Synthèse Philosophie

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Synthèse Philosophie
INTRODUCTION : QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ?
1. Les deux sens du mot philosophie
La philosophie comme vision du monde (φ1)
Conception de la réalité. Tout homme a donc une philosophie car tout homme a une conscience, un
besoin de donner un sens à sa vie par cette philosophie.
-
Caractéristiques
 Collective (souvent vision d’un groupe déterminée)
 Implicite (vision portée en nous)
 Spontanée (vision formée suite à nos expériences)
La philosophie comme questionnement rationnel et critique sur la réalité dans son ensemble en vue d’une vie
meilleure (φ2)
Questionnement : activité humaine qui demande du temps. Le philosophe s’étonne de tout et regarde
le monde avec des yeux neufs ; il a pour vocation de montrer aux gens leurs illusions car ils ne se
remettent plus en question et croient tout savoir.
Rationnel : la quête des réponses à nos questions se fait par la raison (faculté que nous avons tous).
Critique : Est critique ce qui est appuyé par des arguments rationnels. Le philosophe n’utilise jamais
des arguments d’autorité (dogmes) car son but est de chercher à comprendre le monde.
Tout le réel : Le philosophe se pose des questions sur tout et n’importe quoi.
En vue d’une vie meilleure : le philosophe veut obtenir pour l’homme une vie meilleure en lui
apprenant à travailler sur lui-même. Il veut ouvrir nos yeux sur la vie pour lui donner un sens.
-
Caractéristiques
 Personnelle (le questionnement se fait seul)
 Explicite (recherche volontaire de réponses)
 Volontaire (le questionnement est une démarche).
Φ2 suppose φ1 car on remet en question notre vision du monde quand on pratique le questionnement de φ2.
2. Comparaison avec d’autres formes culturelles
L’Art
-
Création d’une œuvre >< la philosophie explique ce qui existe déjà.
Vision du monde s’exprimant en plusieurs œuvres = Vision du monde du philosophe (en une fois, lui !).
Expression pure de la vision du monde >< Discours rationnel pour justifier la vision du monde.
Le Droit / La Morale
Dimension pratique de la réalité : on organise la société par l’acte >< la philosophie est dans la pensée.
Discours normatif qui ne se remet pas en question >< dimension critique essentielle à la philosophie.
La Religion
Discours cherchant à comprendre toute la réalité = la philosophie englobe tout le réel.
Recourt à l’argument d’autorité (dogmatisme et foi) >< la philosophie est critique et rationnelle.
Vision du monde exprimée comme dans l’art = Vision du monde du philosophe.
Les Sciences
Rationnelles et critiques (besoin de preuves) = la philosophie est une discours rationnel et critique.
Ne s’intéresse qu’à une partie précise de la réalité (secteurs) >< la philosophie tente d’expliquer Tout.
Certains axiomes dans le fondement de leur doctrine >< la philosophie remet tout en question.
LA PHILOSOPHIE A UN RÔLE MEDIATEUR ENTRE LES SCIENCE ET LA RELIGION !
Totale
(= le Tout)
Totale
(= le Tout)
Locale
(Spécifique)
Une religion sans philosophie
tomberait dans le fondamentalisme.
Non critique
Critique
Critique
Une science sans philosophie
tomberait dans le scientisme.
La Religion
La Philosophie
La Science
3. Réflexivité de la philosophie
Pour rester ouvert sur toute la réalité, le philosophe utilise une démarche réflexive.
Méthode caractérisée par la réflexion.
Le philosophe s’intéresse à l’objet de son étude et à son rapport avec cet objet. Ainsi il peut s’étudier
lui-même en étudiant un objet extérieur à lui-même (>< le savant, lui, se met entre parenthèse).
Gabriel marcel différencie la démarche philosophique de la démarche scientifique.
Le mystère
Les problèmes
Jamais de réponses définitives
Question éteinte par la réponse
Question dont on est une donnée
Question extérieure à nous-mêmes
Question philosophique (démarche réflexive)
Question scientifique (non réflexive)
La démarche réflexive présente un microcosme :
L’Univers est rempli de multitudes de sujets et d’objets (Macrocosme, le Tout).
Dans l’étude réflexive, nous somme un sujet étudiant un objet (Microcosme, Univers miniature).
4. Place de la philosophie aujourd’hui
Son utilité :
-
Position médiatrice entre la science et la religion.
-
Donner des réponses aux questions de valeurs et aux nouveaux problèmes éthiques survenus par les
nouvelles technologies. En effet, on peut faire un mauvais usage des avancées scientifiques.
-
Remise en question des principes de base et des fondements d’une discipline scientifique, suite à une
nouvelle découverte comme par exemple la notion d’électron de Young refondant la physique.
-
Critiquer les discours dominants et les idéologies grâce à sa dimension critique.
CHAPITRE 1 : LA PHILOSOPHIE ANTIQUE ET LE MYTHE
1. La pensée mythique
1.1. Le mythe
Le mythe = histoire sacrée racontant les faits en gestes de l’origine du monde. Elle se déroule aux temps des
origines avec comme protagonistes des dieux, des héros et des ancêtres qui par leurs actes ont créé le monde.
Le mythe rend compte du
monde dans son ensemble
cosmogonique (origine).
Le mythe peut rendre
compte d’un aspect de la
vie (organisation,…)
Son utilité :
Expliquer à l’homme le monde tel qu’il le voit.
Donner une identité à l’homme : il le différencie des animaux, des végétaux, des dieux.
Exorciser la peur du chaos par des rites. L’homme imite et répète les actes posés à l’origine
Exemple du mythe de Prométhée :
Deux titans reçoivent l’ordre de créer les animaux : Epiméthée (= titan irréfléchi) et Prométhée (= titan réfléchi).
Leur travail consiste à répartir les propriétés entre tous les animaux. Epiméthée demande à se charger du boulot
pour retrouver son honneur. Mais alors qu’il croit avoir fini, il se rend compte qu’il a oublié une espèce
(l’homme) et qu’il n’a plus de propriétés ! Son frère, Prométhée, va alors voler le feu divin de Vulcain pour le
donner aux hommes afin qu’il puisse se défendre face aux animaux. Zeus, pour félicité Prométhée de son
ingéniosité donne aux hommes l’art politique. Ainsi les hommes pourront vivre ensemble en harmonie.
Ce mythe donne une identité à l’homme et une explication sur son origine: il est à la fois inférieur et supérieur
aux animaux. Il a une infériorité naturelle (animal inachevé, oublié) mais est supérieur par ses attributs divins
(le feu et l’art politique). L’homme peut par ses attributs transformer la nature qui lui est hostile pour y vivre.
1.2. Les limites du mythe
-
Dans ses mythes, l’homme projette des caractéristiques humaines sur la divinité. C’est projection est
illusoire et enferme la réalité, bien qu’elle lui permette de mieux la comprendre.
-
Le mythe explique tout par rapport à l’origine mais n’innove pas. L’homme se contente d’imiter les
gestes à l’origine (concrètement il y a des inventions mais ils les nient en les plaçant dans les mythes).
-
Le mythe n’est jamais remis en cause : les hommes ne développent pas leur intelligence et
s’empêchent d’être critiques. Seuls quelques uns les trouvent invraisemblables.
1.3. Thalès de Milet
Question fondamentale :
Comment expliquer le mélange inséparable de permanence (cycle) de changement (mouvement)
dans la nature ? Thalès de Milet est donc un physiologue : étude de la nature.
Réponse : L’Eau
Principe premier de toute chose qui existe () : la vie est impossible sans eau.
L’eau change tout le temps de forme (en fonction de son récipient) et d’aspect (vapeur, glace,…), et
malgré cela, l’eau reste toujours identique à elle-même. À la fois permanente et changeante.
2. Platon
2.1. Vie et Œuvres
Vie
-
Œuvres
-
Né pendant la guerre du Péloponnèse dans une famille aristocratique, à Athènes.
Destiné à une carrière politique, il change d’avis pour la philosophie par le régime des 30 tyrans à
Athènes et la condamnation à mort de son maître et ami Socrate.
Il entreprend de grands voyages (grande expérience) et revient à Athènes fonder l’Académie.
Suite à une invitation de Denys le Tyran, il tente de mettre en pratique ses idées politiques mais il
échouera à chaque fois. Il retourne alors à Athènes pour se consacrer à l’Académie.
Menon : dialogue avec Socrate consacré à la vertu et à l’excellence.
Phédon : dialogue avec Socrate consacré à l’immortalité de l’âme.
Banquet : dialogue avec Socrate consacré à l’amour.
République : dialogue avec Socrate consacré à la justice et la politique.
Timée : dialogue avec Socrate consacré à l’origine du monde.
2.2. Décision de philosopher
Platon voit la condamnation à mort de Socrate comme le reflet d’un malaise de la société, d’une violence. D’où
vient-elle ?
Les Athéniens n’échangent que des opinions sans débattre vraiment. Or il est important de savoir
argumenter rationnellement en démocratie. Si on ne sait pas discuter, c’est la force qui l’emporte. Le
nombre comptera alors plus que la valeur d’un argument, ce qui fait déraper la démocratie.
Platon prend alors conscience de l’importance de former les citoyens à l’art de la discussion :
Les Athéniens n’ont pas l’éducation nécessaire pour vivre dans un état démocratique. Ils lisent
uniquement des poèmes mythiques, mais ceux-ci ne leur apprennent pas l’art du débat.
D’autres professeurs éduquent les Athéniens : les Sophistes. Mais ceux-ci, par des cours payants,
apprennent surtout l’art de convaincre. Ceci n’apprend pas les valeurs, juste l’imposition d’un pouvoir.
2.3. Méthode socratique de discussion
1) Hypothèse A examinée lors d’une discussion
2) On tire toutes les conséquences possibles de l’hypothèse A
 Contradictions entre elles
L’hypothèse A est mauvaise
 Contradictions avec un fait extérieur
3) S’il n’y a pas de contradictions, on remonte à des hypothèses plus générales jusqu’à ce que tout le
monde soit d’accord. On essaie de tirer une conclusion de la discussion de la thèse.
2.4. Hypothèse des Idées
Monde
Sensible
><
Monde des
Idées
Est multiple et sensible
au changement.
Entités immatérielles,
immobiles, parfaites.
Reflet imparfait
monde des Idées.
Modèle des réalités
sensibles: participation.
du
Le monde sensible est donc un miroir déformant de la réalité : nous savons ce que sont les choses grâce à l’idée
de référence dans le monde des Idées. Le monde sensible tire son identité du monde des Idées !
