Le syndrome inflammatoire de reconstitution immunitaire : plusieurs

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Mise au point
mt 2015 ; 21 (1) : 8-18
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Le syndrome inflammatoire
de reconstitution
immunitaire :
plusieurs visages
pour le même syndrome
Silvia Sovaila1, Claire Rivoisy2, Anne Bourgarit3,4,5
1
Service de médecine interne, hôpital Saint-Louis, 75010 Paris, France
Service de médecine interne, hôpital de Bicêtre, université Paris-Sud, 94270 Paris Le
Kremlin Bicêtre, France
3 Service de médecine interne, diabète et pathologies métaboliques, hôpitaux universitaires
de Strasbourg, université de Strasbourg, 67091 Strasbourg France
4 Inserm UMRS 945, Pitié-Salpêtrière, UPMC, 75651 Paris France
5 Service de médecine interne, CHU Jean Verdier, APHP, université Paris 13, 93140 Bondy,
France
<[email protected]>
2
Le syndrome inflammatoire de reconstitution immune (IRIS) est défini par l’aggravation sous
forme inflammatoire d’une pathologie infectieuse, lors de la reconstitution immunitaire après
une immunodépression « réversible ». Connu au cours des tuberculoses ganglionnaires, ce
syndrome a été clairement caractérisé et identifié plus récemment au cours de l’infection par
le VIH au cours de la puissante reconstitution immune induite par les trithérapies antivirales.
Depuis, les conditions de survenue de ce syndrome ne cessent de s’étendre et peuvent compliquer toutes les immunodépressions réversibles : greffe de moelle, transplantation d’organe,
chimiothérapie, biothérapies anti-inflammatoires, anticorps monoclonaux et grossesse. Par
ailleurs, initialement décrit au décours de pathologies infectieuses, il peut aussi compliquer
d’autres affections : auto-immunes, tumorales, etc. Son diagnostic est souvent un diagnostic
d’élimination. Son caractère très inflammatoire et aigu peut, parfois, engager le pronostic
fonctionnel et vital mais il est le plus souvent transitoire et de bon pronostic. Savoir reconnaitre ce syndrome permet une prise en charge adaptée, anti-inflammatoires, modulation de la
reconstitution immunitaire, et surtout de ne pas remettre en question l’efficacité du traitement
anti-infectieux associé.
Mots clés : reconstitution immune, immunodépression réversible, syndrome de reconstitution
immunitaire
L
8
réversibles : greffe de moelle, transplantation d’organe, chimiothérapie,
biothérapies anti-inflammatoires et
grossesse. Par ailleurs, initialement
décrit principalement sous la forme
d’aggravations de pathologies infectieuses, il peut aussi compliquer
d’autres affections : auto-immunes,
tumorales, etc.
Nous présentons ici ses différentes manifestations à l’occasion de
quatre cas cliniques illustratifs permettant d’apprendre à le reconnaître
sous toutes ses formes.
Observation 1. Un patient de
32 ans, ivoirien, est hospitalisé pour
Pour citer cet article : Sovaila S, Rivoisy C, Bourgarit A. Le syndrome inflammatoire de reconstitution immunitaire : plusieurs visages pour le même syndrome.
mt 2015 ; 21 (1) : 8-18 doi:10.1684/met.2015.0469
doi:10.1684/met.2015.0469
Tirés à part : A. Bourgarit
e syndrome inflammatoire de
reconstitution immune (IRIS) est
défini par l’aggravation sous forme
inflammatoire d’une pathologie,
lors de la reconstitution immunitaire après une immunodépression
« réversible ». Connu au cours des
tuberculoses ganglionnaires, ce syndrome a été clairement caractérisé
et identifié plus récemment au cours
de l’infection par le VIH lors de
la puissante reconstitution immune
induite par les trithérapies antivirales.
