CESAR, la Guerre civile I, 34-35 Marseille dans la Guerre Civile César devant Marseille - BC I, 34 Quo cum venisset, cognoscit missum in Hispaniam a Pompeio Vibullium Rufum, quem paucis ante diebus Corfinio captum ipse dimiserat; profectum item Domitium ad occupandam Massiliam navibus actuariis vii, quas Igilii et in Cosano a privatis coactas servis libertis colonis suis compleverat ; praemissos etiam legatos Massilienses domum, nobiles adulescentes, quos ab urbe discedens Pompeius erat adhortatus, ne nova Caesaris officia veterum suorum beneficiorum in eos memoriam expellerent. Quibus mandatis acceptis Massilienses portas Caesari clauserant ; Albicos, barbaros homines, qui in eorum fide antiquitus erant montesque supra Massiliam incolebant, ad se vocaverant, frumentum ex finitimis regionibus atque ex omnibus castellis in urbem convexerant, armorum officinas in urbe instituerant, muros portas classem reficiebant. (1) À son arrivée, César apprit que Pompée avait envoyé en Espagne Vibullius Rufus, que peu de jours auparavant on avait pris à Corfinium et relâché par son ordre ; (2) qu'en outre, Domitius était parti pour aller se jeter dans Marseille avec sept galères qu'il avait enlevées par force à des particuliers dans l'île d'Igilium et dans le Cosanum, et qu'il avait remplies de ses esclaves, de ses affranchis, et de colons de ses terres ; (3) et en outre, que Pompée, à son départ de Rome, avait expédié devant lui, comme députés, dans leur patrie, de jeunes Marseillais de nobles familles, en les exhortant à ne pas oublier ses anciens bienfaits pour les obligations plus récentes qu'ils pouvaient avoir à César. (4) Conformément à ces instructions, les Marseillais avaient fermé leurs portes à César, en appelant à leur secours les Albiques, peuple sauvage qui, de tout temps, leur était dévoué et qui habitait les montagnes au-dessus de Marseille ; (5) ils avaient fait entrer dans leur ville tout le blé des contrées et des châteaux du voisinage, avaient établi des fabriques d'armes, et réparaient leurs murailles, leurs portes, leurs navires. Tractations BC, I, 35 Evocat ad se Caesar Massilia xv primos. Cum his agit, ne initium inferendi belli a Massiliensibus oriatur; debere eos Italiae totius auctoritatem sequi potius quam unius hominis voluntati obtemperare. Reliqua, quae ad eorum sanandas mentes pertinere arbitrabatur, commemorat. Cuius orationem legati domum referunt atque ex senatus> (1) César mande quinze des principaux Marseillais ; il les engage à n'être pas les premiers à commencer la guerre, leur remontrant qu'ils doivent plutôt suivre le sentiment de toute l'Italie que de déférer à la volonté d'un seul. (2) Il ajoute à cela tout ce qu'il croit capable de les guérir de leur témérité. (3) Les députés reportent ces paroles à leurs concitoyens, et, par leur ordre, reviennent dire à César: "Que auctoritate haec Caesari renuntiant : intellegere se divisum esse populum Romanum in partes duas. neque sui iudicii neque suarum esse virium discernere, utra pars iustiorem habeat causam. Principes vero esse earum partium Cn. Pompeium et C. Caesarem, patronos civitatis, quorum alter agros Volcarum Arecomicorum et Helviorum publice iis concesserit, alter bello victos Sallyas adtribuerit vectigaliaque auxerit. Quare paribus eorum beneficiis parem se quoque voluntatem tribuere debere, et neutrum eorum contra alterum juvare aut urbe ac portibus recipere. voyant le peuple romain divisé en deux partis, ils ne sont ni assez éclairés, ni assez puissants pour décider laquelle des deux causes est la plus juste; (4) que les chefs de ces partis, Cn. Pompée et C. César, sont l'un et l'autre les patrons de leur ville; que l'un leur a publiquement accordé les terres des Volques Arécomiques et des Helviens ; et que l'autre, après avoir soumis les Gaules, a aussi augmenté leur territoire et leurs revenus. (5) En conséquence ils doivent pour des services égaux témoigner une reconnaissance égale, ne servir aucun des deux contre l'autre, ne recevoir ni l'un ni l'autre dans leur ville et dans leurs ports. Le siège, BC, I, 36 Haec dum inter eos aguntur, Domitius navibus Massiliam pervenit atque ab iis receptus urbi praeficitur; summa ei belli administrandi permittitur. Eius imperio classem quoquoversus dimittunt; onerarias naves, quas ubique possunt, deprehendunt atque in portum deducunt, parum clavis aut materia atque armamentis instructis ad reliquas armandas reficiendasque utuntur; frumenti quod inventum est, in publicum conferunt ; reliquas merces commeatusque ad obsidionem urbis, si accidat, reservant. quibus iniuriis permotus Caesar legiones tres Massiliam adducit ; turres vineasque ad oppugnationem urbis agere, naves longas Arelate numero xii facere instituit. quibus effectis armatisque diebus xxx, a qua die materia caesa est, adductisque Massiliam his D. Brutum praeficit, C. Trebonium legatum ad oppugnationem Massiliae relinquit. (1) Pendant que ces choses se passent, Domitius arrive à Marseille avec ses vaisseaux, et, reçu par les habitants, prend le commandement de la ville. On lui donne aussi la conduite de la guerre. (2) Par son ordre ils expédient leur flotte dans toutes les directions, vont chercher de côté et d'autre les vaisseaux de charge, et les amènent dans le port: ceux qui sont en mauvais état leur fournissent des clous, du bois, des agrès, pour radouber et armer les autres ; (3) ils mettent dans les greniers publics tout le blé qu'ils peuvent recueillir, et serrent les autres approvisionnements et tout ce qui peut leur être d'usage en cas de siège. (4) Irrité de cette injure, César vient avec trois légions à Marseille, élève, pour l'attaque de la ville, des tours et des mantelets, fait équiper, à Arles, douze galères. (5) Achevées et armées dans l'espace de trente jours, y compris celui où l'on avait coupé le bois, elles sont amenées à Marseille ; César en donne le commandement à D. Brutus, et laisse C. Trébonius, son lieutenant, pour conduire le siège. traduction dirigée par M. Nisard, 1865 http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/caesar_dbcI/lecture/default.htm