauche), Impact des canaux 10Gb/s sur les signaux 10Gsymbol/s PDM QPSK (droite), extrait de [36] On observe, sur la partie gauche de la figure 35, le spectre des deux configurations étudiées. Les canaux PDM QPSK à 40Gb/s et 10Gb/s ayant le même débit symbole, le lobe principal a une même largeur spectrale de deux fois 10GHz. On peut remarquer la porteuse optique pour les signaux modulés en intensité. La partie droite de la figure montre clairement la forte dégradation du canal à 40Gb/s par les canaux à 10Gb/s, en particulier pour une puissance supérieure à -3dBm. L’optimisation de l’algorithme d’estimation de la phase est essentiel pour minimiser l’impact des effets non linéaires croisés. En diminuant le nombre de symboles sur lesquels on l’estime, on réduit l’impact des effets non linéaires comme le montre la figure 36. Avec une puissance par canal de -3dBm, le facteur Q² est de 5dB si l’estimation de la phase porte sur 17 symboles. Il est légèrement supérieur à 7dB lorsque l’estimation ne porte que sur 3 symboles. figure 36 Impact du nombre de symboles N de l’estimation de phase de la porteuse sur le facteur Q²(dB), extrait de [36] En conclusion, si les effets non linéaires sont faibles, l’estimation de phase doit se faire sur un nombre élevé de symboles (>10) mais si les effets non linéaires croisés deviennent importants, il est préférable d’estimer la phase sur un plus petit nombre de symboles (typiquement 5, 3 ou moins). _____________________________________________________________ 66/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : J’ai contribué aux aspects expérimentaux de ce travail qui a fait l’objet d’une publication d’Oriol Bertran Pardo à la conférence OFC’08 [44]. 4.6 Proposition d’un nouveau format de modulation, utilisation de 2 niveaux de phase, et modification des algorithmes de détection Nous avons vu dans les précédents paragraphes que le multiplexage en polarisation réduisait la tolérance aux effets non linéaires. J’avais également démontré [37] que le format DQPSK à 40Gb/s était plus sensible aux effets non linéaires croisés que le format DPSK à 40Gb/s. La différence de phase entre les différents états de la constellation n’est en effet que de π/2 au lieu de π, cela rend le format DQPSK plus sensible aux effets non linéaires Kerr modifiant la phase du signal. J’ai donc recherché une solution tolérante à des effets non linéaires importants mais transportant 2 bits par symbole par souci de compacité du spectre. 4.6.1 Format de modulation en phase et polarisation L’association d’un codage avec 2 niveaux de phase à un codage avec deux états de polarisation m’a donc paru prometteur. On aurait pu le nommer PolSK BPSK (pour Polarization Shift Keying Phase Shift Keying). L’état de polarisation du signal et le niveau de phase codant chacun un bit. Cependant la détection de la direction de polarisation implique une détection en intensité (en mesurant la puissance à chaque temps symbole selon les deux axes orthogonaux de polarisation identifiés au préalable), néfaste en terme de sensibilité au bruit. L’idée n’a finalement pas abouti sous cette forme. Ce format PolSK PSK peut aussi être considéré comme un multiplexage de polarisation de 2 signaux à 2 niveaux de phase, c’est à dire un codage PDM BPSK (polarisation division multiplexing binary phase shift keying). Plutôt que d’utiliser la sphère de Poincaré (qui ne représente pas la phase) pour visualiser totalement l’état de polarisation, nous représenterons ici les différentes configurations sur des schémas très simplifiés en 2 dimensions pour représenter les états de polarisation et de phase. _____________________________________________________________ 67/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : figure 37 Du PolSK PSK au PDM BPSK La figure 37 gauche représente les états possibles dans un format PDM BPSK. Au centre de chaque temps symbole, le signal est représenté par 2 des 4 points bleus : o Sur la polarisation 1 (axe horizontal), le signal peut avoir soit une phase de 0 ou de π . o Il en est de même sur la polarisation 2 (axe vertical). Observons maintenant la figure de droite. o Supposons que le signal ait simultanément sur les polarisations 1 et 2 l’état de phase « 0 ». Le champ électrique total peut être représenté par le point en haut à droite. Son amplitude est supérieure d’un facteur racine de 2 à celle de chacune des deux composantes du signal multiplexé en polarisation. Cela correspond, en codage PolSK PSK, à la polarisation A avec la phase 0. o Considérons la superposition de la polarisation 1 avec une phase π et de la polarisation 2 avec une phase 0. Le champ total est représenté par le point en haut à gauche. Il correspond en codage PolSK PSK, à la polarisation B avec une phase 0. Il en va ainsi pour les 4 états : la diagonale ascendante de gauche à droite relie les états de polarisation A du signal PolSK PSK avec les phases « 0 » et « π » ; l’autre diagonale relie les états de polarisation B du signal PolSK PSK avec des phases « 0 » et « π ». _____________________________________________________________ 68/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : Dans cette représentation PolSK PSK, un seul état peut être pris à chaque instant, alors que dans la représentation PDM BPSK, deux états indépendants sont pris simultanément. signalPDM BPSK ( phase _ pol1, phase _ pol 2) (0,0) (0, π ) (π ,0) (π , π ) signalPolSK _ PSK polarisation _ phase A = Ex + Ey A = Ex − Ey A = − Ex + Ey A = − Ex − Ey PolarisationA _ phase0 PolarisationB _ Phase0 PolarisationB _ Phaseπ PolarisationA _ Phaseπ Pour générer un signal PolSK PSK, j’ai utilisé un modulateur Mach Zehnder en Niobate de Lithium classique pour moduler la phase et un modulateur en arséniure de gallium (AsGa) de la société VersaWave pour contrôler la polarisation. Les tests réalisés avec cette méthode de modulation et la méthode de détection associée (détection de l’état de polarisation puis de la phase) ont été peu concluants. De plus les algorithmes de détection étaient complexes. Il peut notamment être difficile d’estimer correctement la phase de la porteuse lors de changements d’état de polarisation du signal. J’ai donc fabriqué un signal PDM BPSK et en utilisant deux modulateurs BPSK pour moduler la phase du signal sur chaque axe de polarisation. Le faisceau laser est donc séparé en deux par un coupleur 3dB. Chacun d’eux est ensuite modulé. La sortie de chaque modulateur est finalement connectée à une entrée d’un combineur de polarisation. Il est plus simple de générer un signal au format PDM BPSK (qui n’utilise que des modulateurs BPSK standard) qu’un format PolSK PSK qui nécessite un modulateur spécifique pour tourner la polarisation de 90° en fonction de données binaires à 20Gb/s. La détection est aussi plus simple à réaliser et se comporte mieux vis-à-vis du bruit optique car on détecte 2 signaux BPSK (et aucune détection d’intensité n’est nécessaire comme avec le format PolSK PSK). 