
Anthropologie d'un nouvel espace habité : enjeux  fonciers… 
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de népotisme et de corruption qui ont été révélées, quelques années 
plus  tard,  par  une  série  d'incarcérations  d'élus  et  d'employés  de 
l'administration locale. 
b. La voie de l'accession à la propriété foncière privée par la filière 
coopérative : le rôle des corporations professionnelles locales  
Rumeur  chez  les  uns  et  réalisme  chez  les  autres  ont  joué  lors  
de la confection de listes composées d'une vingtaine de personnes 
par  coopérative  immobilière.  Regroupement  professionnel  
et  corporatisme  ont,  au  départ,  permis  de  dresser  ces  fameuses 
listes  au  sein  même  des  institutions  publiques  administratives 
(assurances,  finances,  gendarmerie,  douanes,  hydraulique, 
enseignement,  agriculture,  université,  entreprises  du  bâtiment, 
employés communaux, santé…), voire d'associations professionnelles 
privées (commerçants, industriels, professions libérales entrepreneurs…).
 
Peu  après,  la  dénomination  initiale  des  coopératives  immobilières 
faite  selon  la  base  professionnelle  a  finalement  donné  lieu  à  une 
substitution  nominale  qui  a  puisé  ses  qualificatifs  dans  l'histoire 
récente du pays, les textes idéologiques, les actions marquantes du 
développement économique, la symbolique…  
Mieux  informés  car  proches  de  la  ressource  d'information,  les 
gestionnaires  du  secteur  public  et  ceux  qui  gravitent  autour  du 
pouvoir  ont  su  mettre  à  profit  le  discours  politique  qui  invoquait 
« les nouveaux besoins de la population et les exigences du progrès 
social » pour se « placer » et ajouter sur les listes établies, quelques 
membres  de  la  famille  élargie  et  quelques  connaissances  occupées 
dans un secteur économique privé mal vu, à l'époque par le pouvoir 
central. Pour beaucoup, l'accès du marché foncier par le biais  de la 
coopérative immobilière était une première étape vers l'appropriation 
privée  du  sol  urbain  bien  plus  intéressante  que  les  avantages  qui 
accompagnent  cette  opération.  En  ce  sens,  ce  n'est  pas  tant  la 
construction  individuelle  qui  importait,  mais  l'acte  juridique  qui 
permettait  de  s'approprier  à  moyen  terme  une  partie  de  l'assiette 
foncière,  même  si  à  l'échelon  central,  on  voulait  des maisons 
individuelles construites par des classes moyennes et non pour des 
classes  moyennes  du  secteur  public  et  même  d'un  secteur  privé 
(acteurs  de  la  vie  économique,  culturelle…)  de  plus  en  plus  toléré. 
Toutefois, « le caractère professionnel du collectif des bénéficiaires, 
au  départ remarquable, atteste  d'une  cohérence sociale recherchée 
par  les  classes  moyennes,  voire  aisées,  en  vue  d'obtenir  le  lot  de