et nécessitent une enquête policière pour déterminer et éliminer cette menace. D’aucuns pensent que la
déclaration obligatoire amène les médecins à jouer un rôle d'agent de police, ce qui nuit à leurs relations avec les
patients10. Les défenseurs de telles lois estiment, au contraire, que l’utilisation illégale ou inappropriée d’armes à
feu représente une menace pour la sécurité du public et que la déclaration obligatoire a pour effet de transférer le
rôle d'enquête du médecin au policier, lequel est en meilleure position pour mener une enquête11.
L’obligation du médecin d’informer le patient de la soumission d’un rapport aux autorités varie en fonction des lois.
Néanmoins, la plupart des lois sur la déclaration obligatoire exigent que le patient soit informé de tout signalement
obligatoire fait par un médecin à son égard, à moins que le fait d'en informer le patient risque de porter préjudice
au patient ou au médecin. Le médecin devrait également conseiller au patient de s'abstenir de toute activité
susceptible de mettre en danger la sécurité publique (p. ex., conduire après un diagnostic récent de troubles
convulsifs).
L'opposition entre l'obligation du médecin de protéger la vie privée du patient et celle de protéger autrui est encore
plus grande lorsqu'une personne clairement identifiable est menacée. Cette question a notamment été soulevée
dans l'affaire Tarasoff c. the Regents of the University of California12, une action en justice intentée contre un
psychologue clinicien par les parents d'une femme assassinée par un patient qui avait confié au psychologue son
intention d'assassiner sa petite amie. Le psychologue en avait informé le service de police du campus de
l'Université de Californie qui avait procédé à l'arrestation du patient, puis l'avait relâché. Deux semaines plus tard,
le patient assassinait son amie. Les parents de la jeune femme ont eu gain de cause, alléguant que le psychologue
avait l'obligation de mettre en garde la jeune femme.
La décision Tarasoff a établi, en jurisprudence, l'obligation du médecin de violer la confidentialité d'un patient pour
mettre en garde et protéger un tiers clairement identifiable à qui le patient pourrait vraisemblablement porter
préjudice. L’affaire Tarasoff a établi que le médecin peut être libéré de ses obligations en prévenant directement la
tierce personne ou en informant la police d’une menace possible (bien que dans le cas en question le fait de
prévenir la police du campus n'était pas suffisant). La notification aux autorités policières d’une menace imminente
est probablement l’action la plus appropriée dans ce type de situation, étant donné que celles-ci sont les mieux
placées pour évaluer plus amplement la menace et protéger la cible du patient.
Il est en revanche plus difficile d'établir ce que doivent faire les médecins dans les cas où les patients font preuve
d'un comportement violent, mais qu'il n'y a pas de cible clairement identifiée. Cela arrive souvent dans le cas des
maladies mentales, où le comportement menaçant peut constituer une indication en faveur de la détention du
patient pour une évaluation psychiatrique plus approfondie.
La propagation intentionnelle de maladies transmissibles a mené à des condamnations au criminel. De nombreuses
maladies transmissibles doivent être déclarées aux autorités de santé publique provinciales. Les laboratoires de
santé publique procèdent à un traçage des contacts pour s'assurer que les partenaires antérieurs puissent faire des
analyses, mais ils n’ont pas le pouvoir de prévenir la propagation d'une maladie transmissible.
Résolution
Dans de nombreuses provinces, le médecin de ce scénario clinique serait tenu par la loi d'informer la police qu'une
victime d'arme à feu était traitée au service d'urgence. La police se chargerait alors de poursuivre l'enquête. Dans
d’autres cas, la déclaration obligatoire entraînerait une réponse appropriée des autorités provinciales ou fédérales
compétentes.
Dans les cas où il n’existe pas de loi précise, les médecins doivent évaluer la probabilité et l'ampleur du préjudice
pouvant être porté à autrui et qui résulterait de l’affection ou du comportement d’un patient. Le cas Tarasoff établit
clairement le devoir de prévenir les individus qui risquent fortement d’être victime d’un préjudice d’une ampleur
considérable. Malheureusement, il existe peu de lignes directrices pour guider les médecins dans les cas où le
comportement ou l'état du patient ne pose qu'un risque faible ou modéré pour autrui ou qu'il n'existe pas de
personne menacée clairement identifiable. Il arrive souvent que la seule option du médecin soit d'encourager le
patient à prendre les mesures nécessaires afin de réduire le risque pour les autres.
Références
1. Marshall M and von Tigestrom B. “Health Information”. In Canadian Health Law and Policy. 2nd ed. eds. J
Downie, T Caulfield and CM Flood. Markham: Butterworth’s Canada Ltd. 2002.
2. Kleinman I, Baylis F, Rodgers S, and Singer P. Bioethics for Clinicians: 8. Confidentiality. CMAJ. 1997;
256(4): 521-4.
3. Irvine JC. “The Physician’s Other Duties: Good Faith and Confidentiality”. In Canadian Medical Law. An