4.6.2 Algorithme de détection pour le format PDM BPSK Toutefois, l’algorithme « CMA » qui démultiplexe les 2 polarisations du signal PDM QPSK fonctionne mal lorsque les signaux incidents n’ont que 2 niveaux de phase. Il _____________________________________________________________ 69/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : démultiplexe en effet un signal PDM QPSK (4 niveaux de phase) en cherchant 2 signaux indépendants ayant une intensité constante. Dans le cas d’un signal PDM BPSK, le CMA ne converge vers la bonne solution que sous certaines conditions. Si les 2 signaux BPSK (0, π) sont déphasés de π/2 au niveau du récepteur, le signal est en fait de type QPSK si le démultiplexage en polarisation se fait à 45° de la direction de polarisation de chacun des signaux BPSK. Le CMA détecte bien un signal d’intensité constante, alors qu’il n’a pas rempli sa fonction de séparation des 2 signaux BPSK multiplexés en polarisation. Il est important de comprendre que le déphasage entre le signal BPSK polarisé selon X et celui polarisé selon Y change continuellement sous l’effet de la biréfringence de la fibre optique. Supposons que le CMA ne démultiplexe plus correctement les 2 polarisations incidentes du signal PDM BPSK et qu’il y ait une erreur ε sur l’angle. Comme le montre la figure 38, on observe un signal d’interférences en Y.cos(ε) + X sin(ε) entre le signal BPSK le plus intense (ici selon Y) et le résidu de signal orthogonal (selon X) qui provient du désalignement du CMA. Les signaux X et Y sont modulés avec 2 niveaux de phase 0 et π. Cependant, leur déphasage ∆φ, après propagation sur des milliers de kilomètres de fibre, varie de façon aléatoire à cause de la biréfringence de la fibre et de sa PMD. Dans les deux premiers cas (cas A et B, en haut à droite de la figure 38), le déphasage ∆φ est proche de 0 (modulo π). Il en résulte, après démultiplexage, une fluctuation d’intensité que l’algorithme CMA sera en mesure de compenser. Si au contraire (cas C et D en bas à gauche de la figure 38), ∆φ est proche de π/2 (modulo π), les 2 points de la constellation BPSK se séparent en 4 points qui sont sur un cercle. Le CMA, qui ne détecte aucune fluctuation d’intensité et a donc une fonction d’erreur quasi nulle, est incapable de corriger le mauvais alignement en polarisation. La situation peut dériver jusqu’à la détection d’une constellation de type « QPSK » provenant de l’interférence entre 2 signaux BPSK d’amplitude comparable. _____________________________________________________________ 70/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : figure 38 Explication de l’incapacité du CMA à démultiplexer un signal PDM BPSK Un algorithme dit « à retour de décision » (« decision directed » en anglais) a donc été breveté. Après démultiplexage en polarisation et estimation de phase, il calcule une fonction d’erreur à partir de la constellation BPSK que l’on cherche à retrouver. Pour des raisons de confidentialité, l’utilisation de ce format de modulation n’a fait l’objet que d’une seule publication, en post-deadline, à ECOC’08 [38]. Le produit utilisant cette solution a été annoncé en juin 2010. Depuis cette date, les équipes du laboratoire ont recommencé à publier sur ce format. 4.6.3 Utilisation du format PDM BPSK associée à la détection cohérente pour des transmissions très longues distances L’association du format de modulation PDM BPSK avec la détection cohérente a permis de réaliser un record de distance pour une modulation à 40Gb/s. Cette expérience a démontré la capacité du récepteur cohérent à compenser plus de 200 000ps/nm de dispersion chromatique. Il devient alors possible de changer _____________________________________________________________ 71/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : l’association de fibres dans les systèmes « sous-marins ». A la fin des années 1990 et au début des années 2000, ces systèmes utilisaient une combinaison de fibres à dispersion légèrement négative NZDSF2. Tous les 6 à 10 tronçons, une fibre a dispersion positive est utilisée pour compenser la dispersion chromatique autour de la longueur d’onde centrale du système (~1550nm). On trouvera davantage de détails sur les systèmes sous-marins dans une de mes publications [14] dans les « proceeding of the IEEE ». Les plus modernes utilisent l’association dans un même tronçon • d’une première fibre « +D » ayant une dispersion positive, une grande aire effective et une faible atténuation • d’une fibre « –D » à dispersion négative mais ayant une aire effective plus faible et une atténuation plus élevée. Ici, j’ai utilisé une fibre développée par Draka, ayant une aire effective très élevée (120µm²) pour minimiser l’impact des effets non linéaires. La suppression de la fibre à dispersion négative, ayant une atténuation plus élevée, permet d’augmenter le pas entre répéteurs par rapport à la solution précédente, et donc réduire le coût du système en minimisant le nombre de répéteurs. La quantité d’effet non linéaire vue par le signal est réduite du fait de la grande surface effective de la fibre et par la suppression de la fibre –D fortement non linéaire. La phase non linéaire cumulée lors de la propagation monocanal est un paramètre important que l’on souhaite minimiser. Phase Nonlinéaire = 2π λ L P( z ) ∫n . A 2 0 .dz eff La phase non linéaire calculée sur un tronçon de fibre est proportionnelle à l’intégrale sur la longueur du tronçon L, du produit de l’indice non linéaire n2 par la puissance P(z), le tout divisé par l’aire effective Aeff de la fibre. Ces informations sont synthétisées dans la figure 39. L’utilisation de la fibre « LongLine », permet d’augmenter la longueur de chaque tronçon de 75km à 80km tout en maintenant la perte à 15dB. La phase non linéaire cumulée est fortement 2 en fait l’association d’une première fibre, ayant une aire effective d’environ 70µm² (LEA NZDSF pour Large Effective Area) et une pente de dispersion importante, avec une seconde fibre ayant une aire effective plus faible, voisine de 50µm² et une pente de dispersion plus faible (RS NZDSF pour reduced slope). _____________________________________________________________ 72/112 4-1 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : réduite et il est ainsi possible d’augmenter la puissance injectée en début de tronçon pour augmenter l’OSNR en fin de liaison tout en maintenant les effets non linéaires en dessous de la limite tolérable. figure 39 Description des systèmes NZDSF, +D/-D et +D et des caractéristiques comparatives si l’on considère une perte de 15dB par tronçon. Les facteurs Q ont été mesurés à différentes distances. Sur la figure 40, on peut constater que : • A 7500km, longueur supérieure à celle des câbles transatlantiques, les facteurs de qualité sont très supérieurs à la limite du code correcteur d’erreur. • A 8900km, (distance trans-pacifique Japon-US typique), le facteur Q moyen est de 11dB. • Lorsque la distance est poussée à 11500km, la performance mesurée reste supérieure à la limite du code correcteur d’erreur considéré pour l’ensemble des canaux. On peut aussi remarquer sur la figure 40 que la performance n’est pas homogène sur la bande du système : elle est inférieure en « bas de bande », vers 1530nm. Cela provient principalement de l’atténuation de la fibre, légèrement supérieure vers 1530nm et d’un transfert d’énergie par effet Raman des courtes longueurs d’onde vers les plus grandes. Par ailleurs, le facteur de bruit des amplificateurs EDFA est légèrement dégradé en bas de la bande C (autour de 1530-1535nm). _____________________________________________________________ 73/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : figure 40 Mesure de facteur Q à différentes distances avec la solution PDM BPSK et une ligne composée de fibre Draka LongLine. Cette démonstration a été le point de départ d’interactions très fortes avec les divisions produits qui s’occupent des transmissions sous marines chez AlcatelLucent ainsi qu’avec les équipes de développement réalisant les équipements d’émission réception. Après