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1. Brève définition
« L’aide sociale garantit l’existence aux personnes dans le besoin, favorise leur indépendance économique
et personnelle et assure leur intégration sociale et professionnelle » (Concepts et normes de calcul 2005
de la CSIAS, A.1). L’aide so ciale se conçoit comme le dernier filet de la sécurité sociale : son rôle est d’éviter
que des personnes ou des groupes de personnes soient exclus de la participation à la vie sociale. La plupart
des cantons l’organisent en s’inspirant des concepts et normes de calcul de la CSIAS.
2. Pourquoi recommander de bonnes pratiques?
Les présentes bonnes pratiques portent sur l’organisation de l’aide sociale dans la seule optique de
prévenir des effets de seuil et des effets pervers sur l’activité lucrative. Elles ne se prononcent ni ne portent
d’appréciation sur les disparités intercantonales en matière d’aide sociale. Les bonnes pratiques cherchent
surtout à éclairer les effets de seuil et les effets pervers sur l’activité qui se produisent au sein de l’aide
sociale ou en conjonction avec d’autres prestations sociales. Elles formulent, à l’attention des décideurs,
des principes susceptibles d’améliorer l’équité horizontale et verticale dans le domaine de l’aide sociale.
3. Principes pour l’organisation de l’aide sociale
3.1 Principe prévenant les effets de seuil
Principe 1 : Les règles de calcul à l’entrée et à la sortie de l’aide sociale coïncident avec celles utilisées
pour déterminer le montant de l’allocation.
Pour prévenir les effets de seuil dans le segment de revenu donnant droit à l’aide sociale, le calcul des
besoins à l’entrée et à la sortie doit se fonder sur les mêmes règles que celles utilisées effectivement pour
déterminer le montant de l’allocation.
Explication
Dans le segment de revenu donnant droit à l’aide sociale, un effet de seuil se produit lorsque la limite du
droit est calculée sur d’autres bases que le montant de l’allocation. Tel est le cas quand le calcul des
besoins tient compte de revenus plus élevés que le calcul du montant de l’aide.
Une fois que le droit aux allocations a été établi, des prestations à caractère incitatif peuvent être
octroyées. Elles dépendent de la situation personnelle. Il en est tenu compte lors de la détermination du
montant de l’aide. Lorsque les personnes concernées exercent une activité professionnelle, une franchise
sur le revenu (FR) peut leur être octroyée, ce qui signifie qu’il ne sera pas tenu compte de l’intégralité des
revenus qu’elles perçoivent sous forme de salaire. Dès lors, les ménages concernés peuvent jouir librement
d’une partie de leur revenu, ce bonus constituant une incitation au travail de nature financière. Concernant
les personnes sans activité professionnelle, un supplément d’intégration (SI) peut leur être octroyé si elles
consentent à des efforts en vue de leur réinsertion sociale ou professionnelle. Lorsque l’examen du droit à
l’aide sociale ne tient pas compte de ces éléments à caractère incitatif, les charges du ménage doivent
excéder ses revenus pour qu’il ait droit aux allocations. En effet, le salaire éventuel est imputé au revenu en
totalité et aucun supplément d’intégration n’est octroyé.
Il s’ensuit que, lorsque les éléments à caractère incitatif (FR et SI) sont pris en compte de façon différente
lors de l’examen du droit à l’aide sociale et au sein de celle-ci, les personnes touchant des allocations – et
ne devant leur entrée à l’aide sociale qu’au fait qu’elles percevaient, à l’époque, un salaire encore inférieur
voire pas de salaire – sont favorisées par rapport à celles qui exercent une activité mais n’ont juste pas
droit à l’aide sociale. Ces dernières sont confrontées à une injustice. En soi, elles auraient intérêt à réduire
leur salaire pour pouvoir prétendre à l’aide sociale. A contrario, les ménages percevant des allocations n’ont
pas intérêt à sortir de l’aide sociale en augmentant (légèrement) leur revenu.
Les deux effets de seuil – à l’entrée et à la sortie de l’aide sociale – sont représentés dans le graphique G19
pour une famille biparentale avec deux enfants, à titre d’exemple. L’effet de seuil à l’entrée () pénalise