-
Idée du Bien
Idées morales
Idées des objets mathématiques
Idées des réalités sensibles
Hiérarchie des Idées
Plus une Idées est haute, plus les réalités vont y
participer. Donc plus elle va être imitée, représentée.
Pourquoi Platon postule-t-il les Idées ?
Il croit qu’un véritable savoir existe : les objets ne peuvent être sujets d’un savoir pur vu qu’ils
changent. Il faut donc étudier des entités immuables : les Idées.
L’existence des Idées est pour lui postuler par le langage. Un mot renvoie à une idée, une référence.
2.5. La réminiscence (ou comment connaissons- nous les Idées ?)
L’âme anime le corps (fait qu’un corps soit vivant) et est le principe de vie et de pensée. Platon pense que l’âme
est immortelle. Quand elle n’anime pas un corps, elle contemple le monde des Idées et s’imprègne du savoir.
Puis, elle tombe dans un corps et oublie. Ce savoir peut se réveiller petit à petit = REMINISCENCE.
On commence par se rappeler les Idées d’en-dessous et on
va ainsi monter la hiérarchie jusqu'à l’idée du Bien.
Tout le monde n’arrive pas à se rappeler : la plupart reste
aux Idées sensibles car il faut s’exercer intellectuellement
pour monter. La dialectique aide à la réminiscence.
2.6. La dialectique (ou le chemin privilégié de la réminiscence)
Dialectique cognitive
1) Le corps se développe par la gym.
L’âme se développe par la musique.
2) Pour les plus doués : étude des
Mathématiques et des Sciences.
3) Pour les meilleures : Dialectique
portée sur la Morale.
Idées des objets sensibles
Idées des mathématiques
Idées morales
Dialectique de l’amour
Car l’amour est un désir d’immortalité et une nostalgie de la Beauté en soi.
1) Amour charnel (beauté du corps) :
désir lié au désir sexuel, on veut se
perpétuer (immortalité).
2) Amour morale où l’on essaie
d’engendrer en l’être aimé de
belles actions. Amour de la beauté
intérieure.
3) Amour des sciences car ce qui est
beau est harmonieux, et les maths
sont l’art de l’harmonie. Ils tendent
vers la Beauté en soi.
4) On arrive ainsi au Beau en soi.
L’amour est initiatique
car il nous mène vers les
Idées les plus hautes. Et il
entraine toute l’âme...
2.7. L’Etat idéal
L’idéal pour Platon est la communauté organique (chaque citoyen se spécialise : échanges) car en général, tout
le monde a sa spécialité et personne ne sait tout faire tout seul. On obtient plus de qualité de marchandises et
plus de liens sociaux solides par cette communauté car chacun a besoin des autres.
Classes sociales selon Platon
-
Les artisans : répondent aux besoins élémentaires et autres besoins. Comme éducation, ils ne
dépassent par le premier niveau de la dialectique. Ils ont un droit de possession.
Les gardiens : défendent le territoire et la cité. Ils peuvent aller au niveau 2 et 3 de la dialectique (mais
jamais jusqu’au Bien ou Beau en soi). Par contre, ils ne peuvent rien posséder.
Les gouvernants : anciens gardiens exerçant le pouvoir. Ce sont les meilleurs gardiens ayant été
jusqu’au bout de la réminiscence (niveau 4). Ce sont donc des philosophes.
Quand chacun rempli son rôle, il y a une harmonie et une
justice dans la cité. Les problèmes arrivent quand des
personnes ne remplissent pas le rôle qui leur est attribué.
2.8. Morale individuelle
Un homme accompli est un homme unifiant les différentes parties de son âme.
Partie rationnelle de l’âme. Sa vertu est la sagesse pratique, la prudence.
Partie irascible de l’âme. Sa vertu est le courage.
= Gardien
Partie désirante. Sa vertu est la tempérance.
= Artisan
= Gouvernant
Spontanément, elles ne sont pas unifiées.
Mais quand la partie rationnelle domine, il
y a harmonie et les vertus s’installent.
Attention, chaque partie a son importance et on ne doit pas les oublier, mais la partie rationnelle est la plus
importante. C’est elle qui doit avoir le dernier mot car elle permet l’harmonie de l’âme humaine et les vertus.
2.9. Genèse du monde
L’Etat est un microcosme de l’Univers. L’univers possède aussi une âme.
Mythe du Timée
1) Le démiurge (= artisan) se trouve face à une matière informe.
2) Il contemple le monde des Idées et en tombe amoureux. Il veut donner une image de ces réalités
idéales la plus parfaite possible : il crée donc avec la matière informe un monde matériel harmonieux
où se retrouve le reflet de la Beauté idéale et de sa perfection.
3) Ce cosmos reste harmonieux grâce à son âme rationnelle (plus parfaite que l’âme humaine).
2.10.
Critique du droit positif
Dialogue entre Socrate et Calliclès.
-
Socrate dit qu’il n’est pas intéressant de connaitre l’injustice car c’est une maladie de l’âme. Il dit
même qu’il vaut mieux subir une injustice que d’en commettre une soi-même.
-
Calliclès lui répond qu’il confond deux types de loi :
Pour Calliclès, il n’y que sous le droit positif que
l’affirmation de Socrate est correct. Car sous le droit
naturel, il vaut mieux tuer que d’être tué. Pour lui,
seule la loi naturelle est importante car elle est
objective. Calliclès demande la justification de la
protection des plus faibles. Il craint les deux
extrêmes du droit positif, l’ethnocentrisme
(imposition de son système juridique) et le
relativisme (tout se vaut).
-
Droit positif (homme)
Droit naturel
Change beaucoup en
fonction du temps et de
l’endroit.
Vise une certaine égalité
de classes.
Ecrit.
Fondé sur des arguments.
Artificiel et paravent pour
les faibles.
Le même partout, pour
tous les temps (loi de la
nature).
Loi du plus fort : inégalité,
hiérarchie.
Implicite.
S’impose d’elle-même.
Seule loi véritable, les plus
faibles meurent.
Socrate répond à Calliclès : le droit positif n’est pas si arbitraire que cela car dans la cité idéale, le
philosophe la crée en s’inspirant du monde des Idée. Elle est donc tirée de la nature des choses. La
réponse de Calliclès est trop étroite car elle se réduit au monde sensoriel. La nature n’est pas ce qu’il
croit, il se trompe donc dans son raisonnement. La nature sensorielle vient du monde Idéal.
2.11.
Allégorie de la Caverne
1) Des hommes sont enfermés dans une caverne depuis leur naissance, ne pouvant que regarder devant
eux les ombres qui passent. Ils pensent que la caverne est le monde, que les ombres sont la réalité.
2) Si on détache l’un des prisonniers et qu’on le pousse dehors, il va d’abord être ébloui par le soleil.
Agressé, il veut rentrer dans la caverne. Mais on le force à rester, il va s’habituer et observer peu à peu
le monde extérieur. Il se rendre compte que sa réalité n’était qu’une ombre…
3) On va alors le forcer à retourner dans la caverne où il devra convaincre ses congénères de la réalité
mais ils ne vont pas le prendre au sérieux (allusion à la mort de Socrate !).
Gens enfermés = gens en proie aux opinions.
Personne sortant = homme découvrant le monde idéal.
Caverne = cité humaine, monde sensoriel.
Faire sortir = éducation du philosophe, dialectique.
3. Aristote
3.1. Vie
-
Né à Stagire en Macédoine. Son père est médecine à la cour du roi.
Part à Athènes à 16 ans pour aller à l’Académie de Platon. À la mort de celui-ci, il entreprend des
voyages et s’intéresse beaucoup au mystère des êtres vivants (biologie >< Platon : mathématiques).
En 342 a.C.n. il devient le précepteur d’Alexandre le Grand jusqu’à la mort de Philippe II. Il rentre alors
à Athènes et fonde le Lycée, sa propre école de philosophie.
Quand Alexandre meurt, Aristote est pris comme partisan de l’ancien régime. Il s’exile.
3.2. Distinction de bases
Aristote va se démarquer de Platon : pour lui, l’être au sens vrai est l’être concret.
Substance
><
Accident
Réalité qui n’a pas besoin
d’autre chose pour exister :
existe par elle-même, au
sens fort du terme.
Réalité ayant besoin d’une
autre réalité pour exister :
propriété d’une substance,
n’existe qu’en autre chose.
Substance + 9 accidents
= 10 types de réalité.
Être en acte
Être effectif
><
9 grandes sortes d’accident :
Quantité (taille, poids,…)
Qualité (être blanc, musicien,…)
Actions (courir,…)
Passion (se faire frapper,…)
Relation (être fils de,…)
Lieu (l’agora,…)
Temps (le matin,…)
Site (être assis,…)
Habitus (manteau blanc,…)
Être en puissance
Simple possibilité
Il est difficile de comprendre l’être en puissance sans l’être en acte. L’être en acte est logiquement le
premier, même si chronologiquement on est d’abord en puissance. C’est l’idée de perfection : on
passe de puissance en acte pour être plus parfait. Le changement est cette action de passage de
puissance en acte. Et si l’être en puissance présuppose l’être en acte, l’inverse n’est pas toujours vrai.
3.3. Hylémorphisme
Matière
><
« De quoi est-ce fait ? » :
propriété de la forme : la
matière va l’agencer.
Principe de changement.
Forme
« Qu’est-ce que c’est ? » :
structure de la matière.
Principe de permanence,
d’unité et de complexité.
Forme accidentelle
Forme substantielle
Le sujet est le support du
changement, il reste inchangé. Ce
sujet est caractérisé par la privation
du changement qui sera la sienne au
terme du changement
Il n’y a plus véritablement de sujet
qui reste invariant car on obtient
deux substances radicalement
différentes dans le changement de
forme. Quelque chose assure la
continuité entre le point de départ
et l’arrivé du changement :
Ex : Eau chaude devenant eau froide.
(Le sujet est eau)
Matière première
Substrat de base, pure
puissance, inobservable.
Chaque forme contient cette
matière première.
Les formes d’Aristote sont donc les Idées de Platon
descendues dans la nature pour la structurer.
Remarque : Pour Aristote, l’âme et le corps sont intimement liés. Ils sont coprincipes. L’âme est la forme, le
corps est la matière. L’un ne peut exister sans l’autre, et à la mort ils disparaissent tous les deux (>< Platon !).