deux ans de travail, un produit utilisant ce format de modulation, est maintenant utilisé pour des applications « sous-marines » au débit de 40Gb/s. _____________________________________________________________ 74/112 G. Charlet et al., “Performance comparison of singly-polarized and polarization-multiplexed at 10Gbaud under nonlinear Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : impairments”, in proc. Optical Fiber Communication Conference (OFC’08), paper OThU8, San Diego, 24-28 Feb, 2008 _____________________________________________________________ 75/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : _____________________________________________________________ 76/112 Identification des limitations fortes dues aux effets non linéaires à 40Gb/s : _____________________________________________________________ 77/112 G. Charlet, M. Salsi, H. Mardoyan, P. Tran, J. Renaudier, S. Bigo, M. Astruc, P. Sillard, L. Provost, Identification des limitations fortes dues aux non linéaires àErbium-only 40Gb/s : Link, F. Cérou, « Transmission of 81 channels at 40Gbit/s overeffets a Transpacific-Distance using PDM-BPSK Modulation, Coherent Detection, and a new large effective area fibre.”, ECOC’08, Postdeadline paper Th 3.E.3, 21-25th September 2008 _____________________________________________________________ 78/112 Transmission au débit de 100Gb/s _____________________________________________________________ 79/112 Transmission au débit de 100Gb/s 5 Transmission au débit de 100Gb/s 5.1 Impact des effets non linéaires sur les transmissions au débit de 100Gb/s par canal En transportant 4 bits par symbole, le format de modulation PDM QPSK associé à la détection cohérente est vite apparu comme étant une solution intéressante pour atteindre des débits de 100Gb/s par canal tout en restant à 25Gsymboles/s [39]. Les contraintes de bande passante sur les composants électroniques et optoélectroniques sont en effet de l’ordre de 25GHz et l’essentiel de l’énergie du signal est concentré dans le lobe principal du spectre, de 50GHz de large. Nous avons vu que les effets non linéaires cumulés lors de la propagation sont la principale limitation des transmissions sur grandes distances. A 40Gb/s, avec le format PDM QPSK, nous avons vu que les effets non linéaires croisés sont plus importants que les effets monocanaux (voir paragraphe 4.5). L’impact relatif des effets en configurations monocanal et WDM a également été étudié à 100Gb/s. Les signaux ont été transmis sur une ligne à compensation optique de la dispersion chromatique, puis sur une ligne où la dispersion accumulée est compensée numériquement dans le récepteur. Dans chaque cas, la puissance du canal est augmentée par pas de 1dB et le facteur Q² est mesuré. Ces mesures ont été faites sur 1600km de fibre SSMF [41], en configuration monocanal, puis en configuration WDM. Les résultats sont représentés sur la figure 41. _____________________________________________________________ 80/112 Transmission au débit de 100Gb/s figure 41 Impact des effets non linéaires sur la propagation à 100Gb/s en configuration monocanal et WDM, avec et sans compensation de dispersion optique dans la ligne de transmission. La meilleure performance est obtenue lorsque la dispersion chromatique est cumulée au long de la ligne optique avant d’être compensée numériquement dans le récepteur. • En configuration WDM, le facteur Q² optimal est supérieur de 1dB (10.5dB contre 9.5dB). Il est obtenu pour une puissance par canal supérieure de 2dB (+0.5dBm/canal contre -1.5dBm par canal). • L’écart de performance entre la propagation monocanal et WDM est beaucoup plus faible qu’à 40Gb/s. Cela illustre le fait qu’à 100Gbit/s, l’impact des effets non linéaires croisés est moindre. En effet, à 25Gsymboles/s la dispersion chromatique fait évoluer beaucoup plus vite qu’à 10GSymboles/s la forme d’onde des signaux modulés. De plus l’augmentation du débit symbole fait « glisser » les canaux WDM, les uns par rapport aux autres d’un temps symbole, 2.5 fois plus vite. Les interactions entre les canaux voisins sont donc réduites. 5.2 Transmission au débit de 100Gb/s sur des distances transocéaniques Il a été difficile de faire, avec des marges systèmes suffisantes, la démonstration de la transmission de signaux à 40Gb/s sur des distances transocéaniques. C’est pourquoi le débit de 10Gb/s introduit en 2000 est toujours d’actualité en 2010. _____________________________________________________________ 81/112 Transmission au débit de 100Gb/s La solution à 40Gb/s associant multiplexage en polarisation et 2 niveaux de phase est en cours d’introduction. L’éventualité d’une augmentation de capacité doit être étudiée par passage à 100Gbit/s. A ce débit, les distances de transmission ont jusqu’à récemment été limitées à 2000km environ [39]. Cependant, j’ai démontré à OFC’09 une propagation sur plus de 7000km avec 72 canaux modulés à 100Gb/s en utilisant des fibres à grande aire effective (120µm²) pour minimiser l’impact des effets non linéaires, une amplification hybride RamanErbium et sans compensation en ligne de la dispersion chromatique. Cette suppression de la compensation a deux avantages : • Elle évite les fibres à compensation de dispersion dont l’atténuation est élevée (>0.24dB/km) et l’aire effective faible (20 à 30µm²). On gagne en niveau de bruit et en quantité cumulée d’effets non linéaires. • Le régime de propagation est plus favorable lorsque les canaux ne sont pas compensés car les effets croisés entre les canaux WDM deviennent faibles. En effet, la forme d’onde de chaque canal évolue fortement d’un tronçon au suivant et les canaux « glissent » les uns par rapport aux autres de plusieurs symboles entre un tronçon et le suivant. En optimisant la performance de chaque tronçon (ici en utilisant une fibre à large surface effective et avec une longueur limitant l’atténuation à 15dB), les effets non linéaires s’accumulent sur un nombre de tronçons très élevé. A cause de la forte dispersion, les distorsions non linéaires introduites sur chaque tronçon sont quasi indépendantes les une des autres. La phase non linéaire cumulée tolérable est donc plus importante lorsque le nombre de tronçons devient très élevé. Dans la transmission sur 88 tronçons présentée ici, la phase non linéaire cumulée est 2dB supérieure à celle observée sur des transmissions sur 16 tronçons (voir paragraphe 5.1). La publication décrivant ce travail (acceptée en session postdealine d’OFC’09) est jointe à la fin de cette partie. Une étude théorique sur ce point est en cours dans le laboratoire [40]. _____________________________________________________________ 82/112 Transmission au débit de 100Gb/s G. Charlet (1), M. Salsi (1), P. Tran (1), M. Bertolini (2), H. Mardoyan (1), J. Renaudier (1), O. Bertran-Pardo (1), S. Bigo (1)72x100Gb/s transmission over transoceanic distance, using large effective area fiber, hybrid Raman-Erbium amplification and coherent detection, OFC’09, postdeadline paper, PDPB6, OFC’09, San Diego, 22-26th March 2009 _____________________________________________________________ 83/112 Transmission au débit de 100Gb/s _____________________________________________________________ 84/112 Transmission au débit de 100Gb/s _____________________________________________________________ 85/112 Conclusion 6 Conclusion L’association d’une détection cohérente à des formats de modulation multi-niveaux et à un traitement numérique du signal permet de compenser les distorsions linéaires introduites par