Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2013
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dossier thématique
Immunité
antitumorale
Microenvironnement immunitaire
dans le mélanome
Immune microenvironment in melanoma
Amélie Boespfl ug*, Stéphane Dalle*, Caroline Aspord**
* Service de dermatologie,
hôpital Lyon-Sud, CHU de
Lyon ; université Claude-
Bernard – Lyon-I,
Pierre-Bénite.
** Établissement fran-
çais du sang Rhône-
Alpes, laboratoire
R&D, et InsermU823,
Immunobiologie et
immunothérapie des
cancers, La Tronche.
RÉSUMÉ
Summary
»
Le mélanome est considéré comme l’une des tumeurs solides
les plus immunogènes, mais la maîtrise de son développement
reste un challenge. Malgré la capacité du système immunitaire
à engendrer une réponse adaptative antitumorale fonctionnelle,
le microenvironnement tumoral immunosuppresseur détourne
progressivement la réponse vers l’induction d’une tolérance. Le
mélanome subvertit ainsi activement l’immunité pour promouvoir
la progression tumorale. Les stratégies dimmunothérapie visant
à réactiver les réponses immunes antitumorales nont qu’un
succès clinique limité. Les progrès dans la compréhension des
interactions entre cellules tumorales et système immunitaire ont
permis l’émergence de nouvelles stratégies visant à neutraliser
le microenvironnement tumoral immunosuppressif et offrent
de nouvelles perspectives thérapeutiques dans le traitement du
mélanome.
Mots-clés : Mélanome – Réponse immune antitumorale –
Immunosubversion – Immunothérapie.
Even though melanoma is considered to be one of the most
immunogenic solid tumors, controlling its development
still remains a challenge. The immune system is capable
of developing a functional adaptive anti-tumor immune
response, but the tumor micro-environment produces an
immuno-suppressive reaction that progressively subverts
a cytotoxic immune response into an immune tolerance.
Melanoma actively circumvents the immune system to
facilitate tumor progression. Immunotherapy strategies
created to reactivate immune anti-tumor responses have
had for the moment limited clinical impacts. Progress in the
comprehension of the interactions between tumor cells and
the immune system has permitted the development of novel
strategies. Rather than targeting the endogenous immune
response, these new strategies focus on the neutralization of the
immune-suppressive tumor microenvironment, and they off er
new therapeutic perspectives in the treatment of melanoma.
Keywords: Melanoma – Anti-tumor immune response –
Immunosubversion – Immunotherapy.
L
e mélanome cutané atteint chaque année 8 000
à 10 000 personnes en France. Le diagnostic et
l’exérèse précoces représentent les meilleures
chances de survie. Malgré les progrès très signifi catifs
réalisés au cours des 5 dernières années dans la com-
préhension et l’inhibition de la voie des MAP kinases,
l’évolution reste presque constamment fatale en moins
de 2 ans au stade métastatique. De plus, les patients
ne portant pas les mutations cibles de BRAF ne sont
pas candidats aux traitements ciblés actuellement
disponibles. Les stratégies visant à stimuler la réponse
immune antitumorale sont donc toujours d’actua-
lité. Les résultats favorables obtenus grâce aux anti-
CTLA4 et les premiers succès obtenus par l’inhibition
de Programmed cell Death protein 1 (PD1) renforcent
l’intérêt de l’utilisation des immunomodulateurs en
monothérapie, et plus probablement en association
avec les molécules inhibitrices ciblées.
Interactions entre cellules tumorales
etcellules immunitaires en contexte
demélanome : de l’immunosurveillance
àl’immunosubversion
Les cellules dendritiques (DC) et les cellules T cytotoxiques
(CTL) représentent des éléments majeurs de la réponse
immunitaire antitumorale. Les DC permettent l’initiation
des réponses immunitaires de par leur capacité à capturer
et à transformer les antigènes en peptides qui seront
ensuite apprêtés sur les molécules du complexe majeur
d’histocompatibilité (CMH) pour être présentés aux cel-
lules T naïves. De l’inter action entre les DC et les cellules T
résulte l’amplifi cation d’eff ecteurs cytotoxiques capables
de tuer les cellules tumorales. Cependant, selon leur état
de maturation et l’environnement, les DC peuvent médier
l’immunité ou la tolérance. Le microenvironnement tumo-
ral est déterminant dans l’orientation de cette réponse.
Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2013
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dossier thématique
Immunité
antitumorale
Réponses immunitaires antitumorales :
importance du système immunitaire
dans le contrôle du développement tumoral
Diverses observations chez les patients atteints de
mélanome démontrent la présence d’une immunité
antitumorale fonctionnelle, en particulier par la mise
en évidence de DC matures et de cellules T antitumo-
rales, vecteurs cruciaux de l’immunosurveillance. Ces
réponses antitumorales spontanées sont fréquemment
corrélées à un pronostic clinique favorable (1).
La présence de DC exprimant le marqueur de maturation
DC-LAMP dans les ganglions sentinelles des patients est
associée à un meilleur pronostic clinique (2). Des cellules
T spécifi ques d’antigènes tumoraux sont retrouvées au
niveau des mélanomes primaires et métastatiques ainsi
qu’en circulation. Il a été montré que l’intensité de linfi l-
tration des tumeurs par les cellules T antitumorales était
corrélée à l’évolution clinique des patients, une forte
densité d’infi ltration tumorale des lymphocytes (CTL)
fonctionnels étant associée à un meilleur pronostic (3) et
leur niveau d’infi ltration représente un facteur prédictif
de métastases dans les ganglions sentinelles (4). La
présence d’un vitiligo, dépigmentation auto-immu-
nitaire liée à la destruction des mélanocytes par les
cellules T antitumorales, constituerait pour certains un
facteur pronostique favorable. Par ailleurs, la régression
spontanée de mélanomes primitifs prouve la capacité
du système immunitaire à éliminer, au moins focale-
ment, les tumeurs. Lensemble de ces éléments refl ète
la capacité et l’importance du système immunitaire
dans le contrôle du développement tumoral.
Caractérisation du microenvironnement tumoral
Malgré la présence d’une immunité antitumorale,
l’évolution des mélanomes est souvent défavorable.
La progression tumorale refl ète l’ineffi cacité du système
immunitaire face à la tumeur et sexplique par létablis-
sement d’un microenvironnement immunosuppresseur
protumoral qui favorise linduction d’une tolérance
immune (fi gure 1).
Altération fonctionnelle des DC dans le mélanome
Les DC myéloïdes (mDC) et les DC plasmacytoïdes
(pDC) sont recrutées au site tumoral (5) et dans les
ganglions sentinelles, mais sont présentes dans un
état immature non fonctionnel (6, 7). Un défi cit de
production d’IFNα in situ par les pDC a été mis en
évidence. De cette maturation défectueuse des DC
résultent l’absence d’induction d’une réponse adap-
tative antitumorale et l’établissement d’une tolérance.
L’infi ltration des tumeurs primaires par les pDC a été
corrélée à un mauvais pronostic (8). De plus, l’expres-
sion d’indoléamine-2,3-dioxygénase (IDO), enzyme
responsable de la dégradation du tryptophane, a été
mise en évidence sur les pDC au niveau des ganglions
sentinelles de patients et corrélée à une évolution cli-
nique défavorable (9). Les DC recrutées par la tumeur
participent ainsi à la création d’un microenvironne-
ment immunosuppresseur qui inhibe les réponses T
antitumorales.
Accumulation de cellules T régulatrices
et pro-inflammatoires Th2 dans le mélanome
Parallèlement, les tumeurs sont largement infi ltrées
par des cellules T régulatrices CD4+ CD25hi FoxP3+
suppressives, qui expriment ICOS et CTLA4 et sécrètent
les cytokines IL-10 et TGFβ (10) [cf. article de J. Farget et al.,
p. 23]. Une augmentation de la proportion de cellules T
régulatrices circulantes a été observée chez les patients,
parmi lesquelles on trouve la présence de cellules T CD4+
régulatrices spécifi ques d’antigènes tumoraux (11). De
plus, l’expression de PD1 par les cellules T infi ltrant la
tumeur (12) signe leur altération fonctionnelle. Un envi-
ronnement Th2 pro-infl ammatoire est aussi retrouvé au
niveau du sang et des ganglions sentinelles des patients
métastatiques, avec la présence de concentrations éle-
vées de cytokines de type Th2, IL-4, IL-5 et IL-13 (13).
Échappement des cellules tumorales à
la reconnaissance par le système immunitaire (13)
Le mélanome développe aussi des stratégies d’échappe-
ment à la reconnaissance par les eff ecteurs cytotoxiques
du système immunitaire, par la perte d’expression du
CMH I, la perte d’expression des antigènes tumoraux,
la dysfonction des composants de la machinerie de
présentation antigénique (β2m, TAP1, TAP2) ou encore
la mutation des antigènes tumoraux. L’augmentation
du HLA-E soluble, mise en évidence dans le sérum des
patients, pourrait aussi contribuer à l’inhibition des eff ec-
teurs immunitaires (14) [cf. article de F. Ghiringhelli, p. 6].
