1 Le continent américain se caractérise par de très fortes

Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
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Le continent américain se caractérise par de très fortes disparités de riche entre le Nord
(Canada, EU, pôle de la Triade) et le Sud (Amérique latine) en développement marqué
également par une grande diversité. Cette opposition traverse le bassin caraïbe qui joue à la
fois le rôle d’interface américaine majeure et d’interface mondiale.
Toutefois, cette opposition est atténuée par la mise en place d’associations régionales de
coopération qui cherchent à intégrer les Etats du continent dans son ensemble, mais sous la
domination économique des Etats-Unis (ALENA = Accord de libre-échange nord-américain,
projet de la ZLEA= Zone de libre-échange des Amériques), ce qui provoque en réaction des
associations économiques rivales comme le Mercosur. Ainsi, les tensions restent multiples,
avec toujours l’idée de l’hégémonie étatsunienne qui se profile sur le continent entier.
Cette domination de la superpuissance est contestée par l’émergence du Brésil à l’échelle
régionale et mondiale : deux géants désormais sur le même continent, animés tous deux par la
volonté de défendre leurs intérêts. Les dynamiques régionales des deux Etats reflètent leur
puissance respective.
Etude de cas (livre p. 200 à 205) : Le bassin caraïbe : une interface américaine, interface
mondiale
Une interface américaine
Le bassin caraïbe correspond aux rivages de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique. Il
comprend :
- d’une part un chapelet d’îles constituant l’archipel des Antilles. Il forme un arc de
cercle de plus de 4 000 km allant de Trinidad et Tobago au Sud aux Bahamas au Nord.
- d’autre part, la façade caraïbe des différents Etats continentaux. 34 Etats et territoires
sous tutelle en font partie même si les limites en sont floues.
En définitive, le bassin caraïbe est d’abord une mer qui met en relation un espace insulaire
avec les littoraux latino-américains et étatsuniens.
Ce bassin est avant tout une zone de contact entre Nord et Sud, entre monde atlantique et
monde pacifique, donc un espace ouvert, jadis sur l’Europe par la colonisation, devenu
aujourd’hui un carrefour majeurs des échanges mondialisés.
L’espace caraïbe s’apparente à une véritable mosaïque reposant, en premier lieu, sur un
morcellement insulaire croissant d’ouest en est.
S’y superpose une forte fragmentation politique :
- huit micro-États des Petites Antilles (Trinidad-et-Tobago, Saint-Vincent, la Barbade,
Sainte-Lucie / sans compter la dizaine de territoires aux statuts très divers sous
administration de la France, des Pays-Bas ou du Royaume-Uni : Guadeloupe,
Martinique, Iles Vierges, Saint-Martin)
- les pays des Grandes Antilles (cinq États Cuba, Haïti, la République Dominicaine,
Jamaïque, les Bahamas et un territoire sous administration des États-Unis :
Porto-Rico)
- ceux de Méso-Amérique au nombre de sept, deux États d’Amérique du Sud et, bien
entendu, le Mexique et les États-Unis.
Le bassin caraïbe fait aussi figure de mosaïque linguistique, malgré la domination de
l’anglais et de l’espagnol (le français et le néerlandais restent très minoritaires), héritée de
l’époque coloniale. A ces langues, s’ajoute le créole, langue héritée de la réduction en esclave
d’Africains et de leur transport dans la région, via le commerce triangulaire ou « traite des
Nègres ». Cependant, malgré son existence dans l’ensemble du bassin Caraïbes, la diversité
de ces pratiques, rend impossible de l’utiliser comme langue commune du bassin caraïbe. On
parle d’un espace de rencontres et de métissage.
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Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
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Le bassin Caraïbe se marque aussi par la présence américaine. L’hégémonie américaine se
manifeste essentiellement dans le domaine économique. Les États-Unis concentrent les
métropoles et les ports les plus actifs (Houston, Miami, La Nouvelle-Orléans) contribuant à
l’attractivité migratoire de ce pays pour les populations caribéennes.
Leurs multinationales dominent largement l’économie du bassin Caraïbe qu’il s’agisse de
l’exploitation des gisements pétroliers ou de la mise en valeur des plantations tropicales.
