Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2013
20
dossier thématique
Immunité
antitumorale
durable. Une réponse clinique objective est cependant
observée plus fréquemment chez les patients répon-
deurs, capables de montrer une réponse immune après
vaccination. Un des problèmes réside dans le fait que les
essais sont réalisés à un stade avancé de la progression
tumorale, stade auquel la tumeur a déjà développé des
mécanismes d’échappement au système immunitaire,
limitant l’effi cacité des cellules T antitumorales géné-
rées. Actuellement, les recherches s’orientent vers une
association de la vaccination avec d’autres stratégies et
l’utilisation d’autres sous-types de DC selon un schéma
compatible avec une utilisation à grande échelle (18).
Les protocoles d’immunothérapie fondés sur le transfert
adoptif de CTL autologues amplifi és ex vivo et ré-infusés
au patient induisent au contraire une réponse clinique
objective chez plus de 50 % des patients traités, mais
leur génération est un processus long et fastidieux, à
développer pour chaque patient, qui limite le déploie-
ment de cette stratégie à grande échelle.
Adjuvants TLR ligands
Les toll-like receptors (TLR) sont des récepteurs reconnais-
sant des motifs pathogènes conservés présents sur les
virus et les bactéries, et exprimés en particulier par les DC.
Les TLR ligands (TLR-L) constituent de puissants immu-
norégulateurs. En activant les DC, ils fournissent le signal
manquant dans l’interaction DC/T en contexte tumoral,
permettant l’induction d’une immunité T adaptative. Des
agonistes synthétiques des TLR-L ont prouvé leur capacité
à stimuler l’immunité antitumorale in vivo en contexte de
mélanome. Des agonistes des TLR7 et TLR9 en particulier,
récepteurs exprimés par les pDC, permettent l’induc-
tion de réponses immunes antitumorales en réversant
l’inhibition fonctionnelle des pDC. Ainsi, il a été observé,
chez des patients atteints de mélanome, une immuno-
modulation en réponse à l’administration de TLR7-L (19)
ou de TLR9-L (20). L’administration de CpG-ODN chez les
patients potentialise leur réponse à la vaccination (21)
et stimule les fonctions pDC et NK (22). Quelques cas
cliniques démontrent l’eff et bénéfi que, en application
topique, de l’imiquimod (TLR7-L) sur la régression des
lésions. Les agonistes des TLR-L sont en développement
dans de nombreux protocoles cliniques antitumoraux.
Inhibition de l’immunosuppression :
anti-CTLA4, anti-PD1
Anti-CTLA4
Le Cytotoxic T-Lymphocyte Antigen 4 (CTLA4) est un
antigène présent sur les lymphocytes T activés et qui
en régule négativement l’activation afi n de contrôler
l’intensité de la réponse immune. Son blocage dans
des modèles précliniques cellulaires et in vivo chez
la souris entraîne une activation de la réponse anti-
tumorale endogène (fi gure 2), ce qui a été à l’origine
du développement d’anticorps anti-CTLA4 (ipilimumab,
trémélimumab) dans des essais thérapeutiques.
L’ipilimumab développé par Bristol-Myer-Squibb est
le premier anticorps humanisé anti-CTLA4 à avoir été
approuvé par la Food and Drug Administration aux
États-Unis après avoir été testé en monothérapie à la
dose de 3 mg/kg dans un essai de phase III chez des
patients ayant un mélanome métastatique, traités pré-
alablement par chimiothérapie (23). Il est testé en ce
moment dans d’autres cancers métastatiques comme
ceux du poumon et de la prostate. Afi n de stimuler une
réponse immunitaire plus spécifi quement antitumorale,
les anti-CTLA4 ont également été testés en combinai-
son avec des traitements anticancéreux cytotoxiques et
d’autres immunothérapies dans le mélanome. Un essai de
phase III a montré que l’association ipilimumab 10 mg/kg
+ dacarbazine était plus effi cace que la dacarbazine seule
chez des patients n’ayant pas reçu de chimiothérapie
traités pour un mélanome métastatique (durée de survie :
11,2 mois versus 9,1 mois), avec une augmentation du
nombre des patients bénéfi ciant d’une survie prolon-
gée (20,8 % de survivants à 3 ans versus 12,2 %) [24].
Dans le mélanome, de nombreux essais de phase I/II sont
en cours. L’ipilimumab y est testé en association avec des
immunomodulateurs (interféron α à haute dose, sargra-
mostim [GM-CSF] ou vaccins) ou avec d’autres traitements
cytotoxiques (radiothérapie, vémurafénib, fotémustine,
melphalan, témozolomide ou dactinomycine).
L’ipilimumab pose 3 problèmes majeurs qui freinent
son développement : son faible taux de réponse, ses
eff ets indésirables et son coût. Le taux de réponse au
traitement est en eff et peu important et il n’existe pas de
marqueur prédictif de réponse, même si certaines pistes
sont en cours d’investigation (augmentation du pourcen-
tage de lymphocytes circulants, expression d’ICOS sur les
lymphocytes T, augmentation des ILT, et expression de
FoxP3 et d’IDO dans le microenvironnement tumoral).
Les eff ets indésirables, d’ordre principalement immun,
concernent le système digestif, avec des diarrhées et
des hépatites auto-immunes, ainsi que le système endo-
crinien et les poumons, avec des sarcoïdoses induites.
Ces eff ets indésirables sont potentiellement graves et
altèrent la qualité de vie des patients ; 23 % d’entre eux
présentent en eff et des toxicités de grade 3/4.
Anti-PD1
Les lymphocytes T présentent plusieurs antigènes qui,
comme le CTLA4, inhibent la réponse immunitaire T acti-
vatrice : PD1, TIM3, BTLA, VISTA ou LAG3. Le PD1 est un
antigène intéressant, car il est activé par ses ligands PD-L1/