Depuis, les conditions de survenue de ce syndrome ne cessent
de s’étendre et peuvent compliquer toutes les immunodépressions
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asthénie, fièvre et toux. Un diagnostic de tuberculose disséminée avec atteinte pleuro-pulmonaire, ganglionnaire et hépatosplénique est retenu et
confirmé bactériologiquement : mise en évidence de
M. tuberculosis multisensible dans les crachats et le
liquide pleural. On lui découvre une infection par le VIH
(charge virale à 150 000 copies/mL), il est sévèrement
immunodéprimé (lymphocytes TCD4+ à 105 /mm3 ). Trois
semaines de quadrithérapie antituberculeuse permettent
une amélioration clinique et radiologique avec un retour à
l’apyrexie, une stérilisation des crachats et une disparition
de l’épanchement pleural. Un traitement antirétroviral
efficace (HAART) par zidovudine, lamivudine et éfavirenz
est alors débuté. Soixante-douze heures après le début
de ce traitement, le patient signale la réapparition de
la fièvre avec syndrome pleural, réaugmentation du
syndrome inflammatoire biologique. La nouvelle enquête
microbiologique, incluant la recherche de BAAR dans
les crachats et le LBA reste négative éliminant une
autre infection ou la résistance au traitement. Il n’y a
pas d’argument pour un effet toxique des traitements.
Parallèlement, une réponse immunovirologique au traitement antirétroviral est confirmée par la diminution de
la charge virale à 400 copies/mm3 et l’augmentation
des lymphocytes T CD4+ à 178/mm2 . Le diagnostic de
syndrome inflammatoire de reconstitution immunitaire
de la tuberculose associé aux antirétroviraux a ainsi été
retenu. L’adjonction d’une corticothérapie générale a
permis l’amélioration rapide des symptômes.
Historique
Les aggravations paradoxales de tuberculoses sous traitement antituberculeux bien conduit sont décrites depuis
l’utilisation de la rifampicine en 1955 [1]. Toutefois, ce
syndrome a été clairement identifié, caractérisé et défini
depuis l’utilisation d’antiprotéases dans le traitement de
l’infection par le VIH en 1996. On le connaît depuis sous
le nom d’Immune Reconstitution Inflammatory Syndrome
(IRIS) [2].
L’IRIS ou SRI (syndrome de reconstitution immunitaire)
est donc la manifestation clinique d’une réponse immunitaire disproportionnée inflammatoire dans un contexte
de reconstitution immune après une immunosuppression
réversible.
Épidémiologie
L’arrivée de la trithérapie antirétrovirale amène à la
publication d’un premier cas d’IRIS chez un patient traité
pour une rétinite à CMV en 1997 [3]. Un an plus tard, en
1998, les mycobactéries et le cryptocoque ont été imputés
comme pathogènes d’IRIS dans trois autres cas cliniques
[4-6]. En 2012, 20 ans plus tard, le mot clé « immune
reconstitution syndrome » réunit 1 151 publications dans
PubMed.
Les données épidémiologiques existent seulement
dans le cadre du contexte de l’infection par le VIH. Dans
une récente méta-analyse, Muller et al. estiment que l’IRIS
complique l’introduction d’une trithérapie antirétrovirale
dans 16 % de cas [7] variant 3 à 63 % selon la localisation, l’agent pathogène et les moyens diagnostiques mis
en œuvre [8-10].
En dehors de l’infection par le VIH, les incidences sont
mal connues et reposent sur des séries rétrospectives [11] :
10 à 30 % dans les tuberculoses simples, 7 % sous antiTNF [12].
Physiopathologie
La physiopathologie de l’IRIS n’a elle aussi été étudiée
que dans le contexte de la restauration immunitaire
sous HAART des patients infectés par le VIH. Il a été
démontré que l’IRIS était associé à la restauration d’une
réponse immune très inflammatoire dirigée contre l’agent
pathogène-infectieux présent [13, 14] (tableau 1). Cette
réponse spécifique implique, selon le type d’agent pathogène, des lymphocytes T CD4 ou CD8 et/ou d’autres
acteurs de la réponse immune (Cf. tableau 2) [15]. Cette
réponse intense est associée à un « syndrome inflammatoire » ou « orage cytokinique » [16-19]. Elle implique
aussi la réponse immune innée : cellules NK, lymphocytes T ␥␦, complément [20], macrophages [21, 22]
probablement par des dysfonctions de la présentation
antigénique, et du contrôle de la réponse spécifique.
Ces dysfonctions semblent être le lit d’une susceptibilité
génétique.
