INTRODUCTION
La plupart des traumatismes corporels récents bénins créent des symptômes
fonctionnels dans le corps qui sont soignés aisément par ostéopathie. Les progrès du
traitement sont rapides, visibles et même assez réguliers. Dans des cas plus difficiles de
traumatismes corporels sévères, comme un accident de la voie publique, le patient peut
développer des troubles anxieux d’Etat de Stress Post-Traumatique. Dans la majorité de ces
rencontres avec le mauvais sort, l’ostéopathie tissulaire produit encore, quoique plus
lentement, des effets thérapeutiques très positifs, surtout si l’ostéopathe connait et comprend
ces troubles anxieux particuliers. Ces traumatismes sont dits de « névrose actuelle ».
Cet écrit concerne la prise en charge d’autres patients encore, ceux dont le
développement psycho-sexuel de la période infantile a été émaillé de difficultés sérieuses ou
de traumatismes, dans la réalité de la vie de l’enfant (i.e. abandon précoce) ou dans sa vie
fantasmatique (i.e. conviction de ne pas être aimé). L’amélioration des tensions et des
symptômes dus à ces souffrances infantiles est difficile car ils résistent au traitement
ostéopathique. L’ostéopathe a quelques indices pour discriminer l’origine infantile des
troubles mais ils sont pauvres : les tissus ne se dénouent pas malgré les soins, des douleurs ou
des symptômes fonctionnels défient parfois toute logique, des comportements et des traits de
caractère exacerbés (hystériques ou obsessionnels) rendent la vie éprouvante au patient sans
qu’il parvienne à modifier ses comportements destructeurs (tels des addictions alimentaires ou
de toxiques) ou défensifs (comme le repli social). Bien que la cause de sa souffrance
appartienne à son histoire psychique, le patient n’en sait rien et il consulte un ostéopathe car
ce sont des symptômes du corps qui le font souffrir. L’ostéopathe, qui manque ordinairement
de connaissances théoriques et surtout empiriques sur l’inconscient, a tendance à verser dans
l’analyse sauvage pour tenter de faire évoluer ces prises en charge difficiles.
Ce mémoire a pour but de réfléchir sur une autre façon d’aborder cette problématique
qui me paraitrait moins étrangère à l’esprit de l’ostéopathie. Il commence par un bref rappel
concernant la construction psychique infantile et trois opérateurs essentiels de la psychanalyse
dans les troubles de la névrose infantile. Je mettrai cela en regard avec les procédés à visée
psychothérapeutique souvent utilisés dans le champ de l’ostéopathie. Enfin je proposerai un
autre axe de travail : réanimer la pulsion de vie et restaurer le narcissisme. Cet axe, qui me
parait rassembler le corps et la psyché dans une même dynamique, faciliterait aussi un travail
psychique qui, s’il reste insuffisant, évoluerait au sein d’une relation thérapeutique plus juste.