LA COLLE BIOLOGIQUE PERMETTANT L'ADHESION DE L'EMBRYON A L'ENDOMETRE EST DECOUVERT Environ 6 jours après la fécondation, l'embryon au stade de blastocyste a été transporté de l'ampoule tubaire jusque dans la cavité utérine par un flux de mucine. L'implantation comporte une étape d'attachement à la paroi et une étape de nidation. Si le déroulement de cette dernière est assez bien connu (mise en jeu d'intégrines et migration des cellules trophoblastiques de l'embryon dans l'endomètre pour former le placenta), les mécanismes d'attachement étaient jusqu'alors inconnus. Une équipe américaine les a récemment élucidés, en les rapprochant de phénomènes vasculaires. Dans le cadre de la mobilisation leucocytaire de l'inflammation, les lymphocytes circulants doivent adhérer à l'endothélium vasculaire et résister au courant sanguin avant de migrer dans les tissus-cibles. Cette adhésion est permise grâce à l'interaction entre certaines protéines, les L-sélectines, et des carbohydrates spécifiques sur l'endothélium. Elle entraîne un ralentissement du lymphocyte et permet l'apparition de liaisons de plus en plus nombreuses, jusqu'à l'arrêt de la cellule avant sa migration. Des travaux expérimentaux permettant de voir si ce modèle de « la balle de tennis roulant sur une surface enduite de sirop » était applicable à l'embryon. Dans un premier temps, ils ont prouvé que l'endomètre exprimait à sa surface des ligands de la sélectine. Il s'agit dans ce cas aussi de carbohydrates. Des biopsies réalisées à différentes phases du cycle menstruel ont montré qu'ils étaient plus nombreux en phase lutéale, au moment de l'implantation. Dans un second temps, ils ont démontré que les trophoblastes présents dans la cavité utérine exprimait la L-sélectine (dès qu'il est libéré de sa membrane pellucide). Enfin, ils ont mis en évidence l'interaction entre la L-sélectine trophoblastique et les carbohydrates de l'endomètre. Compte-tenu de la fréquence des fausses-couches liées à un échec d'implantation (75%), la découverte de ces mécanismes pourrait avoir des conséquences sur le devenir de nombreuses femmes infertiles. Cette équipe a d'ailleurs déposé un brevet d'utilisation de la l-sélectine à des fins diagnostiques. Les auteurs émettent également l'hypothèse d'une anomalie de ces mécanismes d'attachement dans la physiopathologie de la prééclampsie, première cause de décès durant la grossesse dans les pays industrialisés. En effet, cette complication survenant chez 10% des primipares est due à un dysappariement du placenta et de la paroi utérine, conduisant à l'anoxie fotale et mettant en jeu le pronostic vital fotal et maternel. Science - 01/2002 1/1