Ces éléments de physiopathologie ne permettent pas
à ce jour d’avoir un test diagnostic positif d’IRIS mais la
réapparition d’une IDR phlycténulaire, d’un granulome
histologique et d’un test Quantiféron positif au cours d’une
tuberculose traitée, et contemporaine d’une reconstitution
quantitative, seront des arguments.
Formes et présentations cliniques
Les premiers critères diagnostiques d’IRIS ont été établis par Martyn French en 2004 (tableau 3) puis confirmés
par un consortium international (ISNIH).
On décrit deux formes d’IRIS sous HAART selon leur
chronologie :
– l’IRIS paradoxal correspond à la ré-détérioration
clinique lors de la restauration immunitaire d’une pathologie déjà connue et traitée, paradoxale car survenant
malgré un traitement efficace de l’infection illustré par le
l’observation no 1 [23, 24] ;
mt, vol. 21, n◦ 1, janvier-février 2015
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Tableau 1. Agents infectieux impliqués dans l’IRIS.
Agent pathogène
Manifestations cliniques
IRIS
Délai d’apparition
IRIS
Mécanismes
impliqués dans l’IRIS
Mycobacterium
tuberculosis, M. BCG,
M. Avium complex,
M. Leprae
Fièvre, adénopathies,
pneumonie, pleurésie,
tuberculomes, méningites
[36, 37]
[3j, 4-12 sem.] [38]
selon type
immunodépression
CD4, macrophages,
NK, LT ␥␦, cytokines
Th1 et inflammatoires,
réaction
granulomateuse
Bartonella henselae
Granulomatose splénique
Chlamydia trachomatis
Syndrome fébrile, urétrites,
arthrites [39]
Tropheryma whipplei
Syndrome fébrile, arthrites,
pleurésie, érythème
noueuse, syndrome
hypothalamique et
perforation digestive [40]
Granulomatose
digestive
Cryptococcus
neoformans
Adénopathies, méningite
aseptique, maladie
disséminée,
pneumopathie, décès [41]
Cellules NK inactives,
macrophages inactifs
par défaut de TNF-␣,
CD4 Th1 helper
Histoplasma
capsulatum
Abcès hépatique,
lymphangite, uvéite et
arthrites [42]
Th1
Pneumocystis Carini
Pneumopathie interstitielle
atypique [43]
Modèle souris
Leishmania Donovani
Uvéites/lésions cutanées
[44]
[2 sem.-8 mois]
Schistosoma mansoni
Hépatosplénomégalie,
douleurs abdominales [45]
[2 sem.-1 mois]
Criptosporidia
Syndrome fébrile, douleurs
abdominales [45]
1 mois (n = 1)
Strongyloides
stercorales
Troubles digestifs,
syndrome fébrile,
hyper-éosinophilie,
cytolyse, sepsis à BGN
associé [45]
[3 sem.-4 mois]
Toxoplasma gondii
Céphalées, convulsion
[45, 46]
3 sem. (n = 4)
Cysticercis
Neurocysticercose [47]
Réaction
granulomateuse
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Bactéries
10
Champignons
Parasites
mt, vol. 21, n◦ 1, janvier-février 2015
6 mois (1 cas)
Anomalies de réponse
Th1 helper, aug
cytokines Th2 et
TNF-alpha
Tableau 1. (Suite)
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Agent pathogène
Virus
Manifestations cliniques
IRIS
Délai d’apparition
IRIS
Mécanismes
impliqués dans l’IRIS
CMV
Rétinites/uvéites [48]
CD8, NK
HVB
Hépatite aiguë, flairs
CD4 cytotoxique
HVC
Hépatite aiguë, flairs
CD4 cytotoxique
HHV8
Aggravation de sarcome
de Kaposi
VZV
Lésions cutanées [49],
méningo-encéphalites [50]
[1 sem.-6 mois]
HSV
Ulcérations,
méningo-encéphalites
4 mois
JC virus
Aggravation de LEMP [51]
Moy. 6 [1-14] sem.
M. contagiosum virus
Aggravation des lésions
cutanées [52]
Tableau 2. IRIS non infectieux.
