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La dimension humaine et universelle du film
La dimension humaine et universelle du film réside dans la présentation
des personnages ainsi que dans les thèmes avancés. Les frères Taviani
s’affranchissent de la théâtralité en proposant une représentation cinémato-
graphique de Jules César. Ce choix permet de présenter différemment les ac-
teurs de la pièce. Les plans de cinéma rendent possible une lecture plus ap-
profondie des visages. Alors qu’au théâtre les tensions sont habituellement
exprimées par les corps, les gros plans cinématographiques montrent les dé-
tenus directement habités par leur personnage. Une exploration de l’intériorité
de chacun d’entre eux est possible, les humanisant et les individualisant.
Cette volonté d’humanisation est particulièrement palpable dans l’évolution de
la première et dernière séquence. Initialement, les détenus sont présentés en
groupe. Une contre-plongée présente l’ensemble de la prison comme bâti-
ment imposant et encadré, ou tous les détenus sont logés à la même en-
seigne. D’autres images, comme le défilé des ombres des incarcérés sur le
mur, entretiennent une certaine mise à distance vis à vis de ces hommes. La
foule anonyme est détectable par le bruit de voix assourdis, ou les cris des
prisonniers perceptibles hors
champs. La séquence ultime
propose un regard nouveau
sur ces détenus, filmés indivi-
duellement, comme Cassius.
La scène montre un homme
seul, exprimant une solitude
humaine dont nous sommes
tous un peu victime. La ré-
plique qu’il prononce : « De-
puis que j’ai connu l’art, cette
cellule est devenue une pri-
son. » le sensibilise. Une
autre évolution peut être perçue dans ce qu’énoncent les intertitres entre les
plans d’exposition des incarcérés puis le générique de fin qui présente leur
future émancipation dans un domaine artistique. Les détenus sont étiquetés
avec l’inscription de leur infraction sous leur visage mais l’évolution de ces in-
tertitres enlève les stigmatisations faciles et initiales. La mise en musique de
la pièce a permis de faire évoluer les incarcérés sur un plan humain.
La matière humaine du film ne se perçoit pas uniquement dans le traite-
ment de l’évolution des personnages mais dans les thèmes abordés. La pièce
qu’ont choisi les cinéastes parle de la trahison nécessaire d’un homme au
service d’une cause politique. Il est question de la lutte des pouvoirs et de li-
berté. En effet, le monologue de Brutus se focalise sur la lutte contre la ty-
rannie et pour la liberté. Ces thèmes ont une portée universelle et intempo-
relle puisque le monologue de Brutus ne s’encre dans aucun contexte spatio-
temporel limité. Aux motifs symétriques récurrents, emblématiques de
l’univers carcéral, s’oppose une représentation artistique qui libère les incar-
cérés. L’art nourrit une forme d’illusion continuelle, une abstraction, en con-
traste avec le monde étriqué dans lequel ils vivent. Cette libération se mani-