CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
PHILOSOPHIE ET HUMANISME
Pour une philosophie au service de l’Être Humain
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
David, de Michel Ange.
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-158
PHILOSOPHIE ET HUMANISME
Pour une philosophie au service de l’Être Humain
Conférence d’Éric Lowen donnée le 29/08/2007
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Une raison de la marginalisation actuelle de la philosophie est d’avoir oublié, voire rejeté,
l’humanisme. Quelles relations entre la philosophie et l’Humanisme ? Peut-il y avoir une
véritable philosophie qui ne soit pas aussi humaniste ? Une philosophie humaniste est-elle
nécessairement anthropocentrique et peut-elle éviter de tomber dans l’humanimisme ?
Plaidoyer pour le retour à une philosophie de l’homme, pour l’homme et au service de
l’homme.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-158 : “Philosophie et humanisme” - 22/10/2003 - page 2
PHILOSOPHIE ET HUMANISME
Il n’y a de philosophie qu’au service de l’être humain
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Le problème consiste en fait, à rechercher les conditions
de ce que pourrait être un humanisme non métaphysique.
Luc Ferry
I CRISE DE LA PHILOSOPHIE ET OUBLI DE L’HUMANISME
1 - Un constat sur la philosophie actuelle : son éloignement de la notion d’humanisme
2 - Les récupérations multiples de l’humanisme, entraînant une progressive perte de sens
3 - Le rejet de l’humanisme et sa réduction au cadre de l’Humanisme de la Renaissance
4 - Une majorité de courants de pensée non-humanistes, voir anti-humanistes
5 - Les conséquences de ce rejet de l’humanisme par la philosophie
II ORIGINE ET HISTOIRE DE L’HUMANISME
1 - Un terme récent pour désigner des approches philosophiques forts anciennes
2 - La naissance du concept d’humanité dans l’antiquité gréco-romaine : humanitas
3 - L’Humanisme historique : le courant philosophico-culturel de la Renaissance
4 - L’humanisme en tant que courant philosophique pérenne dans la philosophie
III LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE TOUS LES HUMANISMES
1 - La primauté de l’Être Humain, la valorisation de l’Être Humain
2 - Les droits humains supplantent les droits de dieu et le théocentrisme
3 - La reconnaissance d’une nature humaine, une et universelle dans le genre humain
4 - Une conception optimiste de la nature humaine, la foi dans l’Être Humain
5 - La reconnaissance de l’inachèvement de la nature humaine, le rôle stratégique de la culture
6 - Faire prévaloir l’humain sur l’animalité en nous, l’humanité à dégager de la nature
7 - L’affirmation fondamentale de la valeur de la vie humaine et du respect de l’individu
8 - Les valeurs éthiques universelles de la connaissance, de la culture, de la raison, etc.
IV LES CRITÈRES DE L’HUMANISME MODERNE
1 - Le progrès de l’humanisme, l’humanisme de la Renaissance est dépassé
2 - L’homme n’est plus la mesure de toute chose ni donnant sens et valeur à toute chose
3 - Un humanisme cosmique et naturaliste
4 - Un humanisme athée
5 - Une philosophie anti-métaphysique, une libération existentialiste et individualiste
6 - Une philosophie qui exalte et valorise l’Homme, une philosophie du progrès de l’Homme
7 - Dont la finalité est l’épanouissement de l’Homme, pour l’Homme et par l’Homme
8 - Une philosophie qui prend la défense de l’Homme, au besoin contre lui-même
V LA NATURE HUMANISTE DE LA PHILOSOPHIE
1 - La nature humaniste de la philosophie
2 - La finalité humaniste de la philosophie
3 - Toute philosophie est un humanisme ou n’est pas philosophie !
4 - Un humanisme à l’épreuve des faits et non du discours
5 - L’oubli de la nature humaniste de la philosophie comme dénaturation de la philosophie
6 - Le retour à des philosophies humanistes, une des conditions de la Renaissance Philosophique
ORA ET LABORA
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Document 1 : Une des plus anciennes traces de l’humanisme antique, bien avant celui de la Renaissance.
Entre toutes les merveilles, il n'est rien de plus merveilleux que l'homme. Il traverse la
mer au milieu des orages, et se joue de la colère des flots. Il sillonne sans relâche le sein
inépuisable de la terre, mère immortelle de tous les dieux ; chaque année il l'entrouvre
avec la charrue traînée par des chevaux vigoureux.
L'homme, par son industrie, attire dans ses pièges l'oiseau léger et la bête farouche, et
enveloppe dans ses filets les habitants des eaux ; il dompte par son adresse les
monstres des bois ; il soumet au joug le coursier à la crinière flottante et le taureau
sauvage.
Il s'est approprié la parole et la pensée aérienne, et les lois qui règlent l'ordre des États ;
il a appris à se préserver des frimas et des intempéries de l'air. Son génie inventif se
précautionne même contre l'avenir, les plus cruelles maladies cèdent à son art ; contre la
mort seule il n'a pas d'asile.
