INSTITUT NATIONAL DE FORMATION SUPERIEURE PARAMEDICALE DE CONSTANTINE ACTIVATION DES LYMPHOCYTES DANS LA REACTION IMMUNITAIRE OBJECTIFS DE L’ENSEIGNEMENT Acquisition des connaissances théoriques concernant l’activation des lymphocytes. Année pédagogique 2016 2016-2017 1 PLAN INTRODUCTION I-ACTIVATION DES LYMPHOCYTES T 1- LE T-Cell-Receptor (TCR) : RECEPTEUR LYMPHOCYTES T. 2- TCR ET COMPLEXE CD3 3- LA “SYNAPSE IMMUNOLOGIQUE” 4- ACTIVATION DES LYMPHOCYTES 5- LA TRADUCTION MORPHOLOGIQUE POUR L’ANTIGENE II-ACTIVATION DES LYMPHOCYTES B 1- LE RECEPTEUR POUR L’ANTIGENE DES LYMPHOCYTES B (BCR) 2- ACTIVATION DES LYMPHOCYTES B III-ROLE DES MACROPHAGES 2 DES ACTIVATION DES LYMPHOCYTES DANS LA REACTION IMMUNITAIRE INTRODUCTION L’activation des lymphocytes est la conséquence de leur interaction avec un pathogène antigénique, directement pour les lymphocytes B et via la présentation d’un peptide par une molécule du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) pour les lymphocytes T. Cette activation permet ainsi aux lymphocytes de passer d’un stade mature naïf à un stade mature activé qui correspondra aux lymphocytes T cytotoxiques, lymphocytes T auxiliaires (ou lymphocytes « helper »), plasmocytes et cellules mémoires. Les signaux d’activation permettront l’activation de facteurs de transcription et ainsi l’expression de nouvelles molécules indispensables aux cellules matures activée, entre autre pour leur prolifération. I- ACTIVATION DES LYMPHOCYTES T 1- LE T-Cell-Receptor LYMPHOCYTES T. (TCR) : RECEPTEUR POUR L’ANTIGENE DES Le TCR est une molécule de surface trouvée sur les lymphocytes T et qui reconnaît l’antigène peptidique présenté dans le contexte d’une molécule du CMH. Le TCR est organisé comme une immunoglobuline et est membre de la superfamille des immunoglobulines. Il existe deux types de TCR, le type prédominant αβ porté par des cellules T que l’on retrouve surtout dans les organes lymphoides et le γδ retrouvé sur des cellules T présentes surtout au niveau des muqueuses. Structure du TCR Le TCR est un hétérodimère composé d’une chaîne α et d’une chaîne β de taille semblable (Figure 1), liées par un pont disulfure. Chaque chaîne possède : Une région intra-cytoplasmique incapable de transduire le signal d’activation pour la cellule. une région transmembranaire porteuse de résidus hydrophobes permettant l’insertion dans la membrane cellulaire. une région extracellulaire contenant un domaine constant et un domaine variable similaires à ceux retrouvés dans les immunoglobulines. Le domaine variable de chacune des chaînes contient des parties hypervariables qui reconnaissant le peptide associé au CMH et déterminent la spécificité pour l’antigène. 3 Figure 1. Le TCR, récepteur pour l’antigène des lymphocytes T : hétérodimères (chaînes α et β) NB : Le TCR est le support de la spécificité de reconnaissance de l’antigène par les lymphocytes T. Contrairement aux CMH, un seul type de TCR est exprimé sur un lymphocyte. 2- TCR ET COMPLEXE CD3 Le TCR est accompagné de plusieurs autres molécules de surface. Parmi celles-ci, on distingue le complexe CD3. Structure du CD3 Le CD3 est un complexe protéique formé de 5 chaînes différentes (les chaînes γ, δ ,ε , ζ et η) qui s’associent pour former 3 dimères (Figure 2), : un hétérodimère gamma et epsilon (γε), un hétérodimère delta et epsilon (δε), et soit un homodimère formé de deux chaînes zêta (ζζ), soit un hétérodimère zêta et êta (ζη). Chacune des chaînes du CD3 possède des sites de phosphorylation de tyrosines au niveau intracellulaire (ITAM, « immunoreceptor tyrosine-based activation motif), essentiels à la signalisation. Figure 2. complexe CD3 associé au TCR 4 NB : les chaînes du complexe CD3 sont des corécepteurs participant à la transduction du signal de reconnaissance du peptide/CMH au lymphocyte T et essentielles à son activation. 