Mécanisme
Exemple
Tumoral
Sarcome de Kaposi (HHV8) [45, 46]
Granulomateux
Sarcoïdose [47-49]
Inflammatoire
Syndrome de Still [50]
Syndrome de Sweet [51]
Goutte [52]
Auto-immun
LES [53]
Thyroïdite Hashimoto [54, 55]
Thyroïdite de Grave-Basedow [56, 57]
Purpura trombocytopénique [58, 59]
Syndrome Guillain Barre [59, 60]
Leuco-encéphalopathie [61]
Résistance à l’insuline type B [62]
Hépatite auto-immune [63]
Syndrome néphrotique [64]
Autres
Choc cardiogénique [65]
Thrombose cérébrale [66]
– l’IRIS démasquant illustré par le cas de Mme A.
(observation 2).
Observation 2. Mme A., 34 ans, dont l’infection
par le VIH est connue depuis sa grossesse huit années
auparavant, jusque-là non traitée, atteint les critères
d’introduction d’un traitement antirétroviral avec une
charge virale à 1 000 000 copies/mL et un taux de lymphocytes T CD4 à 270/mm3 (< 350/mm3 ). Huit jours après
le début d’une trithérapie efficace (éfavirenz, tenofovir et
emtricitabine), elle est hospitalisée pour toux et dyspnée
IL-6, TNF-alpha
CD8 et CD4 anti-JC
virus
fébrile. Les examens cliniques et paracliniques mettent
en évidence une pneumopathie interstitielle bilatérale (cf.
figure 1). Le lavage broncho-alvéolaire est lymphocytaire,
stérile et ne montre pas, à l’examen direct, de Pneumocystis jiroveci, de mycobactéries, de champignons ni
d’inclusions virales. À ce moment le taux de lymphocytes TCD4+ est à 510/mm3 et la charge virale diminuée à
5 322 copies/mL, témoignant d’une réponse immunovirologique excellente aux antirétroviraux. Devant la détresse
respiratoire, la patiente est prise en charge en réanimation où l’introduction probabiliste de cotrimoxazole et
corticoïdes (1 mg/kg/j), et l’interruption du traitement antirétroviral dans l’hypothèse d’un IRIS démasquant une
pneumopathie à P. jiroveci permettent une amélioration
rapide. Ce diagnostic est secondairement confirmé par la
positivité de la PCR pour P. jirovenci et la mise en évidence
de quelques kystes parasitaires dans le LBA après relecture
attentive des lames de l’examen direct [25].
La révélation lors de la restauration immunitaire d’un
tableau clinique jusqu’alors complètement inapparent
définit « l’IRIS démasquant » [26, 27]. Les manifestations
cliniques sont le plus souvent atypiques car très inflammatoires et exacerbées. Dans le cas de la tuberculose,
on différencie en plus « la tuberculose survenant sous
HAART » de « l’IRIS démasquant » celui-ci définit par
l’apparition de symptômes inflammatoires intenses dans
les trois premiers mois après le début des antirétroviraux
dans le cas de ce dernier [26-28]. L’existence d’un syndrome inflammatoire (CRP) lors de l’introduction des ARV
serait un facteur de risque d’IRIS démasquant [29].
La complexité de ces formes réside dans la caractérisation et le diagnostic de l’infection ou de la pathologie
sous-jacente dont la symptomatologie peut être trompeuse
mt, vol. 21, n◦ 1, janvier-février 2015
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Tableau 3. Critères diagnostiques d’IRIS (French, M.A., P. Price, and S.F. Stone, Immune restoration disease after antiretroviral
therapy. AIDS, 2004. 18(12): p. 1615-27). (D’après [2]).
