montée du niveau de la mer et tempêtes

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MONTÉE DU NIVEAU DE LA MER ET TEMPÊTES
RAPPORT DE 2009 SUR L’ÉTAT DES CÔTES DE LA NOUVELLE-ÉCOSSE
Comment protéger les Néo-Écossais des dangers liés à la montée
du niveau de la mer et aux tempêtes?
Comme le reste du monde, la Nouvelle-Écosse constate que le niveau de la mer monte à un rythme de plus en plus rapide. Le niveau
moyen de la mer monte partout sur la planète depuis le début de la fin de la dernière glaciation, il y a 20 000 ans. Il est également en
train de monter en Nouvelle-Écosse en raison de l’affaissement des terres dans la région, c’est-à-dire la baisse du niveau des terres
par rapport à la mer.
Mais le réchauffement climatique est en train d’accélérer la cadence
de la montée du niveau de la mer. Cette accélération est due à
l’expansion thermale des eaux océaniques (le volume de l’eau
augmente quand elle se réchauffe) et à la fonte de la glace sur les
terres ou dans les glaciers.
D’après les chercheurs, le réchauffement climatique devrait entraîner
des tempêtes plus fréquentes et plus intenses en Nouvelle-Écosse.
Ces tempêtes sont souvent accompagnées d’ondes de tempête, qui se
produisent lorsque les vagues poussées par le vent et par la faiblesse
de la pression atmosphérique envahissent les terres.
Si l’on combine l’augmentation relative du niveau de la mer et
l’augmentation de l’intensité des tempêtes, on constate que les ondes
de tempêtes vont prendre de plus en plus d’importance. Ceci signifie
qu’il y aura plus de risques de victimes et de dégâts matériels dans
les biens, les infrastructures, la faune et les écosystèmes tout au long
des 13 300 kilomètres de côtes de la province.
Figure 1 – Montée du niveau de la mer à la forteresse
de Louisbourg (source : Taylor et al., 2000)
FAITS ET DONNÉES
Au cours du XXe siècle, le niveau de la mer en Nouvelle-Écosse est
monté d’environ 30 centimètres. Les chercheurs s’attendent à une
montée supplémentaire de 70 à 140 centimètres au cours du siècle
à venir. L’augmentation dépendra des émissions de gaz à effet de
serre dans l’atmosphère de la planète, de la rapidité de la fonte des
calottes glaciaires, de la façon dont le niveau de la mer réagira dans la
région et du taux d’affaissement des terres. Les chercheurs s’attendent
également à ce que la montée du niveau de la mer pousse les marées
et les ondes de tempête plus loin à l’intérieur des terres.
0,1
0
-0,1
-0,2
halifax
-0,3
charlottetown
-0,4
1900
1920
1940
1960
1980
2000
Figure 2 – Évolution au cours de l’histoire du niveau de la
mer à Halifax et à Charlottetown (source : Service de
données sur le milieu marin, Ottawa, 2008)
D’après les moyennes de 1981 à 2000, le nombre de tempêtes tropicales dans l’Atlantique nord a été au-dessus de la moyenne lors de
neuf des onze dernières années. Le point culminant a été atteint lors de la saison de 2005, qui a battu tous les records. Les tempêtes avec
des niveaux d’eau extrêmement élevés, comme lors de l’ouragan Juan en 2002, pourraient devenir plus fréquentes d’ici à la fin du siècle.
www.gov.ns.ca/coast
Figure 3 – Images (de gauche à droite) : dégâts d’une tempête récente en Nouvelle-Écosse; grandes vagues de l’ouragan Bill à la plage de Cherry Hill, dans le comté de Queens (source : Tim S. Conrad, 2009); dégâts à Prospect, dans la MRH, de l’ouragan Juan (source : Doug
Mercer, 2003); débris en travers de la route à la plage de Lawrencetown après le passage de l’ouragan Bill, à Lawrencetown, dans la MRH.
Tout le monde n’est pas d’accord dans la communauté scientifique, cependant, concernant le lien entre le changement climatique et
la fréquence des tempêtes tropicales. Comme ces tempêtes ont tendance à avoir un comportement cyclique, il est également possible
que leur nombre diminue au cours des 10 à 20 prochaines années.
