OBSERVATOIRE REGIONAL DES VILLES ET PORTS DE L’OCEAN INDIEN CONVENTION DE COOPERATION DECENTRALISEE DES VILLES ET PORTS DE L’OCEAN INDIEN (CHARTE POUR LE DEVELOPPEMENT D’UN ESPACE CULTUREL ECONOMIQUE ET SOCIAL DANS LA ZONE OCEAN INDIEN - ZONE DE PAIX) 2006 – 2015 AIVP (Association Internationale Villes et Ports) – LE PORT – E THEKWINI (DURBAN) –TOAMASINA – PORT-LOUIS PREAMBULE 1. PRISE DE CONSCIENCE ET PREMIERE CONFRONTATION DES IDEES Sans doute plus que tout autre bassin océanique, l’Océan Indien se caractérise par une très grande variabilité dans les niveaux de développement économique des multiples pays qui le bordent. Celle-ci s’accompagne d’une extraordinaire diversité humaine et culturelle. Cette absence d’homogénéité culturelle et économique, régissant ailleurs dans les bassins atlantique ou pacifique de grandes régions continentales, a rendu plus difficile l’émergence d’une identité régionale, base structurante d’un développement économique intra-océanique Le développement accéléré de la mondialisation de l’économie pourrait à terme faire de ce handicap apparent un atout dans l’élaboration des nouveaux circuits d’échanges matériels et immatériels. L’exceptionnelle diversité des rivages de l’Océan Indien pourrait devenir le ferment d’un dynamisme économique régional compétitif, participant pleinement aux échanges mondiaux. Les 18e et 19e siècles ont été ceux de l’Océan Atlantique, le 20e celui du Pacifique, le 21e pourra consacrer le rôle de l’Océan Indien dans la réorganisation des flux mondiaux qui se mettent en place aujourd’hui. Postes avancés de la mondialisation, les villes portuaires sont des acteurs essentiels de ces mutations économiques et culturelles planétaires. Les échanges maritimes initiés entre les places ou régions portuaires pourraient favoriser l’émergence de nouveaux réseaux permettant le développement d’activités économiques nouvelles et complémentaires. L’Océan Indien peut ainsi devenir un espace pour la circulation des biens et services, connecté au reste du monde par des interfaces privilégiées, villes ou territoires maritimes et portuaires, bénéficiant de la qualité d’appartenance à la fois au système « Océan Indien » et à d’autres systèmes politiques et/ou économiques mondiaux. L’importance de ces points nodaux dans la structuration des échanges régissant des espaces océaniques, et au-delà dans la mise en place d’une économie globalisée n’est plus à démontrer. Par contre, il conviendra d’identifier les axes de coopération possible des villes portuaires de cet espace océanique privilégié et d’en évaluer les forces et les faiblesses. Ces débats s’inscriront dans la recherche d’un développement durable à mettre en place au regard de l’évolution de l’économie mondiale et des attentes essentielles en matière de développement local. C’est sur cette introduction de l’Association Internationale Villes et Ports que se sont ouvertes les rencontres de l’AIVP des 19, 20 et 21 novembre 2003 au Port – Ile de la Réunion, dont le thème était l’Océan Indien, ses villes et ses ports à l’heure de la globalisation, regroupant plus de 25 pays dont 5 de la zone Océan Indien et 20 de l’hémisphère Sud. 2. LA VILLE PORTUAIRE CATALYSEUR DES EQUILIBRES REGIONAUX A l’issue de cette rencontre et à la lumière des interventions des orateurs, il est apparu que « malgré une résolution de l’ONU de 1971 faisant de l’Océan Indien « une zone de paix » le chemin était encore long pour faire de l’espace indo océanique cet espace de paix, structuré et identitaire pour un développement économique, social et culturel, régional et planétaire. La variété des cultures et des économies des pays de la zone renferme en elle-même un énorme potentiel de croissance malgré les conditions historiques qui en font aujourd’hui une des zones du monde les plus pauvres et les moins développées sur le plan économique. Pour faire face à cette problématique, depuis une trentaine d’années les structures de coopération se développent tant à l’échelle des Etats qu’à celles des villes. Cependant, les villes portuaires et les ports, postes avancés du commerce international, doivent faire l’objet d’une réflexion privilégiée permettant de dégager des potentialités non seulement sur leur territoire, mais également dans une logique de développement de l’ensemble du bassin océanique. Les villes portuaires tout comme les ports