la propagation dans les fibres optiques, notamment la dispersion chromatique et la PMD. Elle permet d’augmenter la densité spectrale d’information à 2bit/s/Hz tout en conservant une distance de transmission importante. Les progrès réalisés au cours de la dernière décennie sont représentés sur la figure 42. Elle regroupe l’ensemble des records de transmission caractérisés par le produit du débit transmis (ou capacité en bit/s) par la distance (en km). Les différents symboles identifient les méthodes de détection utilisées, détection directe dans les années 1990, détection différentielle entre 2002 et 2006, puis détection cohérente. Les points noirs repèrent les expériences auxquelles j’ai directement contribué. La détection cohérente a clairement permis de retrouver une tendance à l’augmentation du produit capacité-distance qui avait disparu entre 2003 et 2008. Le dernier point représente un produit capacité-distance supérieur à 100Petabit/s.km (15.5Terabit/s sur une distance de 7200km). Il aura donc fallu environ 10 ans pour passer d’un produit capacité distance de 10Petabit/s.km à ce chiffre de 100Petabit/s.km. L’association d’une détection cohérente à des formats multi-niveaux et au traitement du signal est l’élément clé ayant permis ce progrès. figure 42 Evolution du produit capacité x distance sur les 10 dernières années et impact des différentes technologies de détection _____________________________________________________________ 86/112 Conclusion Ce travail de recherche a mis en évidence les configurations qui optimisent l’association de ces technologies. Une direction de recherche pour poursuivre l’augmentation de la capacité de transmission sur fibre optique, est la réduction de l’espacement entre les canaux jusqu’à ce qu’il soit proche ou égal à la fréquence de renouvellement des symboles. Une autre solution est le transport de davantage de bits par symbole. Le passage d’une constellation QPSK à une constellation QAM16 ou plus est à l’étude dans de nombreux laboratoires de recherche. Cependant, les plus grandes distances démontrées avec cette solution sont actuellement nettement inférieures à celles obtenues avec une solution QPSK. Même si des progrès peuvent encore venir des formats de modulation et de la méthode de détection, il semble raisonnable de regarder dans d’autres directions. L’une d’elles, très ambitieuse, consiste à propager le signal sur une fibre permettant la propagation de quelques modes en utilisant chaque mode orthogonal comme un canal de transmission indépendant. Un projet de recherche en ce sens a commencé au début de l’année 2010. Une autre direction de recherche est la compensation des effets non linéaires par traitement du signal. Cependant, la complexité qui peut être nécessaire doit rester compatible avec les circuits électroniques. La compensation d’effet non linéaire mono-canale a déjà été démontré, mais les gains observés sont modestes et la complexité de calcul énorme. Il paraît plus difficile de compenser les effets non linéaires WDM. Une dernière direction de recherche peut être d’élargir de nouveau la bande d’amplification optique. Soit en utilisant des fibres dopées, soit avec d’autres types de matériaux. _____________________________________________________________ 87/112 Références Références [1] R. A. Linke and A. H. Gnauck, “High Capacity Coherent Lightwave Systems”, Journal of Lightwave Technology, vol. 6, issue 11, 1988, pp1750-1769 [2] E. Desurvire, B. Desthieux, D. Bayart and S. Bigo, Erbium-Doped fiber amplifiers : device and system developments, New York: J. Wiley & Sons, 2002 [3] M. G. Taylor “Coherent detection method using DSP for demodulation of signal and subsequent equalization of propagation impairments”, Photonics Technology Letters, vol. 16, issue2, 2004, pp674-676 [4] S. Tsukamoto, D. S. Ly-Gagnon, K. Katoh and K. 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For bit rate of 10Gb/s and below, signals are intensity modulated and intensity detected through direct detection (except for some submarine links which use phase modulation). The modulation/detection technique is called On Off Keying (OOK) or Intensity Modulated Direct Detected (IMDD). The most commonly used modulation formats are Non Return to Zero (NRZ) and Return to Zero (RZ). In both cases, the information is encoded through the intensity of the light, but with RZ modulation, “ones” are encoded by pulses as depicted in Fig. 1. Fig. 1 Temporal intensity waveform of On Off Keying signal, NRZ (top) and RZ (bottom), constellation diagram (center) and spectrum (right) Even if the pattern (and thus the eye diagram) of NRZ and RZ signals are different, they have the same constellation diagram as the signal state at the center of the symbol reaches the same value, “0” or “1”. The spectrum associated with a NRZ signal shows a strong carrier at the initial laser frequency and a main lobe with a total width of twice the bit rate B. At 10Gb/s, the spectrum width is thus 20GHz. For a RZ signal, 2 additional carriers are generated at the +B and –B frequencies and the main lobe is wider. The narrower the pulse width of RZ, the wider the spectrum width of the main lobe. _____________________________________________________________ 92/112 ANNEX I : modulation formatRéférences A common way to generate NRZ and RZ modulation format is to use a Mach Zehnder modulator, where the refractive index of one arm (or of both) can be changed by electro-optic effect as shown in Fig. 2 left. By applying a high frequency electrical signal of amplitude Vπ on one arm of the modulator, around a bias point set at the quadrature of the modulator transfer function, the Mach Zehnder modulator switches from a passing to a blocking state as shown in Fig. 2 right when the phase change reaches π. Fig. 2 Mach Zehnder modulator for NRZ modulation (left) and conversion of electrical signal to optical signal (right) To detect the optical signal and to convert it back to a digital electrical signal, light is sent onto a photodiode, followed by a low pass filter (with a 3dB bandwidth around 0.7 x bitrate) so as to integrate the signal over a bit duration. A clock recovery circuit provides the right sampling phase to a decision element. This decision element selects whether the incoming signal is a “1” or a “0” by comparing the electrical level at its input with a reference threshold as depicted in Fig. 3. The digital electrical signal is then processed by a FEC decoder and sent to a crossconnect, an Ethernet switch or an IP router for further processing/switching. Low pass filter fiber Decision element 0100011… Digital electrical signal photodiode Optical signal Clock recovery Fig. 3 Schematic of an OOK receiver (NRZ or RZ) _____________________________________________________________ 93/112 ANNEX I : modulation formatRéférences 7.2 Differential Phase Shift Keying (DPSK) Phase Shift Keying (PSK) has been first proposed more than 20 years ago. It regained interest in 2002 [15] when extremely good performance transmission was shown to be achievable at the bit rate of 40Gbit/s in WDM configuration. The association of Phase Shift Keying (PSK) and differential detection at the receiver side is called Differential Phase Shift Keying (DPSK) or Differential Binary Phase Shift Keying (DBPSK) ; B indicating that a binary modulation is used. The electrical field representation of the standard OOK modulation, and of the DPSK modulation are sketched on Fig. 4. In the optical communication systems wavelength