3.4. La théorie des quatre causes
Le changement dans la nature est provoqué par quatre causes :
Cause matérielle : support matériel invariant (ex : le marbre).
Cause formelle : forme qui caractérise le changement effectué (ex : forme extérieur de la statue).
Cause efficiente : élément extérieur introduisant le changement (ex : le sculpteur).
Cause finale : but poursuivi par la cause efficiente (ex : statue voulue par le sculpteur).
Cause la plus importante car elle provoque la cause
efficiente unifiant la cause formelle et la cause matérielle.
Homme
Attention : il y a aussi du hasard dans la
nature, tout n’est pas dû à une cause finale. Il
peut exister des événements qui n’ont pas de
finalité. Ce hasard est souvent causé par la
rencontre de deux finalités :
Voleurs
Hasard : ils se rencontrent,
les voleurs tuent l’homme.
Finalité :
Voler la maison
Finalité :
Chercher de l’eau
3.5. Théorie de la science
Aristote pense que la théorie sur les choses matérielles est possible (>< Platon : tout est dans les Idées). Nos
sens ne nous trompent pas tant que l’on ne prend pas les choses telles qu’elles nous apparaissent comme une
vérité. Dans le cas contraire, ce serait notre raison qui nous tromperait. Ex : Si on voit un homme au loin, on
peut dire « Je vois cet homme petit » mais pas « Cet homme est petit ». Selon Aristote, nous pouvons étudier
des réalités matérielles parce qu’il existe des réalités permanentes dans le monde sensible : les formes.
Les Sciences
Degré le plus élevé du savoir.
Ensemble d’énoncés cohérentes portant sur un objet déterminé, qui
peuvent être déduites d’une définition de cet objet.
Portent sur les essences, c.à.d. les propriétés universelles et
nécessaires de toute chose. Elles ne s’intéressent pas aux accidents.
S’obtiennent par une déduction logique. On utilise le syllogisme :
voir si la mineure (particulier) s’applique à la majeure (général). La
science est donc la connaissance par les causes.
Les définitions scientifiques procèdent toujours par genre et
différence. Ex : Homme = animal raisonnable. L’animal est le genre
et raisonnable la différence permettant de caractériser l’espèce.
P
R
O
G
R
E
S
Sciences
Art (connaissance universelle)
Expérience
Perception mémorisée
Perception
Pour Aristote, apprendre
est un plaisir. Plus on
monte sur l’échelle, plus
on s’accomplit.
3.6. La Métaphysique
La Métaphysique :
La science suprême, c.à.d. la science des causes les plus hautes (= les Dieux). Dieu ne peut être
principe moteur car il devrait alors être mû par une cause finale. Or comme Dieu n’est subordonné de
rien, éternel et immobile, il est la cause finale, l’Acte Pur. Par sa seule présence, il organise le monde.
En effet, les Astres en voulant l’imiter, tournent et provoquent les changements de la Terre.
Science ayant l’objet le plus universel : les propriétés générales de tout étant, qui sont présents
partout. C’est la Science de l’être en tant qu’être (ontologie).
3.7. Univers aristotélicien
Terre
-
Astres
-
Ronde, au centre du monde et immobile. Position la moins parfaite car la Terre est soumise à la
corruption caractérisant les réalités terrestres : les choses passent et meurent.
C’est le monde de l’à-peu-près, il n’obéit pas vraiment aux réalités mathématiques.
Tous les corps terrestres sont les mélanges des quatre éléments (se transforment d’où corruption) :
 Feu : chaud et sec.
Légers, vers le haut.
 Air : chaud et humide.
 Eau : Froide et humide.
Lourds, vers le bas.
 Terre : Froide et sèche
Tournent autours de la terre : ils y causent tout ce qui est périodique par leur mouvement.
Inaltérés dans leur constitution (incorruptibles) mais soumis au changement de lieu (tournent).
Composés d’un cinquième élément les rendant plus parfait et incorruptibles : l’éther.
Êtres rationnels et purs qui contemplent Dieu. Ils tentent de l’imiter mais ne peuvent rester
immobiles. Ils font donc des mouvements circulaires (forme la plus parfaite).
Hommes
Lié au monde terrestre par son corps : il est composé des quatre éléments.
Semblable aux astres par son âme rationnelle sauf qu’il est mortel.
Il est microcosme car il reflète à la fois la Terre et les Astres.
3.8. Ethique et Politique
Ethique : recherche du bonheur (cause finale de l’existence humaine)
Pour l’élite des hommes : le bonheur s’attend par la contemplation pour connaitre les réalités de la
nature. Être heureux, c’est être savant pour les hommes avec les plus hautes potentialités.
Pour les autres : le bonheur s’attend par une vie raisonnable (contrôle des passions). Être heureux,
c’est être citoyen. Ce bonheur ne peut être acquis que grâce aux vertus (juste milieu).
Politique : il n’y a pas d’Etat absolu mais divers bons régimes
Bons régimes : monarchie (déviation : tyrannie), aristocratie (déviation : oligarchie), république
(déviation : démocratie).
Le but d’un Etat est de permettre aux citoyens d’accomplir leur finalité par l’acquisition des vertus. La
loi est là pour guider le citoyen vers ces vertus. Le droit est donc important.
CHAPITRE 2 : LE MOYEN-ÂGE, CONFRONTATION ENTRE RAISON ET FOI
1. Philosophie et foi monothéiste
1.1. La foi monothéiste
La foi chrétienne n’est pas une philosophie. C’est une religion de salut ayant pour but de délivrer les hommes.
Différence avec le mythe :
Le mythe se passe à l’origine
alors que Dieu arrive à un
moment dans l’histoire des
hommes comme événement
fondateur.
Le mythe est un éternel
retour (cycle) alors que Dieu a
un temps historique linéaire.
Comme la philosophie, la religion
cherche à avoir une portée universelle
de part son événement fondateur (Dieu
vient). Ses actes posés lors de cet
événement sont repris dans la création
du monde et des hommes pour
renforcer l’universalité. Tous les
hommes se sentent ainsi concernés par
cette appréhension du monde.
Prenons par exemple la Genèse et l’Exode
(élément juif fondateur) :
Genèse
Exode
- Création du monde par
séparation (eau-terre,…).
- 10 paroles créatrices de Dieu
faisant advenir les choses.
- Monde : sorte de grand temple
vénérant le Dieu créateur.
- Homme formé dans le désert.
- Homme introduit ensuite dans le
jardin d’Eden (paradis).
- Interdiction de manger la
pomme : loi de Dieu.
- Séparation des eaux et
séparation entre Juifs et Egyptiens
pour que le peuple juif naisse.
- Errance de 40 jours dans le
désert.
- Don de la Loi par les 10
commandements de Dieu
- Entrée en Terre Promise après
l’errance.
- Construction du Temple de
Jérusalem pour Dieu.
1.2. Confrontation avec la philosophie
La philosophie comme la religion ont une portée universelle et s’affrontent. Il y a quatre aptitudes :
-
Rationalisme : rejet de la foi au nom de la philosophie car la foi est une absurdité. Seule la philosophie
détient la vérité. En effet, comment accepter qu’une divinité agisse sur l’histoire ?
-
Fondamentalisme : rejet de la philosophie au nom de la foi. Les tentatives humaines pour chercher la
vérité sont sans valeur face à la vérité dite par Dieu. Et si sa vérité nous semble absurde, c’est parce
que Dieu nous dépasse. La vérité se trouve dans le livre révélé qu’il faut prendre à la lettre.
-
Transformation de foi en gnose : les gnostiques voient la foi comme une simple connaissance qui
fournit le salut aux initiés. Ils perçoivent la vérité comme organisée entre deux pôles qui s’opposent :
-
Pôle du bien
Pôle du mal
Lumière
Dieu (bon)
Liberté
Amour
Connaissance
Esprit
Ténèbres
Dieu (mauvais)
Esclavage
Haine
Ignorance
Corps, Matière
L’homme, qui par son corps est mauvais, a en lui une étincelle de
bien. Elle peut permettre à son âme d’échapper aux cycles des
réincarnations en retournant au pôle du bien. Certains racontent
qu’un esprit aurait été volontairement été dans les Ténèbres pour
apprendre la gnose aux autres (religion). Celle-ci représente un essai
de compréhension rationnelle du réel (philosophie).
Compromis : la philosophie et la foi, bien qu’opposées, peuvent être considérées comme
complémentaires :
 La philosophie peut permettre de mieux comprendre le contenu de la foi et peut
éventuellement la défendre contre le discours des opposants.
 La foi fournit une nouvelle vision du monde : elle stimule la philosophie en lui fournissant de
nouveaux concepts et de nouvelles questions.
2. St-Augustin
2.1. Vie
-
Grande influence sur le Moyen-âge.
Romain de Carthage: il étudie la rhétorique et s’éloigne de la foi tout en s’interrogeant sur le Mal.
S’intéresse à la philosophie par Cicéron. Il s’intéressera un temps à la pensée gnostique mais finit par
se dire que ça ne tient pas la route.
Découvre la philosophie des néoplatoniciens et redécouvre le christianisme. Il devient évêque et écrira
de nombreux livres sur la philosophie chrétienne.
Il promeut le compromis :
D’accord sur les Mondes de Platon (sensible et des Idées).
Lien avec Dieu : quand Dieu crée quelque chose, il a d’abord une
Idée. Dieu pense sa création sous la forme des Idées.
Platon avait raison : le Monde des Idées imite le monde sensible
mais il avait oublié que celles-ci venaient de Dieu.
2.2. L’illumination
Augustin adapte la théorie de la réminiscence
L’esprit humain reçoit des connaissances de Dieu (on ne doit pas croire pour cela, on peut savoir sans
connaitre la source de ce savoir). On appelle cela l’illumination.
L’illumination porte sur des vérités universelles et nécessaires : elle nous donne un critère pour juger.
Elle est la même pour tous les hommes car nous sommes tous créés par Dieu. Mais nous ne
l’accueillons pas tous de la même façon. Cela dépend de nos dons naturels, nos exercices pratiques
comme la dialectique et si nous menons une vie morale et droite.
Plusieurs sortes d’illumination :
Illumination naturelle : connaissances mathématiques et certaines normes morales.
Illumination morale : connaissances éthiques.
Illumination intellectuelle : connaissances sur (presque) tout.
Illumination mystique : par la foi. C’est un don, une grâce donnée à certains par Dieu, accordant ainsi
le salut et permettant de découvrir l’être même de Dieu.
2.3. L’âme humaine
Notre âme est à l’image de Dieu
Mémoire (se rappelle le passé) = Dieu.