Microenvironnement immunosuppresseur
protumoral
Le mélanome altère aussi activement les fonctions
immunes localement, par l’expression de facteurs
protumoraux qui détournent la réponse immunitaire
au profi t du développement tumoral. Ce microenvi-
ronnement immunosuppresseur aboutit à la subver-
sion de l’immunité et à l’établissement d’une tolérance
immune, et constitue une barrière pour les protocoles
d’immunothérapie.
Les cellules de mélanome sécrètent de nombreux fac-
teurs immunosuppresseurs tels que IL-10, IL-6, IL-8,
TGFβ, VEGF, PGE2 et IDO. Ces éléments inhibent la
Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2013
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Microenvironnement immunitaire dans le mélanome
maturation des DC, inactivent les eff ecteurs T et NK et
favorisent l’émergence de cellules T régulatrices sup-
pressives. Le VEGF semble impliqué dans la génération
d’un environnement local de type Th2 (15).
Stratégies dimmunothérapie : modulation
du système immunitaire pour induire
lesréponses antitumorales eff ectives
ouinhiber les mécanismes d’échappement
L’immunothérapie englobe de multiples stratégies
qui consistent à moduler le système immunitaire pour
favoriser la destruction des cellules tumorales, soit par
induction ou transfert d’eff ecteurs antitumoraux cyto-
toxiques, soit par modulation non spécifi que du système
immunitaire ou encore par inhibition des mécanismes
d’échappement tumoral (16).
Vaccination antitumorale et transfert adoptif
de CTL
De nombreux essais cliniques ont été basés sur des
approches d’immunothérapie par vaccination en utilisant
des peptides, lysats tumoraux, cellules tumorales irra-
diées ou DC pulsées (17). Malgré l’induction de réponses
antitumorales mesurables, celles-ci restent insuffi santes
pour obtenir un bénéfi ce clinique. Moins de 10 % des
patients traités montrent une régression tumorale
Figure 1. Immunosubversion du système immunitaire par les cellules tumorales.
En contexte de mélanome, le système immunitaire est capable de générer une réponse adaptative antitumorale fonctionnelle (CTL). Cependant, la pression immunitaire
favorise l’émergence de variants immunorésistants en sélectionnant les cellules avec une immunogénicité réduite. Malgré le recrutement des DC au site tumoral, le micro-
environnement tumoral immunosuppresseur, déterminant dans l’orientation de la réponse subséquente, détourne la réponse vers l’induction d’une tolérance. Le mélanome
subvertit ainsi activement l’immunité pour promouvoir la progression tumorale.
mDC et pDC
immatures
CTL
CTL
NK
PD1
Treg
Treg
CTLA4
Cellules
Th2
Cellules
Th2
IL-6, IL-8, IL-10
TGFβ, IDO
IL-10
TGFβ
IL-4, IL-5, IL-13
MMP2
VEGF
Échappement à
reconnaissance
immunitaire
CMH I
TAP1, TAP2
Perte expression antigène
Progression
tumorale
Mélanome Ganglion sentinelle
DC
immature
Cellule T
naïve
CTL : lymphocytes T cytotoxiques. CMH :complexe majeur d’histocompatibilité. IDO : indoléamine-2,3-dioxygénase. IL : interleukine.
PD1 : Programmed cell Death protein 1. mDC : cellules dendritiques myéloïdes. MMP2 : Matrix Metalloproteinase-2. NK : Natural Killer. pDC : cellules
dendritiques plasmacytoïdes. TAP :Transporter associated with Antigen Processing. Treg : cellules T régulatrices. TGFβ : Transforming Growth
Factor β. VEGF : Vascular Endothelial Growth Factor.
IDO
Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2013
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dossier thématique
Immunité
antitumorale
durable. Une réponse clinique objective est cependant
observée plus fréquemment chez les patients répon-
deurs, capables de montrer une réponse immune après
vaccination. Un des problèmes réside dans le fait que les
essais sont réalisés à un stade avancé de la progression
tumorale, stade auquel la tumeur a déjà développé des
mécanismes d’échappement au système immunitaire,
limitant l’effi cacité des cellules T antitumorales géné-
rées. Actuellement, les recherches s’orientent vers une
association de la vaccination avec d’autres stratégies et
l’utilisation d’autres sous-types de DC selon un schéma
compatible avec une utilisation à grande échelle (18).
Les protocoles d’immunothérapie fondés sur le transfert
adoptif de CTL autologues amplifi és ex vivo et ré-infusés
au patient induisent au contraire une réponse clinique
objective chez plus de 50 % des patients traités, mais
leur génération est un processus long et fastidieux, à
développer pour chaque patient, qui limite le déploie-
ment de cette stratégie à grande échelle.