Critères majeurs
A. Présentation atypique d’infections opportunistes ou néoplasies, chez les patients répondeurs au traitement antirétroviral
- Maladie localisée, ex. lymphatique, splénique, hépatique
- Réaction inflammatoire exagérée, ex. syndrome fébrile sévère, après exclusion d’autres étiologies, lésions douloureuses
- Réponse inflammatoire atypique dans le tissu atteint, ex. granulome, suppuration, nécrose, infiltrat inflammatoire lymphocytaire
périvasculaire
- Aggravation ou augmentation de la taille des lésions après évolution initiale clairement favorable sous traitement spécifique contre
le pathogène, avant de débuter le traitement antirétroviral, après avoir éliminé une toxicité médicamenteuse ou autre diagnostic, ex. :
•
apparition ou augmentation des lésions cérébrales après le traitement pour cryptococcose ou toxoplasmose cérébrale ;
•
progression de la pneumonie ou apparition d’une pneumonie après traitement d’une tuberculose ou pneumocystose pulmonaire ;
•
nouvelle apparition ou aggravation d’une uvéite/rétinite après résolution d’une rétinite CMV ;
•
fièvre et cytopénie après traitement pour une infection disséminée a mycobactéries atypiques ;
•
augmentation des lésions de sarcome de Kaposi et rémissions dans un deuxième temps, complète ou partielle, sans traitement
spécifique ;
B. Diminution de niveaux de RNA HIV de 1 log10 copies/mL
Critères mineurs
A. Augmentation de taux de lymphocyte CD4 après début du traitement antirétroviral
B. Augmentation de la réponse antigène spécifique, ex. :
- réponse aux antigènes mycobactériens
C. Résolution spontanée de la maladie sans traitement spécifique antimicrobien ou de chimiothérapie, après poursuite du traitement
antirétroviral
Figure 1. TDM thoracique. Nodules centro-lobulaires ramifiés et opacités en verre dépoli avec images réticulées lobulaires.
12
mt, vol. 21, n◦ 1, janvier-février 2015
(suite de la p. 11)
comme dans le cas présenté ici. L’absence inhabituelle
d’agent pathogène facilement identifiable ne doit en effet
pas faire éliminer le diagnostic, les symptômes étant dans
ce cas dus plus à la réponse immune qu’à la pathogénie
de l’agent infectieux.
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IRIS infectieux :
agents infectieux concernés
L’IRIS a été initialement décrite comme l’aggravation
paradoxale d’une pathologie infectieuse sous-jacente.
Si les infections mycobactériennes à M. tuberculosis
et autres mycobactéries en sont les plus emblématiques,
toutes les infections ou presque peuvent être concernées.
La symptomatologie et la physiopathologie dépendent du
type d’agent pathogène, comme rappelé dans le tableau 2.
IRIS non infectieux
Observation 3. Un homme de 47 ans, antillais,
sans autre antécédent qu’une séropositivité pour le VIH
jusque-là sans traitement, est mis sous traitement antirétroviral devant l’apparition d’une immunodépression
sévère (lymphocytes T CD4 à 89/mm3 , charge virale
100 000 copies/mL). Deux mois plus tard, il est hospitalisé pour une pleuro-péricardite sans fièvre, associée
à des arthralgies inflammatoires des grosses articulations
et à des paresthésies des extrémités. Biologiquement, il
existe un syndrome inflammatoire modéré, une hypoalbuminémie et une insuffisance rénale modérée avec
sédiment urinaire actif (hématurie et protéinurie). Les
lymphocytes TCD4 sont alors à 159/mm3 et la charge
virale à 64 copies/mL. Devant l’existence de micronodules parenchymateux au TDM thoracique, un diagnostic
d’IRIS infectieux avec néphropathie lie au VIH (HIVAN)
est suspecté. Le patient s’améliore sous antibiotiques.
Un an plus tard, devant la persistance des arthralgies et
myalgies inflammatoires et l’apparition d’un syndrome de
Raynaud, un diagnostic de lupus érythémateux disséminé
est finalement porté sur des critères cliniques, biologiques
et immunologiques : anticorps anti-nucléaires 1/1 600e ,
anti-ADN natif, antiphospholipides et test de Coombs
positifs associée à glomérulonéphrite lupique stade IV
(figure 2). Le diagnostic de lupus disséminé démasqué par
la reconstitution immunitaire sous HAART est donc retenu.
Le syndrome de restauration immunitaire peut aussi
révéler des pathologies non infectieuses jusque-là quiescentes.
Ont été décrits (Cf. tableau 3) des granulomatoses
non infectieuses, des pathologies auto-immunes spécifiques [30-32] et non spécifiques d’organe [33, 34], des
pathologies dysimmunitaires et tumorales le plus souvent
Figure 2. Ponction biopsie rénale. Coloration au trichrome de Masson, grossissement × 200.
viro-induites (HHV8 et sarcome de Kaposi, lymphome non
hodgkinien et infection à EBV. . .).
