97 E8 HYSTERESIS ET LOI D'INDUCTION I. INTRODUCTION Cette expérience propose d'une part d'étudier les comportements d'éléments ferromagnétiques soumis à des champs magnétiques, par l'analyse de leurs courbes d'hystérésis. D'autre part, elle propose d'appliquer la loi d'induction dans le cas d'un tore. II. THEORIES L'aimantation M , dans la matière est due à l'existence de moments magnétiques atomiques qui s'alignent dans une direction privilégiée sous l'action d'un champ magnétique. Ces moments magnétiques sont formellement assimilables à des courants circulaires électroniques internes. Si n est le nombre de moments magnétiques par unité de volume et m le moment magnétique moyen, l'aimantation s'exprime par M = n m . On dit d'une substance qu'elle est paramagnétique, lorsque ses atomes ont un moment magnétique permanent qui s'oriente partiellement en présence d'un champ H externe donnant lieu ainsi à une aimantation d'orientation. Une propriété générale de la matière est le diamagnétisme où, dans ce cas, le champ externe induit un moment magnétique dû à la perturbation de la trajectoire électronique dans les atomes. Il en résulte aussi une aimantation mais de sens opposé au champ H . De manière générale, on peut exprimer le champ d'induction B à l'intérieur de la matière par : (1) B = µ 0 ( H + M ) = µ 0 (1 + χ) H = µ 0 µ r H = µH où µo = 4π⋅10-7 [Vs/Am] est la perméabilité du vide χ est la susceptibilité magnétique définie par M = χH µr = 1 + χ est la perméabilité relative de la substance par rapport au vide µ = µoµr est la perméabilité de la substance (absolue) Unités MKSA CGS conversion MKSA → CGS [H] A/m Oersted 1 [A/m] = 4π⋅10-3 [Oe] [B] Vs/m2 = Tesla Gauss 1 [T] = 104 [G] [M] A/m M n'a pas généralement tout à fait la même direction que H sauf dans le cas particulier des corps isotropes. Le tableau suivant donne quelques valeurs de la susceptibilité magnétique et de µr pour différent éléments : 98 Diamagnétique Paramagnétique χ µr Bi -17 10-5 0.99983 Cu -1 10-5 0.99999 Al 2 10-5 1.00002 Pt 26 10-5 1.00026 Des phénomènes coopératifs d'orientation des moments, propres à certaines substances, les rendent particulièrement magnétiques. C'est le cas, en particulier, des substances ferromagnétiques qui se caractérisent par les propriétés suivantes : - La susceptibilité magnétique χ = M / H est de l'ordre de 103 alors que dans les substances paramagnétiques χ ~ 10-5. Les matériaux ferromagnétiques s'aimantent donc très facilement. - La relation entre M et H n'est plus linéaire. - La relation entre M et H n'est plus univoque, l'échantillon présente des effets d'hystérésis (Cf. figure 1). - L'aimantation M dépend, non seulement de H , mais encore des traitements antérieurs qu'a subi l'échantillon ("histoire") et elle persiste plus ou moins après la suppression du champ H (aimant permanent). M Ms Mr -Hs Hs Hc -M s Figure 1 On définit les grandeurs suivantes : H 99 Ms: aimantation de saturation pour H > Hs; Ms(H) = const. Mr : aimantation rémanente (ou résiduelle) lorsque le champ H est ramené à 0. Hc : champ coercitif = intensité du champ magnétique H inversé, nécessaire pour annuler l'aimantation. Hs : champ de saturation correspondant à Ms. Il est évident que seules les substances composées au moins en partie d'atomes paramagnétiques peuvent être ferromagnétiques. En outre, la caractéristique des échantillons ferromagnétiques est l'existence de domaines (dits de Weiss) constitués par un ensemble de moments magnétiques alignés dans la même direction : H H=0 Figure 2 Ce sont des moments résultants (flèches) de ces domaines qui ont tendance à s'aligner dans la direction du champ appliqué, produisant ainsi une aimantation. Cycle d'hystérésis Si après avoir atteint Hs (cf. figure 1) on diminue H, la magnétisation ne suit pas la même courbe qu'à l'aller, car les domaines de Weiss tendent à conserver leur orientation par suite de tensions élastiques internes de l'échantillon. On comprend que pour parcourir un cycle d'hystérésis, il faut fournir un certain travail (renversement et orientation des moments magnétiques) qui se transforme en chaleur et échauffe la matière. Cette énergie est proportionnelle à la surface du cycle SM. (2) E = Vm µ0 ∫ M ⋅ dH = µ 0 VmSM avec Vm = volume de matière SM = ∫ M ⋅ dH = surface du cycle d'hystérésis Si le cycle est parcouru à la fréquence ν, la puissance dissipée s'écrira : (3) P = µo VmSM ν Ce qui signifie que si la fréquence du champ H alternatif dans lequel est plongé le ferromagnétique est trop élevée, ce dernier va chauffer fortement. 