
a)Incidence
L’incidence est le nombre de nouveaux cas pendant une année.
Letaux d’incidence est le rapport du nombre de nouveaux cas au
nombre d’individus dans la population étudiée pendant la même
année. Bien que les registres ne couvrent pas l’ensemble de la
population française, ils permettent d’estimer l’incidence pour
l’ensemble de la France et pour les différentes régions. En effet,
si l’on connaît la mortalité dans toutes les régions, et que l’on
dispose d’une mesure exacte de l’incidence dans certaines d’entre-
elles ; on peut , en étudiant le lien entre ces deux indicateurs, le
modéliser. Il suffit ensuite d’appliquer le modèle obtenu aux autres
régions où l’on ne dispose que de l’information sur la mortalité
pour pouvoir en déduire une incidence estimée.
Cette estimation, qui est fondée sur l’hypothèse que la survie ne
diffère pas de façon majeure entre les différentes régions, donne
des informations suffisamment précises pour servir à l’orientation
des politiques de santé (figure 3)[3,4].
b) Prévalence
Le taux de prévalence est le nombre de personnes qui sont malades
àun moment donné, rapporté au nombre de personnes présentes
àce moment. La modélisation permet d’estimer le nombre de
patients vivants et ayant eu un cancer de la prostate depuis moins
de N années en France [3]. Ce calcul nécessite de formuler
préalablement des hypothèses :
Hypothèse sur l’évolution de l’incidence, et de la distribution des
patients par groupe pronostique, mais aussi sur l’évolution de la
survie.
3. Indicateur de résultat, d’efficacité : la survie
La survie est un indicateur qui doit être replacé dans son contexte
demesure pour être interprété. Mesurée dans des essais
thérapeutiques, elle permet de comparer deux traitements toutes
choses égales par ailleurs. Mesurée dans des séries hospitalières,
elle permet de mesurer l’efficacité de la structure de soins compte
tenu de son recrutement. Mesurée sur des échantillons représentatifs
de la population par le suivi des cas recensés dans les registres,
elle permet de mesurer l’efficacité globale du système de soins.
Généralement, les survies mesurées sur des échantillons
représentatifs de la population sont données sous forme de survie
relative. La survie relative est calculée en soustrayant la survie
attendue (résultant des décès de causes « naturelles », extérieurs
au cancer de la prostate), à la survie observée (résultant des décès
de toutes causes confondues) (figure 4). Cela permet d’estimer
le risque de surmortalité lié au cancer de la prostate.
Les survies observées et relatives des patients atteints d’un cancer
de la prostate en France en fonction des classes d’âge sont
rapportées au tableau 2 [2].
II. EVOLUTION DE L’ÉPIDÉMIOLOGIE DU
CANCER DE LA PROSTATE
1. Incidence et mortalité
Les derniers résultats disponibles datent de 2000 (Tableau 3)[1].
Ils montrent que le nombre de nouveaux cas de cancers de la
prostate (incidence) a été multiplié par 4 entre 1980 et 2000. Cette
augmentation n’est qu’en petite partie liée au vieillissement de la
population générale puisque le taux d’incidence, c’est-à-dire le
nombre de cas rapportés à la population observée, a été multiplié
par 3. La mortalité suit la même tendance avec une progression
de 43% en 20 ans. Le taux de mortalité reste cependant constant
aux alentours de 16/100000.
La différence observée entre l’évolution des effectifs et des taux
standardisés peut être expliquée par l’augmentation de la population
et son vieillissement [5].
a) Augmentation de l’incidence plus importante dans les cohortes
les plus jeunes : (figure 6)
Le risque de développer un cancer de la prostate en fonction de
la cohorte de naissance augmente très fortement pour les cohortes
les plus jeunes. Le risque de développer un cancer de la prostate
est près de 3 fois supérieur pour un homme né en 1943 par rapport
aun homme né en 1928[2]. La modélisation permet d’estimer
l’évolution de l’incidence du cancer de la prostate en fonction de
l’âge pour différentes cohortes de naissance (figure 7)[12]. Ce
modèle corrobore le fait que plus les cohortes de patients sont
jeunes, plus l’incidence du cancer de la prostate augmente.
Du fait de l’histoire naturelle du cancer de la prostate, à
différenciation tumorale et stade clinique équivalents, les patients
jeunes ont une mortalité globale inférieure, mais une mortalité
spécifique augmentée, c’est-à-dire que leur cancer de la prostate
est plus fréquemment à l’origine de leur décès[6,7]. Cependant,
l’étude de l’évolution de la mortalité par classe d’âge montre que
le risque relatif de décéder d’un cancer de la prostate diminue
pour les cohortes les plus jeunes. Ceci démontre l’efficacité de la
prise en charge précoce des cancers de la prostate dans la population
[2] (figure 8).
654
Figure 3:Principe du modèle d’estimation de l’incidence en fonction
de la mortalité (3).