range, i.e. around 1550nm, the frequency of the electrical field is around 200THz and the oscillation period is around 5fs. In a signal at 10Gsymbol/s, each symbol contains ~20 000 oscillations. For OOK format, the amplitude (thus intensity) of the electrical field is modulated. For BPSK format, the phase of the signal can be changed by π from one symbol to the next one Fig. 4 Electrical field representation of OOK format (top) and PSK format (bottom), constellation diagram (center) and spectrum (right) The “0” and “π” phases are clearly visible on the constellation diagram. The distance between the two states appears clearly larger than for OOK signal. On the left part of the figure, it can be observed that the spectra are quite similar, at least in terms of width. But PSK signals do not exhibit any carrier as the average of the amplitude of all symbols is null contrary to OOK signals. The method for generating a DPSK signal is slightly changed compared to OOK signal. A high frequency electrical signal of amplitude 2.Vπ (i.e. Vπ on each arm of the “push-pull” modulator), applied around a bias point set at the minimum of the _____________________________________________________________ 94/112 ANNEX I : modulation formatRéférences modulator transfer function switches the Mach Zehnder modulator from a “0 phase” passing state to a “π” phase passing state as shown in Fig. 5 right. Fig. 5 Mach Zehnder modulator for DPSK modulation (left) and conversion of electrical signal to optical signal (right) To avoid the use of complex coherent receivers, a differential approach has been proposed in conjunction with a balanced receiver. One of the main advantages of Differential Phase Shift Keying (DPSK) is a 3dB improvement of the tolerance to optical noise, also called OSNR sensitivity, brought by the balanced receiver [16]. 1 bit delay Low pass filter Decision element 0100011… Digital electrical signal Optical signal optical demodulator Balanced photodiode Clock recovery Fig. 6 Schematic of DPSK receiver including optical demodulator A Mach Zehnder interferometer (also called optical demodulator) having a 1 bit delay between its two arms generates interferences between a bit and the previous one. When the two consecutive bits have the same phase, constructive interference generates an optical pulse at the output of the constructive port, and no optical signal on the destructive port. When two consecutive bits have a phase difference of π, destructive interference produces no optical signal at the output of the constructive port, and an optical pulse on the destructive port. Balanced photodiodes are connected to the two ports of the optical demodulator, and then to the low pass filter followed by a decision element and clock recovery circuit as depicted in Fig. 6. _____________________________________________________________ 95/112 ANNEX I : modulation formatRéférences A simple way to explain the 3dB enhancement of OSNR sensitivity of DPSK over OOK is to draw the constellation diagram for both formats, OOK and DPSK (see Fig. 7), i.e. the electrical field at the expected locations of “0” and “1” symbols in the complex plane, assuming a normalized intensity. Considering OOK, a “0” symbol has a nearly null amplitude and falls in the centre of the circle, whereas a “1” symbol has an amplitude normalized to 1. “1” symbols may be located anywhere on the circle, depending on their phase. Phase does not matter in our explanation, and we choose to represent the OOK symbols with a null phase, i.e. along the Real axis. Considering DPSK, the “0” and “1” symbols have the same amplitude ( 2 2 ), in order to maintain the same average power than for OOK format, but a phase difference of π. Again, their actual phase does not matter here, and we may locate DPSK symbols about along the real axis, about the circle centre. For each symbol of the bit stream, any noise perturbation adds to the electrical field and shifts its coordinates in the complex plane off the value represented in Fig. 7. Since, the distance between “0” and “1” is larger for DPSK than for OOK, it takes a larger amount of noise to have a “1” mistaken for a “0” or the reverse for DPSK than for OOK. This intuitively enlightens why the OSNR sensitivity of DPSK is better than that of OOK. These considerations hold only if DPSK is detected with a special receiver which can distinguish between the phase of symbols without power loss, as in a balanced configuration. On Off Keying NRZ/RZ Differential Phase Shift Keying DPSK/RZ-DPSK Im {E} Im {E} 1 1 1 0 Re {E} 1 2 π phase 2 2 0 phase Re {E} Fig. 7 : sensitivity improvement by DPSK _____________________________________________________________ 96/112 ANNEX I : modulation formatRéférences 7.3 Quadrature Phase shift Keying The information can also be encoded within 4 phase levels, instead of using a 2 phases modulation as with DBPSK (also called DPSK), Fig. 8 left, shows the modulated electrical field for three modulation formats, OOK (On Off Keying), BPSK (Binary Phase Shift Keying) and QPSK (Quadrature Phase Shift Keying). The oscillation period of the electrical field is around 5fs as the carrier frequency is around 200THz. For OOK format, the amplitude (thus intensity) of the electrical field is modulated. For BPSK format, the phase of the signal can be changed by π from one symbol to the next one. For QPSK, the signal phase can reach four values, +π/4, +3π/4, 5π/4, -π/4. Fig. 8 Electrical field representation (left), constellation diagram (center) and spectrum (right) of OOK, BPSK and QPSK signals The constellation diagram is often used for representing the states of the modulated symbol. For a QPSK signal, it shows the 4 possible states. One symbol codes 2 bits, phase π/4 corresponding for example to “00”, 3π/4 to “01”, 5π/4 to “10” and –π/4 to “11”. A 40Gbit/s signal should thus be modulated at 20GSymbol/s. The spectrum width being related to the symbol rate and not to the bit rate, the QPSK spectrum is twice narrower than the BPSK spectrum at a given bit rate. QPSK signals are generated using a nested modulator (or QPSK modulator or I/Q modulator). The cw signal is split in two parts, each of them modulated by a BPSK modulator. The upper Mach-Zehnder encodes a binary information “I” (In phase) while the lower Mach-Zehnder encodes a binary information “Q” (Quadrature). _____________________________________________________________ 97/112 ANNEX I : modulation formatRéférences Then one of the two signals, “Q” in the figure, is shifted by π/2 and recombined with the other signal, to generate the four phase levels QPSK signal. The constellation point “00” in the first quadrant (upper right) results from the combination of the “I” signal “0” (ie right part of the constellation) with the “Q” signal “0” (ie upper part of the constellation) as the amplitude field of each MachZehnder are summed. Fig. 9 QPSK modulator Constellation diagrams allow an easy comparison of the distance between two symbols for various modulation formats. In Fig. 10, OOK, BPSK and QPSK modulation formats are represented assuming a constant energy per bit for each. On Off Keying NRZ/RZ Binary Phase Shift Keying Quaternary Phase Shift Keying NRZ-BPSK/RZ-BPSK NRZ-QPSK/RZ-QPSK Im{E} Im{E} π 1 0 1 Im{E} 3π/4 2 Re{E} 2 π/4 0 Re{E} 2 Re{E} −3π/4 −π/4 2 Fig. 10 Constellation diagram and symbol distance for OOK, BPSK and QPSK _____________________________________________________________ 98/112 ANNEX I : modulation formatRéférences