Intelligence (analyse le présent) = Fils.
Volonté, amour (se tourne vers l’avenir) = St Esprit.
Notre âme est complexe :
Notre esprit conscient voit des objets extérieurs
1) Je cherche le bonheur à l’extérieur : je
et multiples, tandis que notre inconscient reflète
deviens étranger à moi-même.
notre âme elle-même, est continu et à un
2) Je me recentre sur moi-même pour être
rapport avec Dieu lui-même.
véritablement heureux.
Si on se coupe de cette inconscience, on ne
3) Au cœur de mon âme, je découvre Dieu.
cherchera le bonheur que dans le monde
Dieu
extérieur alors que notre équilibre est en nous.
Extérieur
Extérieur
Il faut donc appréhender les choses matérielles
Moi
sans en attendre plus que ce qu’elles peuvent
donner. Il faut apprendre à se connaitre soi-même pour être heureux.
2.4. Le problème du mal
Deux sortes :
Mal physique : pas de volonté humaine (catastrophe naturelle).
Mal moral : causé par l’homme (ex : la guerre).
Le mal n’est pas une substance, une réalité car il nait d’un manque, d’une privation. Par exemple, les Ténèbres
viennent d’une privation de Lumière. Le mal ne vient donc pas de Dieu car celui-ci est créateur.
D’où vient-il alors ?
Augustin pense qu’il y a d’autres êtres rationnels que l’homme (les anges). Quand ceux-ci choisissent
le mal, ils bouleversent l’ordre du monde. Car une fois qu’on a fait le mal, on ne pourra plus jamais
faire complètement le bien et on perd peu à peu le contrôle de notre existence.
3. St Thomas d’Aquin
3.1. Contexte culturel
ème
13
siècle
Afflux de textes grecs : les textes d’Aristote sont récupérés et c’est le choc culturel, car chez Aristote il
n’y a ni création, ni vie après la mort. Cette vision s’oppose donc à celle du christianisme. Mais St
Thomas d’Aquin va essayer de concilier sa foi avec Aristote.
Fondation de nouveaux ordres religieux dont l’ordre des mendiants, à l’opposé des monastères.
Apparition des universités (= corporation professionnelle ayant le monopole d’une matière).
L’université forme les apprentis et leur donne l’autorisation d’exercer le métier.
-
Vie de Thomas d’Aquin
Cadet d’une famille italienne aristocratique, on le destine à une carrière ecclésiastique.
Rentre dans l’ordre des mendiants, puis devient l’élève d’Albert le Grand qui tente de concilier sa foi
et Aristote. Cet enseignement aura beaucoup d’influence sur Thomas.
Devient professeur à l’université de théologie et tente à son tour de concilier les deux.
3.2. L’acte créateur
Souvent l’acte créateur est vu comme un acte posé à l’origine. Thomas n’envisage pas les choses ainsi :
La création = dépendance continue de l’être à Dieu par la participation de notre être à l’être Total.
Si cette participation s’arrête, nous tomberions instantanément dans le néant. Dieu décide donc de
notre existence. Pour Thomas, créer et conserver est le même acte.
-
Cette dépendance n’implique pas un commencement dans le temps. Notre monde a eu un
commencement mais nous ne le savons que par la foi. Par la raison, le monde aurait pu être éternel.
En plus de l’existence (esse), l’être a une essence (ce qu’il est). Dieu pense dans son intelligence ce que vont
être les étant. Ils pensent donc des essences, des possibles. Chaque étant est donc fait :
Essence
Intelligence divine
Matière
Forme
Existence
Volonté divine
Il y a une relation de puissance à acte
entre l’essence et l’existence car l’essence
est dans la pensée de Dieu. Elle n’est
qu’une possibilité d’existence.
Remarque : il y a une autonomie relative dans les essences car elles s’imposent d’elles-mêmes à Dieu, et quand
l’essence devient existence, elle développe ses propriétés d’une façon qui lui est propre.
3.3. Voies vers Dieu
Thomas prouve l’existence du Dieu à partir du monde, exactement comme on établirait la cause d’un effet.
-
Voie du mouvement : un changement appelle une cause motrice. Mais la cause motrice elle-même
appelle une autre cause motrice et ainsi de suite. Mais on ne peut remonter jusqu’à l’infini des causes
sinon il n’y aurait pas de causalité donc pas de mouvements. Il y a donc une première cause motrice,
non mue : Dieu. Il est à l’origine de tout mouvement. (= Aristote).
-
Voie par la finalité : il y a une finalité dans la nature vu qu’elle tend souvent à réaliser le meilleur. Or
beaucoup d’éléments naturels n’ont ni conscience, ni connaissance. Il y a donc un agent volontaire qui
gouverne la nature, donnant des buts aux mouvements : Dieu.
-
Voie de la nécessite : argument par la contingence du monde (il pourrait ne pas exister). Dieu n’est
pas contingent car son essence s’identifie à son existence, il est l’être en plénitude et ne peut pas ne
pas exister (les étant, eux, peuvent n’être que des essences). Mais si nous imaginons que tous les êtres
sont contingents, il est probable qu’un possible se réalise au moins une fois dans un temps infini : le
monde pourrait donc un jour ne pas exister. Or, s’il tombe dans le néant, il ne pourrait en ressortir. Ce
n’est donc jamais arriver. Cela veut dire qu’il existe au moins un être non contingent : Dieu.
3.4. Différentes lois
-
Loi positive : loi humaine, toutes les règles qu’une communauté s’est donnée à elle-même. C’est une
ordonnance de la raison pour conduire une population vers le bien commun.
-
Loi naturelle : loi de la nature supérieure à la loi positive. Ce sont des tendances innées découlant du
dynamisme de la nature (= ses grands principes, ses finalités). Si ces tendances ne sont pas respectées
dans la loi humaine, celle-ci est injuste et devrait être rejetée.
-
Loi éternelle : volonté de Dieu lorsqu’il crée le monde (fondement de la loi naturelle). Nous ne
connaissons pas directement cette loi (nous ne sommes pas dans la tête de Dieu) mais nous pouvons
la connaitre indirectement par la loi naturelle (reflet de la loi éternelle).
Remarque sur la loi naturelle :
Substance : persévérer dans son être.
Animaux : manger, boire, se protéger et se
reproduire.
Humains : connaitre le vrai, nouer des relations,
s’insérer dans la société et connaitre Dieu.
CHAPITRE 3 : LA PHILOSOPHIE MODERNE
1. Empirisme et rationalisme
1.1. Empirisme
La connaissance sensible fonde la valeur de la science :
Elle progresse en multipliant les observations.
Elle utilise l’induction : généralisation sur base de régularités expérimentales.
I
N
D
U
C
T
I
O
N
1 : L’esprit humain est vide de toute connaissance (>< réminiscence).
2 : Il acquiert du savoir par des sensations élémentaires, les idées simples (esprit passif car il reçoit
des sensations).
3 : L’esprit devient actif en combinant et synthétisant les idées simples vers des idées complexes (du
particulier au général). De ces idées complexes découlent des caractéristiques.
1.2. Un rationaliste : Descartes
Méthode de Descartes
Il fait progresser le savoir en unifiant des disciplines séparées. Il a l’idée d’une méthode qui s’appliquerait à
toutes les sciences, il va donc la chercher.
4 points de la méthode
Règle d’évidence : n’accepter pour vrai que ce qui est évident (règle principale).
Règle d’analyse : aller du complexe au simple. Il faut décomposer le complexe pour obtenir du simple
car lui seul est source d’évidence.
Règle de synthèse : aller du simple au complexe. Il faut synthétiser des éléments simples vers une
évidence finale pour reconstruire et comprendre un phénomène complexe.
Règle d’énumération : n’oublier aucune étape dans le passage du complexe au simple et inversement.
Le doute méthodique
Doute universel (il porte sur tout) et hyperbolique (utilise des
arguments absurdes comme argument de doute).
Étapes du doute
Nos sens nous trompent : le monde extérieur existe-t-il ? Dieu pourrait nous maintenir dans l’illusion…
Si je l’élimine, seul reste deux disciplines : l’arithmétique et la géométrie.
Ces connaissances viennent de l’esprit qui parfois se trompe dans ses raisonnements : un malin génie
dans notre tête nous fait croire qu’on a raison. L’arithmétique et la géométrie sont éliminées.
Une chose demeure néanmoins : la pensée. Si je me trompe, si je doute, il n’en demeure pas moins
que je pense et que je dois. Je suis un être pensant = cogito sum.
Le cogito sera donc l’évidence de référence : si on trouve une évidence aussi forte que le cogito, on
pourra la considérer comme une véritable connaissance.
Prouver l’existence de Dieu par le cogito
Parmi les idées que j’ai en tête, j’ai l’idée de l’être parfait car je sais que moi-même je suis imparfait.
Un être parfait a toutes les perfections, il ne peut donc pas ne pas exister car l’existence est une
perfection. L’être parfait doit donc nécessairement exister : Dieu existe.
De plus, je ne peux être la cause de cette idée parfaite si je me suis moi-même imparfait : vu que je l’ai
en moi, l’être parfait doit l’y avoir déposé. Dieu existe par l’existence dans mon esprit de l’être parfait.
On avait remis en cause l’existence du monde extérieur car Dieu pouvait nous tromper ou nous
maintenir dans l’ignorance. Or Dieu est parfait, il ne ferrait jamais ça. Et comme j’ai sans cesse
l’impression que le monde extérieur existe, c’est qu’il existe vraiment.
Descartes veut alors trouver une idée claire et précise du corps.
Observe une bougie qui fond
État solide  Fondu
Coloré  Autre couleur
Odeur  Autre odeur
Occupe un volume
-
Les propriétés de ce corps change et pourtant nous sommes certains que c’est le même. C’est parce
qu’il y a un invariant dans l’être : le volume qu’il occupe dans l’espace. Être un corps s’identifie donc à
une étendue occupée dans l’espace. C’est la propriété fondamentale.
Qualités premières
Qualités secondaires
Propriétés géométriques
du corps, liées aux
mathématiques (volume)
Autres propriétés liées aux
sens de la personne (elles
sont subjectives !)
Conséquences de cette définition du corps :
La matière est inerte en elle-même car elle est étendue.
La matière étant étendue, l’univers est infini et plein (sans vide). Si l’univers est plein, le seul
mouvement possible est le mouvement circulaire.
