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Mesdames et Messieurs,
Je suis très content de vous retrouver ici pour discuter d’une question qui m’a
interpellé dès que je suis devenu Commissaire à la Recherche.
En 2000, le grand progrès scientifique de l’année était le séquençage du génome
humain, qui a été achevé en juin 2001.
En dépit du travail important de décodage qui reste à accomplir, le séquençage est
sans doute une nouvelle frontière scientifique qui a été franchie.
Pour la première fois de l’histoire, les humains ont entre leurs mains le « livre de la
vie ».
Sur le plan scientifique, on ne peut que s’en réjouir.
Mais comme toujours avec le progrès scientifique, de nouvelles questions émergent
sur la façon dont cette nouvelle connaissance sera utilisée.
Les promesses
La technique basée sur la connaissance du génome humain tient beaucoup de
promesses sur le plan de la prévention de maladies, par voie de diagnostics
performants, et sur le plan du traitement de maladies par la pharmacogénétique, par
exemple.
La technique génétique peut aider à prévenir le déclenchement d’une maladie au
travers d’actions prises par l’individu lui-même ou par une thérapie anticipative. Par
exemple, dans le cas de maladies monogéniques, une thérapie génétique pourra
corriger le gène défectueux.
La technique génétique peut assurer une détection et un traitement précoces. Je
citerai, à titre d’exemple, les gènes BRCA1 et BRCA2 qui révèlent une tendance
plus forte à développer un cancer du sein chez la femme.
La technique génétique peut aider à faire des choix reproductifs, ce qui peut être
surtout utile dans le cas de maladies héréditaires.
Des exemples concrets de telles applications sont déjà évidents aujourd’hui. Et
c’est un domaine de recherche qui est encouragé, entre autres, par les programmes
européens de recherche.
Les défis et les incertitudes
Mais la technique génétique soulève aussi des questions quant à l’impact qu’elle
aura pour chacun entre nous et pour notre société.
L’application de la connaissance du génome humain mènera à une personnalisation
de la médecine.
Non seulement le profile de risque de santé de chaque individu deviendra plus
apparent, mais le traitement pourra être plus efficace puisque sur mesure des
gènes d’un individu.
Cela implique probablement aussi des soins de santé plus coûteux pour l’individu
en tant que tel – même s’il peut y avoir des économies pour la société au sens
large.
La personnalisation de la médecine et son coût soulèvent la question de l’effet sur
les mécanismes de solidarité entre individus et dans le cadre de la société.