existe une véritable « sagesse des mythes » dont on essaie de dégager la signification.
Qu'est-ce que la bande dessinée, en tant que médium, a d'intéressant pour parler de ces
grands mythes ?
Ce qui est épatant avec la BD, c'est la force d'évocation de l'image. On a trouvé des
dessinateurs formidables pour la collection, qui ont réalisé un travail à la fois très beau et très
précis. Ils ont vraiment fait en sorte que le tout soit extrêmement fiable sur le plan historique, ce
à quoi je tenais absolument. Les armes, la vaisselle, les vêtements, les intérieurs des maisons,
la structure des palais, des villes… tout cela est absolument fidèle à la réalité telle qu'on la
connait, car on a aujourd'hui accès à énormément de documentation sur la Grèce. Le résultat
est donc à la fois très esthétique et parfait du point de vue documentaire.
Quel sera votre apport à la collection ?
La mythologie grecque est un sujet qui, en tant que philosophe, me passionne, sur lequel j'ai
écrit plusieurs ouvrages. Je suis donc là pour apporter mes connaissances et une pertinence «
académique » à l'ensemble. En collaboration avec l'éditeur, nous sélectionnons les mythes pour
lesquels j'écris la trame du récit, en mettant l'accent sur ce qui me semble primordial. Je rédige
également les dossiers pédagogiques situés à la fin de chaque ouvrage. Puis le travail revient à
Clotilde, la scénariste, qui, se charge de faire correspondre tout cela à la mise en scène, au
rythme et aux codes de la BD francobelge, et de rendre le tout vivant d'un point de vue narratif.
Enfin, le mérite revient surtout aux dessinateurs et à Didier, le directeur artistique de la
collection, puisque ce sont eux qui font exister ces héros sur papier !
À qui s'adresse-t-elle ?
La BD c'est comme le journal Tintin, c'est de 7 à 77 ans – et plus ! D'autant qu'on a tenu à avoir
ici une véritable approche « tout public ». Bien sûr, les mythes parlent de guerres, de sexe et
d'inceste, mais si nous mentionnons ces éléments qui font partie intégrante du récit, ils restent
suggérés et jamais montrés de façon agressive. Comme la mythologie fait partie des
programmes scolaires − je suis moi-même intervenu dans des écoles à plusieurs reprises −, je
suis persuadé que ces albums pourront devenir un outil utile pour les enseignants comme pour
les parents et leurs enfants. Du reste, les lecteurs de BD, les passionnés de mythologie ou les
amateurs de grandes aventures devraient être aussi comblés.
Combien d'albums sont prévus ?
Comme je le disais plus haut, on va s'intéresser à une trentaine de grands mythes qui, selon
leur richesse, pourront être développés en un seul album ou sous la forme d'une mini-série.
Nous lançons la collection en septembre avec un album sur le mythe de Prométhée ainsi que le
premier volume d'une trilogie consacrée à L'Iliade. Suivront, en novembre, Thésée et le
Minotaure et le premier tome de Jason et la Toison d'or puis, en 2017, notamment Héraclès,
Persée, L'Odyssée…
Comment expliquez-vous que ces mythes fascinent toujours autant petits et grands ?
La mythologie grecque repose sur un thème fondamental, une question centrale : qu'est ce
qu'une vie bonne pour les mortels ? D'où la distinction qui est omniprésente entre mortels et
immortels. Et la réponse qu'elle va donner (qu'on retrouve d'ailleurs dans une grande partie de
la philosophie grecque) c'est que la vie bonne, c'est l'harmonie avec le monde qui nous entoure.
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