Le mouvement vient d’un choc, donc une cause externe : la mécanique. Le mouvement s’explique
uniquement par des causes mécaniques dont la base est le choc.
Les animaux sont des automates puisque c’est une matière étendue mise en mouvement par des
chocs : ce sont des sortes de machines crées par Dieu.
Et l’homme ?
Son corps est une machine mais il a aussi une âme. Ces deux composants interagissent entre eu : le
corps agit sur l’âme (faim physique : souffrance) et l’âme agit sur le corps (colère : nerfs crispés). Le
plus fort de ces liens est la volonté : je veux lever mon bras (pensée), je le lève (corps).
Cette union est difficile à comprendre par son dualisme. Descartes n’arrive pas entièrement à
expliquer l’interaction de l’âme et du corps.
2. Emmanuel Kant
2.1. Critique de la raison pure
Kant se pose la question : « comment la science est-elle possible ? ».
Il s’interroge sur les conditions de possibilité de son existence. Pour cela, il faut caractériser ce type de savoir :
toute connaissance consiste en un jugement du type ‘S (sujet) est P (prédicat)’.
Jugement
Jugement analytique :
le prédicat est inclus
dans le sujet, nous
n’apprenons rien. C’est
une définition.
A posteriori : établis
par la seule expérience.
Ils apprennent quelque
chose mais ne sont pas
des énoncés
scientifiques.
Jugement synthétique :
le prédicat enrichit la
notion du sujet et nous
apprend quelque
chose.
A priori : dépassent des
simples constatations
empiriques. Ils ont une
prétention universelle
et nécessaire : ils sont
scientifiques !
Transformation de la question : « comment des jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ? »
Kant va chercher les conditions de possibilité de ces jugements. C’est une démarche transcendantale :
investigation des conditions de possibilités d’une entité dont l’existence apparait comme établie.
Trois facultés de connaissance
L’entendement (faculté de penser
des objets par des concepts). C’est
Analytique Transcendantale.
La sensibilité (faculté de recevoir
des impressions
perceptive). On
dans
l’intuition
l’appelle aussi
Esthétique Transcendantale.
Il existe deux intuitions libres
dans la sensibilité, non-liés aux
objets : l’espace et le temps. La
Géométrie et l’Arithmétique en
découlent. Tout objet obéira
toujours et partout à ces deux
disciplines scientifiques.
Kant met en avant l’esprit humain
comme déterminant de la
connaissance car il impose sa
grille sur le réel. Notre
connaissance ne porte donc pas
sur des objets en soi mais sur des
objets tels que nous les voyons :
des phénomènes. C’est aussi
notre esprit qui nous donnera des
concepts, la plupart formés par
des expériences mais il existe
aussi des concepts a priori
auxquels obéissent tous les
phénomènes : la Physique de
Newton. La connaissance requiert
donc un élément matériel et un
élément formel (concept) pour
nous donner des phénomènes.
Nous ne pouvons pas connaitre
les choses en soi et les noumènes
La raison (faculté de raisonner et de
forger des Idées). C’est la
Dialectique Transcendantale.
Les Idées veulent unifier
l’ensemble des phénomènes :
Idée du Monde = phénomènes
extérieurs, Moi = internes et Dieu
est le lien entre les deux.
Seulement ces Idées ne peuvent
être l’objet d’expérience. Ce sont
donc les antinomies de la raison,
on ne peut les démontrer.
2.2. La critique de la raison pratique
Kant se penche ici sur les jugements moraux = jugements synthétiques a priori car ce sont des règles de
conduite nécessaires et universelles, ne pouvant venir de l’expérience.
-
Moralité
Traite du devoir-être : notion d’impératif du bien.
Démarche morale : liée à la raison pratique.
Rejet de toute implication de l’affectivité (raison pure).
Les postulats de la raison pratique
 La liberté : seul un être libre peut être soumis à l’obligation morale. Car en étant
libre, l’homme est capable de dépasser ses propres envies et il peut ainsi mettre en
Conditions de
pratique l’exigence d’universalisation par sa raison.
possibilité de
 L’immortalité de l’âme : nous ne pouvons parvenir durant une vie à une moralité
l’existence de
pleinement accomplie. L’âme doit avoir la possibilité d’un progrès indéfini dans la vie
l’impératif
morale, au-delà de la mort. Elle doit donc être immortelle.
catégorique et
sa cohérence.
 L’existence de Dieu : l’homme a besoin d’un bonheur pour s’accomplir. Or l’action
morale doit être désintéressée pour être morale, elle ne peut servir de quête de
bonheur. Il doit venir d’un être extérieur qui l’harmoniserait avec le Bien universel.
Kant différencie :
L’impératif hypothétique : l’obligation est conditionnée, on n’agit moralement que parce qu’on attend
une récompense ou parce qu’on a peur d’une peine.
L’impératif catégorique : commandement sans conditions, le devoir du devoir. L’expression de cet
accomplissement est l’expression de la raison pure : c’est une conduite universelle et nécessaire.
« Agis de telle sorte que tu puisses vouloir que la maxime de ton action devienne une loi universelle »
Une action est morale quand elle est universelle et ne vise pas notre seul intérêt. La faculté qui est capable de saisir l’universel, c’est la
raison. C’est pour cela qu’elle est l’unique fondement de la morale et qu’il faut rejeter toute sensibilité ou affectivité.
« Agis toujours de manière à traiter l’humanité comme une fin et non comme un moyen »
L’homme a comme dignité en plus que l’animal sa liberté. Il doit la respecter et ne jamais être ramené au rang de moyen.
CHAPITRE 4 : LA PHILOSOPHIE CONTEMPORAINE
1. Hegel
1.1. Le concept d’évolution
Évolution = changement dont la direction est déterminée, qui tend vers un but. Chaque étape est un progrès
menant à ce but qui doit être présent dès le départ (d’abord de manière implicite, puis il devient explicite).
Ce concept synthétise :
L’idéal antique avec l’idée de la permanence des choses.
= But présent dès le départ dans l’évolution
L’idéal classique avec le mouvement comme état fondamentale.
= Mouvement dans l’évolution avec l’idée de progrès
Trois caractéristiques d’Hegel
Le concept d’évolution, synthèse du mouvement et de la permanence.
Il se veut penseur de la Totalité : il souhaite expliquer toute la réalité.
Dépassement de l’opposition fini-infini avec la logique dialectique.
1.2. La Dialectique
Avant : logique binaire
-
Principe d’identité : chaque chose est uniquement ce qu’elle est.
Principe de non-contradiction : on ne peut avoir à la fois une chose et son
contraire.
Principe du tiers-exclu : il n’y a pas de moyen terme entre A et non-A.
Pour Aristote, il n’y a qu’une thèse (A) et une
antithèse (non-A) qui sont dans une opposition
extérieure. Pour passer de l’un à l’autre, on
procède à un remplacement de formes et non à
une évolution. Le temps est cyclique
Hegel : logique dialectique
Antithèse non A
Thèse A
Nonnon A
Non A
Dépassement
Dépassement
A
Synthèse non-non A
Thèse A : pour la penser, on pense à son contraire. Son
opposition se trouve donc en elle.
Antithèse non-A : surgit de A et s’impose à elle comme son
opposé. Les contraires sont donc déjà unis. A s’accomplit en
passant par son propre contraire non-A. Ils forment ensemble
une unité complexe (>< changement de forme).
Synthèse non-non-A : elle dépasse et supprime l’opposition
entre A et non-A. Il y a à la fois l’idée de conserver (non-non-A
est un nouveau A) et l’idée de dépasser (l’opposition).
Remarque : non-non-A est semblable à A mais pas identique !
Hegel insiste sur le fait que tout est déjà là à la base et évolue : le réel est donc lui-même au départ dialectique.
Exemple de dialectique : le maître et l’esclave
Thèse : désir de reconnaissance (propre à la nature humaine). On pose son moi.
Antithèse : les autres veulent aussi être reconnus et poser leurs mois. Commence alors une lutte à mort pour la reconnaissance. Ils sont
prêts à sacrifier leur vie biologique pour la reconnaissance.
Synthèse : l’un prend peur de la mort et reconnait alors l’autre. Il devient son esclave et lui le maître.
Thèse : le maitre parait être le gagnant mais il est insatisfait car il est reconnu par quelqu’un qu’il ne reconnait pas lui-même !
Antithèse : l’esclave travaille et apprend de plus en plus de choses. Il transforme son action et apprend à être libre, à ne plus avoir peur de
la mort. Il va affronter son maitre pour qu’il le reconnaisse à son tour.
Synthèse finale : reconnaissance mutuelle des citoyens entre eux. Tout le monde reconnait tout le monde.
1.3. Structure du système d’Hegel
Critique du Kantisme
Hegel
-
Admire les découvertes des conditions de possibilité de l’entendement et de la sensibilité.
Critique les noumènes de Kant. Selon celui-ci, on ne peut connaitre le Moi, le Monde et Dieu car on
peut prouver aussi bien leur existence que le contraire ! Pour Hegel, on peut tout étudier, sinon on
pose un mur infranchissable entre le fini et l’infini. Ainsi, il finitise l’infini.
Pour Hegel, on ne peut séparer irrémédiablement le fini et
l’infini car l’infini pose le fini, s’y manifeste et puis le dépasse
en se manifestant dans l’infini lui-même.
Les contradictions de Kant sur la raison sont logiques vu que
chaque réalité est contradictoire (non-A dans A).
Pour Hegel, Kant finitise Dieu. Or Dieu pose l’infini dans notre être, ce qui explique pourquoi nous avons
conscience de notre finitude. Les choses en soi ne sont plus des limites infranchissables : Dieu est à la fois ce
qui pense en moi (Sujet Absolu) et ce qui est pensé en moi (Objet Absolu). Chaque réalité finie est une
manifestation de Dieu. Quand je connais cette réalité, je connais Dieu : il est connu par des objets réels et se
connait lui-même par l’homme étudiant ces objets. Dieu a donc besoin du monde pour se penser à travers.
Evolution de Dieu
-
-
-
Dieu se pense lui-même de manière abstraite.
Dieu subit la dialectique et subit sa négation : il se fit nature et s’aliène dans l’espace, le temps, la
matière (finitude !).
La matière se complexifie et s’assemble. La vie apparait par le Divin : d’abord les minéraux, ensuite les
végétaux et pour finir les animaux. Ils sont la forme la plus évoluée mais il reste imparfait car ils
meurent, ce qui marque leur finitude.