D’ailleurs, l’expression « républiques bananières » désignent les pays (Cuba, Costa Rica,
Honduras, Panama) les coups d’Etat et les dictatures militaires étaient financés par les
compagnies étatsuniennes comme United Fruit Company (désormais Chiquita Brands
International) ou Dole Food Company. L’économie de plantation concourt à entretenir les
inégalités sociales puisque la possession de la terre est restée très inégalitaire depuis la
conquête coloniale (pas de réforme agraire) et les travailleurs sont dépendants de ces FTN
étrangères pour leur maigre salaire. Ces FTN ont toujours bloqué les initiatives de
redistribution des terres sauf à Cuba d’où elles ont été chassées par Castro. Voilà pourquoi les
EU imposent toujours un embargo économique à cette île.
Le réseau des bases militaires contribue aussi à en faire la Méditerranée des États-Unis en
vue de sécuriser le détroit de Floride et le canal de Panamá dont les États-Unis sont les
principaux utilisateurs. Ce dispositif stratégique est complété par un réseau d’alliances
politiques qui suscite d’ailleurs des réactions défensives de la part de certains pays
(Venezuela de Chavez et Cuba de Castro, Nicaragua).
Quelques pôles majeurs se dessinent dans le bassin Caraïbe, notamment les ports. Les ports
des Etats-Unis, notamment Houston ou Miami jouent alors un rôle majeur. Mais certains ports
de îles des Caraïbes ou comme celui de Carthagène en Colombie jouent aussi un rôle majeur
dans la redistribution des marchandises entre l’Atlantique et le Pacifique via le canal de
Panama.
Houston est à la tête de la production pétrochimique du pays, elle est la capitale mondiale des
équipements de forage pétrolier. Le complexe industrialo-portuaire de Houston s’est
spécialisé dans la transformation du pétrole issu des gisements du golfe du Mexique et du
Texas. Il s’agit de la plus vaste zone pétrochimique du monde (fabrication de plastique, de
caoutchouc synthétique, d’insecticides et de produits fertilisants). Le CBD à l’arrière-plan
abrite les bureaux des majors (Exxon Mobil, Chevron…). Cette activité liée au pétrole
participe au dynamisme de la façade du golfe du Mexique, notamment à son intégration dans
l’économie mondialisée.
La présence de silos et de conteneurs témoigne néanmoins d’une certaine diversification.
Houston constitue donc une gateway majeur sur l’interface entre le Texas, espace dynamique
de la Sun Belt des États-Unis, et le golfe du Mexique dont la métropole portuaire polarise une
partie des flux. Le trafic du port de Houston le place au seizième rang mondial et au deuxième
rang national.
Le produit urbain brut (PUB) de Houston n’en reste pas moins un des plus élevés du continent
américain : il avoisine à lui seul le PIB de la Colombie ou encore celui du Venezuela.
Houston possède le plus grand stade couvert au monde, l’Astrodome, ainsi que l’imposant
complexe du Civic Center dans le centre des affaires.
Elle est mondialement connue pour le Texas Medical Center (travaux de recherche en
chirurgie, cardiologie et cancérologie). Elle abrite depuis 1963 le centre pour les vols habités
de la NASA (national aeronotics & space administration).
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Une interface mondiale
Le bassin Caraïbe est une interface qui met en contact la première puissance du monde (les
EU) et des Etats parmi les pauvres (Haïti qui est un PMA). Au regard de l’IDH, elle présente
des niveaux de développement très contrastés opposant un pays du Nord (les États-Unis) à
une Amérique latine qui fait encore partie des « Sud ». Ainsi, l’IDH des EU est de 0,91 alors
que celui d’Haïti est de 0,45 (retard de développement aggravé par les calamités naturelles
comme les séismes et les cyclones).
Mais, les pays du Sud ne présentent pas tous le même profil car la majorité se trouve dans une
situation intermédiaire (Mexique, Cuba, Venezuela). Cette idée d’un « entre-deux » est
confortée par la présence d’îlots de développement notamment dans les territoires des Petites
Antilles sous administration des États-Unis ou de pays européens (DROM : départements et
régions d’outre-mer ; PTOM : pays et territoires d’outre-mer (de l’UE).
Le bassin, berceau de la découverte des Amériques (Christophe Colomb accoste aux Bahamas
à San Salvador avant de prendre pieds à Hispaniola-Saint-Domingue), est encore
partiellement sous influence européenne par les langues parlées et la souveraineté, mais le
poids économique et géopolitique des EU est dominant, si bien qu’on parle de
« Méditerranée » américaine.
