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DE
LA
((
STAPLE
THEORY
))
A
LA
RENTE
PBTROLIÈRE
717
tants exportateurs de biens manufacturés voire de matériel militaire des plus
sophistiqués. Quantà la majeure partie des autres pays en développement, leur
dette est essentiellement publique, de long terme et octroyée selon des critères
qui
n’ont rien
à
voir avec la
creditworthiness
de ces pays
:
dans un certain
nombre de cas, la dette extérieure accumulée a résulté de circonstances
extérieures
à
l’éconoqe nationale et son produit est l’affaire personnelle
de clans momentanément au pouvoir. Dans d‘autres cas l’endettement exté-
rieur va de pair avec des recettes considérables et ne reflète en rien une insuffi-
sance de financement. Mieux, un nombre croissant d‘économies du Sud sont
victimes du
Dutch
disease,
c’est-à-dire de l’effet pervers sur le système produc-
tif d’un afflux de ressources financières externes liées aux exportations.
En
vingt ans, les seules économies pétrolières ont engrangé plus de
2,5
mille milliards de dollarss, dont un peu plus de 2,l pour les seules
économies de
YOPEP.
Aux économies pétrolières,
il
convient d’ajouter
d‘autres catégories d’économies exportatrices
:
main-d’œuvre pour
la
République Arabe du Yémen, le Bengladesh ou la Corée du Sud (outre
les exportations de produits manufacturés), bauxite pour la Guyane ou la
Jamaïque, riz pour la Thaïlande, café, bois et huile de palme
pour
la
Côte-d’Ivoire, etc., étain, héveas pour la Malaisie (outre le pétrole et le
Si
l’on
réunit les économies semi-industrialisées et les économies agro-
et minéro-exportatrices, on dispose alors d‘un échantillon regroupant près
de la moitié des économies du Sud et, en tous cas, une majorité de sa popu-
lation. Cette réalité est malheureusement occultée dans la littérature spécia-
lisée et
Ies
économies pétrolières notamment sont rangées dans la categorie
comode des
<(
curiosités historiques
))
et des
((
exceptions
1)
comme le fut
en
son
temps la catégorie dite des terres
à
colonisation européenne (Uruguay,
Australie, Rhodésie, Afrique du Sud, etc.). Pourquoi ce voile pudique sur un
phénomène historique dont le seul précédent est l’apport de métaux pré-
cieux d’Amérique au
XVP
siècle? I1
y
a, semble-t-il, plusieurs raisons qui
tiennent
à
l’impéritie des théories économiques et socio-politiques en
vigueur. Ainsi par exemple l’analyse marxiste de l’échange inégal se
trouve-t-elle prise en défaut dans une situation
oh
il
y
a transfert du
surplus du centre vers la périphérie pétrolière* et
où
on ne peut plus
I
gaz).
3.
Outre les pays de
I’OPEP,
ajoutons le Mexique, Trinité-et-Tobago, la Bolivie, le Brunei,
le Cameroun, le Congo, Oman, la Syrie, l’Angola, I’Egypte, la Tunisie,
la
Malaisie, etc.
4.
Comment nier que ce phénomhne s’apparente
A
l’&change de biens et services du Nord
ou
des consommateurs du
Sud
contre
un
don gratuit
du
((
ciel
N,
ce qui ne veut pas dire que les
économies pétrolières ne doivent pas en priorité bénéficier
pour
leur développement propre de
ressources nées par hasard chez elles. Les Etats-Unis bénéficient bien d’une rente agricole excep-
tionnelle pour ne citer qu’eux.