Les tempêtes hivernales, comme les tempêtes du nord-est (nor’easters), peuvent également entraîner des dégâts considérables,
principalement en raison de l’érosion et des inondations causées par les ondes de tempête. Les ondes de tempête les plus hautes
en Nouvelle-Écosse se produisent généralement le long du haut de la baie de Fundy et de la rive de Northumberland. La montée du
niveau de la mer augmente également le risque d’inondation, parce que la marée a une portée plus grande. La baie de Fundy compte
243 kilomètres de digues qui protègent des terrains de valeur dont on estime la surface totale à 17 500 hectares. Au cours des
50 prochaines années, on s’attend à ce que le changement climatique cause non seulement des tempêtes plus intenses, mais
également une accélération de la diminution de la surface couverte de glace dans le golfe du Saint-Laurent. Ceci exposera les
rivages aux dégâts et à l’érosion des ondes de tempête et des vagues pendant les mois d’hiver.
Au cours des 10 dernières années, les Néo-Écossais ont demandé des indemnisations d’un montant de 3,3 millions de dollars pour
couvrir les dégâts causés par les ondes de tempête auprès du programme fédéral d’Accords d’aide financière en cas de catastrophe.
Ce total comprend les demandes d’indemnisation des propriétaires privés, des exploitants de petites entreprises, des personnes travaillant
dans les pêches et des organismes à but non lucratif. Il ne comprend pas le coût des dégâts dans les infrastructures publiques. L’ouragan
Juan à lui seul a causé des pertes qu’on estime à 130 millions de dollars, même si ces pertes étaient plus liées aux dégâts du vent qu’aux
dégâts directs des ondes de tempête. Le coût des grandes réparations pour les infrastructures côtières de la province — principalement
des routes et des structures en bord de mer — a représenté un montant supplémentaire de 2 millions de dollars.
Ce que les Néo-Écossais font aujourd’hui
En règle générale, les risques pour les côtes doivent être gérés au niveau des administrations municipales, avec le soutien du
gouvernement provincial et du gouvernement fédéral, en particulier pour une bonne part des travaux de recherche nécessaires.
Voici quelques-uns des programmes en cours ou organisés récemment :
Gouvernement fédéral
• prévisions, y compris pour les ondes de tempête, du Centre de prévision des intempéries d’Environnement Canada dans l’Atlantique
• surveillance de l’érosion des côtes par la Commission géologique du Canada
• programme de mesure des marées du Service hydrographique du Canada
• surveillance par GPS de l’affaissement des terres par l’Institut océanographique de Bedford
Gouvernement provincial
• textes de loi sur les risques pour les côtes, comme la loi sur l’environnement et sur la prospérité durable (Environmental Goals
and Sustainable Prosperity Act) de 2007 et le plan d’action sur le changement climatique (Climate Change Action Plan) de 2009
• cartographie avec classification des dangers pour les côtes, comme le projet d’évaluation des dangers pour
les côtes dans la baie St. Margaret’s.
• projet pilote d’évaluation des risques du changement climatique et de la planification de l’utilisation des terres dans la région
centrale du comté d’Antigonish
RAPPORT DE 2009 SUR L’ÉTAT DES CÔTES DE LA NOUVELLE-ÉCOSSE
• rassemblement de données au moyen d’une station de mesure des marées et d’observation météorologique à la levée de Windsor,
sur la rivière Avon
• évaluations environnementales et modèles de risques d’inondation sur lesquels s’appuient les plans pour le doublement des voies
de l’autoroute 101
Administrations municipales
• modèles de risques d’inondation de la Municipalité régionale d’Halifax pour le plan pour le port d’Halifax
• étude de l’onde de tempête à Annapolis Royal, effectuée en 1998 par un groupe de citoyens appelé le Clean Annapolis River Project
Quelles sont les lacunes dans les informations?