Ce qui nous amène à la seconde interface que constitue le bassin caraïbe ; il constitue un
espace de transition entre les deux Amériques, anglo-saxonne et latine. L’influence
hispanique tend à s’étendre sur tout le Sud des EU, constituant la Mexamérique. C’est une
sorte de reconquête silencieuse des territoires perdus par le Mexique dans le milieu du XIX
e
siècle (Floride, Texas, Nouveau-Mexique, Californie, Azizona, Nevada).
L’interface n’est pas nécessairement une ligne : il s’agit le plus souvent d’une bande plus ou
moins large, voire d’une zone. De la même façon, les échanges et les dynamiques qui
l’animent ne s’y répartissent pas uniformément : des synapses (ports, postes frontières, cols,
détroits…) concentrent les flux tandis que d’autres zones, moins actives, présentent un
caractère plus périphérique.
Les contrastes de développement entre les pays du bassin Caraïbe génèrent des avantages
comparatifs qui stimulent certains échanges bien que ceux-ci soient dissymétriques. Ainsi,
l’Amérique centrale a vu s’implanter en nombre les usines maquiladoras qui profitent d’une
main-d’œuvre très bon marché et peu revendicative dans des secteurs de manutention à faible
valeur ajoutée (textile, électronique, équipements automobiles). Elles ont vu le jour dans les
années 1960 en vertu d’accords bilatéraux avec les EU et sont souvent implantées dans des
zones franches (exonérations fiscales et régime fiscal plus que favorable). Les EU sont la
première source d’IDE de la région et d’aide publique au développement.
Les pays d’Amérique Centrale bénéficient d’une interface à la fois avec l’Atlantique et avec
le Pacifique attirant ainsi des investissements croissants, notamment en provenance d’Asie
(Chine).
Le Panamá, localisé dans la partie la plus étroite de l’isthme est une plaque tournante du
transport maritime mondial grâce au canal interocéanique = carrefour de rang mondial.
En moyenne, plus de 14 000 navires empruntent le canal de Panamá chaque année. Les
travaux d’élargissement ont été lancés en 2007 et cette voie commerciale stratégique à
l’échelle mondiale, joue surtout un rôle majeur dans les échanges entre les deux façades
maritimes des États-Unis. Chaque année, les droits de passage du canal rapportent en
moyenne 1,5 milliard de dollars au Panamá dont l’économie est une des plus prospères de la
rive sud de la Caraïbe. Panamá City, la capitale, abrite un des plus grands centres financiers
d’Amérique latine, haut lieu du blanchiment d’argent.
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Les micro-États insulaires ont multiplié les stratégies d’insertion dans la mondialisation,
notamment en valorisant leur proximité géographique avec le territoire américain (paradis
fiscaux, zones touristiques, zones franches, économie parallèle).
Les États les mieux pourvus en ressources énergétiques (Mexique, Venezuela) exportent aussi
vers les États-Unis. Les ports de la façade étatsunienne du golfe du Mexique, parmi les plus
actifs au monde, contribuent à dynamiser cette interface en polarisant les flux de
marchandises (Houston, la Nouvelle-Orléans) autant que ceux de touristes (Miami).
À l’échelle régionale, l’intégration de l’espace Caraïbe s’effectue par les flux humains :
- flux touristiques nord-américains en direction des stations balnéaires des littoraux des
Antilles ou du Mexique ce qui traduit leur haut niveau de vie. Le tourisme de croisière
est aussi le plus veloppé du monde dans la région. Le port de Miami possède 7
embarcadères et en 2012 a permis le passage de 4,5 millions de touristes de croisière à
destination de toute l’aire caraïbe. Les plus gros géants des mers de croisières peuvent
avoir à bord jusqu’à 3500 personnes. La moyenne est de 2500 personnes
- flux migratoires en provenance d’Amérique Centrale et des Grandes Antilles à
destination des États-Unis, facteurs de diffusion de la culture caraïbe. Ces flux
migratoires économiques trahissent le retard de développement et le tropisme des EU,
vus comme le véritable Eldorado. Le Bassin Caraïbe est le second plus grand courant
migratoire de la planète.
Mais le bassin est aussi parcouru par des flux commerciaux :
- importation d’hydrocarbures du Mexique et du Venezuela par les EU
- le pétrole vénézuélien alimente aussi certains pays des Antilles comme Cuba. Il y a
donc intégration par les flux d’hydrocarbures.
