Imagerie de la ventilation
Lung ventilation imaging
L’imagerie permet d’explorer des fonctions pulmonaires
physiologiques fondamentales (ventilation, perfusion) et de
détecter des altérations physiopathologiques majeures (in-
flammation, œdème pulmonaire, atélectasie, augmentation de
la perméabilité de la membrane alvéolocapillaire). Ces mesu-
res ont une résonance forte dans la perspective d’application
de la conduite de la ventilation mécanique (VM) dans le syn-
drome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Le rôle délé-
tère de la VM sur la structure et la fonction du poumon est, en
effet, souligné depuis le début de son utilisation chez les mala-
des avec insuffisance respiratoire aiguë en réanimation [1].
Ce fait, amplement confirmé et affiné [2], a conduit à la recom-
mandation de régler le respirateur afin de limiter la disten-
sion pulmonaire dans le SDRA. Le contrôle de cet objectif
est, en routine, réalisé à partir d’informations globales tirées
du monitorage des signaux de pression et de volume enregis-
trés à l’entrée du système respiratoire (pression de plateau,
« point d’inflexion supérieur » de la courbe pression-volume).
Une meilleure connaissance régionale de la distribution des
volumes pulmonaires et de la ventilation alvéolaire dans des
conditions dynamiques devrait améliorer encore le bon usage
de la VM.
L’imagerie est une technologie appropriée à une meilleure
connaissance régionale du poumon. La scintigraphie pulmo-
naire planaire avec bolus de
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Xénon avait été utilisée par
les physiologistes, il y a plus de 30 ans, pour décrire la dis-
tribution de la ventilation pulmonaire [3].Latomodensitomé-
trie à Rayons-X (TDM), plus récemment, a été d’un apport
considérable dans la description de la physiopathologie du
SDRA [4]. La densité tissulaire étant proportionnelle à la den-
sité physique, elle-même proportionnelle à l’atténuation du
faisceau de rayons X, la mesure des densités pulmonaires per-
met le calcul du volume pulmonaire de gaz. La mesure de la
capacité résiduelle fonctionnelle est ainsi réalisable de façon
précise par TDM. Néanmoins, la TDM ne permet pas de déter-
miner directement et précisément la ventilation alvéolaire.
Toutefois, l’inhalation de Xénon non radioactif, permet, par
sa densité, d’augmenter le contraste et ainsi de visualiser les
petites voies aériennes et d’estimer la ventilation régionale.
L’imagerie pulmonaire fonctionnelle connaît actuelle-
ment un développement considérable. Elle peut donner accès
à la ventilation alvéolaire régionale grâce à différentes moda-
lités :
•la médecine nucléaire : tomographie en émission mono-
photonique (SPECT), tomographie en émission de posi-
tons (PET) ;
•la résonance magnétique nucléaire (IRM) ;
•la tomographie en émission d’impédance électrique
(TEIE).
Les techniques d’imagerie tirées de la médecine nucléaire
classique sont largement diffusées. Elles utilisent soit l’inha-
lation de gaz qui va se déposer au niveau des petites voies
aériennes périphériques, soit des aérosols de molécules mar-
quées qui se déposent surtout dans les voies aériennes cen-
trales, selon leur granulométrie. La SPECT a une résolution
spatiale intéressante mais une médiocre résolution tempo-
relle. La TEP a une résolution temporelle et spatiale plus inté-
ressante, de l’ordre de 30 secondes et 10 mm, respective-
ment. Toutefois, le coût et le peu de disponibilité des appareils
en limitent les applications actuellement.
L’IRM est une modalité puissante avec actuellement des
développements considérables en matière d’imagerie pulmo-
naire [5]. Les avantages de l’IRM par rapport aux méthodes
de médecine nucléaire sont l’absence d’irradiation ionisante
et une faible résolution spatiale (2,5 × 2,5 × 10 mm) et tem-
porelle (moins de 10 secondes pour couvrir l’ensemble du
poumon). Le poumon offre toutefois à l’IRM de protons (
1
H-
IRM) des contraintes redoutables :
•densité en protons faible ;
•gradients de champs magnétiques locaux dus aux multi-
ples interfaces air–sang ;
•mouvements cardiaques et respiratoires.
Ces obstacles peuvent néanmoins être contournés par :
•l’inhalation de gaz hyperpolarisés (
3
Hélium :
3
He,
129
Xé-
non :
129
Xe) qui augmentent la sensibilité du signal magné-
tique (magnétisation de ces gaz de l’ordre de 10
5
fois plus
grande qu’à l’état d’équilibre thermique) ;
•l’utilisation de séquences gradient écho très rapides avec
des temps entre excitation des protons et début de l’acqui-
sition (séquences TE) très courts ;
•la synchronisation de l’acquisition avec la respiration.
L’IRM avec gaz hyperpolarisés offre d’autres possibilités.
La mesure de la diffusion des gaz (constante apparente de
diffusion) donne une information complémentaire à la venti-
lation, celle de l’uniformité du transport de gaz, donc de la
distribution de la taille des alvéoles. La visualisation de la
distribution de la ventilation entre inspiration et expiration
Réanimation 14 (2005) 68–69
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1624-0693/$ - see front matter © 2005 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.reaurg.2004.10.010