For OOK format, (amplitude “1” or “0”), the distance between the two states is 1 (the average power is ½, as half of the bits have an intensity of 1 while the other bits have an intensity close to 0). For BPSK, the amplitude of each bit is either 2 2 or - 2 2 to obtain the same average power of ½ than OOK signal (the intensity of each symbol is ½ as signal intensity is equal to the square of the signal amplitude). The distance between the two symbols is thus 2 larger than for OOK which is consistent with the 3dB improved OSNR sensitivity obtained with BPSK [16]. With the QPSK modulation format, two bits are encoded within each symbol. The average power per bit is ½, hence the average power per symbol is 1. On the constellation diagram, this translates into symbols located on the circle of radius 1. The distance between each symbol is equal to 2 , the same as for BPSK. This indicates that the tolerance to noise can be as good for QPSK as for BPSK when an optimum detection method is used [17]. _____________________________________________________________ 99/112 ANNEX II : Digital signal processing 8 ANNEX II : Digital signal processing The digital signal is processed in several steps as described in Fig. 11. ADC ADC j CD compensation ADC Resampling j hxy CPE hyx CPE ej φ ej φ hyy Equalization Symbol identification Symbol identification Carrier phase recovery Fig. 11 schematic of Digital Signal Processing done in coherent receiver The sampling heads used in most of the research experiments have a 3-dB bandwidth of 16GHz and work at a fixed sampling rate slightly lower than twice the symbol rate. Here, with 50Gsamples/s for a symbol rate of 28Gbaud as in [39]. Consequently, digitized signals have roughly 1.8 samples per symbol. To operate the DSP at exactly 2 samples per symbol, the digital signal has to be resampled by an interpolation technique. To process 40µs of recorded data, computation time is usually around 1 minutes, ie one million times longer, when using Matlab on a computer. The realization of a dedicated chip in CMOS is thus required for a transmission product. Chromatic dispersion (CD) is a static polarization-independent phenomenon and may thus be compensated before equalizing and demultiplexing the received signal to recover the two orthogonal polarization tributaries sent at the transmitter side. As we roughly know the residual amount of chromatic dispersion, its well-known _____________________________________________________________ 100/112 BER & Q2-factor hxx ADC ANNEX II : Digital signal processing analytical expression is used to design the filter which compensates for it. This expression is Dλ2 2 G ( z , ω ) = exp − j ω z c 4 . π where z is the distance, ω is the angular frequency, j is the imaginary unit, D is the dispersion coefficient of the fiber, λ is the wavelength and c is the speed of light. The implementation of the digital filter corresponding to such an expression is impossible because its response is not causal and has an infinite duration. In practice, the response is truncated and static finite impulse response (FIR) filters are used. Their length is proportional to the amount of CD to be compensated for. For practical real-time implementation, the amount of CD compensation will depend on calculation capacity of the state-of-the-art technologies. To compensate large value of chromatic dispersion, it is more efficient to apply the filter in the frequency domain. First, a fast Fourier transformation (FFT) has to be implemented, then each spectral component is shifted by the correct amount. Then an inverse FFT operation is required to come back in the temporal domain. A digital clock recovery is then required for the other parts of the processing. A key part of the DSP is to demultiplex the two initial signals sent along two orthogonal polarizations, and to equalize simultaneously the two signals. This can be done by using Constant Modulus Algorithm (CMA) as proposed in [24]. The filters used within this part, have to adapt themselves continuously to the incoming signal, to follow polarization fluctuations and PMD variations. The “Polarization Demultiplexing and Equalization” block is described in Fig. 12. It is composed of 4 FIR filters (hxx, hxy, hyx, hyy) arranged in a butterfly configuration. Longer FIR filters (here 9 taps filters are represented) can compensate for larger distortions induced by propagation. As all QPSK symbols have the same amplitude, the CMA (Constant Modulus Algorithm) tends to force the output signal to converge around a circle as depicted in Fig. 12. As the local oscillator frequency is not equal to the carrier frequency of the signal, the expected constellation diagram (4 dots located at +π/4, +3π/4, -3π/4 and –π/4) part may “rotate” at the frequency difference between the local oscillator and the signal. The constellation diagram at the output of the CMA block takes the shape of _____________________________________________________________ 101/112 ANNEX II : Digital signal processing a thick circle. This frequency/phase offset will be recovered by the following block in the DSP. It has to be noted that the two input signals of the block, I1 and I2, contain a mix of the two signals generated at the transmitter side along the two polarizations of the light. At the output of the DSP block, the two generated signals are polarization demultiplexed and equalized to undo most of linear distortions occurred within the transmission line. feedback I1 hxx hxy FIR filter + O1 + O2 hyx I2 hyy Fig. 12 schematic description of polarization demultiplexer and equalizer In Fig. 13, the 9 taps FIR filter hxx is sketched. It is made of 8 shift registers to give access to the sampled signal at 9 different consecutive instants (with sampling frequency being usually twice the symbol rate). Each of the complex signal value is multiplied by a complex number hxx1 to hxx9. If no equalization is required, all the multipliers coefficient are set to 0 except hxx5 which is set to 1. The values of the multiplier coefficients are updated by the CMA algorithm as described in [24]. _____________________________________________________________ 102/112 ANNEX II : Digital signal processing Shift register hxx hxx9 hxx1 + Fig. 13 schematic description of FIR filter hxx The two input signals of the block, xin and yin, are a mix of the two emitted signals along the two orthogonal states of polarization of the light. Therefore the equalizer has to estimate the inverse of the channel response to reverse the effects of propagation. The output signals (xout ,yout) is obtained as follows: xout = h xx ⋅ x in + h xy ⋅ y in yout = h yx ⋅ x in + h yy ⋅ y in from the input signals (xin ,yin ). In previous equations, it has to be noted that, hxx, hxy, hyx, hyy, xin and yin are vectors. hxx, hxy, hyx and hyy are the adaptive FIR filters having T/2-spaced complex tapcoefficients (also known as taps). These coefficients are updated according to h xx = h xx + µε x xout ⋅ x * in h xy = h xy + µε x y out .y * in h yx = h yx + µε x xout .x * in h yy = h yy + µε x y out .y * in _____________________________________________________________ 103/112 ANNEX II : Digital signal processing where µ is a convergence parameter, x*in and y*in are the complex conjugate of vectors xin and yin respectively. For unit amplitude signals the error terms to be minimized are : ε x = 1 − xout 2 ε y = 1 − yout 2 At the end of this DSP block, the output signals, xout and yout, are polarization-demultiplexed