De la mort de l’animal nait l’homme, l’esprit fini qui nie la nature en la retravaillant. Apparaissent ainsi
nos Etats représentant le mieux ce qu’est Dieu par l’union de l’Esprit Objectif (droit, moralité) et
l’Esprit Subjectif (intériorité individuelle du citoyen) mais cela ne reste qu’un aspect.
Les Etats sont dépassés par les guerres qui les détruisent. Dieu, dégagé de toute instance politique,
peut enfin se saisir de l’Esprit Absolu.
La connaissance de Dieu se fait par l’Art, la Religion et la
Philosophie exprimant des visions du monde différentes
selon les civilisations avec Dieu au centre.
1.4. Esprit Absolu et Ruse de la Raison
L’histoire universelle a pour but la manifestation de l’Esprit Absolu (Dieu). À travers les Empires qui se
succèdent, Dieu se manifeste et parvient à la connaissance en soi.
Les guerres servent à ce que Dieu passe d’une figure d’Etat à une
autre et approfondisse sa propre substance.
Les grands hommes et leurs passions sont des marionnettes de la
raison : elle les amène à agir dans son sens et celui de Dieu.
2. Freud
2.1. Deux principes révolutionnaires
L’inconscient : nos pensées, nos désirs, nos comportements sont guidés à notre insu par une partie de nousmêmes que nous ignorons. Troisième blessure narcissique de l’humanité (première : Copernic et
l’héliocentrisme ; deuxième : Darwin et notre origine animale). L’inconscient est la plus grande partie de notre
cerveau (face immergée de l’iceberg).
La sexualité : l’essentiel de nos motivations est d’ordre sexuel et notre conduite vient de nos tendances
sexuelles refoulées.
2.2. L’inconscient
Comment l’inconscient est-il connaissable ?
-
Les rêves : voie royale vers l’inconscience car la conscience est refoulée par le sommeil. Ils sont
l’expression de désirs refoulés. Dans chaque rêve, il y a un sens manifeste que le rêveur peut raconter
et un sens latent qui est une interprétation de l’expression de l’inconscient.
Condensation :
Un élément
simple du rêve
incarne des tas
de réalités.
Déplacement :
On déplace
l’émotion liée à
un objet vers un
autre objet.
Symbolisation :
Métaphores
symboliques pour
signifier des
organes sexuels.
Dramatisation :
Séquence de
scènes absurdes
sans
interprétation.
-
Les lapsus : gestes et paroles que nous laissons échapper et qui sont révélateurs d’intentions.
-
Les névroses : troubles mentaux causés par des pulsions cherchant à s’exprimer alors qu’elles ne
peuvent pas (angoisses, phobies, hystéries, obsessions,…).
Constitution et rôle de l’inconscient
C
A
R
A
C
T
E
R
I
S
T
I
Q
U
E
S
-
Préconscient : ce qui peut nous revenir en mémoire après un effort sur nous-mêmes. Il faut le
différencier de l’inconscient qui lui contient des représentations en permanence hors d’atteinte.
-
« Ni âme, ni corps » : les pulsions se trouvent entre le corps et l’âme car leur processus vient d’une
poussée psychique faisant tendre l’organisme vers un but. C’est un lien entre les deux.
-
Dynamique : l’inconscient se définit comme un refoulé car il est soumis à une instance de contrôle, la
censure. Or celle-ci se situe aussi dans l’inconscient. Notre inconscient est donc dynamique car il est à
la base de nos phantasmes et génère leur oubli.
2.3. La structure de l’inconscient
-
Ça : ensembles pulsions inconscients de la libido [totalement inconscient].
Moi : conscience interagissant avec le monde [partie contrôlable].
Surmoi : siège de la conscience morale et sociale qui refoule le ça et le
censure [en partie inconscient].
Le moi se trouve entre le
ça et ses pulsions, et le
surmoi et ses interdits
moraux et sociaux.
Principe de plaisir : libido tendant de trouver une satisfaction immédiate et totale.
Principe de réalité : la censure contraignant ces pulsions de la libido à la sublimation.
Détournement des pulsions sexuelles
vers d’autres buts ou idéaux, comme
des œuvres culturelles, créatrices et
sociales. Sinon ces pulsions se
transforment en névrose.
2.4. Le caractère décisif de l’enfance
L’enfant est un pervers polymorphe
Pervers : refus du but normal de la
sexualité qui est la procréation.
Recherche de l’auto-érotisme sans
partenaire. L’enfant ignore encore
les barrières morales, les valeurs
collectives et les dégoûts qui lui
seront inculqués par l’éducation.
Polymorphe : tout le corps de
l’enfant est concerné par sa
sexualité : bouche (stade oral),
fesses (stade anale), sexe (stade
génital) où il découvre la différence
sexuelle. Ces stades sont essentiels
à son épanouissement.
Cette perversion est la forme originelle de la sexualité mais cet auto-érotisme doit se refouler pour que la
sexualité se développe et devienne normale. La sexualité infantile a donc un rôle déterminant dans notre vie
psychique car l’inconscient retient tout, y compris cette forme originelle de la sexualité.
2.5. Le complexe d’Œdipe
-
-
-
Garçon : concentre ses désirs sexuels sur sa mère et veut retrouver la symbiose de la grossesse. Le
père doit expliquer aux garçons que la mère n’est pas là pour combler ses manques.
Fille : sa mère ne répondant pas à tous ses manques, elle pense que c’est une mauvaise mère et séduit
alors son père pour savoir si elle sera une bonne mère.
Les enfants désirent retrouver la symbiose perdue par la naissance. Tout doit tourner autours d’eux et
en leur interdisant le désir de leurs parents, ils comprennent la différence entre le moi et le non-moi.
Ils vont ainsi s’ouvrir au monde extérieur et aux autres.
En intériorisant la censure de son désir, l’enfant se construit un surmoi. C’est une condition
indispensable pour leur donner un accès à la vie sociale (se forge une censure sexuelle et autre).
2.6. Freud et sa religion
Analogie entre les rites religieux et les rites de névroses obsessionnelles
(gestes se rassurant : TOC). La religion est une névrose collective !
Interdit du meurtre et de l’inceste
À l’origine, un clan avec un chef père interdisant à ses fils de fricoter leur mère.
Les fils tuent le père (meurtre collectif) mais se trouvent atteint du même remord les soudant.
Exécutoire de la culpabilité : divinise le Père. Ils interdisent ainsi le meurtre et l’inceste par peur de la
colère du Père, devenu Dieu.
La religion est une illusion
Nous avons le désir que la divinité s’intéresse à nous personnellement.
Points positifs : unit les hommes, interdit l’inceste et le meurtre, remplace certaines névroses.
2.7. Les Maîtres du soupçon
Marx : logique de classes
La bourgeoisie croit qu’elle défend l’intérêt universel alors qu’elle ne défend que le sien. L’universel
est en réalité le prolétariat car il est hors de la société, non propriétaire, non éduqué (lien avec l’Idée
chez Platon qui est hors du monde, immatériel, immobile). L’homme en soi est donc le prolétaire.
La bourgeoisie représente la supra structure (art, religion, morale, philosophique). Mais contrairement
à ce qu’on croit, c’est l’infrastructure (économique, sociale) qui définit la supra structure.
Nietzsche : volonté de puissance
La philosophie d’avant est un idéalisme : elle nie la réalité de façon rationnelle au profit de ce qu’elle
devrait être.
Cette philosophie est animée d’un ressentiment envers les forts et le refus des faibles du devenir, du
temps, de la mort, du monde concret. C’est pour cela que la philosophie les avait rejeté.
Freud : l’inconscient
L’homme ne connait qu’une petite partie de son cerveau : l’inconscient nous échappe.
Tous les trois sont des Maîtres du soupçon : ils remettent en cause les motivations humaines car l’homme n’est
pas transparent avec lui-même : il n’a pas conscience de ce qui le dépasse et n’est pas maître de lui-même. S’il
en était conscient, il serait plus libre car il comprendrait mieux ses pulsions.
3. Emmanuel Levinas
3.1. Totalité…
Les philosophes ont toujours cherché à englober la totalité du réel dans un système rationnel. Dans celui-ci,
l’altérité est ramenée dans le Tout (= le Même) et s’estompe en s’intégrant dans l’explication. La Totalité est
donc le produit d’une tentative d’explication du monde en unifiant les différences dans le même. Il existe dès
lors un danger car on dissout l’individualité et ses différences dans cette totalité.
Mais quand Autrui fait irruption dans ma vie, que je le rencontre, il fait
voler aux éclats ma théorie synthétique sur la Totalité car il n’y rentre pas !
Autrui me décentre et m’appelle au respect de son altérité. Je deviens
responsable à son égard.
La tentation d’englober Autrui dans la totalité est digne des systèmes
totalitaires : ils broient l’individu, le vident de son identité pour qu’il
devienne une entité abstraite, une catégorie.
Remarque : Quand l’homme observe un objet, il s’absorbe et puis revient à lui-même en reprenant vraiment
conscience du monde extérieur et de sa personnalité. L’homme n’existe que s’il est capable de s’ouvrir à
l’existence des autres en sortant de lui-même. Pour Levinas, il est donc nécessaire d’avoir une relation avec
Autrui pour prendre conscience de nous-mêmes : Autrui me constitue par ses rencontres.
3.2. … et Infini
-
Autrui : trace de l’infini dans le monde car il ne peut être compris par la raison fini de l’homme mais
peut faire rater ses tentatives d’englober le réel dans une totalité.
Dieu : il est la négation du fini et en même temps, il est présent en son cœur. Dieu fait irruption dans
le monde à travers notre relation avec Autrui car celui-ci nous fait découvrir le monde en nous faisant
sortir de nous-mêmes. Autrui est le reflet de Dieu.
L’éthique doit être vue comme une philosophie première devant
l’ontologie car autrui est plus important que moi-même car il me fait
être. Il est donc toujours une priorité par rapport à moi. L’éthique n’est
pas autonome car c’est Autrui qui incarne pour moi un appel du devoir
et non pas ma raison (>< Kant).
Implications politiques : entre le je et le tu, il y a tous ces « ils » qu’on ne
rencontre pas vraiment. L’homme m’est donc aussi connu par des tiers :
ils me soulignent par la justice qu’autrui n’est pas réductible à la totalité,
ils amènent des discussions et par ce fait, le débat et la démocratie !
4. Hannah Arendt
4.1. D’où vient l’antisémitisme ?
Il faut distinguer l’antisémitisme du Moyen-âge de celui des XVIII au XX siècle.
