région n’a pas toujours été repérée par les études de cri-
blage du génome. Elle contient le gène de la proline déshy-
drogénase (ProDH) et de la catéchol-O-méthyl transférase
(COMT), respectivement associé à un retard mental et à des
performances cognitives altérées.
Il serait faux néanmoins de tomber dans un pessimisme
global. Si les techniques classiques, prises isolément, n’ont
pas permis de démontrer des résultats concluants, dans la
plupart des cas, la combinaison de différentes approches
permet aujourd’hui de voir émerger des gènes candidats
sérieux, en particulier dans la schizophrénie : gènes de la
neuréguline (NR1), de la dysbindine, DISC1 (initialement
identifié dans une famille porteuse d’une anomalie chro-
mosomique associée à la schizophrénie), G72 [2]. Ces
premières « convergences » ont permis d’aller plus loin
dans l’exploration des modifications neurobiologiques
associées et permettent d’espérer identifier des « processus
physiopathologiques » candidats à l’origine des troubles
psychiatriques. Concernant la schizophrénie et l’autisme,
les données convergent vers un dysfonctionnement de la
synapse [8]. Une source d’interrogation réside dans la
convergence croissante entre les études réalisées dans le
trouble bipolaire et dans la schizophrénie, y compris pour
ces gènes candidats « phares » [9]. Si la qualité de la déter-
mination phénotypique peut toujours être discutée, l’accu-
mulation de telles études positives et, surtout, la conver-
gence également retrouvée entre trouble bipolaire et
schizophrénie dans les études post mortem rendent peu
probables une simple confusion diagnostique [8]. Reste à
comprendre la nature d’un « terrain commun » et l’origine
des différences d’expression phénotypique et évolutives.
De quoi hérite-t-on ?
Modèle de vulnérabilité
Le modèle de vulnérabilité postule que les facteurs
génétiques seraient responsables d’une transmission d’un
terrain de « vulnérabilité », présentant un risque accru de
déclencher la maladie. La transmission de ce risque se
traduit par la présence d’anomalies appelées marqueurs de
vulnérabilité. Ce terrain vulnérable évolue, ou non, vers la
pathologie en fonction de certains facteurs (génétiques
et/ou environnementaux). Ces marqueurs ont été étudiés en
population générale (identifiant des facteurs de risque pour
déclencher ultérieurement une schizophrénie ou un trouble
bipolaire), chez des apparentés au premier degré et des
sujets à haut risque génétique (enfants de patients). Parmi
les marqueurs de vulnérabilité, par exemple, il a été démon-
tré que la schizophrénie s’accompagnait de troubles neuro-
logiques, cognitifs ou électrophysiologiques (notamment
motricité fine, langage, capacités attentionnelles, diminu-
tion de la modulation du réflexe de sursaut, etc.) et que la
plupart de ces anomalies étaient présentes chez une partie
des apparentés des patients, même chez ceux apparemment
indemnes de pathologie psychotique [3-6]. Ce modèle,
principalement développé pour la schizophrénie, s’adapte
tout à fait à la plupart des troubles psychiatriques (troubles
anxieux, addictions, etc.).
Le modèle de vulnérabilité ne préjuge pas de l’origine
environnementale ou génétique (ou d’une interaction des
deux) des anomalies. En parallèle à ce modèle et à la
recherche de nouveaux outils pour « disséquer » les phéno-
types complexes que représentent les maladies psychiatri-
ques, la notion d’« endophénotype » s’est développée [4].
Cette fois, le postulat stipule clairement que les anomalies
endophénotypiques (non apparentes cliniquement) ou les
phénotypes intermédiaires sont l’expression simplifiée des
variants génétiques simples (c’est-à-dire idéalement liées à
un polymorphisme dans un seul gène). Les maladies psy-
chiatriques représenteraient un assemblage de ces diffé-
rents phénotypes simplifiés. Cette vision est évidemment
schématique et, en réalité, les marqueurs endophénotypi-
ques, qui recouvrent de facto les « marqueurs de vulnéra-
bilité », sont souvent déjà des phénotypes complexes sujets
à des influences de l’environnement. En outre, les diffé-
rents phénotypes sont susceptibles d’interagir entre eux : si
un individu a une forte impulsivité et dans le même temps
est dépressif, il aura plus de risque suicidaire que la simple
addition des deux risques.
La démarche faisant appel aux endophénotypes, même
si elle apparaît dans certains cas simpliste, a permis
d’apporter des résultats faisant sens. Parmi les études « pré-
curseur », l’utilisation d’endophénotypes électrophysiolo-
giques (défaut de modulation de l’onde P50 lors de poten-
tiels évoqués auditifs) a permis, par exemple, la mise en
évidence d’une liaison avec un gène codant pour une sous-
unité du récepteur nicotinique [5]. Le choix de ce gène
candidat est cohérent avec les données pharmacologiques
montrant que la réponse P50 est modulée par la nicotine.
Selon le même principe, il a été montré qu’un polymor-
phisme fonctionnel du gène de la COMT (qui mène à une
variation dans l’activité de l’enzyme de dégradation des
monomamines) était associé aux performances en mémoire
de travail des patients schizophrènes et de leur apparentés
ainsi qu’à l’activité en imagerie fonctionnelle [4, 5]. Si
cette étude permet clairement de corréler les performances
au variant génétique, elle le fait à la fois chez les patients,
les apparentés et les sujets sains et ne permet pas de rendre
compte de la différence du niveau de performance entre
patients et témoins. En d’autres termes, on étudie la régu-
lation génétique d’une fonction cognitive précise, par
ailleurs altérée dans la maladie, et non les anomalies géné-
tiques à l’origine de la maladie.
Gène ou environnement :
la fin d’un débat
Après plusieurs décennies de discussion entre les
tenants d’un tout génétique et ceux d’un tout environne-
Troubles psychiatriques, génétique ou environnement ?
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 83, N° 2 - FE
´VRIER 2007 119
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