
a survivor was originally resurgence in forest areas between
March and April 2016 with 10 cases including 8 deaths. The
epidemic has particularly affected the forest Guinea region
(44% and 48% of Guinean cases and deaths), elderly women
(≥50 years), and health professionals (211 cases including
115 deaths); however, almost one-third of the patients
(32.6%) was not provided supportive care in the Ebola cen-
ters. The epidemic is currently marked by the resurgence of
small foci, from excreting subjects cured of the virus who
have been controlled so far successfully. The survivors are
the subject of special attention. It is necessary to learn les-
sons from the response to better prepare for the future, to
improve knowledge about the natural history of the Ebola
virus disease, and to rethink communication in this regard
with the public and its leaders.
Keywords Ebola · Outbreak · Case fatality · Guinea · Sub-
Saharan Africa
Introduction
La maladie à virus Ebola (MVE), anciennement dénommée
fièvre hémorragique à virus Ebola, est une zoonose grave à
très mauvais pronostic chez les primates. L’homme se conta-
mine par le contact avec le sang ou les liquides biologiques
de chauves-souris frugivores ou d’autres animaux de forêt
tropicale (singes, antilopes des bois) porteurs du virus,
vivants ou trouvés morts. La transmission est ensuite
humaine par contact direct avec le sang et les liquides bio-
logiques des malades ou des défunts, par contact indirect
avec des surfaces et des matériaux (literie, vêtements) conta-
minés, par injection parentérale avec du matériel contaminé
ou par voie maternelle. Les rites funéraires, pratiqués en
Afrique, sont très favorables à la transmission du virus chez
les parents et les amis par le contact étroit avec le défunt et
ses effets personnels [3,18,36,43].
Après une incubation non contagieuse de 2 à 21 jours, la
MVE, non prise en charge, évolue en quelques jours avec
une phase pseudogrippale fébrile suivie d’une atteinte mul-
tiviscérale, associant troubles cutanéomuqueux, digestifs
avec vomissements et diarrhées profuses, respiratoires et
neurologiques, qui se termine par un tableau clinique où
prédominent des signes neurologiques d’encéphalite et des
manifestations hémorragiques internes et externes. L’évolu-
tion fatale est la règle dans la grande majorité des cas. Le
décès survient dans un état de choc favorisé par les pertes
hydroélectrolytiques liées aux vomissements et à la diarrhée
avec, dans la moitié des cas, une coagulopathie diffuse.
Dans les formes non fatales, la MVE évolue vers la guéri-
son, au fur et à mesure de la disparition du virus dans le sang
sous l’effet de la réponse immunitaire. La prise en charge
thérapeutique symptomatique précoce améliore le pronostic
vital. La convalescence est marquée par une asthénie pro-
longée avec des séquelles rhumatologiques, neurologiques
et oculaires et par des épisodes de rechute de la MVE par
réactivation virale à partir notamment du compartiment neu-
rologique. Ces éléments sont de mieux en mieux documen-
tés avec les survivants de l’épidémie d’Afrique de l’Ouest
[16,18,41,43,72,77].
Lors de son émergence chez l’homme en 1976 au Zaïre,
actuelle République démocratique du Congo (RDC), la
MVE était due au filovirus Ebola de l’espèce Zaïre ebolavi-
rus (EBOV), responsable d’une létalité très élevée, la plus
forte parmi l’ensemble des cinq espèces connues de filovirus
[7,32,63,76]. Durant cette première épidémie, en effet,
318 malades furent recensés, dont 280 décédèrent (88 %)
[63]. Quatorze épisodes épidémiques (1 à 318 cas) avec l’es-
pèce EBOV sont survenus au total en Afrique centrale avant
l’émergence en 2013 en Guinée d’un variant de la même
espèce dénommé Makona (EBOV/Mak) [32]. Trois pays
étaient concernés par ces épidémies : la RDC, le Gabon et
le Congo. Le cas d’Afrique du Sud était lié à un malade
évacué du Gabon ayant contaminé une infirmière
[5,19,20,23,25,28,31,36,44,49,51,62,63,78-82] (Tableau 1).
La létalité moyenne de ces épidémies était de 79,2 %
(médiane : 78,0 % ; extrêmes : 46,9 à 100,0 %), malgré
des mesures de lutte de mieux en mieux codifiées mises en
œuvre au fil du temps et une extension géographique limitée
des foyers épidémiques. La proportion moyenne de cas
confirmés pour ces 14 épisodes était égale à 16,9 % (extrê-
mes : 6,3 à 100,0 %). Le délai moyen d’alerte était de
39 jours, et le délai médian de 23 jours (extrêmes : 9 à
115 jours).
En Guinée, 3 814 cas ont été déclarés durant l’épidémie
entre son émergence en décembre 2013, dans le village de
Méliandou près de la ville de Guéckédou en Guinée fores-
tière, la fin de la principale flambée le 29 décembre 2015 et
la résurgence de mars-avril 2016 [8,43,85,87]. La létalité
globale était égale à 66,7 % (2 544 décès) malgré toutes les
mesures mises en œuvre, confirmant la gravité de la MVE
due à l’espèce EBOV, même s’il s’agissait d’un variant [2].
Elle était toutefois inférieure à la létalité moyenne observée
en Afrique centrale de plus de 10 %. La proportion de cas
confirmés était beaucoup plus élevée que celle des épidémies
précédentes, égale à 88,0 % [43,87]. La MVE était inconnue
en Guinée lorsqu’elle a émergé. L’alerte par les autorités
sanitaires locales a été lancée le 10 mars 2014, deux mois
et demi (74 jours) après le début de la maladie chez le cas
index (Tableau 1) [43].
Les objectifs de cet article sont de décrire l’importance,
l’évolution et les principales caractéristiques épidémiolo-
giques de l’épidémie en Guinée entre décembre 2013 et avril
2016. La résurgence de la MVE survenue en mars 2016 dans
la préfecture de N’Zérékoré, en Guinée forestière, était liée
2 Bull. Soc. Pathol. Exot.