3- LA “SYNAPSE IMMUNOLOGIQUE” L’interaction entre le TCR et les molécules de CMH n’est pas très forte. Des molécules accessoires sont nécessaires pour favoriser la stabilité de l’interaction. Cela inclut: a) La liaison de CD4 au CMH de classe II, qui permet de renforcer l’interaction des T helper avec les CPA (Figure 3 et 5), b) La liaison de CD8 au CMH de classe I, qui permet de renforcer l’interaction des T cytotoxiques avec les CPA (Figure 4 et 5). Les deux types de liaisons expliquent la restriction des CMH aux types de lymphocytes CD4+ ou CD8+. NB : les CD4 et CD8 sont des corécepteurs qui stabilisent et renforcent les complexes TCR/peptide/CMH en réalisant des liaisons avec la région constante des CMH. Figure 3. Association TCR/CD4. La taille du CD4 lui permet de se fixer au MHC de classe II sur la cellule présentatrice d’antigène. Figure 4. Association TCR/CD8. La taille du dimère CD8 lui permet de se fixer au MHC de classe I sur la cellule présentatrice d’antigène. c) La liaison de CD2 à l’intégrine LFA-3 (Lymphocyte Function-associated Antigen) d) La liaison de l’intégrine LFA-1 à ICAM-1. e) CD40 ligand à son récepteur CD40. 5 Figure5. Synapse immunologique entre une cellule présentatrice d’antigène et lymphocyte CD4. 4- ACTIVATION DES LYMPHOCYTES Deux signaux sont en fait requis pour l'activation des lymphocytes T : Le 1er signal (signal de stimulation) Le premier signal sera initié par l’interaction du TCR α β avec son peptide antigénique enchâssé dans la molécule CMH de classe I ou de classe II : molécules de classe I + peptide endogène reconnus par le TCR des lymphocytes T cytotoxiques. molécules de classe II + peptide exogène reconnus par le TCR des lymphocytes Thelpers. Par ailleurs, les glycoprotéines CD4 et CD8 présents sur les lymphocytes « arriment » la cellule qui présente l’épitope, stabilisent et renforcent la liaison du couple TCR-CMH. Cette stabilisation de la structure de base est indispensable pour que les étapes suivantes s’enclenchent. Le 2ème signal (signal de co-stimulation) Le principale couple responsable du deuxième signal comporte la molécule CD28 (toujours exprimée sur les lymphocytes T), et la molécule B7-1 (CD80) ou B7-2 (CD81) présentes sur les CPA (Figure5). D’autres couples de molécules ce trouvant la surface des CPA et des lymphocytes T, d’ont la fonction est de favoriser la stabilité de l’accrochage des deux cellules, contribuent à la délivrance du deuxième signale : le couple LFA-1/ICAM-1, le couple CD2/LFA-3, le couple CD 40 ligand/CD40 récepteur. 6 Les signaux de stimulation (1er et 2e) sont responsables de l’activation des tyrosines kinases qui phosphoryleront les motifs ITAM des régions intra-cytoplasmiques du complexe moléculaire CD3 déclenchant une cascade d’événements biochimiques qui vont aboutir à la transcription des gènes codant les cytokines, surtout l’IL2 (nécessaire pour la prolifération cellulaire), et des gènes impliqués dans les phénomènes de division cellulaire. NB : l'absence de deuxième signal après réception du premier signal de reconnaissance de l'épitope peut soit entraîner la mort du lymphocyte T par apoptose, soit le mettre dans un état spécial de tolérance vis-à-vis de l'épitope qu'il a rencontré, qu'on appelle anergie. 5- LA TRADUCTION MORPHOLOGIQUE La traduction morphologique de ces événements est la transformation du lymphocyte en lymphoblaste, manifestée par une augmentation de taille et des modifications du noyau et du cytoplasme qui précèdent la mitose. Différenciations des LT-CD4 Une fois ces cellules activées, on observera une phase de prolifération et de différenciation. En effet la destinée de la cellule CD4 sera différente suivant les cytokines produites par la cellule présentatrice d’antigène qui l’active. On distingue ainsi : Les lymphocytes T auxiliaire 1 (ou LT-H1) obtenus grâce aux interleukines IL-12, IFN-γ et TNF-β. Les lymphocytes T auxiliaire 2 (ou LT-H2) obtenus grâce à l’interleukine IL-4. Les lymphocytes T auxiliaire 17 (ou LT-H17) obtenus grâce à l’interleukine IL-23. Figure. 6 : Différenciations des LT-CD4 7 Les lymphocytes Th1 Ces lymphocytes induisent les réponses immunes cellulaires les plus efficaces contre les virus et bactéries intracellulaires. Les lymphocytes Th2 Les lymphocytes Th2 soutiennent la différentiation des lymphocytes B pour la production d’anticorps. L’IL-5 est particulièrement importante pour la production d’IgE et l’action des éosinophiles, favorisant l’élimination des parasites extracellulaires comme les helminthes Les lymphocytes Th17 Ces cellules sont importantes pour le contrôle des infections bactériennes et fongiques extracellulaires et jouent un rôle dans le recrutement et l'activation des cellules de l’immunité innée comme les polynucléaires neutrophiles. Activation des LT-CD8 Il est nécessaire de préciser que la plupart des cellules nucléées cibles expriment les molécules du CMH-I, mais pas le récepteur B7 (exprimé par les cellules présentatrices d’antigène : macrophages, cellules dendritiques et lymphocytes B). L’activation n’est donc pas directe, et nécessite une seconde interaction avec une cellule présentatrice d’antigène qui sera principalement la cellule dendritique Figure. 