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Allaert F.A.
L’autoévaluation de l’intensitéde la douleur attribuée
aux troublesveineux peut êtreréalisée de façon
reproductible,soitpardeséchelles visuellesanalogiques
(EVA),soitpardeséchellesnumériques(EN) oupardes
échellesverbales simples.
L’échelle visuelle analogique (EVA) est présentée le plus
souventaux patients sous une forme papier,maiselle
peut l’être également sous laforme deréglettesquedes
laboratoirespharmaceutiquesont spécifiquement réalisées
à ceteffet.Danslesdeux cas,elle correspond à une ligne
horizontale mesurantimpérativement100 mm de long,
orientée de gauche à droite oudebasen haut [14], dont
lesdeux extrémités sontdéfiniespardes termes telsque
«absencededouleur » et«douleur maximale
imaginable ». Le patientindique le niveaudesa douleur
en traçant untraitverticalsur laligne (forme papier) ou
en déplaçant uncurseur le long decette ligne (réglette
mécanique). L’intensitéde la douleur est mesurée parla
distance entre laposition du traitetl’extrémité « absence
dedouleur ». Sur papierou sur réglette,le fond doitêtre
blancetne pascomporterd’autresmots queceux
figurantaux extrémités.Différentesvariantesd’EVA sous
forme deréglette ontétédécriteset utilisées.Ellesont
notammentintroduitdescouleurs suggérantl’intensité
de la douleur par une tonalité progressivementplus
foncée de gauche à droite oudeséchellesmillimétriques
pour éviterd’avoiràmesurerla distanceavecune règle.
Cecitend alors àlesassimilerà deséchellesnumériques,
ce qui est n’est pas souhaitable. Lorsquesur les réglettes
figureune échelle millimétrique facilitantlamesure,
celle-cidoitêtresituée auversode laréglette etnon sur
le recto oùfigure laligne d’évaluation afin de ne pas
influencerle patientetpréserverle caractèreanalogique.
D’autresauteurs ontopté pour deslongueurs
différentes, ce qui est regrettable puisquecelanuit
fortementaux comparaisonsentre études.
LesEVA sontdesmoyensd’évaluation simpleset
rapides,qui nécessitentpeudetempsd’explication au
patientet sont susceptiblesd’êtrerépétés sansdifficulté
dansle cadred’autoquestionnairedesuiviambulatoire,
ce qui explique leur trèslarge utilisation. Il faut
cependant tenircompte,notammentpour le calculdes
effectifsrequisdanslesessais thérapeutiquesoudans
lescritèresdesélection despatients,que 10-15 % d’entre
eux ne peuventpasdéfinirl’intensitéde leur douleur
grâceà cetinstrument[15].
L’évaluation de l’intensitéde la douleur peut faire
égalementappel aux échellesnumériques( EN). Celles-ci
sonten général numérotéesde0à10oude0à100 [15,
16,17]etle patientdoitattribuer unchiffreàl’intensité
desa douleur ; 0 étantcomme précédemmentl’absence
dedouleur et10ou100 la douleur maximale imaginable.
Les travaux deJensen ontmontré que leséchelles
numérotéesde0à100 n’apportentpasplus d’information
quecellesde0à10eton préfère habituellementces
dernières[16].Ellesconstituent une alternative pour le
suividespatients ayantdesdifficultésdecompréhension
desEVA maisil est bien sûr impossible dedonnerle choix
aux patients dans un même essaithérapeutique.
Une autre forme d’évaluation de l’intensitédouloureuse
est représentée parleséchellesverbales simples( EVS )
cotéesen général en 5 ou 7 niveaux, chacund’entre eux
correspondantàun qualificatif de la douleur :faible,
modérée,importante... Undesprincipaux reprochesqui
peut leur être faitest qu’il n’existe pasforcémentde
relation linéaire entre lesdifférents qualificatifs.En effet,
une douleur trèsimportante, correspondantparexemple
àla6 eréponsesur laliste proposée aupatient,n’est pas
forcémentdeux foisplus importante qu’une douleur
moyenne en 3 eposition. Lesinformationsissuesdeces
échellesdoiventdoncêtreconsidéréesaumieux comme
semi-quantitativesetil est assezerroné sur le plan
méthodologiquede pratiquer sur ellesdescalculsetdes
comparaisonsde moyenne, ce qui est hélas souventfait.
Peudetravaux ontétéréaliséspour comparerla
pertinenceduchoixde l’une decesdifférenteséchelles
plutôtqued’une autre,maisil semble que lapréférence
doitêtredonnée aux échelles visuellesanalogiquesdont
lasensibilitéauchangementapparaîtêtre meilleure, du
moinsparrapport aux EVS [14].
Lesautresoutilsd’évaluation de la douleur
A côtédeceséchelles simples visantàl’évaluation de
l’intensitéde la douleur ontétédéveloppésdes
questionnairesbeaucoup plus complexes visantà
appréhenderplus globalementla douleur.L’undesplus
référencésest le McGill Pain Questionnaire (MPQ)[18]ou
son adaptation en langue française, appelé questionnaire
dedouleur deSaint-Antoine [19].Cesquestionnairesont
étédûmentvalidéset sont utilisésdansde nombreuses
étudesmaisleur longueur lesrendparcontre
difficilement utilisablesen pratique quotidienne. A
l’inverse,leurs versionscourtes[20,21]sontmieux
adaptéesàlapratique quotidienne maisleur absencede
véritable validation restreintleur intérêtpour lesessais
thérapeutiques.
Enfin,il existe égalementdesoutilsd’évaluation
multidimensionnelle de la douleur dont trois sont
essentiellementretenus parle comitéd’expertsde la
douleur [9] : le Brief Pain Inventory [22], le Multidimensional
Pain Inventory [23]etle DallasPain questionnaire[24],
maiscedernierest trèsorientésur lapathologie
rachidienne etpeu utilisable en pathologie veineuse. Ces
questionnairesexplorentlesdifférentesdimensionsde la
douleur etnotammentlagêne fonctionnelle,le
retentissement social,la détresse psychologique, ce qui
lesrendtrèsprochesdesquestionnairesde qualitédevie
telsqueceux développés spécifiquementetdûment
validésdansle domaine de lamaladie veineuse.
Phlébologie 2010,63,2,p. 52-57
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