et leurs partenaires institutionnels et économiques, peuvent être les éléments moteurs d’un co-développement à l’échelle locale et dans le cadre de la coopération à l’échelle internationale, parce qu’elles sont depuis leur origine ouvertes sur le monde qu’elles ont été des portes d’entrée des idées, des échanges et de la mixité sociale et culturelle ainsi que du commerce. La ville portuaire est une ville interface entre le local et le global. En effet, « l’environnement portuaire est en perpétuelle mutation, les ports doivent désormais se développer dans un contexte de réseaux et de décisions prises par une multitude de partenaires. Les ports doivent apprendre à travailler avec une multitude d’acteurs ». Ce qui est vrai à l’échelle portuaire l’est également au niveau du territoire des villes pour lesquelles une approche particulière de l’aménagement, en lien avec les autorités portuaires, doit permettre de s’adapter aux mutations des activités. S’organise alors la rupture morphologique issue de l’histoire de la « Ville Outil » pour passer d’une logique de transit à une logique de porosité dans de nouvelles démarches culturelles et identitaires en lien à l’interdépendance de la ville et de son port, tout particulièrement pour les ports anciens. Les villes portuaires sont des territoires de médiation où l’urbain doit s’adapter aux mutations économiques et sociales, où les ports doivent négocier avec l’urbain. Faire de l’espace indianocéanique en pleine mutation, qui se structure à travers de nouveaux marchés entre les pays de la zone mais aussi avec d’autres régions du monde, une zone identitaire attractive qui préserve la diversité des réalités culturelles qui la composent dans une cohérence globale et un co-développement durable, est le défi que les villes portuaires se doivent de relever. La réflexion et la mise en œuvre concrète qui en découlera devront, sans alternative possible, prendre en compte le développement durable, c’est-à-dire l’équilibre entre les dynamiques sociales, le développement économique et les aspects environnementaux pour une prise en charge optimale de la redynamisation du territoire par l’ensemble des échelles de gouvernance. 3. PROPOSITIONS Un observatoire régional : Ces enjeux largement partagés par les participants des rencontres de l’AIVP ont mis en évidence la nécessité de créer une structure permanente qui permette d’organiser les moyens d’une politique de coopération entre les villes et ports de l’Océan Indien. Pour que l’hémisphère Sud et notamment le grand Océan Indien puissent développer toutes les stratégies permettant aux peuples de la zone d’accéder dans tous les domaines à un meilleur niveau de vie, il est proposé de créer un observatoire régional associant les villes portuaires et les ports de la zone Océan Indien pouvant être la première pierre de l’édifice stratégique à construire ensemble. Une charte fondatrice : A l’initiative des maires du Port - Ile de La Réunion (France), de Durban (République d’Afrique du Sud), de Tamatave (République de Madagascar), de PortLouis (République de Maurice) et sous l’égide de l’AIVP, il est proposé aux villes portuaires indianocéaniques d’adhérer à la Charte fondatrice pour un Observatoire régional des villes et ports de l'Océan Indien. CHARTE FONDATRICE POUR UN OBSERVATOIRE REGIONAL DES VILLES ET PORTS DE L'OCEAN INDIEN CONTEXTE 1. La globalisation de l’économie génère une augmentation considérable du volume des échanges entre les continents et pour ce qui concerne, l'espace maritime de l'Océan Indien, entre les pays, les régions et les villes. 2. Le transport maritime contribue dans une très large mesure à la mise en oeuvre de ces échanges. 3. Les villes portuaires sont fortement sollicitées pour répondre avec un maximum d’efficacité aux besoins croissants de sécurité, de fluidité et de fiabilité nécessaires à ces échanges internationaux. Elles bénéficient des dynamiques générées par ces échanges mais elles doivent aussi en assumer les coûts économique, social et environnemental. 