À noter des manifestations diverses relevant vraisemblablement plus d’exacerbations de syndromes inflammatoires : syndrome de Sweet [35, 36], goutte, Maladie de
Still ; et d’autres moins compréhensibles : choc cardiogénique, syndromes de résistance à l’insuline B [37].
La physiopathologie de ces cas n’est pas ou peu
décrite, la clinique dépend de la pathologie sous-jacente.
Il est à noter que ces manifestations auto-immunes pourraient avoir un délai d’apparition plus tardif dans le cours
de la reconstitution immune, possiblement par la reconstitution thymique des lymphocytes naïfs plus que mémoires
effectrices.
IRIS au cours
d’autres immunodépressions
Si la reconstitution immunitaire secondaire au traitement de l’infection par VIH est une cause indiscutable
d’IRIS, ayant permis la caractérisation de ce syndrome,
celui-ci a été observé dans de nombreuses autres situations
de reconstitution immunitaire.
Observation 4. Madame C., 68 ans, sous antiTNF-alpha pour une maladie de Horton et une colite
inflammatoire corticodépendantes, présente une tuberculose disséminée pulmonaire et hépatosplénique à
M. tuberculosis sensible. Les injections d’adalimumab
sont suspendues au moment de diagnostic et une quadrithérapie antituberculeuse est débutée, associée à une
corticothérapie orale à 20 mg/j pour contrôler les pathologies inflammatoires sous-jacentes. Après cinq jours
de traitement, on note une disparition de la fièvre, de
l’hépatalgie et une diminution du syndrome inflammatoire
mt, vol. 21, n◦ 1, janvier-février 2015
13
Mise au point
A
gamma à la tuberculine, équivalent in vitro de l’IDR, est
fortement positif à ce moment-là (Cf. figure 3C). Le diagnostic de syndrome de reconstitution immunitaire est de
ce fait retenu, confirmé par l’amélioration clinique rapide
de la patiente sans modification de traitement [12].
L’immunodépression secondaire aux biothérapies
anti-inflammatoires ciblées comme est associée à des
réactivations de tuberculoses [38]. La levée de ce déficit immunitaire lors de l’arrêt de ces biothérapies peut à
son tour être responsable de syndromes inflammatoires
aigus avec manifestations cliniques paradoxales en rapport avec la reconstitution de l’immunité anti-infectieuse.
B
ELISpot IFN-gamma
C
3500
3000
2500
SFC/106 PBMC
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biologique. Un mois plus tard, la patiente se plaint de
la réapparition d’un tableau clinique associant fièvre,
arthralgies diffuses, nausées, anorexie, de volumineuses
adénopathies inguinales bilatérales douloureuses ainsi
que d’une sensibilité de l’hypochondre droit. Biologiquement, on note la réapparition d’une cytolyse hépatique
et d’un syndrome inflammatoire, ainsi que d’une caverne
pulmonaire basithoracique n’existant pas auparavant (Cf.
figure 3A et B). Les prélèvements pulmonaires restent
négatifs au direct et en culture. En revanche, alors que
l’IDR à la tuberculine était négative (anergie) sous anti-TNF
au moment du diagnostic de tuberculose, un Elispot-IFN-
2000
1500
1000
500
0
PPD
ESAT 6
CFP10
Figure 3. A et B. TDM thoracique au diagnostic de tuberculose (A) et au moment de l’IRIS (B) ; C) Quantification par ELISpot IFN-␥ de la
réponse antimycobactérienne (PPD = tuberculine) et anti-tuberculeuse (ESAT-6, CFP-10). (D’après [12]).
14
mt, vol. 21, n◦ 1, janvier-février 2015
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Dans la littérature 13 cas sporadiques sont décrits à ce jour.
Rivoisy et al. ont déterminé une prévalence de 7 % des IRIS
au cours des tuberculoses sous anti-TNF et une association avec un antécédent de tuberculose ou de contage, la
dissémination de la tuberculose et l’existence d’un traitement par corticoïdes au moment de l’arrêt des biothérapies
[12].
