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Sur ces hautes terres, qui s’&agent entre
750
et
1
O00
m, le climat est de
type soudano-sahelien modifie par l’altitude. La pluviosite (de l’ordre
de
900
mm)
y
est plus importante et plus regulibre que
dans
la
plaine. La saison des pluies (de mai
&
septembre) et
la
saison &he (d‘octobre
ZI
avril) sont bien marquees.
Les Mofu sont des montagnards “de bordure” car leurs massifs disposent
tous d‘un piemont. Les pentes sont am6nagck.s en reseaux de terrasses. Si certaines
parties de
ces
pentes ne sont que
des
chaos
de blocs, le sol a veritablement kt6
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sur d’autres parties. Les monts Mandara sont densement peuples (plus de
150
habitants
au
km2)
et l’anthropisme de la veg6tation est important. La plupart des
arbres sont domestiques pour
la
construction, l’energie,
la
pharmacopk, l’entretien
de la fertilite des sols, l’alimentation ou pour leur ombrage. L’economie de la
societe mofu repose
sur
la
production et la conservation du mil3.
Depuis
tres
longtemps, ces montagnards vivent sur leurs massifs des
relations etroites, presque intimes, avec les insectes et d’autres arthropodes,
principaux reprksentants d‘une faune indigente en vertebres. Selon les circonstances,
les Mofu les respectent, les aiment, les craignent, les consomment, jouent avec et
les &outent.
Nous ne developperons ici que quelques-unes des relations entre ces
hommes et “leurs” insectes. Celles-ci seront presentees selon la vision mofu du
monde des arthropodes et non selon la classification zoologique (ainsi, aux yeux des
Mofu, arachnides, myriapodes et escargots sont considkr6s “me des insectes).
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%,
4
’\
LES INSECTES-ROIS
Les Mofu projettent sur les insectes4 vivant en socied, notamment les
fourmis et les termites, leurs propres comportements sociaux et politiques. Dun
massif& l’autre, le vocabulaire et les conceptions peuvent sensiblement varier autour
d‘un fond commun. Les Mofu ne parlent de certains insectes qu’avec d‘infinies
precautions, car ils touchent au sacre et peuvent se reveler dangereux, en utilisant
alors des termes convenus
:
par exemple, l’insecte ne “vole” pas le mil, il le
“transporte”, il le “suce”, il “remplit ses greniers”
...
Si l’insecte pique, on ne
l’insulte pas,
mais
on
dit
:
“Le
chef m’a frapp6”.
Le Prince des insectes
Y
3)
La fourmi
jaglavak
(figure
9)
est consideree comme le Prince des insectes
3
On emploie dans le Nord-Cameroun le mot “mil”
pour
désigner les mils pénicilláires
et les sorghos.
I1
s’agit chez les Mofu d’une gamme de sorghos de lithosols
(Sorghum
4
Il
n’existe pas de mot spécifique signifiant “insecte” en Mofu.
A
Douvangar, on peut
dire
matel gwadeng
qui, dans son sens premier, signifie le grouillement comme
celui des “lames de moustiques” puis, par glissement de sens, désigne ce qui est petit
et grouillant, donc les insectes. Ce mot apparaît surtout par besoin d’un équivalent en
Français. En Mofu Gudur, il semble que ce soit
ayakw,
la sauterelle (Barreteau,
1988)
qui, représentant la catégorie d’insectes la plus diversifiée dans la langue, désigne par
extension tous les arthropodes.
CaUdatum).