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Éthique et gestion du résultat comptable - El Mehdi LAMRANI
RIMHE, Revue Interdisciplinaire sur le Management et l’Humanisme
n°2 - NE - mai-juin-juillet 2012 - VARIA
la morale, l’éthique est amenée à avoir un contenu qui évolue (Honoré, 1999).
En comptabilité, l’éthique8 « serait alors un ensemble de règles collectives
relatives à une société et à une époque donnée. La « collectivité » concernée
serait l’ensemble des professionnels de la comptabilité et des utilisateurs
des documents de synthèse » (Honoré, 1999, p. 123). L’auteure ajoute « que
l’éthique se différencie de la déontologie, d’application plus réduite, compte
tenu des différents corps professionnels composant la « collectivité » » (p.
124). Dans cette perspective, elle considère que le concept d’image fidèle
relève bien de l’éthique, ce qui n’est ni un concept moral, ni un concept
déontologique. En effet, l’image fidèle conditionne, selon Honoré (1999),
les pratiques et comportements d’individus appartenant à une « collectivité »
faites de corps professionnels différents. Si la déontologie comptable pose
le problème du rapport des règles à la profession, la comptabilité comme
jeu social pose celui du questionnement éthique (Pesqueux, 2000). Ainsi,
l’éthique telle que nous l’envisageons dans cet article est l’éthique au sens
d’éthique personnelle. Elle part de l’individu et concerne la façon dont il peut
se construire une bonne conduite en situation professionnelle. Bien entendu
les réflexions et les pratiques occasionnées par l’éthique dans les affaires
nourrissent l’éthique personnelle (Claude, 2002). Mais l’éthique dans les
affaires n’aborde pas de front la manière dont chaque acteur de la production
et du contrôle de l’information comptable peut viser une bonne conduite.
1-1 L’image fidèle : une conception de l’éthique mieux appropriée à
la gestion du résultat
Les normes comptables visent à mettre en lumière le chemin à suivre pour
atteindre l’objectif d’image fidèle de la comptabilité. Leur correcte application
semble donc essentielle et fait l’objet de deux principes supplémentaires,
qualifiés de principes éthiques : le principe de régularité d’une part, et le
principe de sincérité d’autre part. Selon le principe de régularité, le respect
des normes comptables revêt un caractère obligatoire. Ces dernières ne
constituent pas une simple référence que l’on pourrait choisir d’ignorer. Sauf
exception, il n’est pas question d’y déroger. Elles doivent être appliquées
à la lettre. Ceci est toutefois insuffisant. En effet, pour comptabiliser un
événement donné, il arrive que plusieurs solutions puissent être envisagées.
Il faut donc non seulement respecter les normes, mais aussi le faire de
bonne foi et choisir celles qui reflèteront au mieux la réalité économique de
l’entreprise. Tel est le principe de sincérité. Respectés, ces deux principes
sont censés garantir l’atteinte de l’objectif d’image fidèle.
8 - Bien qu’il n’existe pas de définition consensuelle de l’éthique nous retenons celle de Mercier (2002,
p. 34), l’éthique est « la réflexion qui intervient en amont de l’action. C’est une recherche identitaire qui a
pour ambition de distinguer, par une réflexion personnelle, la bonne et la mauvaise façon d’agir, elle vise
donc à atteindre une sagesse de l’action. Les notions relatives de bon ou mauvais se forgent à partir du
système de valeurs et des attitudes des acteurs. ».