fête du Christ, Roi

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Homélie pour la fête du Christ, Roi de l'Univers, Année C :
« Il m’a consacré »
Homélie pour la solennité du Christ, Roi de l'Univers Année C le 20 novembre 2016 par Mgr Hermann Giguère P. H.,
Séminaire de Québec. Textes : II Samuel 5, 1-3, Colossiens 1, 1-20 et Luc 23, 25-43.
Le Cristo Rei (Christ Roi en français) est un monument portuguais commencé en 1949 et inauguré en 1959. Il
est situé dans la municipalité d'Almada au Portugal. Surplombant le pont du 25 Avril, il fait face à la ville de
Lisbonne (Crédits photo : H. Giguère).
J’ai eu l’occasion dernièrement de prier au sanctuaire du Cristo Rei près de Lisbonne. Nous y trouvons une statue du
Christ sur une stèle de plus de 110 mètres. Elle nous fait penser spontanément à la statue du Christ Roi sur le Pain de
Sucre à Rio de Janeiro avec laquelle les derniers Jeux Olympiques nous ont familiarisé. Ces deux immenses statues
sont le fruit d’une volonté de rendre visible ce que nous fêtons aujourd’hui : le Christ, Roi de l’Univers.
1- Une fête liturgique récente
La fête du Christ-Roi prend naissance dans un contexte où l’Église est dévalorisée, dépossédée de ses biens au XIXe
siècle, et où, au début du XXe siècle, un laïcisme intolérant fait fureur. Elle se présente alors comme une affirmation que
cette institution qu’est l’Église, malmenée dans la société, repose sur une base qui la dépasse et qui la rend solide
malgré les apparences : son fondateur et maître, le Christ Jésus.
C’est dans ce contexte que l’image de la royauté est de plus en plus utilisée. Le pape Pie XI va favoriser cette dévotion
que déjà le pape Léon XIII avait encouragée (Encyclique Immortale Dei 1 novembre 1885) et il instituera la fête
liturgique du Christ Roi en 1925 (Encyclique Quas primas 11 décembre 1925). Le fameux chant « Christus vincit,
Christus regnat, Christus imperat » (le Christ est vainqueur, le Christ règne, le Christ commande) devient le chant de
ralliement pour des milliers de catholiques dans toutes les régions du monde. Jusqu’à il y a quelques années, il était
encore le signal de Radio Vatican.
II- Une image biblique
L’image de la royauté qu’on a ainsi utilisée a eu certes des tonalités très rébarbatives à des esprits imprégnés de
démocratie et d’égalité. On s’en tenait à l’image des souverains temporels hélas! Mais comme le montre la première
lecture, la royauté dans la Bible est un don de Dieu qui est loin de l’image des souverains habituels. Le roi est un «
consacré ». Il a reçu une « onction ».
On le voit bien dans cette lecture tirée du deuxième livre de Samuel, où David reçoit la consécration, l’onction, qui le fait
roi, l’élu et le dépositaire de la grâce de Dieu pour guider et conduire son peuple. Cette grâce est destinée à le rendre
attentif aux besoins de son peuple, à le soutenir et à le rapprocher sans cesse de son Dieu. David hélas! manquera à
cette mission plusieurs fois, mais il reste qu’il sera toujours l’Élu, l’Oint de Dieu.
Ainsi de Jésus qui est Celui que le Père a choisi pour porter la Bonne nouvelle et qui se reconnaît comme Celui qui est
l’Élu de Dieu, Consacré et Oint, pour porter la Bonne nouvelle que l’épisode fameux de la lecture du livre d’Isaïe dans la
synagogue de Capharnaüm décrit si bien : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par
l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils
retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur ». (Luc 4,
18-19)
On ne peut parler de royauté du Christ sans mettre de l’avant cette onction qui le fait Prêtre, Prophète et Roi et à
laquelle tous les baptisés participent comme nous l’a enseigné le Concile Vatican II, ce que le Catéchisme de l’Église
catholique reprend lorsqu'il dit : « Jésus-Christ est celui que le Père a oint de l’Esprit Saint et qu’il a constitué ‘Prêtre,
Prophète et Roi’. Le Peuple de Dieu tout entier participe à ces trois fonctions du Christ et il porte les responsabilités de
mission et de service qui en découlent » (numéro 783).
III- Des retombées dans notre vie de tous les jours
On le voit la royauté de Jésus ne nous amène pas sur le terrain de la puissance, du pouvoir et de l’exploitation, mais elle
nous tourne vers celui de qui vient toute puissance, toute gloire et toute majesté. : Dieu le Père qui envoie son Fils pour
nous sauver et nous amener vers lui.
On en trouve une belle illustration dans l'évangile de ce matin qui rapporte la fameuse scène des larrons sur le Calvaire
avec Jésus où le bon larron supplie Jésus en lui disant « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton
Royaume ». La réponse de Jésus vous est connue : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le
Paradis ». Dans cette réponse au bon larron, Jésus manifeste la proximité de Dieu avec toutes les personnes quelles
qu’elles soient : « Aujourd’hui, tu seras avec moi » dit-il à chacun et à chacune de nous.
Le Christ Roi ne siège pas sur un trône qui le sépare de ses frères et sœurs. Au contraire, parce qu’il est l’Élu de Dieu, il
les rend participants et participantes avec Lui pour devenir comme Lui par le baptême prêtres, prophètes et rois par
participation.
Ainsi, saint Pierre, dans sa première Lettre qui nous a été conservée, peut dire à la communauté chrétienne à laquelle il
écrit : « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal» (I Pierre 2, 9). Citons encore ici le Catéchisme de
l’Église catholique qui explicite très bien cette affirmation de la Lettre de saint Pierre lorsqu’il écrit « Le Peuple de Dieu
participe enfin à la fonction royale du Christ. Le Christ exerce sa royauté en attirant à soi tous les hommes par sa mort et
sa Résurrection. Le Christ, Roi et Seigneur de l’univers, s’est fait le serviteur de tous, n’étant ‘pas venu pour être servi,
mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour la multitude ‘ (Mathieu 20, 28). Pour le chrétien, ‘régner, c’est le
servir ' particulièrement dans les pauvres et les souffrants, dans lesquels l’Église reconnaît l’image de son Fondateur
pauvre et souffrant' . Le Peuple de Dieu réalise sa 'dignité royale' en vivant conformément à cette vocation de servir
avec le Christ. » (numéro 786).
Conclusion
Que cette fête qui termine l’Année liturgique et qui, cette année, marque la fin de l’Année de la Miséricorde proclamée
par le pape François nous ancre dans notre vocation de prêtres, prophètes et rois au service de l’humanité comme le fut
notre Maître et Seigneur élu et choisi par Dieu pour manifester au monde son amour, sa bienveillance et sa
miséricorde.
Placés par le baptême « dans le Royaume de son Fils bien-aimé », comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture,
nous jouissons déjà d’une intimité avec lui « Tête du Corps et « Tête de l’Église » par laquelle nous sommes unis les
uns avec les autres pour servir nos frères et soeurs à l'image du Roi-Serviteur qu'est le Christ Roi.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
15 novembre 2016
C’est Heitor da Silva Costa, ingénieur qui a construit le Cristo redentor avec le sculpteur français Paul
Landowski. Un concours avait été organisé par l’Église catholique en 1921 afin de célébrer le centenaire de
l’indépendance du Brésil, datant de1822. Il est rare à Rio, sauf en pleine rue, entouré de hauts immeubles, qu’on
n’ait pas ce Christ monumental dans son champ de vision. C’est un repère, on n’imaginerait plus le "Pain de
sucre" sans lui.
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