Adjuvants TLR ligands
Les toll-like receptors (TLR) sont des récepteurs reconnais-
sant des motifs pathogènes conservés présents sur les
virus et les bactéries, et exprimés en particulier par les DC.
Les TLR ligands (TLR-L) constituent de puissants immu-
norégulateurs. En activant les DC, ils fournissent le signal
manquant dans l’interaction DC/T en contexte tumoral,
permettant l’induction d’une immunité T adaptative. Des
agonistes synthétiques des TLR-L ont prouvé leur capacité
à stimuler l’immunité antitumorale in vivo en contexte de
mélanome. Des agonistes des TLR7 et TLR9 en particulier,
récepteurs exprimés par les pDC, permettent l’induc-
tion de réponses immunes antitumorales en réversant
l’inhibition fonctionnelle des pDC. Ainsi, il a été observé,
chez des patients atteints de mélanome, une immuno-
modulation en réponse à l’administration de TLR7-L (19)
ou de TLR9-L (20). L’administration de CpG-ODN chez les
patients potentialise leur réponse à la vaccination (21)
et stimule les fonctions pDC et NK (22). Quelques cas
cliniques démontrent l’eff et bénéfi que, en application
topique, de l’imiquimod (TLR7-L) sur la régression des
lésions. Les agonistes des TLR-L sont en développement
dans de nombreux protocoles cliniques antitumoraux.
Inhibition de l’immunosuppression :
anti-CTLA4, anti-PD1
Anti-CTLA4
Le Cytotoxic T-Lymphocyte Antigen 4 (CTLA4) est un
antigène présent sur les lymphocytes T activés et qui
en régule négativement l’activation afi n de contrôler
l’intensité de la réponse immune. Son blocage dans
des modèles précliniques cellulaires et in vivo chez
la souris entraîne une activation de la réponse anti-
tumorale endogène (fi gure 2), ce qui a été à l’origine
du développement d’anticorps anti-CTLA4 (ipilimumab,
trémélimumab) dans des essais thérapeutiques.
L’ipilimumab développé par Bristol-Myer-Squibb est
le premier anticorps humanisé anti-CTLA4 à avoir été
approuvé par la Food and Drug Administration aux
États-Unis après avoir été testé en monothérapie à la
dose de 3 mg/kg dans un essai de phase III chez des
patients ayant un mélanome métastatique, traités pré-
alablement par chimiothérapie (23). Il est testé en ce
moment dans d’autres cancers métastatiques comme
ceux du poumon et de la prostate. Afi n de stimuler une
réponse immunitaire plus spécifi quement antitumorale,
les anti-CTLA4 ont également été testés en combinai-
son avec des traitements anticancéreux cytotoxiques et
d’autres immunothérapies dans le mélanome. Un essai de
phase III a montré que l’association ipilimumab 10 mg/kg
+ dacarbazine était plus effi cace que la dacarbazine seule
chez des patients n’ayant pas reçu de chimiothérapie
traités pour un mélanome métastatique (durée de survie :
11,2 mois versus 9,1 mois), avec une augmentation du
nombre des patients bénéfi ciant d’une survie prolon-
gée (20,8 % de survivants à 3 ans versus 12,2 %) [24].
Dans le mélanome, de nombreux essais de phase I/II sont
en cours. Lipilimumab y est testé en association avec des
immunomodulateurs (interféron α à haute dose, sargra-
mostim [GM-CSF] ou vaccins) ou avec d’autres traitements
cytotoxiques (radiothérapie, vémurafénib, fotémustine,
melphalan, témozolomide ou dactinomycine).
L’ipilimumab pose 3 problèmes majeurs qui freinent
son développement : son faible taux de réponse, ses
eff ets indésirables et son coût. Le taux de réponse au
traitement est en eff et peu important et il nexiste pas de
marqueur prédictif de réponse, même si certaines pistes
sont en cours d’investigation (augmentation du pourcen-
tage de lymphocytes circulants, expression d’ICOS sur les
lymphocytes T, augmentation des ILT, et expression de
FoxP3 et d’IDO dans le microenvironnement tumoral).
Les eff ets indésirables, d’ordre principalement immun,
concernent le système digestif, avec des diarrhées et
des hépatites auto-immunes, ainsi que le système endo-
crinien et les poumons, avec des sarcoïdoses induites.
Ces eff ets indésirables sont potentiellement graves et
altèrent la qualité de vie des patients ; 23 % d’entre eux
présentent en eff et des toxicités de grade 3/4.