- les pays d’Amérique Centrale exportent aussi des produits tropicaux vers l’Amérique
du Nord = intégration commerciale.
Il ne faut pas oublier également les flux illicites notamment de stupéfiants en provenance de
Colombie ou le trafic d’armes.
Du nord proviennent aussi des aides au développement et des investissements attirés par les
zones franches et les paradis fiscaux.
À l’échelle continentale, le bassin Caraïbe constitue une plaque tournante pour des trafics
illicites vers le nord, notamment la drogue en provenance des pays andins, les produits de
contrebande venant d’Asie mais aussi les flux d’argent sale alimentant les paradis fiscaux.
La continuité géographique entre les EU et le bassin explique l’importance des flux
légaux et illégaux qui créent ainsi une interdépendance économique, démographique et
culturelle.
Il en va de même des flux humains sont aussi tournés vers l’Europe : l’espace Caraïbe
accueille massivement les touristes européens (République Dominicaine, Guadeloupe…)
tandis que de nombreux Antillais ont fait le choix d’aller vivre en métropole : l’influence
européenne est donc encore présente. On retrouve l’espoir d’une vie meilleur et l’inégal
niveau de vie.
Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
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L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud
Avec une superficie de plus de
42
millions de km², c'est le deuxième continent de la planète,
couvrant 8,3 % de la superficie totale et 28,2 % des terres émergées. De plus, l'Amérique
concentre environ 13,5 % de la population humaine avec plus de
950
millions de personnes.
Ainsi, la diversité est-elle plus la norme que l’homogénéité.
Problématique : En quoi le continent américain présente-t-il un développement inégal ?
I. Le continent américain : une traduction de la fracture Nord-Sud ?
A. Des écarts de développement à l’échelle du continent
On retrouve à l’échelle du continent américain dans son ensemble, les constats effectués à
propos du bassin Caraïbe. Les inégalités de développement sont criantes entre une Amérique
du Nord riche et, du Mexique au Cône de sud
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, des pays au statut intermédiaire – producteurs
et exportateurs de matières premières, de matières agricoles ou pays ateliers –, tandis que
quelques États souffrent encore de graves retards (Haïti, Nicaragua, Bolivie, Paraguay). Un
seul pays cependant est classé dans les PMA : Haïti, le seul PMA du continent américain. Ce
retard de développement est autant à retards structurels, aux conséquences des dictatures
(celle des tontons macoutes par exemple) et des difficultés de résilience face aux multiples
catastrophes naturelles qui touchent régulièrement l’île.
Indice de développement humain (IDH)
Etats-Unis 0,910
Canada 0,908
Amérique latine 0,731
Haïti 0,454
Moyenne mondiale 0,682
Source : Rapport sur le développement humain 2011, PNUD.
L’Amérique latine demeure la région la plus inégalitaire au monde, caractérisée par des
sociétés duales, es de la conquête coloniale. En 2008, le taux de pauvreté s’élevait à 33 %,
soit 251 millions de pauvres (mais 47 millions de moins qu’en 2002). La pauvreté dans les
zones rurales est le double de celle des villes et elle se réduit beaucoup moins vite. Les
communautés indigènes amérindiennes sont parmi les plus pauvres, et ce depuis la conquête
espagnole dans les pays andins.
Loin d’être unifié, l’espace économique américain peut-être qualifié de bipolaire.
Il s’organise autour des États-Unis auxquels sont arrimés le Mexique et le Canada, tandis que
le Brésil s’affirme comme puissance régionale en Amérique du Sud.
Dès lors, les dynamiques d’intégration se font moins à l’échelle continentale qu’au niveau de
ces deux sous-ensembles au sein des blocs de l’ALENA et du MERCOSUR.
Depuis le début du XXI
e
siècle, une nouvelle Amérique latine est en marche : elle a tourné la
page des dictatures militaires des années 1980 et a adopté la démocratie, la stabilité politique
(fin des pronunciamentos) facteur indispensable à la croissance économique et aux progrès
sociaux.
Deux Amériques latines se dessinent :
- l’Amérique émergente qui regroupe les Etats du sous-continent riches en ressources
naturelles et qui connaissent un taux de croissance compris entre 5 et 7 % (Argentine,
1
Cet terme est utilisé notamment pour désigner les pays du Mercosur
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