and equalized. Once the two polarization tributaries have been separated by the blind adaptive equalizer, phase-tracking has to be done in the digital domain since the local oscillator is not optically phase-locked onto the received signal. Otherwise, the constellation diagram expected (4 clouds located at +π/4, +3π/4, -3π/4 and –π/4) would look like a thick circle, as it appears at the output of the polarization demultiplexing stage in Fig. 12. This phase offset will be recovered by the following block in the DSP. The last important part of the digital signal processor is the Carrier Phase Estimation (CPE) process. This is required to recover and cancel the frequency offset (ωs-ωol) between the local oscillator and the carrier frequency of the signal as described in [47]. This process is used to recover and subsequently remove the remaining phase mismatch, φ, between the local oscillator and the signal. This mismatch may be estimated by using a non linear carrier phase tracking algorithm [26] as follows: : 1) the n-th power of the complex symbol is calculated to remove any information encoded in the phase of the signal (n being the number of symbols of the modulation, i.e. 4 for a QPSK modulation). 2) An averaging of N+1 element is computed by summing the result over N/2 pre-cursors and N/2 post-cursors symbols. Then, the argument is taken since we are only interested in the phase. _____________________________________________________________ 104/112 ANNEX II : Digital signal processing Finally, as shown by the equation below, the resulting phase is divided by n to correct for the initial elevation to n-th power and subsequently unwrapped to obtain results in the range ]-π,π]. N /2 1 n φ (k ) = arg ∑ xout (k + p) n p =− N / 2 This step has been shown to be critical since a correct estimation of the phase depends on the number of consecutives symbols considered [36][38]. Actually, when the transmission performance is mainly limited by a Gaussian noise, high values of N may be employed for better performance. In contrast, when nonlinear effects become dominant during the transmission, a smaller number of consecutive symbols should be considered to follow fast variations of the phase, thus reducing the accuracy of the phase estimation. In that case, the length has to be adjusted depending on the amount of nonlinearities when designing a system. It has to be noted here that, as pointed out in [47], phase estimators are well performing when the estimated phase may be considered as unbiased in the range of the chosen averaging window, leading to the following condition on the frequency detuning, ∆f, between the carrier of the received signal and the frequency of the local oscillator: ∆f ≤ 1 2( N + 1)nTs where TS is the sampling period, N+1 is the averaging window of CPE and n is the number of symbol states. According to this condition, the maximum tolerable frequency offset is around +/-600MHz for 100Gb/s PDM-QPSK operating at 28Gbaud with N equal to 5. As the accuracy of typical temperature-stabilized lasers is around +/-1GHz, a technique derived from the non linear carrier phase tracking algorithm and presented in [47] is usually performed to estimate and remove the frequency detuning, ∆ f before processing CPE. _____________________________________________________________ 105/112 ANNEX II : Digital signal processing _____________________________________________________________ 106/112 Papiers acceptés en tant que premier auteur 9 Papiers acceptés en tant que premier auteur 2002 1. G. Charlet, J.-C. Antona, S. Lanne, P. Tran, W. Idler, M. Gorlier, S. Borne, A. Klekamp, C. Simonneau, L. Pierre, Y. Frignac, M. Molina, F. Beaumont, J.-P. Hamaide, S. Bigo, « 6.4 Tb/s (159x42.7Gb/s) capacity over 21x100km using bandwidth-limited phase-shaped binary transmission », European Conference on Optical Communications (ECOC ’02), session postdeadline PD.4.1, Copenhagen, 2002. 2. G. Charlet, W. Idler, R. Dischler, J.-C. Antona, P. Tran, S. Bigo, «3.2Tbit/s (80x42.7 Gb/s) C-band transmission over 9x100 km of TeraLight fiber with 50GHz channel spacing», in proc. Topical Meeting on Optical Amplifiers and their Applications, OAA'02, session postdeadline PDP1, Vancouver, Canada, July 14-17 2003 3. G. Charlet, J.-C. Antona, S. Lanne and S. Bigo, “From 2,100km to 2,700km distance using Phase-Shaped Binary Transmission at 6.3Tbit/s capacity”, Optical Fiber Communications Conference (OFC’03), paper WE3, Atlanta, 23-28 March 2003 4. G. Charlet, S. Lanne, L. Pierre, C. Simonneau, P. Tran, H. Mardoyan, P. Brindel, M. Gorlier, J.C. Antona, M. Molina, P. Sillard, J. Godin, W. Idler, S. Bigo, “Cost-optimized 6.3Tbit/s-capacity terrestrial link over 17x100km using Phase-Shaped Binary Transmission in a conventional allEDFA SMF-based system”, Optical Fiber Communications Conference (OFC’03), session postdeadline PD25, Atlanta, 23-28 March 2003 5. G. Charlet, J.-P. Thiery, P. Tran, H. Mardoyan, J.-C. Antona, C. Martinelli, S. Bigo, “80x10.7Gbit/s with NRZ, RZ and RZ-DPSK formats over sixty 100-km long terrestrial (non dispersion managed) fiber spans with all-Raman amplification”, in proc. Topical Meeting on Optical Amplifiers and their Applications, OAA'03, session postdeadline PDP1, Otaru, 7-9 July 2003 6. G. Charlet, J. Lazaro, E. Corbel, P. Tran, A. Klekamp, T. Lopez, H. Mardoyan, W. Idler, A. Konczykowska, J.-P. Thiéry, R. Dischler, S. Bigo, “One-hundred WDM-channel transatlantic transmission experiment at 43Gbit/s using Raman repeaters with large 65km spacing”, _____________________________________________________________ 107/112 Papiers acceptés en tant que premier auteur European Conference on Optical Communications (ECOC’03), session postdeadline Th.4.3.3, Rimini,.21-25 Sept. 2003 2004 7. G. Charlet, E. Corbel, J. Lazaro, A. Klekamp, R. Dischler, P. Tran, W. Idler, H. Mardoyan, A. Konczykowska, F. Jorge, S. Bigo, “WDM Transmission at 6 Tbit/s capacity over transatlantic distance, using 42.7Gb/s Differential Phase-Shift Keying without pulse carver”, Optical Fiber Communications Conference (OFC’04), session postdeadline PDP36, Los Angeles, 22-27 Feb 2004 8. G. Charlet, S. Bigo, « Spectral reshaping by narrow optical filtering toward high information spectral density 40Gbit/s transmission”, invited paper, IEEE Summer Topical Meeting on Modulation formats, 2 July 2004, San Francisco 9. G. Charlet, R. Dischler, A. Klekamp, P. Tran, H. Mardoyan, L. Pierre, W. Idler, S. Bigo, “WDM Bit-to-Bit Alternate-Polarisation RZ-DPSK transmission at 40x42.7Gbit/s over transpacific distance with large Q-factor margin”, European Conference on Optical Communications (ECOC’04), session postdeadline, paper Th4.4.5., Stockholm, 5-9 Sept. 2004 10. G. Charlet, E. Corbel, J. Lazaro, A. Klekamp, P. Tran, H. Mardoyan, S. Bigo, “Performance comparison of DPSK and RZ-DPSK formats in Nx43Gb/s submarine transmission with 100GHz channel spacing”, in proc. European Conference on Optical Communications (ECOC’04), paper Th3.5.3., Stockholm, 5-9 Sept. 2004 2005 11. G. Charlet, E. Corbel, J. Lazaro, A. Klekamp, W. Idler, R. Dischler, and S. Bigo, P. Tran, T. Lopez, H. Mardoyan, H. Mardoyan, A. Konczykowska, and J.