Antisémitisme d’avant
Persécutés pour des raisons religieuses : ils représentent le peuple ayant tué Jésus
Ils deviennent le bouc émissaire mais la violence a leur égard est plutôt limitée.
Nouvel antisémitisme
Les Etats modernes se disent laïcs : ils n’imposent plus une religion d’Etat et veulent que tout le
monde soit assimilé. Dans la pratique, les Etats ont à la fois poussés les juifs à s’assimiler tout en les
maintenant à part car ils avaient besoin d’eux pour financer le développement de leur Etat. Or leur
collaboration avec l’Etat ne plait pas aux conservateurs qui n’aiment pas ces nouveaux changements :
les juifs jouent pour eux un rôle néfaste en prêtant de l’argent.
L’impérialisme colonial joue aussi son rôle car l’élément central de l’identité va devenir la race et le
peuple avant la classe sociale. Les colons prennent l’habitude de gérer des races leur étant inférieures.
La combinaison des deux facteurs amène à voir les juifs comme une race distincte et inférieure
biologiquement, jouant un rôle néfaste en étant les complices de l’étouffement des libertés par l’Etat.
4.2. Fonctionnement du système totalitaire
Comparaison
-
Etat autoritaire : gouvernement pyramidale et pouvoir hiérarchisé. Celui au sommet justifie son
pouvoir comme venant de Dieu. Les libertés politiques sont limitées.
Etat tyrannique : tous les sujets sont sur un pied d’égalité sous le tyran. Celui-ci contrôle tout ce qui
est extérieur à l’individu : les libertés politiques sont supprimées.
Etat totalitaire : tous les sujets sont à égalité sous le chef d’Etat : il contrôle tout et son pouvoir est
partout, même dans la sphère privée. Toutes les libertés sont supprimées, c’est l’Etat qui dit ce qu’on
doit penser, comment on doit éduquer. Il n’y a plus de vie privée.
Cet Etat s’appuie sur des masses : groupes d’êtres
humains qui se sentent anonymes et déracinés car ils
n’appartiennent à aucun groupe leur donnant une
identité. L’Etat totalitaire leur donne la possibilité d’être
important et d’appartenir à un groupe puissant.
Comparaison des camps
-
Chez Hadès : lieu sous terre où les morts sont écartés des vivants // camps de concentration où l’on
écarte de la société les inutiles et les marginaux pour qu’ils ne contaminent pas les autres.
Les Purgatoires : lieu où les âmes se purifiaient avant le paradis // camps de rééducation où les
condamnés travaillent pour comprendre leur « erreur » et subir une rééducation.
Les Enfers : lieu du châtiment éternel pour les damnés // camps d’extermination où on broie les
individus. On tue d’abord leur personnalité juridique en leur donnant des statuts différents. Ensuite on
tue leur personnalité morale en les montant les uns contre les autres : ils doivent tuer, dénoncer,
collaborer, choisir qui tuer. Après, on tue leur individualité psychologique : perte de la dignité humaine
et de l’estime de soi car ils sont traités pire que des bêtes. Enfin, on les tue réellement comme pour
signifier qu’ils n’ont jamais exister et qu’ils n’auraient jamais dû exister.
4.3. Eichmann ou la banalité du mal
Comment Eichmann, ordinaire et médiocre, bon fonctionnaire et père de famille, est-il devenu un bourreau ?
 Perte du sens commun : aptitude qu’a tout homme à sentir ce qui se fait
et ne se fait pas. Mais le SS, lui, ne distingue plus le bien du mal.
 Perte de l’imagination : faculté de rendre présent ce qui est absent, à se
mettre à la place des autres. Mais le SS ne peut imaginer la souffrance
d’autrui et en ne manipulant que des dossiers, il ne pense plus à l’être
humain caché derrière.
Le SS est donc un homme ne pensant pas, obéissant aux ordres sans état d’âme mais sans brutalité non plus.
Il ne se pose pas de questions : il exécute en obéissant aux ordres et non par attrait du mal.
4.4. Genèse du totalitarisme
Dans la société antique
-
Sphère privée : lieu du travail
 Dépendance à la nature : le travail est nécessaire pour assouvir nos besoins biologiques.
L’homme n’est pas libre car il est obligé de travailler.
 Cyclique : il faut sans cesse faire les mêmes tâches ménagères et assouvir les mêmes besoins.
 Aboutissement : la mort (fin de nos besoins).
 Domaine : vie familiale et travail des champs.
-
Sphère publique : lieu de l’action
 Liberté des paroles et d’avis à l’agora : tout le monde est égal par la démocratie.
 Historiques : on ne peut pas prévoir ce qui va suivre, il n’y a pas d’éternel retour au même.
 Aboutissement : immortalité dans la mémoire collective pour les citoyens extraordinaires et
participation à une entité lui survivant pour les autres citoyens.
 Domaine : vie politique permettant d’agir sur les autres : donne un sens à la vie du Grec.
-
Œuvre : médiation entre les deux (production en général)
 Objets d’une certaine durabilité assurant une sorte d’immortalité.
 Transformation de la nature par l’homme (grâce à la culture) : l’homme a besoin de produire
pour se sentir bien dans la nature et l’univers. Il l’adapte pour lui.
 Permet à l’action humaine de se déployer dans une certaine permanence.
Dans la société moderne
-
Sphère privée : lieu du travail
 Montée importante jusqu’à envahir la sphère publique.
 Elle devient la sphère la plus importante pour l’être humain.
-
Sphère publique : lieu de l’action
 Il n’en reste presque plus rien : les gens ne s’intéressent plus à la politique (ou peu).
 Chaque individu ne pense qu’à lui et cherche le bonheur dans la sphère privée.
-
Œuvre
 Disparition avec la production à la chaîne où tous les ustensiles sont pareils.
 Société de consommation où les objets ont une durée de vie limitée pour qu’on les remplace.
 Seule l’œuvre d’art reste une œuvre comme l’entendait les grecs.
Résultat : l’espace publique s’effondre tandis que les gens se rendent compte qu’ils n’arrivent pas à donner un
sens à leur vie. De là réside le danger d’avoir un Etat totalitaire donnant une nouvelle cause à ces masses où ils
peuvent s’investir et avoir un sentiment d’importance comme dans la démocratie athénienne de l’Antiquité !
5. Hans Jonas
5.1. Rapport entre l’homme et la nature
Avant : technique antique
La nature était toute puissante. L’homme doit s’en protéger car il est plus fragile.
L’homme puise ses ressources dans la nature mais l’impact est négligeable : la nature se reconstitue
vite et aisément.
Après : technique moderne
La nature est devenue fragile : l’impact de l’homme est devenu important voir irréversible.
L’homme a la capacité de détruire toute possibilité de vie sur Terre (bombe atomique).
La technique crée des effets pervers et boule de neige car elle requiert elle-même d’autres techniques
pour être corrigée. Elle est de plus devenue une nécessité au même titre que la nature.
5.2. Principe de responsabilité
Solutions ?
Ni technique : elle cause des dangers environnementaux.
Ni politique : les gens votent en fonction de leurs préoccupations, et la politique est de court terme.
Il faut une nouvelle éthique : un principe de responsabilité mais une responsabilité tournée vers
l’avenir et pas uniquement vers le passé ou le présent. Nous sommes responsables des générations
futures, nous devons maintenir pour eux des conditions de vie acceptable.
« Agis de telle sorte que ton action soit
compatible avec la permanence d’une vie
authentiquement humaine sur Terre ».
// Kant :
-
Impératif catégorique désintéressé car
tourné vers les générations futures v
Kant parle à des hommes actuels et Jonas
à des hommes du futur x
Jonas pense que la moral ne repose pas
uniquement sur la raison mais aussi sur les
sentiments (dont la peur) x
Illustrations
Parents : ils sont responsables de leurs enfants. Cet appel passe par la fragilité de l’enfant (sentiments)
et est tourné vers l’avenir. Cette responsabilité est donc prospective (avenir), constante et universelle
(responsable de tous les aspects de sa vie).
Homme politique : il est responsable du peuple pour quelques années. Ses décisions ont un impact
sur l’avenir du pays. Sa responsabilité est totale, constante, marquée par la raison et les sentiments.
5.3. Aspects plus politiques
-
Heuristique de la peur : si on parvient à communiquer aux gens une peur pour l’avenir, ce sera un
excellent stimulant pour trouver des solutions et pour sensibiliser les gens à cette nouvelle
responsabilité, afin qu’ils traduisent leur attention aux questions environnementales en politique.
-
Principe de précaution : il faut refuser certaines innovations techniques pour lesquelles il y a des
doutes suffisants quant à leur possible nocivité à long terme (même si on n’en est pas sûr).
6. John Rawls
6.1. Qu’est-ce qu’un Etat juste ?
Première réponse : notion de mérite
Ceux qui se donnent beaucoup pour la société ont un grand mérite et reçoivent beaucoup ; les autres
ont un petit mérite et reçoive peu. Principe de la proportionnalité.
Est-ce juste ? Non car la notion de mérite peut varier selon les points de vue et les gens n’ont pas
toujours l’occasion ou les moyens d’acquérir un mérite.
Deuxième réponse : notion de bien
Le juste doit céder devant le bien : les vies des uns et même un certain bien-être peut naître du
sacrifice de certains êtres humains. Parfois l’injustice mène au bien, finalement.
Est-ce juste ? Non c’est le bien qui doit céder devant la justice. La dignité de toute personne est à
respecter : on ne peut instrumentaliser une personne pour en sauver d’autres.
Troisième réponse : libéralisme vs Socialisme
Selon le libéralisme, l’Etat est juste s’il protège les libertés individuelles. Chaque citoyen est donc libre
et égal par ses libertés, sa seule condition est de respecter les libertés d’autrui. L’Etat est neutre.
Est-ce juste ? Non répond le socialisme : l’Etat doit veiller à la répartition des richesses car les libertés
sont inutiles quand on est pauvre et écrasé par le travail. L’Etat n’est pas neutre car il intervient pour
qu’il y ait une égalité matérielle.
Réponse de Rawls : deux principes
Les libertés égales : chaque individu doit avoir accès aux biens fondamentaux qui sont les libertés
fondamentales et les moyens de subsistance minimale. Si les individus ne les ont pas, l’Etat doit les
leur procurer mais il ne doit pas donner comme une aumône en culpabilisant mais comme un droit !
Les différences : les inégalités dans la société sont acceptables si tout le monde, y compris et surtout
les plus faibles, en tirent profit et si tout le monde a les mêmes chances et libertés d’y accéder.