Anti-PD1
Les lymphocytes T présentent plusieurs antigènes qui,
comme le CTLA4, inhibent la réponse immunitaire T acti-
vatrice : PD1, TIM3, BTLA, VISTA ou LAG3. Le PD1 est un
antigène intéressant, car il est activé par ses ligands PD-L1/
Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2013
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Microenvironnement immunitaire dans le mélanome
L2, qui sont exprimés par les cellules tumorales, ce qui
leur permet d’avoir une action immunosuppressive locale.
L’utilisation d’anticorps monoclonaux dirigés contre
PD1 ou contre le ligand PD-L1 a fait l’objet de premiers
essais chez l’homme. L’activation du récepteur PD1 est,
comme celle du CTLA4, responsable d’une inhibition de
la réponse immune. La neutralisation de ces récepteurs
ou de leurs ligands a donc pour objectif de restaurer
une réponse immune antitumorale.
Dans un essai de phase I, l’anticorps monoclonal
humain anti-PD1 BMS-936558 a été utilisé pour traiter
296 patients, dont 104 étaient porteurs d’un mélanome
métastatique. Sur les 94 patients évaluables, 26 (28 %)
ont montré une réponse objective et, dans la moitié des
cas, cette réponse persistait après 1 an de traitement (25).
Cette étude tend également à démontrer que la réponse
à l’anticorps anti-PD1 est corrélée à l’expression, au sein
des tumeurs, du ligand PD-L1 pour PD1. Ces données
préliminaires restent naturellement à confi rmer, mais la
possibilité de disposer d’un facteur prédictif de la réponse
est particulièrement intéressante dans un objectif d’indi-
vidualisation et de rationalisation des traitements ciblés.
Le profi l de tolérance de cet anticorps est probablement
supérieur à celui de l’ipilimumab. À noter, toutefois, la sur-
venue de pneumopathies induites chez 9 patients (3 %),
qui ont conduit à 3 décès en cours d’étude (26).
Un autre essai de phase I a testé l’action d’un anticorps
monoclonal dirigé contre PD-L1 (27), qui est, avec
PD-L2, l’un des 2 ligands connus de PD1 (27). Parmi les
207 patients inclus, 55 étaient porteurs d’un mélanome.
Neuf des 52 patients évaluables (17 %) et atteints de
mélanome ont présenté une réponse objective. Le profi l
de tolérance apparaît aussi sensiblement meilleur que
celui de l’ipilimumab, avec très peu d’eff ets indésirables
digestifs sévères, et surtout des réactions à l’injection
et des cas d’insuffi sance surrénalienne.
Les taux de réponse observés ainsi que le profi l de tolé-
rance conduisent à poursuivre l’évaluation de la straté-
Figure 2. Modes d’action des anticorps dirigés contre CTLA4, PD1 et PD-L1.
Les anticorps monoclonaux dirigés contre PD1 ou son ligand (PD-L1) visent à lever l’interaction inhibitrice survenant entre le
lymphocyte T eff ecteur et la cellule tumorale lors de l’engagement PD1/PD-L1. Les anticorps monoclonaux anti-CTLA4 bloquent
quant à eux l’engagement B7-CTLA4 qui induit, en l’absence de neutralisation, une répression de la réponse immune.
Cellule tumorale Cellule tumorale
Cellule tumorale
PD1
PD1
PD1
PD1
PD1
PD-L1
PD-L1
B7 B7
Anti-
PD1
Anti-
PD1
Anti-
PD-L1
LT
activé LT
activé LT
activé LT
activé
Levée d’inhibition
de l’activation
du lymphocyte T
Levée d’inhibition
de l’activation
du lymphocyte T
Inhibition
de l’activation
du lymphocyte T
Inhibition
de l’activation
du lymphocyte T
Agents cytotoxiques
Thérapies ciblées
Rayons ionisants Anti-
CTLA4
CTLA4
CTLA4
CTLA4
CTLA4
CTLA4
LT
activé
LT
activé
LT
activé
LT
non
activé
Anti-
PD-L1
PD-L1
Cellule dendritique Cellule dendritique
Anti-
CTLA4
Combinaison traitement cytotoxique
et immunothérapie :
majoration de l’activation de la réponse
lymphocytaire T antitumorale
Lyse de la cellule tumorale
Libération d’antigènes tumoraux
immunogènes
Majoration de la réponse
lymphocytaire T antitumorale
CTLA4 : Cytotoxic T-Lymphocyte Antigen 4. LT : lymphocytes T. PD1 : Programmed cell Death protein 1. PD-L1 :Programmed cell Death protein 1 Ligand 1.
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