1
INTRODUCTION
La Chine est un pays à dominante rurale, même si dans son économie l’agriculture
n’occupe qu’une place secondaire. En 2005, la contribution agricole au PIB de la Chine est à la
hauteur de 12.6%, loin derrière l’industrie (47.5%) et le tertiaire (39.9%). Or, malgré le fait que
la population urbaine a presque triplé pendant moins de 30 ans1, 57% de chinois (750 millions)
vivent toujours à la campagne. Grâce à la politique de réforme agricole mise en œuvre en 1978,
la population rurale a vu sensiblement s’améliorer leur condition de vie et plus de 200 millions
de paysans ont réussi à sortir de l’état de la pauvreté absolue. A court terme, la lutte contre la
pauvreté reste une tâche très lourde pour les autorités chinoises. Mais elle n’est plus la priorité2
de la politique publique à moyen et long terme. Une attention accrue est accordée au
développement d’une économie rurale plus viable et plus compétitive. Et la réussite de cette
nouvelle approche dépend largement de la quantité et de la qualité de l’offre des biens et services
publics en milieu rural.
La définition des biens publics et de l’offre des biens publics
Selon la définition de Paul SAMUELSON, les biens publics (public goods) sont des biens
non rivaux et non exclusifs. La non-exclusivité signifie que tous ont accès à un bien, même s'ils
n'ont pas participé au coût de sa production. Le principe de non-rivalité implique que la
consommation d'un seul n'affecte en rien celle des autres. A ces deux propriétés centrales
s'ajoutent deux autres notions étroitement liées à celle de bien public : le terme d'externalité se
réfère aux situations dans lesquelles les coûts ou les bénéfices d'un bien n'apparaissent pas dans
le prix du bien lui-même (le coût de l'impact rejaillit non sur les acteurs directement responsables
mais sur les autres) ; le terme de free rider désigne le comportement individualiste d'acteurs qui
consomment un bien sans vouloir en supporter le coût. Seuls les produits et services qui
répondent strictement à ces critères de non exclusivité et de non rivalité sont considérés par les
1 En Chine, la population urbaine est passé de 190 millions en 1980 à 560 millions en 2005.
2 En 2005, la population pauvre est de 28 millions à la campagne chinoise, soit 2.8% de la population rurale, alors qu’elle était 9
fois plus nombreuse (250 millions) en 1978.