
l'agriculture que l'Afrique du Sud, avec environ 15 % de sa production totale, contre 3 % pour l'Afrique du Sud.
Souvent soumise à des périodes de sécheresse et souffrant d'un manque d'irrigation, sa production agricole apparaît
plus instable que celle de l'Afrique du Sud, bien que cette dernière pourrait également pâtir de la sécheresse cette
année.
Important dans les deux pays, le secteur minier joue un rôle plus marqué en Afrique du Sud, producteur majeur de
minéraux, tels que le charbon, le fer, l'or, les diamants et le platine, dont elle est le plus gros producteur mondial. Le
seul minerai significatif exploité par le Maroc est le phosphate.
Le secteur manufacturier est d'une importance quasiment équivalente dans les deux pays et représente de 12 à 15 %
de leur revenu national. La production manufacturière de l'Afrique du Sud stagne toutefois depuis quelques années en
valeurs réelles, tandis que celle du Maroc a bondi dans certains domaines, comme l'aéronautique et l'automobile.
Depuis l'ouverture d'une vaste usine Renault-Nissan à Tanger en 2012, le Maroc, jusqu'alors relativement insignifiant
dans ce secteur, est devenu le deuxième plus gros constructeur automobile du continent, juste derrière l'Afrique du
Sud. La forte dévalorisation du rand survenue récemment pourrait toutefois stimuler les exportations de produits
manufacturiers du pays.
Comparaison du milieu des affaires des deux pays
En ce qui concerne le milieu des affaires, l'Afrique du Sud figure à la 43e place dans l'indice Doing Business de la Banque Mondiale, soit avant le
Maroc, qui se situe à la 71e place. Selon l'indice de la liberté économique calculé par le groupe de réflexion américain Heritage Institute, les deux
pays sont toutefois plus proches, même si l'Afrique du Sud reste en tête : elle se classe ainsi à la 72e position et le Maroc à la 89e (tous deux dans
la catégorie « modérément libre »).
D'après l'enquête de la Banque Mondiale, le milieu des affaires du Maroc souffre principalement des insuffisances du système judiciaire du pays. Il
est ainsi 122e mondial pour la protection des investisseurs minoritaires, 113e pour la prise de mesures contre l'insolvabilité et 81e pour
l'application des contrats, alors que l'Afrique du Sud est respectivement 17e, 39e et 46e.
Le Maroc a entrepris des réformes de grande ampleur de son système judiciaire, qui pourraient apporter une certaine amélioration. Toujours selon
la même enquête, il se trouve aussi très loin derrière l'Afrique du Sud concernant l'accès au crédit.
L'enquête désigne les difficultés à se procurer de l'électricité comme le principal obstacle auquel est confronté le milieu des affaires sud-africain. Le
pays est 158e mondial pour ce critère de mesure, le Maroc, 91e. Les coupures de courant opérées par Eskom, compagnie nationale en difficultés,
ont augmenté ces derniers mois, compte tenu des retards importants qui pèsent sur la mise en service de nouvelles capacités et de l'augmentation
rapide de la demande. Nous estimons que le manque de fiabilité de l'approvisionnement en électricité constitue un handicap majeur pour le pays
et contribue à maintenir la croissance à un niveau médiocre. Le Maroc a pour sa part réussi à éviter de grosses coupures de courant et investi
massivement pour diversifier sa production énergétique de manière à accroître la part de la production issue des sources renouvelables.
Les relations difficiles qu'entretient l'Afrique du Sud avec le secteur industriel affaiblissent également son milieu des affaires. Ses principaux
domaines économiques, en particulier le secteur minier, subissent régulièrement des grèves qui les paralysent totalement et ont de lourdes
conséquences sur l'économie. Les grèves prolongées de 2014 ont coûté cher au pays, limitant la croissance du PIB réel à 1,4 % à peine. Il convient
toutefois de signaler que le Maroc s'est lancé dans une réforme controversée de son système de retraite, à laquelle sont opposés les syndicats et
qui pourrait entraîner des grèves.
Les deux pays déploient des efforts pour créer de l'emploi, notamment pour les jeunes. Le taux de chômage du Maroc,
de 10 %, demeure toutefois nettement inférieur à celui de l'Afrique du Sud, qui ressort à 24 %. Les inégalités
apparaissent également plus marquées en Afrique du Sud. Ainsi, selon le Programme de Développement des Nations
Unies (PNUD), elle affiche l'un des coefficients de Gini (égal à 0 dans une situation d'égalité parfaite et à 1 dans la
situation le plus inégalitaire possible) les plus élevés du monde, à 0,63, contre 0,41 pour le Maroc. Il s'agit là en partie
d'un héritage de l'ancien régime de l'apartheid, qui excluait volontairement la population noire de l'économie. Cette
situation reflète toutefois aussi l'absence de progrès en matière de réduction des inégalités depuis les premières
élections démocratiques, en 1994. Selon les dernières données de la Banque Mondiale, le taux de pauvreté -
proportion de la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour aux taux de change à parité de pouvoir d'achat -
18 mai 2015 4
Maroc et Afrique du Sud : des situations comparables?