Sur la tension superficielle des liquides isolants soumis au champ électrique J. Bikerman To cite this version: J. Bikerman. Sur la tension superficielle des liquides isolants soumis au champ électrique. J. Phys. Radium, 1928, 9 (12), pp.386-389. <10.1051/jphysrad:01928009012038600>. <jpa00205354> HAL Id: jpa-00205354 https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00205354 Submitted on 1 Jan 1928 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. SUR LA TENSION SUPERFICIELLE DES LIQUIDES ISOLANTS SOUMIS AU CHAMP ÉLECTRIQUE par M. J. BIKERMAN. Labor. des Hofmann-Hauses, Berlin. Sommaire. 2014 L’auteur démontre que, d’après la théorie de Maxwell, la tension superficielle 03B3 d’un liquide isolant se trouve abaissée par le champ électrique E (normal à la surface du liquide, l’intensité du champ étant mesurée dans l’air) d’une quantité 2014 039403B3 =03B4E2/ 03B403A0 3B5, où désigne le pouvoir inducteur spécifique du liquide, et 03B4, la couche superficielle. L’auteur explique l’insuccès des tentatives faites pour calculer cet abaissement ou pour le mesurer expérimentalement. l’épaisseur de jusqu’à présent 1. On n’a pas réussi jusqu’à présent à démontrer que le champ électrique extérieur E sur la tension superficielle (y) des liquides isolants (1). Ces tentatives infructueuses répétées ont conduit MM. Bruhat et Pauthenier (2) à croire que y serait rigoureusement indéBruhat et Pauthenier en ont même donné une démonstration pendante du champ E ; Cette démonstration n’étant pas encore contestée/on pourrait (onsithermodynamique. dérer son résultat comme établi définitivement. Il ne l’est pourtant pas ; et c’est ce que j’espère démontrer dans ce qui suit. en ses traits essentiels Le raisonnement de MM.’ Bruhat et Pauthenier est celui-ci : Un diélectrique liquide se trouve entre les deux armatures verticales d’un condensa- influe - - teur, séparées par l’intervalle a (fig. I). Soient 1 la largeur~des armatures ; D, le poids spécifique du liquide ; F, son pouvoir inducteur spécifique ; po, la pression atmosphérique ; p, la pression du piston P; V, la différence de potentiel du condensateur. Soit z l’ascension en équilibre. On a alors .., Dérivons par rapport à V en maintenant â constant (3) : D’autre part : On peut fournir du travail au système soit en agissant [sur le piston P, soit en faisant varier le potentiel V; lorsque le liquide monte de dz entre les armatures et que la charge augmente de l’énergie utilisable du système s’accroît de Considérons la fonction d m (1) Outre les ouvrages cités par Leipzig (1923), p. !~11; MICHAUD, C. R., (2) C. R., t. t83 (1926), p. 1 2~2. (3) On ,ô V , W- niv et écrivons que sa différentielle îitdv est une différentielle totale exacte : potentielle m = ( p~- po) dz- = Bruhat et Pauthenier, voir encore H. FAEUNDLICH, Kapillarcliemie, t. i73 (1921), p. 972 ; Gouy, C. R., t. 173 (f92i), p. 1. 317. c’est-à-dire l’électrostriction. Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01928009012038600 387 De la comparaison des équations (2) et (1) résulte immédiatement la relation cherché ‘ Or, le terme 2. oi1 Bd/ la première dérivée qui est égale est n’est pas 4 bien que pour les liquides, dont Fig change pas, par d’où l’on tire, c’est-à-dire d v à la surface du prise a . . l; v s en toujours égal g a elle l’est l’angle en constante. C’est cette dérivée liquide S effet pour les de contact à la paroi l’équation Tc/2 Fig. conséquent, lors de l’ascension du compte’de la célèbre de i n’est donc nul que Si liquide. solides aussi diélectriques est ~. tenant Ecrivons-le . et dont la surface 2. On obtient donc au lieu de Lippmann (4). (17m mais c’est d précisément préeisément - g est le poids du mercure suspendu; ~7, la densité de la solution aqueuse. On a, comme en (2), On que (parce que trouve encore a d’autre électrique à sa ce qu’on voulait démontrer. d"! 0. Si l’on développe suspendu - surface; part les relations analogues à (3) .r); d’où résulte 2013== l’équation de Lippmann. m== (4) relation (1) On peut la prouver de la même manière (qui n’est pas la plus commode) pour le cas de mètre capillaire. Considérons dans ce but la figure 2 et écrivons la condition, pour que le mercure dans le tube (de rayon r) soit en équilibre : (parce ne et z, le pouvoir (4) : dW-- inducteur J’ilni + 7:/(/? spécifique et 388 MM. Bruhat et Pauthenier, qui ont considéré la surface liquide-air comme une surface géométrique douée de tension superficielle seule, ne pouvaient, il est vrai, lui attribuer une capacité électrique propre. Mais les surfaces réelles dont l’épaisseur a, quoique très petite, est finie, en possèdent-elles’? 