6.2. Légitimité des principes de Rawls
Voile de l’ignorance !
Imaginons que les gens doivent déterminer les principes généraux régissant notre
société en ignorant complètement la place qu’ils vont occuper au sein de cette
société. Que vont-ils faire ?
o Grande importance aux libertés individuelles pour pouvoir choisir
la vie qu’ils veulent mener et leurs projets personnels.
o Grande importance aux moyens de subsistance minimale au cas où
ils seraient pauvres (égalité des chances !).
Le voile de l’ignorance permet une objectivité et met tout le monde d’accord sur les principes de Rawls.
CHAPITRE 5 : A LA RECHERCHE DU FONDEMENT DU DROIT
1. Nature vs Normes Conventionnelles
1.1. Calliclès et le droit naturel
-
Loi humaine : vise l’égalité, le respect des plus faibles.
Elle les protège des plus forts.
Loi naturelle : les plus forts dominent et règlent les
problèmes en fonction de leur propre intérêt.
Opposition radicale
Pour Calliclès, un homme bien né ne doit pas suivre les lois et les conventions qui n’ont pas de réelle valeur
mais il doit écouter ses pulsions. Le seul droit est donc le droit de la nature qui est en réalité la loi du plus fort.
1.2. Platon et les Idées
Les droits et les connaissances découlent du Monde des Idées et surtout de l’Idée du Bien. Le droit des
Hommes découlent donc bien de la nature des choses (le monde sensible est un reflet du monde des Idées !).
-
La nature selon Platon ne se réduit pas à ce que l’on peut constater matériellement car elle possède
une composante suprasensible, l’Idée. Platon parle donc bien d’un droit naturel, même si il ne voit pas
la nature comme Calliclès. Selon lui, Calliclès oublie tout un aspect de la réalité.
2. La conception positiviste du droit
2.1. Le contrat social d’Hobbes
C
O
N
T
R
A
T
S
O
C
I
A
L
1) Etat de nature sans société ou institution juridique. Chaque homme est livré à lui-même avec sa raison
et ses désirs. Il va chercher son propre intérêt dans l’expansion et la puissance. L’homme possède la
souveraineté sur sa personne car il peut disposer de lui comme il l’entend.
2) Les gens vont se tourner les uns contre les autres. Les relations sont dès lors basées sur la compétition
(désir des mêmes biens), la méfiance (tous adversaire) et la gloire (recherche d’estime). Il n’y a ni
agriculture, ni commerce par peur de la convoitise d’autrui.
3) L’homme comprend par sa raison que, sans loi pour contenir ses désirs de domination, il va à la perte
du genre humain. Il édicte donc des lois de nature pour créer des conditions minimales à la survie avec
comme loi fondamentale : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse ».
4) Chaque individu doit donc conclure un contrat social avec les autres disant : « J’accepte de me
dessaisir de ma souveraineté sur moi-même en faveur du souverain à condition que vous en fassiez
autant ». Ils échangent leur liberté contre la sécurité et devienne sujet du souverain.
5) Le souverain, lui, n’a pas conclu de pacte mais concentre en lui la souveraineté de tous. C’est lui
l’unique autorité qui promulgue la loi, il fait donc ce qu’il veut. Les sujets peuvent simplement se
dégager de leur obéissance si le souverain n’assure plus la sécurité de ses habitants.
2.2. Conclusion
Le droit naturel est donc le droit qu’à l’homme individuel dans la nature. Ce droit est sans limite. Il doit être
sévèrement limité par le droit positif pour permettre la vie en sécurité des hommes entre eux.
Remarque : dans l’Antiquité, le droit positif ne peut s’opposer au droit naturel !
Ici, ce sont les hommes qui fondent le droit : le souverain promulgue les lois sans regarder la nature.
3. Le droit comme ordre symbolique
3.1. Droit et langage
er
1 lien : Genèse du droit
ème
2
Au départ, on laissait la violence résoudre les conflits : le droit commence lorsqu’au lieu d’en venir aux
mains, les deux opposants acceptent de discuter. Le langage suspend la violence.
Parler à quelqu’un, c’est le reconnaitre comme être humain car il peut écouter et répondre. C’est
cette reconnaissance que le droit va mettre en valeur.
lien : Structure en trois niveaux
Langage :
Registre syntaxique (grammaire) : donne les règles pour que la phrase soit correcte. Si on ne les
respecte pas, on risque de ne pas être compris. La performance linguistique est nulle sans grammaire.
Registre sémantique (sens) : une phrase peut être grammaticalement correcte et n’avoir aucun sens.
La sémantique a aussi des règles : règle de non-contradiction, donner des informations, m’apprendre
des choses sur le monde ou me permettre d’agir. La fiction a donc aussi du sens !
Registre pragmatique (action) : le langage a une sorte de pouvoir, il est une forme d’action et peut
transformer une situation. Il y a bien évidemment des règles de compétence, de contexte et de
sincérité pour que cela marche. Nous avons deux sortes d’énoncés : les descriptives et les
performatives, transformant les situations. Ces deux énoncés sont toujours mêlés.
Le langage fait de nous des
partenaires dans un monde commun
réunissant les mêmes règles.
Droit
-
- Partenaires : niveau pragmatique (position du locuteur).
- Monde commun : niveau sémantique (sens universel).
- Mêmes règles : niveau syntaxique et les quelques règles du
sémantique et du pragmatique.
Registre syntaxique : le droit contient aussi des règles communes à respecter pour que l’acte juridique
ait de la valeur. Sinon, les autorités compétentes peuvent l’annuler.
Registre sémantique : le droit s’efforce d’établir un monde commun et de regarder les conflits entre
personne du point de vue de l’universel (même sens et mêmes droits pour tous).
Registre pragmatique : le droit peut transformer la situation sociale des gens car on est obligé de
respecter les lois. Chaque jugement peut avoir un impact sur le monde.
Le Droit fait aussi de nous des
partenaires dans un monde commun
réunissant les mêmes règles.
3.2. L’homme comme être symbolique
Ordre symbolique
Originellement, le symbole opérait une reconnaissance mutuelle de personnes différentes qui se
trouvent liées entre elles par un élément commun, fondé sur une loi.
Les symboles ne fonctionnent pas seuls mais à l’intérieur d’un ensemble où les éléments sont reliés
entre eux. C’est ce qu’on appelle un ordre symbolique, et le langage en est un exemple.
L’ordre symbolique est donc un moyen de reconnaissance mutuelle (on devient partenaire).
Les substituts
Ce sont des choses qui tiennent pour nous la place d’autres choses. Et l’homme n’a de relations avec
les choses et les êtres que par des substituts.
Pourquoi ? Notre conscience crée une distance. Par ma
conscience, je suis toujours attentif à moi-même en
même temps que je suis tourné vers l’objet avec qui
j’entre en relation. Les substituts sont donc des
médiateurs par lesquels nous atteignons les choses.
-
Avec des personnes, je rentre aussi en relation par des substituts. On recourt à l’ordre symbolique car
il permet l’échange et la réciprocité. Les interlocuteurs se reconnaissent comme partenaires,
s’exprimant par le biais d’un code aux règles communes pour l’un et l’autre (ex : le langage !).
Sympathie
A
B
Ordre symbolique :
ensemble de substituts
montrant la sympathie
Loi de non-consommation
Pour entrer dans l’ordre symbolique, qui est le niveau du savoir et de communication, il faut une
règle : la loi de non-consommation. Car le rapport premier que l’on a aux choses est la consommation
(on veut les absorber). Si nous les consommons, nous ne pouvons nous en servir comme substituts.
C’est un apprentissage que l’enfant doit faire en passant par le
complexe d’Œdipe : il doit se rendre compte de l’altérité de
l’autre, qu’il ne peut le consommer et ainsi se rendre compte
qu’il a une distance avec les choses. Ses relations se feront
ainsi par le langage : l’accès à l’ordre symbolique s’est fait par
la loi de non-consommation. Néanmoins, ce n’est qu’à
l’adolescence que l’on voit s’il est rentré dans l’ordre
symbolique car il devient responsable de ses actes.
Remarque : les trois d’échanges de Lévi-Strauss
Echange de paroles : Pour parler, on ne doit pas manger
(consommer) car c’est le même orifice.
Echange de biens économiques : Pour que le vendeur rentre en
relation avec ses acheteurs, il ne doit pas consommer sa récolte.
Echange de femmes entre lignées différentes : on ne doit pas
consommer une femme de sa famille sinon on ne rencontrera pas
une autre famille par le mariage.
3.3. Le lieu du droit naturel
Nature de l’homme
Rationalité / Liberté
Désir
Biologie
-
-
Niveau symbolique (à acquérir)
Imposition de la loi
Nature (donnée)
Biologie : l’homme est un individu de l’espèce homo sapiens. Il est soumis cycliquement à ses besoins :
besoin  assouvissement  besoin,… l’homme est dépendant de la nature.
Désir : intermédiaire entre rationalité et biologie : on peut vivre sans le satisfaire (mais il est difficile à
maitriser car ce sont des pulsions). Comme on en veut toujours plus (et pas la même chose), il y a une
ouverture vers les autres et le monde. On passe de Besoin  Désir  Raison.
Raison : l’homme devient libre, responsable et raisonnables, il atteint les ordres symboliques.
Biologie : homme = élément du monde
Désir : dynamique de communion avec le monde
Rationalité : capacité de transcender le monde
Droit positif
Le droit positif d’une société est un ordre symbolique par lequel l’homme s’accomplit son humanité,
par lequel la société reconnait à ses membres la dignité d’acteurs symboliques.
Les hommes se reconnaissent ainsi comme
partenaires dans un monde commun réunit par
les mêmes lois qui régulent le vivre ensemble.
Droit naturel
Ensemble de conditions minimales pour que l’homme puisse accéder aux ordres symboliques et y
tenir son rôle. Ce sont donc des principes très généraux car ils énoncent des conditions au-deçà
desquelles une vie humaine ne pourrait plus parvenir à son accomplissement.
Le droit naturel ne permet pas de déduire la
forme idéale du droit positif. Elle énonce des
principes généraux et indispensables.
Condition pour les trois types d’échanges de Lévi-Strauss : droit à la vie et à l’intégrité physique car la
violence empêche le langage.
 Condition pour l’échange matrimoniale : droit à la famille.
 Condition pour l’échange de biens : droit à la propriété privée.
 Condition pour l’échange de messages : droit à la liberté d’expression.
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