-P. Thiéry, “Comparison of system performance at 50, 62.5 and 100GHz channel spacing over transoceanic distances at 40Gbit/s channel rate using RZ-DPSK”, electronics letters, vol. 41, n°3, pp. 145-146 (2005) 12. G. Charlet, E. Corbel, J. Lazaro, A. Klekamp, R. Dischler, P. Tran, W. Idler, H. Mardoyan, A. Konczykowska, F. Jorge, S. Bigo, “, “WDM transmission at 6Tbit/s capacity over transatlantic distance, using 42.7Gbit/s differential phase-shift Keying without pulse carver”, IEEE J Lightwave Technol., Volume 23, n° 1, pp. 104 – 107 (2005) _____________________________________________________________ 108/112 Papiers acceptés en tant que premier auteur 13. G. Charlet, H. Mardoyan, P. Tran, A. Klekamp, M. Astruc, M. Lefrançois and S. Bigo, « Upgrade of 10Gbit/s ultra-long-haul system to 40Gbit/s with APol RZ-DPSK modulation format”, Electron. Lett, vol. 41, n°22, pp. 1240-1241 (2005) 14. G. Charlet, H. Mardoyan, P. Tran, A. Klekamp, M. Astruc, M. Lefrançois, S. Bigo, “Upgrade of 10Gbit/s Ultra Long Haul System to 40Gbit/s thanks to APol RZ-DPSK modulation format”, in proc. 10th OptoElectronics and Communications Conference (OECC’05), postdeadline session, paper PDP-2, Seoul, 2005 15. Gabriel Charlet, P. Tran, H. Mardoyan, M. Lefrançois, T. Fauconnier, F. Jorge, S. Bigo, « 151x43Gb/s transmission over 4,080km based on Return-to-Zero-Differential Quadrature Phase-Shift Keying”, in proc. ECOC’05, postdeadline session, Glasgow, Scotland, 2005 16. G. Charlet and S. bigo, “Upgrading WDM submarine systems to 40-Gbit/s channel bit-rate”, Proceedings of the IEEE, Invited paper, Vol. 94, n°5, pp. 935-951, May 2006 17. G. Charlet, P. Tran and S. Bigo, “System Impact of Fibre Repairs on a Nx40Gbit/s All-Raman Amplified Submarine Transmission”, in Proc. European Conference on Optical Comm. (ECOC’05), paper Mo3.2.3, Glasgow, 25-29 Sept. 2005 2006 18. G. Charlet, H. Mardoyan, P. Tran, M. Lefrançois, S. Bigo, “Nonlinear Interactions Between 10Gb/s Channels and 40Gb/s Channels with either RZ-DQPSK or PSBT Format, over LowDispersion Fiber”, in Proc. European Conference on Optical Comm. (ECOC’06), paper Mo.3.2.6, Cannes, 2006 19. G. Charlet, N. Maaref, J. Renaudier, H. Mardoyan, P. Tran, S. Bigo, “Transmission of 40Gbit/s QPSK with coherent detection over ultra-long distance improved by nonlinearity mitigation”, in Proc. European Conference on Optical Comm. (ECOC’06), postdeadline paper Th.4.3.4, Cannes, 2006 20. G. Charlet, Optimum modulation format for high density and/or ultra long haul transmission at 40Gbit/s, invited paper, in proc. OFC’06, Anaheim, California 21. G. Charlet, Progress in optical modulation formats for high bit rate WDM transmissions, IEEE Journal of Selected Topics in Quantum Electronics, vol 12, issue4, July-Aug. 2006 pp 469-483 _____________________________________________________________ 109/112 Papiers acceptés en tant que premier auteur 22. Gabriel Charlet, „Challenges for introducing 40Gb/s submarine systems”, in Proc. APOC’06, Sept. 2006, Seoul, Korea 23. G. Charlet, and S. Bigo, “Upgrade of 10Hb/s network to 40Gb/s, challenges and enabling technologies”, in Proc. European Conference on Optical Comm. (ECOC’06), invited paper, Th.1.6.1., Cannes, 2006 2007 24. G. Charlet, J. Renaudier, M. Salsi, H. Mardoyan, P. Tran, S. Bigo, « Efficient Mitigation of Fiber Impairments in an Ultra-Long Haul Transmission of 40Gbit/s Polarization-Multiplexed Data, by Digital Processing in a Coherent Receiver », in Proc. Optical Fiber Communications Conf. (OFC’07), postdeadline paper PDP 17, Anaheim, 25-29 March 2007 25. Gabriel Charlet, Sébastien Bigo, Jérémie Renaudier, Mathieu Lefrançois, Phase modulation for the transmission of Nx40Gbit/s data over transoceanic distances, SubOptic’07, Baltimore 26. G. Charlet, “QPSK with coherent detection over Ultra-Long distance Improved by Non linearities mitigation”, ), invited paper in proc. LEOS topical meeting, Portland, Oregon 27. G. Charlet, M. Salsi, J. Renaudier, O. Bertran Pardo, H. Mardoyan, S. Bigo, « Performance comparison of singly-polarized and polarisation-multiplexed coherent transmission at 10Gbauds under linear impairments », in Proc. European Conf. On Optical Comm. (ECOC’07), invited paper 7.2.2, Berlin, 17-20 Sept. 2007 28. G. Charlet, J. Renaudier, H. Mardoyan, O. Bertran Pardo, F. Cérou, P. Tran, S. Bigo, “12.8Tbit/s Transmission of 160 PDM-QPSK (160x2x40Gbit/s) Channels with Coherent Detection over 2,550km”, in Proc. European Conf. on Optical Comm. (ECOC’07), Postdeadline paper PD 1.6, Berlin, 17-20 Sept. 2007 29. G. Charlet, M. Salsi, J. Renaudier, O. Bertran Pardo, H. Mardoyan, S. Bigo, « Performance comparison of singly-polarized and polarisation-multiplexed coherent transmission at 10Gbauds under linear impairments », electronics letters, vol 43, issue 20, September 27, 2007, pp1109-1111 _____________________________________________________________ 110/112 Papiers acceptés en tant que premier auteur 2008 30. G. Charlet, J. Renaudier, O. Bertran Pardo, , P. Tran, H. Mardoyan, S. Bigo, “Performance comparison of singly-polarized and polarization-multiplexed at 10Gbaud under nonlinear impairments”, in proc. Optical Fiber Communication Conference (OFC’08), paper OThU8, San Diego, 24-28 Feb, 2008 31. G. Charlet, J. Renaudier, H. Mardoyan, P. Tran, O. Bertran Pardo, F. Verluise, M. Achouche, A. Boutin, F. Blache, J.-Y. Dupuy, S. Bigo, “Transmission of 16.4Tbit/s capacity over 2,550km using PDM QPSK modulation format and a coherent receiver”, in proc. Optical Fiber Communication Conference (OFC’08), Postdeadline paper PDP3, San Diego, 24-28 Feb, 2008 32. G. Charlet, M. Salsi, H. Mardoyan, P. Tran, J. Renaudier, S. Bigo, M. Astruc, P. Sillard, L. Provost, F. Cérou, « Transmission of 81 channels at 40Gbit/s over a Transpacific-Distance Erbium-only Link, using PDM-BPSK Modulation, Coherent Detection, and a new large effective area fibre.”, ECOC’08, Postdeadline paper Th 3.E.3, 21-25th September 2008 33. G. Charlet, J. Renaudier, H. Mardoyan, P. Tran, O. Bertran Pardo, F. Verluise, M. Achouche, A. Boutin, F. Blache, J.-Y. Dupuy, S. Bigo, “Transmission of 16.4Tbit/s capacity over 2,550km using PDM QPSK modulation format and a coherent receiver”, Journal of Lightwave Technology, Feb.1 2009, vol 27, issue 3, pp153-157 34. G. Charlet, “Coherent detection associated with digital signal processing for fiber optics communication”, invited, Compte rendu physique, vol9, issue 9-10, November-December 2008, pp1012-1030 2009 35. G. Charlet, “The Impact and Mitigation of Non-Linear Effects in Coherent Optical Transmission”, tutorial NFOEC, OFC/NFOEC 09, NThB4, San Diego, 22-26th March 2009 36. G. Charlet, J. Renaudier, P. Brindel, P. Tran, H. Mardoyan, O. Bertran Pardo, M. Salsi, S. Bigo., “Performance comparison of DPSK, P-DPSK, RZ-DQPSK and coherent PDM-QPSK at 40Gb/s over a terrestrial link”, OFC’09, JWA40, San Diego, 22-26th March 2009 _____________________________________________________________ 111/112 Papiers acceptés en tant que premier auteur 37. G. Charlet (1), M. Salsi (1), P. Tran (1), M. Bertolini (2), H. Mardoyan (1), J. Renaudier (1), O. Bertran-Pardo (1), S. Bigo (1)72x100Gb/s transmission over transoceanic distance, using large effective area fiber, hybrid Raman-Erbium amplification and coherent detection, OFC’09, postdeadline paper, PDPB6, OFC’09, San Diego, 22-26th March 2009 2010 38. G. Charlet, M. Salsi, O. Bertran-Pardo, S. Bigo, P. Plantady, A. Calsat, “Technological challenges for field deployment and upgrade of multi-terabit/s submarine systems”, in proceeding SubOptic 2010, THU 1.C.4, Yokohama, 11-14th May, Japan 39. G. Charlet, “Fiber Characteristics for Next-Generation Ultra-Long-Haul Transmission Systems”, invited paper ECOC’10, 19-23th September Turin, Italy _____________________________________________________________ 112/112