3. On pourrait se reporter aux expériences citées au commencement de cette note, pour donner une réponse négative. Mais revoyons ces expériences de plus près. Considérons par exemple le dispositif de M. Fortin (i) (qui est aussi celui de M. Vecchietti (i). On observe l’ascension d’un liquide diélectrique entre les deux armatures planes et parallèles d’un condensateur avant et après l’établissement du champ électrique E. La différence est égale à si l’on désigne par A y la différence des tensions superficielles avec et sans le champ. Or, l’expérience montre que la dénivellation v due à l’établissement du champ est proportionnelle àE’; il en est de même pour à y d’après l’égalité (î); on peut donc écrire où Si R est superficielle, nul, c’est-à-dire si le rapport E doit le champ rester ne produit indépendant aucune modification de la tension de la distance a des armatures, ce qui n’aurait pas lieu dans l’hypothèse contraire. Fortin et Vecchietti ont confirmé cette indépendance au degré de précision des expériences. L’expression # 1 de la formule (8) n’a pas de dimension ; il en résulte que R est une longueur comme a. On voit immédiatement que cette longueur, c’est l’épaisseur 1 de la couche superficielle du liquide. On tire alors de (q) ~,~ Cte El ~, et on reconnaît l’équa- = tion de =1 force Maxwell q direction. La carré de surface, 8 étant la qui agit contre qi j on a donc la pression qu’exerce le champ Eu normalement à sa tension superficielle est évidement, pour centimètre ’ E ,E parce que le est égal à étant comme touchamp au sein de la couche superficielle E jours l’inlensité du champ dans l’air. Pour mieux comprendre l’origine de la force électrique contrariant la tension superfiBruhat et Pauthenier. La figure 3 représente cielle, revoyions de plus près le modèle de le ménisque du liquide agrandi par rapport à la figure 1. Les lames du condensateur sont le champ revêtues d’une nappe liquide; soit ao son épaisseur; ~’, le champ dans l’air; dans la nappe liquide (au point A) ; Ei, le champ au-dessous du ménisque au point B. On a évidemment Normalement au champ agit, entre les armatures, la pression de Maxwell. A la surface horizontale du ménisque (1) elle fait monter le liquide ; c’est la force qui, à la première approximation P~ de la 1, figure g était égale g à s 8 f. V2 / ~voir l’équation 1l * a (5) C. R., t. 140 (1905), P. 576. (fi) Thèse, Faoulté des Sciences, Lille (1926). (7) Le ménisque n"est pas plan, mais nous négligeons dans notre deuxième . Elle approximation ne modifie sa courbure. 389 la tension superficielle du ménisque (1). La selon le parallélogramme des forces pression agissant au sein de la pellicule liquide ne peut, au contraire, produire un travail ct pondéromoteur », parce que la pellicule s’étend déjà jusqu’au bord supérieur des lames et ne peut évidemment monter plus haut. C’est elle, par contre, qui modifie la tension superficielle, ou plutôt la partie de cette pression qui agit dans l’épaisseur de la couche superficielle de la pellicule ; nous devons en effet considérer la partie de la pellicule adjacente à la paroi comme immobile (le frottement extérieur === 7J ). Le champ dans la couche superficielle est Eli, il vaut, à la même distance de la paroi aï-dessous du ménisque, d’après (1i) : pas - - D’après la relation 8; A, BE point p ’ ou, en au générale (i0) niv-eau du niveau négligeant a~ la point B, 20132013 o pression max,yellienne q vaut, La force résultante rapportée àâ0 au cm niveau du est donc : devant a, comprend maintenant pourquoi l’expérience n’a pas réussi à démontrer l’abaissede ,, par E. M. Vecchietti travaillait, par exemple, avec du tétrachlorure de carbone, 70 U. E. S. pour lequel s = 2 environ, et il a poussé l’intensité du champ à 23 U00 ~r : cm valait alors 10t~ environ. Pour l’épaisseur de la couche superficielle, environ. Selon (12), on trouve dans la littérature des valeurs s’étendant de à ~.0-~ cm, ce qui fournit pour Ay des valeurs de 10-i jusqu’à 10-û dyne-cm. L’appareil de NI. Vecchietti ne lui permettant pas de distinguer à,( au-dessous de 0,1 dyne-cm, le changement de y devait lui échapper. L’expression (10), une conséquence immédiate de la théorie de Maxwell, n’est donc pas réfutée, soit par la théorie, soit par l’expérience. Il est vrai qu’on ne possède pas encore non plus une preuve évidente de cette formule. Peut-ètre envisagera-t-on comme une preuve indirecte ce fait qu’on a réussi, à l’aide de l’équation (10), à expliquer le comportement « anomal &#x3E;&#x3E; des liquides dits associés, qui ne sont ni associés ni anormaux, mais dont la surface est le siège d’un champ électrique si puissant, que 6.y devisent mesurable (9). Je tiens à remercier M. le professeur G. Bruhat, qui a bien voulu soumettre ma note à. un examen avant la publication, et dont les remarques m’ont été précieuses pour en établir On ment = le texte définitif. (8) Cette tension superficielle se trouva agrandie par les tractions de :Maxwell: niais elle ne joue rôle dans le phénomène considéré, parce que l’aire du ménisque ne change pas lors oe l’ascension. Zis. f. phys. Chem., l. 104 (1923), p. 5J; Physik. Zls., t. 27 (i9~~~~, p. 710. Manuscrit reçu le 11 noB t’fibre 128. auoun ,