en fait ce qui va se passer, c'est exactement ce qui se passe lorsque vous mettez un bâton, une pointe, dans de
l'eau, en tirant, il va y avoir un ménisque qui va se former.
C'est ce qui est représenté sur la gauche, donc, on va tirer très très doucement, à typiquement des picomètres
par seconde, on colle la pointe sur un cristal piézoélectrique, on applique une tension sur le piézoélectrique pour
contrôler ce mouvement, et donc peu à peu, le contact ici va faire en sorte que les atomes d'or vont venir faire un
petit peu comme un ménisque d'eau et puis il va y avoir un point de rupture. On va avoir donc cette espèce de
ménisque qui va être de plus en plus petit, comme représenté sur la figure, donc vous voyez qu'il va y avoir un
moment où on aura deux atomes par lesquels passe le courant, puis plus qu'un seul fil monoatomique et puis
enfin rupture.
Si on fait une mesure de la résistance électrique associée, on trouve ce qui est représenté sur le graphe du
dessous, donc c'est l'inverse de la résistance qui est représenté, c'est la conductance, en abscisse c'est la
tension électrique appliquée au piézoélectrique dont je parlais, donc en fait tout simplement la distance avec
laquelle on tire sur le système. Donc vous voyez qu'en partant du contact pour une tension zéro, on applique la
tension, on éloigne la pointe, eh bien on va réduire la taille du fil et donc la résistance va augmenter et ce qui est
représenté, c'est la conductance, donc l'inverse de la résistance, qui diminue.
Alors les valeurs ne sont pas très parlantes, elles sont données en unités 2e2/h, où e est la charge de l'électron et
h la constante de Planck. 2e2/h, son inverse est une résistance, ça fait 12,9 kiloohms. Donc c'est quelque chose
qu'on peut mesurer avec n'importe quel ohmmètre du commerce. C'est totalement quantique, c'est donné en
fonction des constantes fondamentales de la physique, et ça fait une mesure que vous mesurez avec un
ohmmètre.
Il y a résistance parce que l'on considère un chemin de conduction qui passe par une seule colonne d'atomes ou
quelques colonnes d'atomes. Bien sûr, si on écrase la pointe au lieu de la tirer, la surface de contact va
augmenter et à ce moment-là la résistance est beaucoup plus faible. Alors on va essayer de comprendre d'où ça
vient, cette résistance, j'ai représenté sur le bas de la figure ici en rouge, un petit schéma qui décrit ce qui se
passe, on a deux pavés rouges qui sont les deux contacts électriques et puis entre les deux ce petit trait
symbolise ce fil monoatomique d'or par lequel on fait passer le courant. Ce fil est parfait, il n'a pas de défaut, les
atomes sont à la queue-leu-leu, les électrons se propagent dans ce système sans subir de collision, il n'y a pas
de collision quand un électron se propage dans un réseau périodique d'atomes, et pourtant il y a de la résistance,
et c'est cela qu'on veut comprendre.
On modélise le système en représentant les deux électrodes par le diagramme d'énergie en haut, en bleu vous
avez les bandes de conduction des métaux, tous les niveaux d'énergie sont remplis jusqu'au niveau d'énergie le
plus élevé qui est l'énergie de Fermi. Et puis si on applique une tension, on va changer le niveau d'énergie d'un
deux des conducteurs par rapport à l'autre, ce qui est représenté ici. On applique une tension V, donc on a un
écart d'énergie eV.
Maintenant, essayons de comprendre comment décrire ce système. Si on adopte le point de vue qui consiste à
dire qu'un électron est un objet quantique, il est décrit par une onde et cette onde va se propager dans le fil et
l'électron est confiné dans le fil, donc l'onde est piégée, c'est un guide d'onde, l'électron ne pas sortir. L'équation
de Schrödinger est une équation d'onde (c'est une équation avec Laplacien de ψ). Et donc on est dans une
situation d'une fonction d'onde pour l'électron qui est confinée. Donc on a la situation d'un mode guidé. Si un
électron rentre dans le canal, alors l'état quantique est occupé, on ne peut pas y mettre deux électrons, en vertu
du principe d'exclusion de Pauli, et c'est ça qui va limiter l'intensité, c'est le principe d'exclusion de Pauli.
On peut faire une estimation rapide de ce courant, on va dire qu'il faut un temps delta t à l'électron pour passer de
gauche à droite, donc chaque fois qu'un électron passe, pendant un temps delta t, la quantité de charges
échangée c'est e, donc l'intensité c'est e sur delta t. Quel est le temps nécessaire pour traverser, on ne sait pas si
l'électron est à gauche ou à droite, et donc si on utilise les incertitudes d'Heisenberg, s'il est à gauche ou à droite
il y a un écart d'énergie qui est delta E, qui est eV, et donc on en déduit delta t, le temps nécessaire pour la
traversée. On remplace tout ça et on trouve que l'intensité vaut e2/h x V, et on a trouvé ce quantum de
conductance.
En réalité, ce n'est pas e2/h, on peut avoir deux électrons simultanément, parce qu'ils ont un spin différent, donc
on peut, comme pour les atomes, comme pour les niveaux d'énergie dans les atomes.