100 En pratique on mesure B( H ) plutôt que M ( H ) et, par conséquent, la relation ci-dessus devient : (4) avec car P = VmSB ν SB = ∫ B ⋅ dH = µ0 ∫ H ⋅ dH + µ 0 ∫ M ⋅ dH = µ0SM H ∫ ⋅ dH = 0 ( les intégrales sont évaluées sur le cycle complet) Matériaux ferromagnétiques Les éléments ayant un comportement ferromagnétique sont : - le fer, le cobalt, le nickel et leurs alliages - le gadolinium, le dysprosium (terres rares) - certains composés tels que ferrites, magnétites, etc. Les composés ferromagnétiques sont souvent classés en deux catégories : les matériaux magnétiquement doux et les matériaux magnétiquement durs, dont les différentes caractéristiques sont décrites ci-dessous : Matériaux durs Matériaux doux M M H H - Cycle d’hystérésis large - Cycle d’hystérésis étroit - Grande aimantation rémanente. - Hc > 10'000 A/m - Hc < 1'000 A/m Ils sont surtout utilisés pour la fabrication Ils sont utilisés dans les moteurs et les d’aimants permanents. circuits magnétiques des transformateurs. Exemple : Sm-Co, Br=0.8T, Hc=500kA/m. Exemple : FeSi, Br=1.4T, Hc= 8A/m 101 Champ produit par solénoïde La valeur du champ H au centre d'un solénoïde mince de dimension d << L, dans lequel passe un courant I, est donnée par : L (6) H0 = N ⋅I ( L + d 2 ) 1/ 2 2 d N = nombre de spires H0 Figure 3 Pour cette expérience, nous allons employer, comme circuit magnétique fermé, un tore. Dans ce cas le champ magnétique H0 généré par N spires vaut : H0 = (7) avec N ⋅I L R+r L = 2π = circonférence moyenne du 2 tore. r R d S S = d⋅(R - r) = section du tore. Figure 4 N = nombre de spires bobinées sur le tore. Loi d'induction La tension induite aux bornes d'une boucle conductrice de surface S dans laquelle une variation de flux magnétique dφ a lieu pendant le temps dt vaut : Vind = − (8) dφ dt avec φ = B⋅S [φ] = Vs = Weber Si B est perpendiculaire à la surface (i. e. B // S ), on peut écrire : Vind = − N ⋅ S dB dt S où N est le nombre de spires. Vind Figure 5 B 102 Forme de la tension induite dans un tore a) courant sinusoïdal : I(t) = Io sin(ωt) (9) le champ B produit par la première bobine de N1 spires vaut : B(t) = µ0µ r H(t) = µ 0µ r (10) N ⋅ I(t) L Le flux dans la deuxième bobine (bobine comportant n spires) est φ = n⋅S⋅B d'où : (11) Vind = − dφ N ⋅ n ⋅ S dI N ⋅ n ⋅S = −µ0µ r ⋅ = −µ0µ r ⋅ I0 ⋅ ω⋅ cos(ωt) dt L dt L d'où la valeur de crête de la tension Vind, notée Vmax, est donnée par : Vmax = µ 0µ r (12) N ⋅ n ⋅S ⋅ I0 ⋅ ω L b) courant triangulaire : I(t) I0 t T Figure 6 la tension induite Vind est alors donnée par : (13) Vind = 2µ0µ r N ⋅ n ⋅S ⋅ I0 ⋅ ω πL III. DISPOSITIF EXPERIMENTAL a) Mesure de la tension induite dans la bobine Le schéma de cette mesure est présenté sur la figure 7. On utilise un oscilloscope pour mesure les deux signaux. sur le canal 1 : la chute de tension aux bornes d'une résistance R de 51Ω afin de connaître le courant dans la bobine d'excitation sur le canal 2: la tension induite dans la bobine de détection 103 Générateur de signaux I 2 N1 N2 R=50Ω 1 Figure 7 b) Mesure de la courbe d'hystérésis à l'oscilloscope. Le montage de la figure 8 se divise en 4 parties : Ieff max. 1A R1 Y2 A x10 0-220 V N n Uind C1 Us x100 Uy x1000 Rp 20 Ω Y1 Ux I H Figure 8 I. Création du champ magnétique H(t) = Ho sin(ωt) par le bobinage primaire. L'ampèremètre permet de surveiller le courant afin de ne pas dépasser le maximum admissible, soit 1 A. La résistance Rp de 20 Ω donne une tension Ux(t) proportionnelle au courant I(t) = Io sin(ωt). On obtient le champ magnétique par : H(t) = N ⋅ I(t) N ⋅ U x (t) = L L⋅ R et H max = N ⋅U x L⋅ R max Donc, en multipliant la tension Ux relevée sur l'oscilloscope par le coefficient N/(LR), on obtient la valeur du champ H dans la bobine. Vérifier les unités. 104 II. Transformateur de mesure de forme torique. III. L'intégration de la tension induite Uind se fait par un circuit intégrateur RC : R Uind C US Figure 9 On a U S = 1 1 I dt ≅ U dt approximation correcte si RC >> T où T est la période ∫ C R C ∫ ind du signal. Dans le cas de la figure 9, on obtient : US (t) = 1 U ind (t) dt R1 ⋅ C1 ∫ d’où B(t) = − R1 ⋅ C1 ⋅ US (t) n ⋅S IV. On amplifie la tension Us par un facteur A = 10, 100 ou 1000 : Uy = A Us et on obtient: B(t) = − R1 ⋅ C1 ⋅ U y (t) n ⋅S⋅A Donc en multipliant l'échelle verticale de l'oscilloscope par le facteur R1 ⋅ C1 on obtient n ⋅S ⋅ A l'induction B. IV. MANIPULATIONS 1. Réaliser le montage de la figure 7. 2. Mesurer la tension induite dans la bobine de détection pour un courant primaire sinusoïdal d’une fréquence comprise entre 40 et 100Hz. On mesure le rapport entre Vmax et Io et, à partir de l'équation (12), on en déduit µr. 3. Même manipulation avec un courant primaire triangulaire. On déduit µr en se servant de l’équation (13). 4. Réaliser le montage de la figure 8. 5. Mesurer les courbes d'hystérésis B(H) des différents tores et calculer Hc, Hs, Bs et Br .