allemande montre que des enseignements peuvent très bien être tirés. Les
pères du Traité de l’Elysée, Konrad Adenauer et Charles de Gaulle, étaient tous
deux adultes lorsque se sont déroulées la Première et la Seconde Guerre
mondiale. Tous deux étaient convaincus que seule une unification de l’Europe
pouvait empêcher la répétition de telles catastrophes. Et que le cœur de cette
unification devait être la réconciliation et la coopération franco-allemandes.
Adenauer et de Gaulle étaient conscients du fait que la paix en Europe ne
pouvait durer que si l’Allemagne et la France donnaient l’exemple et étaient
prêts à surmonter conflits, haine et préjugés du passé.
La réconciliation entre l’Allemagne et la France a été exemplaire, et pas
uniquement parce que la rivalité entre ces deux Etats centraux d’Europe a été
une constante de la politique européenne au cours de nombreux siècles. Elle a
été exemplaire aussi parce qu’elle ne s’est pas limitée à des échanges entre
Etats ou au niveau diplomatique, mais a au contraire inclus les populations,
notamment les jeunes. L’Office Franco-allemand pour la Jeunesse, qui est aussi
ancien que le Traité de l’Elysée, a depuis sa création permis à huit millions de
jeunes Allemands et Français de participer à environ 300 000 programmes
d’échanges. Plus de 2 200 jumelages, des grandes villes jusqu’aux plus petites
communes, ont été réalisés et sont un merveilleux témoignage de la vitalité de
l’amitié franco-allemande. Les amitiés qui se sont ainsi constituées sont le
meilleur fondement de la coopération franco-allemande.
Si nous regardons aujourd’hui en arrière sur le dernier demi-siècle européen,
nous voyons l’histoire d’une réussite que personne n’aurait cru possible il y a
cinq ou six décennies. L’une des pierres angulaires de ce succès politique et
économique a été le Traité de l’Elysée de 1963. Sans l’amitié et la collaboration
franco-allemandes, il n’y aurait pas d’Union Européenne, pas d’euro et pas
d’espace Schengen. Et en ce qui concerne la Slovaquie, sans les fondements
jetés par la réconciliation franco-allemande, la chute du rideau de fer et
l’accession à l’Union européenne d’anciens Etats membres du Pacte de
Varsovie n’auraient pas été possibles.
Une grande partie de ce dont nous sommes aujourd’hui fiers en tant
qu’Européens est le fruit d’âpres batailles et a dû résister à de nombreux
obstacles. Pour cela, nous avions besoin d’hommes avec des visions politiques.
Adenauer et de Gaulle étaient de ces hommes-là, et le Traité de l’Elysée de
1963, auquel nous rendons hommage aujourd’hui, a été un événement crucial
dans l’histoire européenne. La voie politique de la Slovaquie aurait elle aussi
été bien différente si ces deux grands hommes d’Etat et si ce Traité n’avaient
pas existé.