1. Introduction
1.1 Epidémiologie
L’Ulcère de Buruli (UB) est une panniculite nécrosante infectieuse due à Mycobacterium
ulcerans. C’est la troisième Mycobactériose la plus fréquente dans le monde, après la
tuberculose et la lèpre. Les 1
er
cas ont été décrits en Ouganda, dans la région de Buruli en 1958
où la maladie semble exister depuis 1897 (1). Depuis une dizaine d’années, la prévalence de
l’UB a augmenté de façon alarmante dans le monde (2). Actuellement, les principaux foyers
endémiques se situent en zones tropicales et subtropicales humides, plus particulièrement dans
les zones rurales. La maladie évolue sur le mode endémo-épidémique, apparaissant en foyers,
proche de zones marécageuses ou faiblement drainées.
Les zones les plus touchées se situent en Afrique de l’Ouest et de l’Est, dans le Pacifique ouest,
en Asie et en l’Amérique du sud. Quelques cas ont été signalés en dehors des zones d’endémie,
en Amérique du Nord et en Europe, en relation avec des voyages internationaux (2). En Afrique,
le nombre de pays atteints à été estimé à 25 (3). Tous les pays situés en bordure du Golfe de
Guinée ont été touchés. En Côte d’Ivoire, environ 15 000 cas ont été enregistrés depuis 1978
et jusqu’à 16 % de la population de certains villages a été atteinte. Au Bénin, 4 000 cas ont été
enregistrés depuis 1989 (1). En 1999 au Ghana, un total de 6 000 cas ont été enregistrés au cours
d’une enquête nationale et la prévalence atteignait jusqu’à 22 % dans certaines régions hyper-
endémiques du pays (2).
D’évolution chronique, l’infection à M. ulcerans provoque de larges ulcérations indolores
nécrosantes, touchant préférentiellement les membres. Le plus souvent, la maladie évolue vers
des cicatrices inesthétiques et des séquelles invalidantes allant parfois jusqu’à l’amputation d’un
membre atteint.
A l’heure actuelle, il n‘existe pas de traitement médicamenteux curatif pour l’infection à M.
Ulcerans. Les recommandations officielles de l’OMS pour la prise en charge thérapeutique sont
basées sur un traitement chirurgical : une excision large des tissus nécrosés est réalisée dans un
1
er
temps puis une greffe de peau est généralement nécessaire dans un 2
ème
temps. Ce traitement
est d’autant plus efficace sur l’évolution de la maladie que l’intervention est pratiquée tôt . Mais
ce traitement présente certaines limites dans les Pays en Voie de Développement (PVD) :
insuffisance des installations chirurgicales ; hospitalisation prolongée ; coût élevé des soins ;
risque de rechute (16 à 18% des cas) (4).
De plus, la majorité des patients, non suffisamment sensibilisés, ont recours aux structures de
santé à un stade tardif de la maladie après avoir souvent fait appel à la médecine traditionnelle
dans un 1
er
temps. Les malades présentent le plus souvent un ou plusieurs ulcères associés ou
non à des complications (surinfections, ostéomyélites…). A ce stade clinique, la prise en charge
est lourde et coûteuse. En 1996 au Ghana, le coût moyen de prise en charge d’un patient à
l’hôpital était de 660$ et la durée d’hospitalisation était de 3 mois en moyenne avec un nombre
de complications et de séquelles invalidantes (5). Plus spécifiquement, le coût de la prise en
charge pour les ménages, est significativement différent au stade pré-ulcératif (6$), au stade
ulcératif (114,7$), et au stade cicatriciel (entre 134$ et 909$).
L’UB est une maladie chronique atteignant dans 70% des cas les enfants âgés de moins de 15
ans. Le risque de déscolarisation puis d’isolement social n’est pas négligeable chez ces enfants
handicapés à vie. De plus, les structures de santé, en zone d’endémie, sont de plus en plus
confrontées à un accroissement important du nombre de cas malgré l’absence de traitements
médicamenteux efficaces. Il existe donc un réel intérêt non seulement médical mais également
de Santé Publique, à développer d’autres voies pour le traitement de cette infection.
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