De nombreuses autres immunodépressions réversibles ont été depuis associées à des syndromes
de reconstitution qu’il s’agisse d’une immunodépression physiologique comme la grossesse sous la forme
d’aggravations de tuberculoses en post-partum immédiat [39, 40] ; d’autres immunodépressions iatrogènes :
post-corticothérapie [41], chimiothérapie, en particulier
lors de la sortie d’aplasie [42, 43], post-transplantation
d’organe lors de la diminution du traitement immunosuppresseurs et le SRI est alors d’ailleurs fréquemment associé
à l’apparition d’un rejet de greffe [44, 45].
L’aggravation paradoxale peut aussi être décrite après
l’introduction d’un traitement anti-infectieux spécifique
permettant la levée de l’immunodépression induite par
l’infection elle-même : infection à Trophyrema whipplei [46], candidoses systémiques disséminées [47, 48]
et l’infection à M. tuberculosis en elle-même. En
effet, dès la découverte et l’introduction de traitements
antituberculeux efficaces en 1955, des cas de recrudescence des symptômes tuberculeux ont été décrits :
écrouelles, fistulisation à la peau d’adénopathies tuberculeuses, aggravation d’épanchements, de lésions cérébrales
[49]. . . Comme de nombreux agents pathogènes, la
mycobactérie M. tuberculosis a en effet développé des
mécanismes d’échappement au système immunitaire de
l’hôte aboutissant à un état immunodéprimé : comme
en témoigne l’anergie tuberculinique au cours des tuberculoses miliaires. Lors du contrôle de l’infection par les
antibiotiques, cette immunodépression disparaît donc et
est ainsi responsable d’une reconstitution immunitaire
[11, 50].
Facteurs de risque
Les facteurs de risques associés à l’IRIS ont été étudiés
essentiellement au cours de l’infection par le VIH. Selon la
méta-analyse de 2010 de Muller et al. [7], sont associés à
la survenue d’un IRIS : le taux de lymphocytes TCD4, et en
particulier un taux inférieur à 50/mm3 [51-53] et la charge
virale VIH [28, 54-57]. Un autre facteur de risque retrouvé
dans cette méta-analyse est le revenu par habitant : les pays
avec revenu bas ont un taux d’IRIS plus bas possiblement
par un biais de non-diagnostic. Une étude londonienne
sur 200 patients, par Easterbrook et al. [58], retrouve la
vitesse de diminution de la charge virale [59]. Enfin, la
précocité d’introduction du traitement antirétroviral a été
corrélée à une augmentation du taux d’IRIS [60].
Diagnostic et traitement
Il n’existe à ce jour ni test diagnostic positif, ni critères
prédictifs absolus. Le diagnostic d’IRIS repose donc sur des
critères cliniques chronologiques et surtout l’élimination
d’autres diagnostics (Cf. tableau 3). Le plus souvent le diagnostic est donc un diagnostic d’élimination et dépendra
des moyens disponibles pour éliminer une autre pathologie.
Toutefois, l’apparition de symptômes atypiques parce
que très inflammatoires dans les suites de l’arrêt d’une
immunodépression dont le délai est variable selon le type
d’immunodépression (Cf. infra et tableau 2), doit faire
évoquer un syndrome de reconstitution immunitaire. Ce
diagnostic pourra être appuyé par l’existence de marqueurs indirects d’une reconstitution : augmentation des
lymphocytes TCD4, sortie d’aplasie, réapparition d’une
IDR ou Quantiféron, réaction de rejet de greffe. . .
Les diagnostics différentiels sont essentiellement les
résistances aux traitements [61], les toxicités médicamenteuses et les autres infections opportunistes chez des
patients souvent très fortement immunodéprimés.
Le délai d’apparition de l’IRIS peut varier entre deux
semaines et quatre à cinq mois en fonction du type
d’immunodépression initiale [41] : deux semaines dans
le cas de la reconstitution sous HAART, quatre à six
semaines pour les tuberculoses disséminées, trois jours
en post-partum, quelques jours à plusieurs mois dans les
cryptococcoses méningées, en moyenne 20 jours en postgreffe moelle [41] (Cf. tableau 2), 45 jours après l’arrêt des
anti-TNF [12] .