7. Figure. 7 : soutien d’une cellule dendritique pour l’activation des LT-CD8 8 II- ACTIVATION DES LYMPHOCYTES B 1- LE RECEPTEUR POUR L’ANTIGENE DES LYMPHOCYTES B (BCR) Le récepteur pour l’antigène est composé : d’une immunoglobuline (IgM ou IgD) ayant une partie transmembranaire et une partie intra-cytoplasmique courte (seuls trois acides aminés sont présents dans le cytoplasme d’une IgM de membrane), ce qui ne suffit pas pour transduire un signal. et de deux hétérodimères liés par des liens disulfures appelés Ig-α : CD79a et Ig-β : CD79b. Les chaînes Ig-α et Ig-β possèdent chacune une longue queue cytoplasmique qui leur permet d’interagir avec des molécules de signalisation intracellulaire (Figure 7). Figure 7. Organisation du BCR Igα et Igβ sont responsables de la transduction du signal après fixation de l’épitope au site de liaison de l’Ig de membrane. Leur région cytoplasmique sert de substrat à des protéines tyrosine kinases. H : chaîne lourde ; L : chaîne légère ; S-S : ponts disulfures ; mIg : Ig de membrane ; mb : membrane. 2- ACTIVATION DES LYMPHOCYTES B Les lymphocytes B, à la différence des lymphocytes T, sont capables de reconnaître les épitopes qui leur sont destinés sans que des cellules spécialisées aient besoin de les leur présenter. L’activation des lymphocytes B peut se faire de différentes manières, suivant l’implication ou non des lymphocytes T, elle sera donc thymo-dépendante ou thymo-indépendante. a) Activation thymo-indépendante Dans ce cas, l'intervention du lymphocyte T n'est pas indispensable. Cependant, pour provoquer ce type d'activation les antigènes doivent présenter un déterminant très répétitif comme c’est le cas des antigènes linéaires qui ne sont pas rapidement dégradés dans l’organisme, tels que le polysaccharide du pneumocoque. 9 A la suite de l’accrochage d'au moins deux BCR, les molécules de signalisation CD79a et CD79b sont activées. Sinon, les épitopes doivent être complexés par le C3 du Complément, et dans ce cas c'est l'association du BCR et du récepteur (CR2) du Complément qui est capable d'activer les structures ITAM des molécules du CD79 (deuxième signal). Suite à cette activation, les lymphocytes obtenus se multiplieront intensément et certains d’entre eux donneront des plasmocytes qui produiront alors, des IgM de basse affinité pour l’antigène. b) Activation thymo-dépendante L’activation thymo-dépendante est la plus fréquente et nécessite l'intervention du lymphocyte T. Cette intervention est aussi indispensable pour la production de certains isotypes d'Ig. 1ers signaux (signaux de stimulation) : L'accrochage de l'épitope au BCR, active les signaux de stimulation à l’origine de modifications : Les signaux de stimulation sont responsables d’une part de l’internalisation, autrement dit de l’endocytose, du complexe antigène-BCR, permettant ainsi la dégradation de l’antigène dans le système endosomale. L’un des fragments peptidiques obtenus sera associé à une molécule du CMH-II et présenté à un lymphocyte T auxiliaire, procurant au lymphocyte B le statut de cellule présentatrice d’antigène. Les signaux de stimulation sont responsables d’autre part de l’expression de nombreuses molécules nécessaires à l’interaction avec le lymphocyte T auxiliaire. (après activation des tyrosines kinases qui phosphoryleront les motifs ITAM des régions intra-cytoplasmiques de l’hétérodimère (Igαβ) associé au BCR, entraînant l’activation de facteur de transcription). 2èmes signaux (signaux de costimulation) : Les TLR, « connaisseurs de danger », interviennent aussi, en particulier ceux qui se trouvent en position intracellulaire (surtout TLR9) par des signaux d’activation. 