• topographie à haute résolution des zones tendant à être inondées
• taux d’érosion et types de géologie dans les zones locales à haut risque
• valeur socioéconomique des propriétés, des infrastructures et des systèmes naturels qui sont exposés
• incertitudes concernant le taux d’affaissement des terres et la montée relative du niveau de la mer
L’AVENIR : planification pour faire face à la montée du niveau de la mer et à des
tempêtes plus intenses
Il faut que les Néo-Écossais examinent les dangers associés à la montée du niveau de la mer et à l’augmentation de l’intensité
des tempêtes dans leurs plans pour l’avenir. Ces dangers concernent aussi bien l’environnement biophysique que l’impact
socioéconomique. Parmi les effets biophysiques, on note les dégâts liés aux inondations, à l’instabilité et à l’érosion des terres,
aux changements dans les systèmes biophysiques et aux infiltrations d’eau de mer dans les aquifères d’eau douce. Parmi les
effets socioéconomiques, on note les dégâts dans les biens et les infrastructures et l’impact sur les vies humaines. Les risques les
plus importants concernant les zones de faible altitude, en particulier celles qui sont exposées aux ondes de tempête d’un niveau
important, comme la rive de Northumberland, le haut de la baie de Fundy et les zones endiguées.
Pour faire face à ces risques, on peut combiner les approches suivantes :
1. protection
• méthodes « dures », comme la construction d’infrastructures (digues, murs de protection, brise-lames, etc.)
• méthodes « douces », comme l’utilisation de marécages et de zones de végétation comme zones « tampon » pour freiner l’érosion et la reconstitution des plages érodées grâce au remplacement du sable et des sédiments.
2. AMÉNAGEMENTS
• mise à jour des infrastructures, surélévation des édifices, amélioration des systèmes de secours en cas d’urgence
3. RETRAITE
• définition de limites géographiques pour les aménagements sur les côtes
Les responsables de la planification et de la prise de décisions devront être tenu au courant de l’évolution des connaissances
scientifiques, afin de pouvoir prendre les meilleures décisions possibles. Voici quelques méthodes permettant de garantir que les
données scientifiques dans la province soient exactes et disponibles :
1. Créer des cartes topographiques à résolution plus élevée pour pouvoir
faire de meilleures prévisions en matière d’inondations
• On peut combiner des cartes détaillées des zones de faible altitude à des estimations des niveaux maximum de l’eau à l’avenir pour
faire de meilleures prévisions.
2. COMBLER LES LACUNES DANS LES DONNÉES
• Les chercheurs sur le terrain peuvent mettre en évidence les lacunes dans les données sur les zones inondables en arpentant les
zones pour obtenir les données manquantes sur l’altitude et en déterminant les taux d’érosion par le passé. Ces taux d’érosion nous
diront simplement quelles sont les zones vulnérables dans les conditions climatiques actuelles et pas nécessairement quelles seront
les zones à risque à l’avenir.
3. CRÉER UNE base de données publique sur les risques pour les côtes
• Les données existantes sur les risques pour les côtes sont éparpillées entre divers paliers de gouvernement et diverses universités.
On pourrait rassembler ces données et les rendre accessibles au grand public dans une archive ou sur un site Web centralisé.
Lectures complémentaires
Bernier N. et K. R. Thompson (2006), « Predicting the frequency of storm surges and extreme sea levels in the northwest Atlantic », Journal of Geophysical Research, vol. 111, C10009, doi 10.1029/2005JC003168.
Forbes D.L., M. Craymer, R. Daigle, G. Manson, S. Mazzotti, C. O’Reilly, G. Parkes, R. Taylor, K. Thompson et T. Webster (2008), « Creeping up: preparing for higher sea levels in Atlantic Canada », Bedford Institute of Oceanography 2007 in Review, Pêches et Océans Canada.
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GEIC), Groupe de travail II (2007), Bilan 2007 des changements climatiques Conséquences, adaptation et vulnérabilité, contribution du Groupe de travail II au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Document approuvé formellement à la 8e session du Groupe de travail II du GEIC, Bruxelles, avril 2007.
Nouvelle-Écosse, Ministère de l’Environnement (2009), Toward a Greener Future: Nova Scotia’s Climate Change Action Plan,
http://climatechange.gov.ns.ca/doc/ccap.pdf (janvier 2009)
Vasseur L. et N. Catto (2008), « Le Canada atlantique », dans D.S. Lemmen, F.J. Warren, J. Lacroix et E. Bush (dir.), Impacts et adaptation liés aux changements climatiques – Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007, Ottawa (Ont.), Gouvernement du Canada.
Références
Figure 2 – Évolution au cours de l’histoire du niveau de la mer à Halifax et à Charlottetown (source : Service des données sur le milieu marin, Ottawa, 2008)
RAPPORT DE 2009 SUR L’ÉTAT DES CÔTES DE LA NOUVELLE-ÉCOSSE
www.gov.ns.ca/coast
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