Si l’on considère uniquement la situation des personnes divorcées
remariées (il faudrait dire : civilement divorcées et civilement rema-
riées), on peut ainsi distinguer :
–les catholiques eux-mêmes ; c’est bien sûr le cas le plus fréquent
soumis aux autorités catholiques ; leur premier mariage est
canoniquement valide s’il a été célébré selon la forme cano-
nique (ou avec dispense de forme) ; puis ils ont divorcé ou ont
obtenu une nullité dans un système juridique autre que cano-
nique (par exemple un divorce civil) ; enfin, ils sont entrés dans
un nouveau mariage, canoniquement non reconnu (par exemple
un remariage civil) ;
–les baptisés non catholiques, auxquels on peut, depuis le Code
de 1983, assimiler les catholiques ayant quitté l’Église catho-
lique par un acte formel4.Peu importe la forme de leur mariage
(mariage civil, mariage religieux ou mariage coutumier), celui-
ci est reconnu par le droit de l’Église catholique pour peu qu’il
réponde à certaines conditions minimales. En revanche, leur
divorce ou la nullité de leur mariage ne sont pas reconnus, qu’ils
soient prononcés par une autorité civile ou une autorité reli-
gieuse non catholique. Du coup, leur remariage, quelle que soit
sa forme, ne sera pas reconnu par le droit canonique ; ils font
partie des personnes en situation matrimoniale irrégulière. Par
exemple, deux protestants mariés civilement, qui divorcent civi-
lement et dont leur propre Église accepte le divorce et le rema-
riage, seront considérés par l’Église catholique – qui juge leur
premier mariage civil canoniquement valide et même sacra-
mentel – comme étant en situation irrégulière, ce qui empêche-
rait tout remariage avec un conjoint catholique ;
–les non baptisés, à l’instar des baptisés non catholiques, ne sont
pas soumis à la forme canonique. Leur mariage est appelé
« légitime », c’est-à-dire, étymologiquement, conforme aux
leges,au droit civil. Le mariage « légitime »est donc, pour l’es-
sentiel, le mariage civil. Ce peut être aussi le mariage coutumier
4. Les catholiques qui ont « quitté l’Église catholique par un acte formel »
(canons 1086, 1117, 1124) ne sont plus soumis au Code de droit canonique ; en par-
ticulier, ils ne sont plus soumis à l’obligation de la forme canonique de mariage. Dès
lors, leur mariage civil est reconnu comme canoniquement valide. Cependant, une
récente Notification du Conseil pontifical pour les textes législatifs, datée du 13 mars
2006 (non publiée, mais consultable en anglais sur le site de la Canon Law Society of
America,ou en allemand sur le site Nomokanon)précise en quoi doit consister cet
«acte formel ». Cette Notification en donne une interprétation très restrictive, exi-
geant un acte explicite d’apostasie, d’hérésie ou de schisme, acte qui doit être mani-
festé par l’intéressé, sous forme écrite, à l’autorité ecclésiastique.
JEAN WERCKMEISTER120
MEP_2007,1 3/11/06 15:26 Page 120