Habile et industrieux au-delà de toute croyance, il se livre tantôt au bien, tantôt au mal :
lorsqu'il associe à ses travaux les lois de la terre et la justice divine, il fait la gloire des
cités ; mais il devient indigne d'une patrie, quand l'audace l'entraîne au crime.
Sophocle (5ème siècle av. J.C.)
Antigone
Document 2 : L’humanisme de la Renaissance n’exprime pas une philosophie déterminée, mais une
orientation philosophique. Un titre, celui du discours De dignitate hominis de Pic de la Mirandole, et une
phrase de ce discours préciseront un aspect essentiel de cet idéal humaniste, incarné dans des œuvres et
dans une action sociale et spirituelle qui leur est associé.
J’ai lu, dans les livres des Arabes,
qu’on ne peut rien voir de plus admirable dans le monde
que l’homme. Pic de la Mirandole (1463-1494)
De dignitate hominis (1486)
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Document 3 : Autre exemple de l’Humanisme de la Renaissance se trouve dans l’œuvre de Rabelais, avec
le fameux programme d’étude humaniste que Gargantua propose à son fils Pantagruel. Pour les
contemporains de Rabelais, cela évoquait la fameuse querelle des Anciens et des Modernes à propos de
l’enseignement de la Sorbonne.
J'entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues : premièrement le grec,
comme le veut Quintilien ; deuxièmement le latin ; puis l'hébreu pour l'Écriture sainte, le
chaldéen et l'arabe pour la même raison ; et que tu formes ton style sur celui de Platon
pour le grec, sur celui de Cicéron pour le latin. Qu'il n'y ait pas d'étude scientifique que tu
ne gardes présente en ta mémoire et pour cela tu t'aideras de l'Encyclopédie universelle
des auteurs qui s'en sont occupés.
Des arts libéraux : géométrie, arithmétique et musique, je t'en ai donné le goût quand tu
étais encore jeune, à cinq ou six ans ; continue ; de l'astronomie, apprends toutes les
règles, mais laisse-moi l'astrologie et l'art de Lullius, comme autant d'abus et de futilités.
Du droit civil, je veux que tu saches par coeur les beaux textes, et que tu me les confères
avec sagesse.
Et quant à la connaissance de la nature, je veux que tu t'y donnes avec soin : qu'il n'y ait
mer, rivière, ni source dont tu ignores les poissons ; tous les oiseaux du ciel, tous les
arbres, arbustes, et les buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux
cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tous les pays de l'Orient et du Midi, que
rien ne te soit inconnu.
Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes et latins, sans mépriser
les Talmudistes et les Cabalistes, et, par de fréquentes dissections, acquiers une
connaissance parfaite de l'autre monde qu'est l'homme. Et quelques heures par jour
commence à lire l'Écriture sainte : d'abord le Nouveau Testament et les Épîtres des
apôtres, écrits en grec, puis l'Ancien Testament, écrit en hébreu.
En somme, que je voie en toi un abîme de science car, maintenant que tu deviens
homme et te fais grand, il te faudra quitter la tranquillité et le repos de l'étude pour
apprendre la chevalerie et les armes afin de défendre ma maison, et de secourir nos
amis dans toutes leurs difficultés causées par les assauts des malfaiteurs.
Et je veux que, bientôt, tu mesures tes progrès ; cela, tu ne pourras pas mieux le faire
qu'en soutenant des discussions publiques, sur tous les sujets, envers et contre tous, et
qu'en fréquentant les gens lettrés tant à Paris qu'ailleurs.
Mais - parce que, selon le sage Salomon, Sagesse n'entre pas en âme malveillante et
que science sans conscience n'est que ruine de l'âme - tu dois servir, aimer et craindre
Dieu, et mettre en lui toutes tes pensées et tout ton espoir : et par une foi nourrie de
charité, tu dois être uni à lui, en sorte que tu n'en sois jamais séparé par le péché. Méfie-
toi des abus du monde ; ne prends pas à cœur les futilités, car cette vie est transitoire,
mais la parole de Dieu demeure éternellement. Sois serviable pour tes prochains, et
aime-les comme toi-même. Révère tes précepteurs. Fuis la compagnie de ceux à qui tu
ne veux pas ressembler, et ne reçois pas en vain les grâces que Dieu t'a données. Et,
quand tu t'apercevras que tu as acquis tout le savoir humain, reviens vers moi, afin que je
le voie et que je te donne ma bénédiction avant de mourir.
Mon fils, que la paix et la grâce de Notre-Seigneur soient avec toi. Amen.
D'Utopie, ce dix-sept mars,
Ton père, Gargantua.
Rabelais (1494-1553)
Pantagruel, 1532, ch. VIII (langue modernisée)
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