Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
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Une interface mondiale
Le bassin Caraïbe est une interface qui met en contact la première puissance du monde (les
EU) et des Etats parmi les pauvres (Haïti qui est un PMA). Au regard de l’IDH, elle présente
des niveaux de développement très contrastés opposant un pays du Nord (les États-Unis) à
une Amérique latine qui fait encore partie des « Sud ». Ainsi, l’IDH des EU est de 0,91 alors
que celui d’Haïti est de 0,45 (retard de développement aggravé par les calamités naturelles
comme les séismes et les cyclones).
Mais, les pays du Sud ne présentent pas tous le même profil car la majorité se trouve dans une
situation intermédiaire (Mexique, Cuba, Venezuela). Cette idée d’un « entre-deux » est
confortée par la présence d’îlots de développement notamment dans les territoires des Petites
Antilles sous administration des États-Unis ou de pays européens (DROM : départements et
régions d’outre-mer ; PTOM : pays et territoires d’outre-mer (de l’UE).
Le bassin, berceau de la découverte des Amériques (Christophe Colomb accoste aux Bahamas
à San Salvador avant de prendre pieds à Hispaniola-Saint-Domingue), est encore
partiellement sous influence européenne par les langues parlées et la souveraineté, mais le
poids économique et géopolitique des EU est dominant, si bien qu’on parle de
« Méditerranée » américaine.
Ce qui nous amène à la seconde interface que constitue le bassin caraïbe ; il constitue un
espace de transition entre les deux Amériques, anglo-saxonne et latine. L’influence
hispanique tend à s’étendre sur tout le Sud des EU, constituant la Mexamérique. C’est une
sorte de reconquête silencieuse des territoires perdus par le Mexique dans le milieu du XIX
e
siècle (Floride, Texas, Nouveau-Mexique, Californie, Azizona, Nevada).
L’interface n’est pas nécessairement une ligne : il s’agit le plus souvent d’une bande plus ou
moins large, voire d’une zone. De la même façon, les échanges et les dynamiques qui
l’animent ne s’y répartissent pas uniformément : des synapses (ports, postes frontières, cols,
détroits…) concentrent les flux tandis que d’autres zones, moins actives, présentent un
caractère plus périphérique.
Les contrastes de développement entre les pays du bassin Caraïbe génèrent des avantages
comparatifs qui stimulent certains échanges bien que ceux-ci soient dissymétriques. Ainsi,
l’Amérique centrale a vu s’implanter en nombre les usines maquiladoras qui profitent d’une
main-d’œuvre très bon marché et peu revendicative dans des secteurs de manutention à faible
valeur ajoutée (textile, électronique, équipements automobiles). Elles ont vu le jour dans les
années 1960 en vertu d’accords bilatéraux avec les EU et sont souvent implantées dans des
zones franches (exonérations fiscales et régime fiscal plus que favorable). Les EU sont la
première source d’IDE de la région et d’aide publique au développement.
Les pays d’Amérique Centrale bénéficient d’une interface à la fois avec l’Atlantique et avec
le Pacifique attirant ainsi des investissements croissants, notamment en provenance d’Asie
(Chine).
Le Panamá, localisé dans la partie la plus étroite de l’isthme est une plaque tournante du
transport maritime mondial grâce au canal interocéanique = carrefour de rang mondial.
En moyenne, plus de 14 000 navires empruntent le canal de Panamá chaque année. Les
travaux d’élargissement ont été lancés en 2007 et cette voie commerciale stratégique à
l’échelle mondiale, joue surtout un rôle majeur dans les échanges entre les deux façades
maritimes des États-Unis. Chaque année, les droits de passage du canal rapportent en
moyenne 1,5 milliard de dollars au Panamá dont l’économie est une des plus prospères de la
rive sud de la Caraïbe. Panamá City, la capitale, abrite un des plus grands centres financiers
d’Amérique latine, haut lieu du blanchiment d’argent.