La prise en charge thérapeutique des IRIS n’est pas
codifiée. Les seules études contrôlées ont été faites dans
le contexte de l’infection par le VIH. Ces études ont permis de montrer qu’une corticothérapie courte de quatre
semaines au cours des IRIS à M. tuberculosis non résistant
permettait une diminution des hospitalisations et amélioration précoce de l’état général précoce, sans effet sur
la mortalité [62]. À l’inverse, la corticothérapie préventive lors de l’introduction des ARV au cours d’infections
opportunistes non tuberculeuses, ne semble pas apporter
de bénéfice, elle ne ferait que retarder l’apparition de l’IRIS
[63] sauf dans les localisations cérébrales [64, 65].
D’autres anti-inflammatoires ont été utilisés : AINS,
thalidomide [46], voire reprise de l’anti-TNF [66].
En dehors du VIH, la reprise de l’immunodépresseur
pour contrôler l’effet paradoxal de la restauration immunitaire se discute en particulier lors de rejets de greffe
d’organe, de pathologies inflammatoires chroniques sousjacentes. . . Cela doit bien sûr être évalué dans le contexte
de la balance bénéfice/risque pour le contrôle de la pathologie infectieuse sous-jacente.
Enfin, toujours dans le contexte de l’infection par le
VIH, l’intérêt de décaler l’introduction du traitement antirétroviral dans l’objectif d’éviter l’apparition d’un IRIS a été
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complètement contrebalancé par le sur-risque de mortalité
et de développer une autre infection opportuniste chez ces
patients très sévèrement immunodéprimés [60, 67, 68].
Les recommandations WHO actuelles sont donc de ne
pas retarder le début de traitement antirétroviral en cas
de coïnfection VIH/BK. Les dernières recommandations
françaises (2010) suggèrent de débuter le traitement antirétroviral chez un patient traité pour une tuberculose
ou cryptococcose un mois après le début du traitement
spécifique, et d’attendre deux mois dans les formes neuroméningées).
Par ailleurs, sauf si les symptômes mettent en jeu le pronostic vital, au cours de l’IRIS le traitement antirétroviral
doit être poursuivi.
nismes. Ce syndrome parfois impressionnant et inquiétant
doit être reconnu par le clinicien car doit être différencié d’un échec de traitement. Au contraire, il s’agit
bien de la preuve de l’efficacité du traitement et des
mécanismes de défense de l’hôte. Souvent bénin et
spontanément résolutif, il peut toutefois nécessiter un traitement anti-inflammatoire, essentiellement corticoïdes de
façon transitoire et/ou une modulation de la reconstitution
immunitaire.
Évolution et pronostic
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Le pronostic des IRIS est dépendant de la localisation
de l’infection. Le pronostic vital n’est en jeu que dans
1 à 2 % [7], lors de localisations cérébrales ou compression des voies aériennes supérieures. Cette proportion est
très nettement augmentée dans les méningo-encéphalites
cryptococciques où elle peut atteindre 50 % et dans les
LEMP à JC virus où elle est proche de 100 %.
En dehors de ces cas, l’évolution est le plus souvent
favorable spontanément ou après un traitement antiinflammatoire de courte durée (Cf. ci-dessus). Peu d’études
ont caractérisé la durée d’évolution spontanée ou sous traitement, vraisemblablement dépendante de la cinétique de
reconstitution et surtout de la clairance de la cible antigénique : de quelques jours à quelques semaines dans la
tuberculose [69], elle peut atteindre plusieurs années dans
les infections fongiques systémiques.
Paradoxalement, l’IRIS étant le reflet d’une réponse
immune efficace, certains ont montré que les patients
ayant développé un IRIS avaient une courbe de survie
proche de la population normale [70].
Enfin, dans le contexte de l’infection par le VIH, la
forte mortalité des patients dans les premières semaines
suivant l’introduction du traitement antirétroviral, semble
plus imputable à l’immunodépression profonde de ces
patients qu’à sa reconstitution sous forme d’IRIS.
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Conclusion
L’aggravation paradoxale d’une pathologie sous un
traitement bien conduit lors de l’arrêt d’une immunodépression réversible définit le syndrome de reconstitution
immunitaire. De description initialement limitée à
l’infection par le VIH, son champ d’application s’étend
à l’ensemble des situations de reconstitution immune,
au fur et à mesure de la compréhension de ses méca-
16
Liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt
en rapport avec cet article.
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