
de la matrice extracellulaire (MEC), et SCGB2a2, dont la
protéine, la sécrétoglobine 2A-2, aux fonctions immuni-
taires de chimiotactisme et probablement de transporteur
de stéroïdes, est utilisée dans la détection de certains
cancers du sein. D’autres gènes sont plus transcrits, en
particulier ceux d’antioxydants comme la glutathione pero-
xydase 3 (GPX3) ou la métallothionéine (isoformes 1G, 1H,
1E, 1F, 1L, 1X et 2A) captant aussi des métaux lourds
(cuivre, zinc ou cadmium, mercure, etc.) en protection de
l’endomètre préimplantatoire. Une réduction de la tran-
scription est observée pour la SFRP, l’olfactomédine-1, PR
et PR membranaire, ER-α, MUC1, HSD17β2 et MMP11 qui
signaient l’arrivée en phase sécrétoire.
En phase ST, on assiste à une réduction de P4 entraî-
nant l’expression de gènes impliqués dans la constitution
de la MEC (métalloprotéinases, activateurs du plasmino-
gène, facteur de saignement endométrial), dans l’inflam-
mation (IL-1β, IL-8, CCL2, MCP1), dans la vasoconstriction
et dans la contraction (prostaglandines induites par la
cyclo-oxygénase COX2).
Ces observations concernent l’évolution de l’endomè-
tre en l’absence d’embryon. L’endomètre, jusque-là
réfractaire à toute implantation, est prêt à recevoir
l’embryon. Ce dernier a acquis dès avant la conception
une aptitude à s’implanter qui se consolide au fur et à
mesure de sa progression dans le tractus génital. Il doit
être compétent pour sa fixation dans un utérus réceptif.
Lors de son arrivée dans la lumière utérine au moment
de la phase de réceptivité, il s’instaure un dialogue pro-
pice à sa fixation et à sa nidation par l’intermédiaire du
liquide intra-utérin ou par contact cellulaire et grâce à la
décidualisation du stroma endométrial. Pour des raisons
éthiques, ces dernières étapes ne peuvent être explorées
que dans des modèles animaux ou dans des modèles
humains in vitro.
Qu’apportent les modèles in vitro
au décryptage de l’implantation ?
Blastocystes animaux et endomètre humain
Les étapes de l’implantation dans les modèles ani-
maux ont été analysées récemment [20]. Pour les modèles
in vitro, peu de laboratoires disposent aujourd’hui de
blastocystes humains affectés à la recherche, alors que les
curetages permettent de préparer des tissus endométriaux
susceptibles de décidualiser en culture. Des modèles in
vitro ont donc été développés qui utilisent principalement
des cellules de lignées néoplasiques d’endomètre et de
trophoblaste. Ces modèles devraient permettre de définir
les conditions optimales de fixation des blastocystes
àl’endomètre.
Le choix des cellules endométriales est guidé par leur
capacité à mimer les cellules in vivo. Les cellules
Ishikawa (ISH) dérivent d’adénocarcinomes. Elles sont
adhérentes, à phénotype mixte, épithélial et glandulaire,
et modérément polarisées [21]. Elles expriment des
molécules de surface et d’adhérence telles que MUC1,
l’ostéopontine, CD44, des récepteurs ER, PR, AR et à la
lutéotropine, des cytokines telles que LIF, IL1β, 6 et 11,
LIFR, IL1Rα, des chémokines comme IL8, des hormones
morphogènes comme l’activine et son récepteur. Le point
fort de ces cellules réside dans leur phénotype mixte, leur
polarisation modérée, leur sensibilité aux stéroïdes et leur
fonction sécrétoire, comparé à celui d’autres lignées
comme HES sans récepteurs à P4, peu adhérentes et à
phénotype uniquement épithélial. Autant de caractéris-
tiques qui ont justifié leur utilisation comme modèle
d’endomètre in vitro.
Des blastocystes de souris prélevés par lavage après
quatre jours de gestation adhèrent au plastique des boîtes
de culture et aux cellules ISH cultivées sur plastique, mais
non sur verre [22]. Le pourcentage d’attachement I, après
48 heures d’incubation, est compris entre 90 et 100 %.
À la suite d’une fixation légère au paraformaldéhyde, un
attachement II irréversible est mis en évidence dans envi-
ron 40 % des cas. Le retrait de la zone pellucide par
courte immersion dans du liquide tyrode acide augmente
la proportion d’attachement II de 33 à 53 % et l’emploi
d’anticorps anti-MUC1 n’a pas d’effet sur ces résultats.
Le traitement par P4 réduit bien le taux des récepteurs
ERα. Lors de la préincubation des cellules ISH avec E2,
puis par E2 plus la médroxyprogestérone (MPA), l’attache-
ment II atteint 70 % et augmente l’immunoréactivité de
MUC1, du kératane sulfate et des glycanes reconnues par
la lectine-DBA. Ce traitement affecterait les cellules ISH et
le blastocyste. La disparition de MUC1 au niveau du site de
fixation du blastocyste alors qu’autour MUC1 persiste en
mosaïque sur l’épithélium, est observée dans 70 % des
cas ; elle a été estimée par immunofluorescence à 17 %.
En revanche, on n’observe pas de modifications de la loca-
lisation apicale de la sialomucine CD164 (ou endolyne)
dans les cellules épithéliales au niveau des sites de fixation.
Ces résultats montrent que la fixation du blastocyste
dépend du mode d’ancrage de l’épithélium sur la MEC
en relation avec sa dépolarisation plus une redistribution
des molécules d’adhérence et/ou l’ouverture de l’espace
intercellulaire pour l’infiltration du blastocyste. Le départ
de la zone pellucide favorise modérément le taux d’atta-
chements, confirmant l’utilité de l’éclosion artificielle en
procréation médicalement assistée, même si cette opéra-
tion ne modifie pas significativement la disparition de
MUC1. Une imprégnation des ISH par E2, puis par E2
plus un dérivé de P4, favorise l’adhérence. Cela confirme
des résultats antérieurs observés chez la souris selon les-
quels elle serait responsable de l’entrée en phase de
réceptivité de l’endomètre qui permettrait au blastocyste
d’acquérir sa compétence à l’attachement, lui-même agis-
sant ensuite sur la durée de la fenêtre de réceptivité, la
décidualisation et la poursuite de l’implantation [20].
mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 12, n° 4, octobre-novembre-décembre 2010 289
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