3èmes signaux (signaux de costimulation): Le contact intime entre lymphocyte B et lymphocyte T est alors à l'origine des signaux de costimulation, indispensables à une activation totale du lymphocyte et sont permis par un certain nombre de corécepteurs (CD19, CD21 et CD81) qui vont amplifier le signal. 4èmes signaux (signaux de prolifération) : D’autre part les LB activés reçoivent encore des signaux de prolifération provenant de: l’interaction entre le cluster de différenciation CD40 présent à la surface du LB et son ligand CD40 (CD40-ligand) présent à la surface du LT et, les interleukines IL-4 produites par les LT. NB : Lorsque le lymphocyte B est encore « vierge », l'intervention de la cytokine IL-4 est indispensable comme quatrième signal. Quand le lymphocyte B a déjà préalablement rencontré l'épitope et est devenu mémoire, l'intervention de l'IL-4 n'est plus indispensable. Suite à cette activation, les lymphocytes obtenus se multiplieront intensément et certains d’entre eux donneront des plasmocytes qui produiront alors, des IgM de basse affinité pour l’antigène. 10 III- ROLE DES MACROPHAGES Les macrophages sont des cellules polyvalentes qui jouent de nombreux rôles. Ils débarrassent le corps des cellules usées et autres débris. Ils sont avant tout parmi les cellules qui «présente» l’antigène, un rôle crucial dans l'initiation d'une réponse immunitaire. On utilise le terme d'apprêtement ou processing pour désigner l’ensemble des étapes préalables à l’enchâssement d’un peptide dans les molécules CMH de classe I et de classe II. Etapes indispensables aux lymphocytes T qui ne peuvent reconnaître les épitopes que lorsqu'ils sont présentés associés à une molécule CMH. Deux grandes voies cellulaires sont suivies parles épitopes potentiels pour s'associer aux molécules du CMH : La voie endogène Elle concerne les épitopes synthétisées dans le cytosol, obtenus à partir protéines du « soi », en fin de vie, de peptides tumoraux (cellules cancéreuses), de cellules défectueuses, de peptides viraux. On distingue 3 étapes dans l’apprêtement : - Fragmentation : après "étiquetage" des protéines à éliminer par la fixation d'ubiquitine, elles sont dégradées par le protéasome, tunnel multi-enzymatique qui assure la dégradation de protéines en libérant des peptides de longueur variable. - Translocation des peptides issus du protéaosme vers le réticulum endoplasmique par le transporteur TAP (Transporter Associated with Antigen Processing ). - Enchâssement des peptides accumulés dans le sillon, ce qui permet au complexe CMH II/ peptide de gagner la membrane plasmique. 11 La voie exogène Concerne les épitopes obtenus à partir des micro-organismes et des molécules provenant de l'extérieur de la cellule, qui ont été endocyter, dégrossis et/ou affinés. Elle débouche sur l’association des épitopes aux molécules du CMH II et leur présentation au lymphocyte T CD4. En pratique, la plupart des micro-organismes (y compris les helminthes qui n'ont aucune possibilité d'infecter des cellules car souvent 10 à 1 000 fois plus gros qu'elles) sont susceptibles de générer des épitopes en suivant les deux voies, et d'induire la prolifération de lymphocytes T des deux types. Endocytés par la CPA, les micro-organismes, substances environnementales ou cellules mortes dont les motifs sont reconnus comme potentiellement dangereux par les TLR cytoplasmiques, vont suivre la voie de dégradation qui rend possible leur association aux molécules du CMH. On distingue 3 étapes dans l’apprêtement : - l’ingestion de protéines exogènes après formation du phagolysosomes. - Translocation des peptides intralysosomial vers le réticulum endoplasmique. - Enchâssement du peptide dans le sillon, ce qui permet au complexe CMH II/ peptide de gagner la membrane plasmique. NB : L'entrée « discrète », sans fixation par les TLR, leur fera prendre un chemin de dégradation totale, sans possibilité d'association aux molécules du CMH. Leur présentation aux lymphocytes T sera donc impossible. Bibliographie ROITT Ivan et RABSON Arthur (2002).Immunologie Médicale. Ed Maloine, Paris. 272 pages. BENZAIR Abou-bacir (2009). Immunologie, les connaissances de bases.OPU, 3e Ed, Alger.244 pages. ANGELE VUITTON Dominique (2009). Immunologie. Ed Pradel,209 pages. 12