4. L'Association Internationale Villes et Ports (AIVP), dans le cadre de sa mission de développement des échanges et des contacts entre les villes portuaires, sollicite les acteurs des villes et ports de l'Océan Indien pour rejoindre son réseau international et participer à ses travaux et échanges. OBJET 5. Les villes portuaires des pays riverains de l'Océan Indien travaillent à la recherche d’un meilleur équilibre tant à l’échelle de l’aménagement de leur territoire, en respectant les dynamiques de croissance, qu’à celle d’un co-développement économique et social. L’objectif est de participer ainsi du développement durable des différents pays de la zone, seuls capables d’assurer sur le long terme le respect des équilibres fondamentaux nécessaires au développement. 6. Les villes portuaires des pays riverains de l'Océan Indien s’engagent à rechercher toutes formes de collaboration et de coopération leur permettant d’atteindre de tels objectifs en favorisant les échanges entre les villes, les ports et leurs partenaires institutionnels et économiques et en promouvant le développement des cités portuaires et des ports (cf. annexe I). 7. A cet effet, les villes portuaires des pays riverains de l'Océan Indien fondent un Observatoire des villes et ports de l’Océan Indien selon les principes et les orientations scientifiques définis en annexe II. MODALITES STATUTAIRES 8. Sont Partenaires Associés de l'Observatoire des villes et ports de l’Océan Indien les personnes morales (villes, ports, institutions, acteurs économiques…) tout à la fois adhérentes de l’AIVP et signataires de cette charte. 9. Les villes portuaires de E Thekwini (Durban), Tamatave et Le Port, signataires de la présente charte et toute autre ville portuaire qui à dater de ce jour signe dans un délai de six mois la présente sont réputées membres fondateurs de l’Observatoire. Ces villes fondatrices de l'observatoire s’engagent à collaborer aux travaux du Conseil d’Administration de l’AIVP. 10. L’AIVP s’engage à apporter son expertise pour accompagner la mise en place de cet observatoire. 11. L’observatoire nourrit la réflexion des Partenaires Associés qui se réuniront régulièrement lors de séminaires dont les thèmes seront en lien avec les problématiques régionales. Tous les acteurs socio-économiques des villes portuaires sont invités à y participer. 12. Au delà des aspects concernant la réflexion et les échanges d’expériences, les travaux de l'observatoire devront contribuer à la définition et la mise en oeuvre de référentiels de formation. MODALITES DE FONCTIONNEMENT 13. La structure de gestion de l'observatoire s'appuie sur des pilotes de projet clairement identifiés au sein de chacun des Partenaires Associés. L'une des missions essentielles des pilotes de projet consiste en la collecte de l'information au niveau local. 14. Les pilotes du projet se réunissent 3 fois par an sous la forme d’un comité technique auquel participe régulièrement un représentant de la Direction Générale de l’AIVP. L'un des comités techniques se tient au moment de l'Assemblée Générale annuelle de l'AIVP. 15. Selon les ambitions et en fonction des réalités des Partenaires Associés, des financements nécessaires au fonctionnement de l'observatoire sont sollicités dans un premier temps auprès des partenaires habituels avant de trouver d’autres modes de financement auprès des organismes internationaux, en relation avec la montée en charge du projet. DUREE ET REVISION 16. La durée de la charte est de 9 ans à compter de la signature de cette convention. 17. Mettre en œuvre un observatoire nécessite de définir précisément et conjointement un état des lieux tout en fixant des objectifs à court, moyen et long terme. C'est pourquoi, tous les 3 ans il est possible de réviser la convention et/ou de redéfinir les objectifs, notamment quant au fonctionnement et à la nature juridique de l'observatoire. EVALUATION 18. L'évaluation est basée sur la capacité : à définir et à organiser la collecte des données. organiser un séminaire annuellement et à mettre en œuvre des formations adaptées au développement de la Zone Océan Indien. 19. L'évaluation tient compte de la mobilisation et de l’intérêt des villes portuaires pour ce projet (nombre de villes, de partenaires …). 20. Le fonctionnement du comité technique est également évalué quant à sa production. 21. Dès la mise en place de la structure de gestion, les critères d’évaluation sont définis et soumis à la décision des quatre villes portuaires fondatrices et de l’AIVP. Ont signé ce jour : LE MAIRE DE LE PORT M. Jean-Yves LANGENIER LE MAIRE DE E THEKWINI (DURBAN) M. Obed MLABA LE PRESIDENT DE L’AIVP LE MAIRE DE TOAMASINA M. Ińaki AZKUNA M. Roland RATSIRAKA