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Revue
Événements TOTALEMENT
INCONNUS et donc TOTALEMENT
IMPRÉVISIBLES
-« Bébé thalidomide »
- Hormone de croissance
et Creutzfeld-
Jacob
Événements CONNUS
comme EXCEPTIONNELS
et IMPRÉVISIBLES CHEZ
UN PATIENT DONNÉ
-Allergies
Événements CONNUS
comme NON EXCEPTIONNELS
PLUS OU MOINS PRÉVISIBLES
ET ATTENDUS CHEZ UN PATIENT
DONNÉ mais SANS « MAUVAISE
PRATIQUE MÉDICALE »
- AINS et toxicité digestive
- Ponction lombaire et céphalées
- Coloscopie et perforation
- Hospitalisation et infections
nosocomiales
Figure 1. Événements et effets indésirables recouverts par la
notion d’iatrogénie.
médicaments et classes thérapeutiques à risque iatro-
gène dans la population générale à travers les données
franc¸aises et américaines consacrées à la pharmacovigi-
lance.
Iatrogénie médicamenteuse en France
Les données concernant la iatrogénie médicamen-
teuse en France peuvent être étudiées, analysées et
discutées à partir de nombreuses sources, sources extrê-
mement disparates quant à leurs valeurs scientifiques, à
leurs méthodologies et aux biais de recueil. Dans le pré-
sent travail, 3 sources ont été retenues pour s’intéresser
à la iatrogénie en population générale dans l’idée avant
tout de s’intéresser à la iatrogénie évitable et d’être à la fois
exhaustif et de s’appuyer sur des données validées : le rap-
port EVISA [3], une étude récente de l’APNET (Association
pédagogique nationale pour l’enseignement de la théra-
peutique) [4, 5] et les données de la pharmacovigilance
franc¸aise [2].
Dans une première étape, les données essentielles
seront successivement sélectionnées, présentées et ana-
lysées pour chaque source, avant de réaliser dans un
deuxième temps une synthèse qui nous permettra ultérieu-
rement une comparaison avec les données américaines.
Le rapport EVISA
Le rapport EVISA [3] rapporte les événements indé-
sirables liés aux soins extra-hospitaliers et causant une
admission hospitalière. Il étudie et analyse leur fréquence,
leur gravité, leur caractère évitable, le contexte et les fac-
teurs contributifs de leur survenue. Pour ce faire, 22 unités
de médecine et de chirurgie de 7 établissements ont été
tirées au sort et ont participé à cette étude. L’étude a duré
8 semaines et a englobé 2 946 patients (1 798 patients en
médecine et 1 178 patients en chirurgie).
Les soins extra-hospitaliers ont été définis comme les
actes de traitement, de diagnostic, de prévention ou de
réhabilitation délivrés dans un cabinet médical, infirmier
ou paramédical, ou au domicile du patient. Les événe-
ments indésirables ont été considérés comme graves s’ils
étaient associés à un décès, une menace vitale, une pro-
longation de l’hospitalisation d’au moins 1 jour, ou s’ils
ont provoqué un handicap ou une incapacité à la fin
de l’hospitalisation. Tous les événements indésirables à
l’origine de l’hospitalisation ont été considérés comme
graves.
Pour 2 851 patients (96,8 %), aucun événement n’a
été détecté [3]. Pour 95 patients (3,2 %), un événement
a été détecté. Parmi ces derniers, 73 patients (2,6 %) pré-
sentaient un événement lié aux soins extra-hospitaliers et
cause de l’hospitalisation.
Les patients qui ont subi un événement indésirable lié
aux soins extra-hospitaliers étaient globalement plus âgés
que ceux qui n’en avaient pas eu : 76,7 versus 65,2 ans
(p= 0,0002). La figure 2 et le tableau 1 illustrent les liens
qui existent entre l’âge et la présence d’un événement
indésirable [3].
Sur les 73 événements indésirables liés aux soins
extra-hospitaliers (2,6 %), 52 (71,2 %) étaient considé-
rés comme évitables. Parmi ceux-ci, la cause se trouvait
dans la réalisation des soins pour 91,4 % des cas et
l’indication de ces soins était admise pour 63,5 %
d’entre eux. Soulignons toutefois que parmi les 73 événe-
ments liés aux soins extra-hospitaliers, 47 étaient attendus
compte tenu de l’évolution de la maladie et de l’état du
malade. Pour 54 événements indésirables (74 %), les soins
extra-hospitaliers étaient cependant largement reconnus
(données de la littérature, données des professionnels de
santé) comme pouvant être la cause de l’événement cli-
nique.
Le principal lieu de survenue des événements indési-
rables était le domicile des patients avec 66 événements
indésirables (90,4 %). Les autres lieux de survenue d’un
événement indésirable étaient : la maison de retraite dans
8,2 % des cas et la maison de repos dans 1,4 % des cas.
La prise en charge de ces événements indésirables
concernait in fine davantage la médecine (68 événements
[93,1 %]) que la chirurgie (5 événements indésirables
[6,9 %]). Dans ce travail, 3,9 % des admissions en méde-
cine et 0,4 % des admissions en chirurgie ont pour
cause un événement indésirable. Dans ce cadre, le délai
moyen entre la survenue de l’événement indésirable et
l’hospitalisation était de 2,6 jours.
Comme l’illustre le tableau 2, la majorité des évé-
nements indésirables était liée à une prise en charge
thérapeutique avec 54 événements (74 %). D’autre part,
284 mt, vol. 17, n◦4, octobre-décembre 2011
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